Phénoménologie (philosophie)

La phénoménologie (du grec : φαινόμενον (phainómenon), « ce qui apparaît » ; et λόγος (lógos), « étude ») est un courant de pensée du XXe siècle fondé par Edmund Husserl dans l'optique de faire de la philosophie une discipline empirique. Elle tire son nom de sa démarche, qui est d'appréhender la réalité telle qu'elle se donne, à travers les phénomènes. Elle fait de la philosophie l'étude systématique et l'analyse de l’expérience vécue, des contenus de conscience et des structures des faits de conscience[1] comme étant eux-mêmes des phénomènes de la pensée qui se pense elle-même et pense le monde.

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C'est dans sa première oeuvre majeure, Recherches logiques (1900-1901), que Husserl, en rupture avec le psychologisme et en opposition à la métaphysique, fonde la phénoménologie comme science destinée à donner un fondement aux sciences de la nature, qu'il juge insuffisantes à « élucider le rapport de l'homme au monde[2] ».

La phénoménologie telle qu'on la connaît aujourd'hui s'étend au sein d'un cercle de disciples dans les universités de Göttingen et Munich en Allemagne (Edith Stein, Roman Ingarden, Martin Heidegger, Eugen Fink, Max Scheler, Nicolai Hartmann), et se propage rapidement à l'étranger, en particulier en France (grâce aux traductions et travaux de Paul Ricœur, d'Emmanuel Levinas, de Jean-Paul Sartre, de Maurice Merleau-Ponty) et aux États-Unis (Alfred Schütz et Eric Voegelin), souvent avec une très large prise de distance critique par rapport aux premiers travaux de Husserl, mais sans jamais que soit abandonnée sa volonté fondamentale de s'en tenir à l'expérience vécue.

Il n'y a pas à s'étonner de la grande variété de formulations de ce courant de pensée, qui ressortit à sa nature même cherchant à exprimer les aspects spécifiques de chacun de ses domaines d'étude[1]. La phénoménologie constitue l'une des traditions principales de la philosophie européenne du XXe siècle. Elle a en outre inspiré de nombreux travaux hors de son champ philosophique propre tels que la philosophie des sciences, la psychiatrie, l'esthétique, la morale, la théorie de l'histoire[1], l'anthropologie existentiale[3].

La phénoménologie avant Husserl

On attribue généralement l'invention du terme « phénoménologie » à Jean-Henri Lambert (1728-1777), qui dénomme ainsi dans la quatrième partie de son Nouvel Organon (1764) la « doctrine de l'apparence »[4],[N 1].

Kant (1724-1804)

Une section de la Critique de la raison pure de Kant devait s'appeler Phénoménologie ; mais Kant remplaça finalement ce nom par celui d'Esthétique transcendantale. Kant y opère la séparation entre la « chose en soi » et le phénomène (ce qui se montre), ce dernier étant donné dans le cadre transcendantal de l'espace, du temps et de la causalité[N 2]. La thèse de Kant est qu'il existe seulement un cadre a priori dans lequel les objets peuvent nous « faire encontre » et qui permet leur représentation. Ce cadre qui n'est autre que la structure de notre connaissance va ouvrir la possibilité d'une connaissance universelle[5].

Fichte (1762-1814)

La phénoménologie est un concept central de la philosophie de Johann Gottlieb Fichte. Elle désigne la partie de la doctrine de la science qui développe la phénoménalisation (apparition, extériorisation) du fondement et du principe du savoir. Il ne peut y avoir de savoir absolu (qui n'est pas un savoir d'un objet mais de ce qui fait qu'un savoir est effectivement un savoir) que phénoménalisé. Aussi, dès La Doctrine de la Science de 1804, oppose-t-il la doctrine du phénomène ou phénoménologie à la doctrine de l'être et de la vérité. À la fin de sa vie, Fichte identifie même la phénoménologie à la doctrine de la science, parce que, sans elle, le « savoir absolu » n'aurait pas d'existence.

Hegel (1770-1831)

Des thèses kantiennes, Hegel déduit qu'avec le phénomène, la conscience découvre la structure de sa propre connaissance, s'élevant ainsi à la conscience de soi. Dans la Phénoménologie de l'esprit, « Hegel trace le parcours de cette conscience dans l'histoire de ses manifestations, de ses figures, qui sont autant d'expériences de soi dans son élan vers la science »[5],[N 3].

