People and baby

En 2004, la réglementation française évolue, accordant d'importantes aides publiques aux entreprises du marché des crèches privées, afin de faire augmenter la capacité du parc des crèches dans le pays[1]. Ainsi, de nombreuses entreprises de l'accueil de la petite enfance sont créées cette année-là, dont People and baby[2].

En ces temps-ci, Odile Broglin, infirmière puéricultrice, gère la crèche de l'hôpital Georges-Pompidou, à Paris, qu'elle a créée[3]. Son compagnon, Christophe Durieux, entrepreneur notamment dans le secteur de la communication d'entreprise, lui propose l'idée de lancer une entreprise dans la création de crèches[4]. Le couple s'associe avec Thomas Fabius, qu'Odile Broglin rencontre lors d'un dîner[3]. Le jeune homme, fils aîné du ministre Laurent Fabius, souhaite s'impliquer dans un métier social et voler de ses propres ailes[3].

People and baby propose d'abord des solutions de crèches clés en mains à destination des grandes entreprises (Total est la première à signer pour sa crèche de la Défense[4]) et des zones industrielles[3]. Puis, rapidement, l'entreprise commence à répondre à des marchés publics, ouverts par des communes. La ville de Paris est l'une des premières à collaborer avec People and baby[4].

Thomas Fabius quitte la société au bout de 6 mois[5]. Ses deux associés affirment ne plus supporter son comportement ; il lui est entre autres reproché des « menaces » envers ses collègues, le refus de rembourser une certaine somme prêtée, des rencontres avec la concurrence et une usurpation de titre en se présentant comme le dirigeant auprès des médias[6].

En 2011, CM-CIC Investissement (aujourd'hui Crédit mutuel Equity) et Bpifrance entre au capital de la société. Les parts sont rachetées par Odile Broglin et Christophe Durieux en novembre 2015[4]. En 2011 également est lancé le réseau Crèches pour tous regroupant les crèches appartenant à People and baby et des établissements partenaires[2].

Implantation internationale de People and baby

En 2022, le groupe est largement présent en France, avec plus de 700 établissements ouverts. Il est également implanté dans douze pays étrangers avec environ 150 crèches : Chine, Cambodge, Philippines, Singapour, États-Unis, Canada, Qatar, Émirats arabes unis, Luxembourg, Italie, Russie et Belgique[7]. Au total, le groupe emploie environ 10 600 personnes, dont 6 200 en France[7] et garde environ 33 000 enfants par jour[8].

En 2019, le chiffre d'affaires de People and baby est de 84,2 millions d'euros[9].

À l'été 2022, les médias relaient les témoignages de parents et de salariés du groupe déplorant la gestion de People and baby[10]. Ces prises de paroles font suite à la mort d'un enfant de 11 mois, tué le 22 juin 2022 par une employée d'une microcrèche People and baby de Lyon, qui lui a fait ingérer un produit ménager, excédée par les pleurs du nourrisson[10]. Un ancien cadre responsable opérationnel chez People and baby estime que « le groupe est aussi responsable car il ne s'apprête pas à la sécurité physique et mentale de ces collaborateurs »[10], tandis que d'autres collaborateurs dénoncent un manque de personnel, une trop forte pression exercée sur les employés, et font état d'actes de maltraitance envers des enfants qu'ils expliquent par les manquements du groupe[10].

Il est révélé dans la presse d'autres cas de maltraitance dans les crèches People and baby, antérieurs au meurtre : une enfant de quatre mois retrouvée en décembre 2021 avec des traces de coups après avoir séjournée dans une autre crèche de Lyon[11], un enfant secoué par les épaules et un autre à qui l'on donne de la purée bouillante et qui hurle de douleur dans une garderie en Seine-Maritime[12], un enfant présentant en mai 2021 « des bleus à la base du cou, des lésions d'empoignement sur le bras, des hématomes intercostaux et des griffures comme s'il s'était échappé et qu'on l'avait rattrapé » et un autre qui « se tétanise et fait des crises de pleurs » dans une crèche à Villeneuve-d'Ascq[13]. À Bordeaux, une crèche est fermée par la préfecture le 19 juillet 2022 à cause de cris et paroles inappropriés proférés lors de sorties par trois employés de l'établissement, et d'un rapport accablant d'un médecin de la Protection maternelle et infantile, dénonçant notamment un mal-être des enfants[14].

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