Paul Lavigne-Delville
Paul Lavigne-Delville, né le et mort le [1] est un militaire français, combattant de la Première Guerre mondiale et un militant antirépublicain de l'entre-deux-guerres et du régime de Vichy.
Paul Lavigne-Delville | |
Naissance | Paris |
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Décès | (à 91 ans) Nice |
Origine | France |
Grade | général de division |
Années de service | 1886 – 1928 |
Commandement | 4e division de cavalerie (France) |
Conflits | Première Guerre mondiale |
Faits d'armes | Bataille des Marais de Saint-Gond |
Distinctions | Grand officier de la Légion d'honneur (exclu en 1947) |
Biographie
Paul Louis Alexandre Lavigne-Delville est le fils de Jean-Henri Lavigne-Delville, propriétaire demeurant à Paris puis à Neuilly-sur-Seine, et de Marie Lucile Françoise Monier, sans profession[2].
Carrière militaire
Il intègre en 1884 l'École spéciale militaire de Saint-Cyr au sein de la 69e promotion, dite de Fou Tchéou. Il en sort diplômé en 1886 et choisit la cavalerie où il sert d'abord comme sous-lieutenant[3].
Il est promu lieutenant en 1890, capitaine en 1899, chef d'escadron en 1909[4]. Il prend part aux combats de la Première Guerre mondiale et gravit les échelons de la hiérarchie. En septembre 1914, il participe, au côté du général Grossetti, à la bataille de Mondement. Il sert ensuite sous ses ordres à l'état-major du 16e corps. En 1916, il commande comme lieutenant-colonel le 170e régiment d'infanterie. À la fin du conflit, il atteint le sommet de son parcours militaire en tant que général de division, commandant la 4e division de cavalerie[3]. Il est promu grand officier de la Légion d'honneur[5] et revient à la vie civile en 1928[5] : il est placé dans le cadre de réserve en mai 1928[6].
Engagement politique
Paul Lavigne-Delville est membre du comité directeur de l'Association des membres de la Légion d'honneur décorés au péril de leur vie depuis sa fondation en 1927[7]. Il est aussi membre des Croix-de-feu à leurs débuts[8]. Membre de l'Action française, mouvement royaliste et nationaliste, il tient à partir de 1928 une tribune dans la page militaire du quotidien de ce mouvement, lancée cette année-là[3]. Il est membre de l'Œillet blanc qui regroupe des notables royalistes[9].
Avec des membres de l'Association des membres de la Légion d'honneur décorés au péril de leur vie, il manifeste lors de l'émeute parisienne du 6 février 1934[10],[11]. Il fait ensuite partie des membres dirigeants du Front national[12] qui rassemble plusieurs ligues d'extrême droite et des petits groupements comme l'Association des membres de la Légion d'honneur décorés au péril de leur vie. Il défile à Paris parmi les chefs du Front national en 1935 et 1936 à l'occasion de la fête de Jeanne d'Arc[13]. Il préside une des réunions des chefs du Front national en octobre 1935, dans le contexte de la guerre d'Éthiopie : ils s'interrogent sur les moyens qu'ils peuvent utiliser pour combattre les sanctions contre l'Italie et appuyer le président du conseil Pierre Laval, hostile à ces sanctions[14],[15].
Il est aussi membre de la Ligue franc-catholique aux visées antimaçonniques[16].
Paul Lavigne-Delville est mêlé avec Eugène Deloncle et le docteur Henri Martin aux discussions aboutissant à la fondation de La Cagoule en 1936[17],[8]. Il est notamment une des chevilles ouvrières des liens entre le CSAR ou OSARN de Deloncle et la « Cagoule militaire »[3]. En 1936 et 1937, il conseille Deloncle qui prépare un plan contre-révolutionnaire en cas de soulèvement communiste[5]. En 1938, il est confronté par la justice à Deloncle, alors arrêté et emprisonné, et affirme que ce dernier était en relation avec des chefs de l'armée[18]. Il préside vers 1938 le groupe de la région parisienne de la Spirale ou Union militaire française, association fondée et présidée par Georges Loustaunau-Lacau, ancien animateur des réseaux Corvignolles liés à l'armée et à la Cagoule.
Il démarche le général Francisco Franco en avril 1937 pour mettre en place un bataillon de volontaires étrangers désireux de lutter aux côtés des franquistes lors de la guerre civile espagnole. Ce bataillon, issu de diverses initiatives, est appelé par le général Lavigne-Delville Bandera Jeanne d'Arc. Il combat au sein des troupes franquistes, notamment dans la Légion étrangère espagnole[3],[19].
Sous l'Occupation et l'État français, il est membre dès sa fondation en 1940 du Mouvement social révolutionnaire (MSR), d'inspiration fasciste, fondé par Deloncle[20],[21]. En juillet 1941, il se rend à Vichy avec Pierre Clémenti pour discuter de la mise en place de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme[22], initiée par les partis collaborationnistes parisiens dont le MSR. Il est un temps inspecteur général de la LVF[23].
Il assiste en 1941 à l'inauguration à Paris de l'Institut d'étude des questions juives et à celle de l'exposition Le Juif et la France[24]. Il publie quelques articles antisémites dans l'hebdomadaire Au Pilori. Il y dénonce ainsi la banque Worms en 1941[25]. Il est hostile aux résistants qu'il perçoit comme une coalition d'« enjuivés », de communistes et de francs-maçons et, avec son ami Armand de Puységur, compte en 1943 sur l'Allemagne nazie pour réformer la France, gangrenée par la République[26].
En avril 1947, après la Libération, alors âgé de plus de 82 ans, il est condamné à deux ans de prison, 100 000 francs d'amende et à la dégradation nationale à vie. La Cour de justice de la Seine lui reproche notamment son adhésion au MSR, son appui à la LVF et ses quatre articles antisémites publiés dans Au Pilori[27],[28],[29]. Condamné, il est exclu de droit de la Légion d'honneur[30].