Schopenhauer (1788-1860)

Si pour Arthur Schopenhauer, le monde est notre représentation (c'est-à-dire qu'être et être une représentation, pour le sujet, c'est tout un), il s'agit toujours pour lui de chercher plus profond que cette évidence première : comment connaître ce que le monde peut être dans son être en soi ? Il s'agit pour lui de rechercher l’essence du phénomène à partir d'une étude descriptive préalable du donné phénoménal et en particulier, de la manière dont se donne à moi mon propre corps comme « volonté »[N 4].

Vue d'ensemble de la phénoménologie

Edmund Husserl en 1900.

Avec Edmund Husserl, la phénoménologie a l'ambition de se constituer en science[N 5], et elle se dote d'une problématique, d'un objet ou domaine, et d'une méthode[N 6]. Hegel encore, dans sa Phénoménologie de l'esprit donne au terme de phénoménologie le sens de méthode, qui finit avec Husserl par désigner la philosophie tout entière elle-même avec pour mot d'ordre : « revenir aux choses elles-mêmes ».

La problématique

L'histoire du concept de phénomonologie montre que, depuis Jean-Henri Lambert, la phénoménologie n’a cessé d’évoluer. C'est donc le contexte qui va déterminer si l'on parle de la phénoménologie au sens fichtéen, hégélien ou husserlien, même si en général, le terme de phénoménologie, pris isolément, désigne la philosophie et la méthode de Husserl ou de ses héritiers.

Comprise jusqu'à lui comme science de l’« apparaître », la phénoménologie devient, chez Heidegger, la science de ce qui n’apparaît justement pas à première vue[6] ou, comme l'écrit Françoise Dastur citant Heidegger, une « phénoménologie de l'inapparent »[7].

Dans le phénomène de l'apparaître, la phénoménologie « post husserlienne », problématise la « constitution du sens » de ce qui se présente à la conscience, cela requiert une attitude qui ne se satisfait jamais de solutions définitives. Ainsi, Jean-François Courtine[8] précise que « la phénoménologie ne caractérise pas le « Was  » (ce que c'est), mais le « Wie  » des objets, le comment de la recherche, la modalité de leur « être-donné », la manière dont ils viennent à la rencontre »[N 7]. De telles recherches exigent de chacun qu'il refasse pour son compte l'expérience phénoménologique de celui qui l'a précédemment faite, note Alexander Schnell[9]. La phénoménologie se constitue en opposition au « néokantisme »[N 8] ; elle « consiste à décrire les phénomènes sans parti pris, en renonçant de façon méthodique à leur origine physiologico-psychologique ou à leur réduction à des principes préconçus », résume Hans-Georg Gadamer[10].

Le mot « phénomène » signifie étymologiquement « ce qui se montre », et il conserve, depuis son origine grecque un sens ambigu provenant de ce qu'il tient à la fois de l'objet et du sujet. Il est délicat de distinguer ce qui appartient à l'objet de ce qui appartient à l'interprétation propre au sujet[11] (connaissance, illusion, erreur). Cette dépendance, vis-à-vis du sujet pourrait rendre difficile, voire impossible, la constitution d'une science, à partir d'une expérience, d'où le souci grec, notamment chez Platon et Aristote, de « sauver les phénomènes »[5].

L'objet

La phénoménologie moderne, dominée par les pensées d'Edmund Husserl et de Martin Heidegger, ambitionne d'aller « droit à la chose même ».

Le phénomène

Husserl le répète expressément, la phénoménologie vise à se débarrasser de toute théorie préalable, de toute préconception et se soucie exclusivement de « faire droit à la chose même, [car], le voir ne se laisse pas démontrer ni déduire »[12], en s'en tenant scrupuleusement à la façon dont la chose se donne selon le principe « Zu den Sachen selbst  »[N 9]. En ce sens précis, l'écoute du phénomène exige la réduction phénoménologique. « Ce n'est que par une réduction [...] que j'obtiens une donnée absolue, qui n'offre plus rien d'une transcendance. Si je mets en question le moi, et le monde, et le vécu en tant que vécu du moi, alors, de la vue réflexive dirigée simplement sur ce qui est donné dans l'aperception du vécu en question, sur mon moi, résulte le phénomène de cette aperception : par exemple le phénomène perception appréhendé comme ma perception [...] Mais je peux pendant que je perçois porter sur la perception le regard d'une pure vue [...] laisser le rapport au moi de côté ou en faire abstraction : alors la perception saisie et délimitée dans une telle vue est une perception absolue, dépourvue de toute transcendance, donnée comme phénomène pur au sens de la phénoménologie » écrit Husserl dans L'idée de la phénoménologie[13].

En reprenant le terme de « phénoménologie », Heidegger pourrait paraître d'emblée s'inscrire dans le prolongement de la pensée de son maître Husserl, sauf qu'il en élimine une partie essentielle, en rejetant tout ce qui a succédé à ce qu'il a qualifié de « tournant non phénoménologique » de Husserl, c'est-à-dire, son penchant pour une méthodologie scientifique, qu'il discerne à partir des Ideen, et notamment l'institution du « sujet transcendantal »[14]. De plus, Martin Heidegger a pu paradoxalement avancer que l'impératif Zu den Sachen selbst (aller droit à la chose même) ne soit justement pas la chose mais « ce qui est en cause » chaque fois que nous sommes en rapport avec quoi que ce soit[15]. Pour Heidegger, ce que la phénoménologie doit finalement montrer ce n'est justement pas l'étant mais bien son « être », « or celui-ci, de prime abord, ne se montre pas, même s'il est toujours pré-compris d'une certaine manière », remarque Christian Dubois[16].

Si l'être est le phénomène par excellence [...] alors la phénoménologie devrait le faire voir [...] tel qu'il se montre à partir de lui-même, c'est-à-dire ne pas chercher à l'extraire de sa dissimulation, mais le montrer dans cette dissimulation même écrit Sylvaine Gourdin[17]

Heidegger ambitionne ainsi, à l'encontre des évolutions contestées de son prédécesseur, de ressaisir la « phénoménologie » en sa pure possibilité d'avant ce tournant. Comme l'écrit Jean-François Courtine[18], Heidegger ne veut pas dépasser mais créer une nouvelle tendance, l'ontologie phénoménologique mise en œuvre dans Sein und Zeit, « se propose de penser plus originellement ce qu'est la phénoménologie, c'est-à-dire de prendre l'entière mesure de son importance ou de sa signification, fallût-il pour cela aller jusqu'à renoncer au titre de phénoménologie ».

Cependant, les deux penseurs conviennent que le « phénomène » possède un sens phénoménologique différent de son sens dit « vulgaire », « n'étant pas immédiatement donné, ne se montre de lui-même que dans une thématisation expresse qui est l'œuvre de la phénoménologie elle-même » écrit Françoise Dastur[19].

Heidegger prend conscience que le « phénomène » a besoin pour se montrer du Logos, qu'il comprend, en revenant à la source grecque, moins comme un discours sur la chose, que d'un « faire voir » écrit Marlène Zarader[20]. Heidegger en déduit sa propre position théorique à savoir que l'ajointement des deux mots, phénomène et logos, dans celui de « phénoménologie » doit signifier « ce qui se montre à partir de lui-même »[21].

En gros, Heidegger se différencie de son maître Husserl, en ce qu'il s'intéresse moins à la relation de l'homme au monde qu'à la « pré-ouverture », autrement dit à la « dimension » qui rend possible la rencontre de ce qu'il appelle « l'étant sous la main » ; en résumé au poids ontologique du « auprès de.. » de « l'être-au-monde », préoccupé dira Paul Ricœur[22].

Une expérience phénoménologique : l'œuvre d'art

Temple grec de Ségeste

Dans l'esprit du « retour aux choses mêmes », prendre pour objets d'étude l'art et l'expérience que nous en avons montrera ce qui en fait la particularité. Le Dictionnaire des Concepts[23], distingue deux courants principaux :

Pour Heidegger, l'œuvre d'art est une puissance qui ouvre et « installe un monde ». L'artiste n'a pas une claire conscience de ce qu'il veut faire, seul le « tout fera l'œuvre ». L'œuvre d'art n'est pas un outil, elle n'est pas une simple représentation mais la manifestation de la vérité profonde d'une chose : « ainsi du temple grec qui met en place un monde et révèle une terre, le matériau qui la constitue, un lieu où elle s'impose (la colline pour le temple), et le fondement secret, voilé et oublié de toute chose »[23].