En 1955, il préface le livre anonyme et qui sera interdit Pour la Milice, justice !, écrit par Henry Charbonneau, qui tente de justifier l'action de la Milice française durant l'Occupation[31].
Publications
- Apparences et réalités militaires, Éditions Charles-Lavauzelle, 1921
- Inquiétudes militaires, Éditions Charles-Lavauzelle, 1924
- Grandeur, décadence et défense de l'Armée Française, Éditions La Tour du Guet, 1952
- À Mondement, avec Foch, Humbert et Grossetti, Éditions Nelle, 1954 (ISBN 9782307089247)
Notes et références
- https://data.bnf.fr/fr/10729280/paul_lavigne-delville/
- Dossier de la Légion d'honneur de P. Lavigne-Delville, p. 22
- François Gerber, Mitterrand, entre Cagoule et Francisque (1935-1945), L'Archipel, 2016. (ISBN 9782809820430)
- Dossier de la Légion d'honneur de P. Lavingne-Delville
- Jean-Raymond Tournoux. L'Histoire secrète. Plon, 1962. (ISBN 9782307145516)
- La France militaire, 13 mai 1928
- L'Action française, 10 août 1927, Ibid., 25 décembre 1937
- Jacques Nobécourt, Le colonel de La Rocque, Fayard, 1996, p. 545
- L’Action française, 21 janvier 1934, Ibid., 25 juin 1935, Ibid., 27 juin 1937, Ibid., 26 juin 1938
- L'Action française, 29 mars 1934, Excelsior, 29 mars 1934, Le Matin, 9 mars 1934
- Journal officiel de la République française (Annexes), 27 avril 1934
- L'Action française, 11 mai 1936
- L'Action française, 20 mai 1935, Ibid., 11 mai 1936
- Renaud Meltz, 15. La crise : ordre et conformisme, In : Pierre Laval, Perrin, 2018. (ISBN 9782262040185) pp. 480-515. Lire en ligne
- L'Humanité, 24 mai 1936, L'Humanité, 28 mai 1936, L'Humanité, 30 mai 1936, L'Humanité, 31 mai 1936 (Le quotidien communiste publie le compte rendu de la réunion du 3 mai 1935, cité par Renaud Meltz)
- Pascal Ory, Les collaborateurs (1940-1945), Seuil, 1976, p. 25. (ISBN 2-02-005427-2)
- Alain Decaux, Les Cagoulards. In : Fabuleux destins, Perrin, 2018. (ISBN 9782262076016) pp. 319-368. Lire en ligne
- L'Action française, 23 décembre 1938, Le Populaire, 23 décembre 1938
- Edouard Sill. Du combattant volontaire international au soldat-militant transnational : le volontariat étranger antifasciste durant la guerre d’Espagne (1936-1938), Thèse de doctorat en histoire contemporaine, Université Paris sciences et lettres - École pratique des hautes études, 2019, p. 69. Lire en ligne
- Bénédicte Vergez-Chaignon. Vichy, capitale de la revanche. In : Les vichysto-résistants, Perrin, 2016, (p. 70 pour l'édition de 2008). (ISBN 9782262069421) pp. 21-130. Lire en ligne
- Pascal Ory, op. cit., p. 237
- Le Pays libre, 16 août 1941, L’Œuvre, 27 août 1941
- Jean-Paul Brunet, Jacques Doriot, Balland, 1986
- Le Matin, 13 mai 1941, L’Œuvre, 6 septembre 1941
- Lavigne-Delville, "Le trio juif, franc-Maçon, parlementaire contre le Maréchal", Au Pilori, 29 mai 1941 : « La contre-attaque juive est différente : elle se fait par infiltration. Le juif est l'intermédiaire né, donc le parasite. Son infiltration utilise pour cela les trusts et surtout les banques. La plupart de celles-ci sont à mentalité juive ; les plus camouflées sont les plus efficaces. J'en connais une qui, débarrassée le 18 octobre 1940 (il était temps) de son gérant juif, d'ailleurs excellent catholique, contrôle à la fois assurances et navigation. Ses gérants, bien placés comme intermédiaires terrestres et maritimes vont des conseils du gouvernement aux ordres convertisseurs de juifs, en passant par des ambassadeurs métis. (...)» wormsetcie.com, 1941
- Eugen Weber, L'Action française, Stock, 1962, p. 493
- Stéphanie Dassa, Valérie Germon & Cédric Gruathttps. L'Institut d'étude des Questions Juives : raison d'État et passion antisémite franco-allemande sous l'Occupation. Revue d'histoire de la Shoah 2003, n°179, pp. 120-176. Lire en ligne
- Le commissariat général aux questions juives. Devant la cour de justice, Le Monde juif, 1949, n°25, pp 2-4. Lire en ligne
- Le général Lavigne-Delville en cour de justice, Le Monde, 15 avril 1947 (Lire en ligne), Le général Lavigne-Delville condamné à deux ans de prison, Le Monde, 16 avril 1947 (Lire en ligne), Paris-presse, L’Intransigeant, 15 avril 1947, Combat, 15 avril 1947, Deux ans de prison au général Lavigne-Delville qui avait prôné la LVF, L'Aurore, 15 avril 1947, Le général Lavigne-Delville de la LVF s'en tire avec deux ans de prison, L'Humanité, 15 avril 1947
- Dossier de la Légion d'honneur de P. Lavigne-Delville, p. 2-4
- Jonathan Preda. Mémoires des fascistes français : le trauma. Fragments sur les temps présents, 28 septembre 2020. Lire en ligne
Liens externes
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