La poésie aussi va apparaître comme le dire du décèlement de l'étant à partir de l'être. Le poème, est conçu comme un « appel », appel à ce qui est éloigné à venir dans la proximité. En les nommant[N 10], la « Parole poétique » fait venir les choses en la présence, comme dans ces deux simples vers qui introduisent le poème « soir d'hiver » de Georg Trakl : « Quand il neige à la fenêtre, Que longuement sonne la cloche du soir »[24].

Le deuxième courant, représenté par Maurice Merleau-Ponty s'éloigne tout autant de la représentation idéalisée des choses pour appuyer « sur le vécu et le ressenti avant d'être nommé »[25]. « En peignant, le peintre manifeste et montre comment le monde devient sous et par ses yeux, car le peintre peint à la fois le monde et son monde. Tout en se mettant totalement dans ce qu'il peint, le peintre est le serviteur de ce qui est en face à lui[25] ».

La méthode

Si l'on suit Levinas[26], il n'y aurait pas de méthode proprement phénoménologique, mais seulement des gestes qui révèlent un air de famille de méthodes d'approche entre tous les phénoménologues[N 11]. La « phénoménologie » n'a aucun contenu doctrinal à proposer, souligne de son côté François Doyon[27], il s'agit d'« une science qui n’en finit pas de naître et de renaître sous différentes formes », de quelque chose qui n'est même pas une méthode au sens scientifique, uniquement un « cheminement », un mode d'accès à la « chose »; c'est ce mode d'accès que Martin Heidegger va être amené à justifier dans un long paragraphe (§7) de Être et Temps en prenant appui sur le sens grec initial de ce mot, une fois celui-ci décomposé en ses deux éléments originaires, à savoir, « phénomène » et « logos » (§ 7 Être et Temps).

Le philosophe Gérard Wormser[1] écrit que « la méthode distinctive (de la phénoménologie) est la « description eidétique », qui vise à rendre raison de l'essence d'un phénomène à partir de la série des variations dont est susceptible son appréhension ». Par la « réduction » le phénoménologue va chercher à isoler un noyau invariant qui permet « de rendre compte des phénomènes tels qu'ils se présentent dans leur nécessité d'essence »[1]. Levinas recense ainsi, quelques caractéristiques de la geste phénoménologique :

  1. la place primordiale accordée à la sensibilité et à l'intuition. « La phénoménologie décrit les modes d'accès de la conscience à la signification, ainsi que le précise Husserl, en explorant les structures de l'intuition objectivante (noèse) et de son corrélat (noématique) en tant qu'il est inclus réellement dans l'intuition au sein de laquelle il se rapporte »[28].
  2. la disparition du concept[29], de l'objet théorique, de l'évidence, du phénomène idéalement parfait, au profit d'une attention portée à l'imperfection du vécu, de l'excédent et du surplus que le théorique laisse échapper, qui vont devenir constitutifs de la vérité du phénomène (ainsi du souvenir, toujours modifié par le présent où il revient, donc absence de souvenir absolu auquel se référer, la préférence accordée avec Kierkegaard, au dieu qui se cache, qui est le vrai dieu de la révélation). Ce qui semblait jusqu'ici un échec, une imperfection de la chose (la brumosité du souvenir), par un retournement radical du regard, devient un mode de son achèvement, sa vérité intrinsèque.
  3. la réduction phénoménologique qui autorise la suspension de l'approche naturelle et la lutte contre l'abstraction[N 12].

Dans ses Problèmes fondamentaux de la phénoménologie[30], Heidegger, complète cette approche en distinguant trois éléments constitutifs de la « méthode » phénoménologique : la réduction, la construction et la « destruction », ce dernier élément constituant à la fois le socle et l’apogée de sa méthode phénoménologique selon François Doyon.

La réduction phénoménologique

La réduction phénoménologique ou épochè en grec (ἐποχή / epokhế) consiste pour Husserl « à suspendre radicalement l'approche naturelle du monde », posé comme objet, réduction à laquelle s'ajoute une lutte sans concession contre toutes les abstractions que la perception naturelle de l'objet présuppose[31],[N 13]. La découverte de la « réduction phénoménologique » a donc le sens d'un dépassement du cartésianisme qui se limite à combattre le doute et requiert pour sa cohésion globale, la garantie divine, note Françoise Dastur[32].

Mais si pour Husserl l'« époché », ἐποχή, ou mise entre parenthèses du monde objectif, constituait l'essentiel de la réduction phénoménologique, il n'en allait pas de même pour Heidegger selon qui le « Monde » n'ayant, par construction, aucun caractère objectif, ce type de réduction s'avérait inutile[33],[N 14].

De plus, pour Heidegger, la phénoménologie ne vaut en tant qu'instrument que pour autant que ses propres présupposés sont pris en compte dans la description elle-même. Par rapport à son maître Husserl, on note un certain nombre d'évolutions décisives telles que la recherche du domaine dit « originaire »[N 15], sis dans l'expérience concrète de la vie, par un processus de « destruction » et d'explicitation, qui vont permettre à une herméneutique de la facticité de se développer[34].

Par contre, selon Alexander Schnell[35], on peut considérer qu'on a avec la définition heideggerienne de la phénoménologie, comme reconduction du regard de l'étant à la compréhension de son être, quelque chose qui est en soi un acte de « réduction phénoménologique ». Avec Heidegger, l'« enquête phénoménologique » ne doit pas tant porter sur les vécus de conscience, comme le croyait Husserl que sur l'être pour qui on peut parler de tels vécus, et qui est par là capable de phénoménalisation, à savoir le Dasein, c'est-à-dire, l'existant. Christoph Jamme[36] écrit : « la phénoménologie doit être élaborée comme une auto-interprétation de la vie factive […]. Heidegger définit ici la phénoménologie comme science originaire de la vie en soi ».

En fait, la « réduction phénoménologique » va jouer, dans Être et Temps, un rôle essentiel dans l’analytique du Dasein, notamment dans l'analyse de la quotidienneté et la mise à jour des structures existentiales du Dasein, en exigeant un regard résolument plus « authentique »[37]. La réduction dans Être et Temps, conclut François Doyon, « apparaît comme un parcours de détachement progressif à l’aveuglement de la quotidienneté du monde ambiant afin de s’exposer résolument à la finitude radicale de son être ».

La construction phénoménologique

C'est à l'opération d'induction de l'« être », qui n'apparaît jamais spontanément, à partir de l'étant que Heidegger a donné le nom de « construction phénoménologique »[38], c'est une tâche, un projet, qu'il revient au Dasein de réaliser sachant « qu'il n'y a d'être que s'il y a compréhension de l'être, c'est-à-dire si le Dasein existe »[39]. Pour Heidegger, « l’interprétation existentiale du Dasein, comme souci, dans Être et Temps, est une construction ontologique qui possède un sol et une pré-esquisse élémentaire »[40].

La destruction phénoménologique

La « construction réductrice de l’être », en tant qu’interprétation conceptuelle de l’être et de ses structures, implique donc nécessairement une « destruction phénoménologique », c’est-à-dire une « dé-construction » ou démontage critique préalable des concepts légués par la tradition philosophique. Sophie-Jan Arrien[41] note que Heidegger délaisse très rapidement la réduction phénoménologique husserlienne pour lui préférer une méthodologie de la « déconstruction» « qui loin d'être une mise entre parenthèses du caractère facticiel des phénomènes en jeu (le soi, l'histoire, la foi), consiste plutôt à partir d'une explicitation[N 16] critique de ces concepts, en une traversée de la vie telle qu'elle se phénoménalise et se donne facticiellement »[41].

La « destruction phénoménologique » se donne pour tâche de démanteler les constructions théoriques, philosophiques ou théologiques qui recouvrent notre expérience de la vie facticielle et que nous devons faire apparaître. La tâche essentielle consistera à se rapprocher, par exemple, de l’Aristote originel, en se détournant de la scolastique médiévale qui le recouvre. De même, la destruction des présupposés de la science esthétique, qui va « permettre d'accéder à l'œuvre d'art pour la considérer en elle-même »[42], est solidaire de la destruction de l'histoire de l'ontologie. C'est surtout dans son travail sur Aristote que Heidegger a pu préciser sa propre conception de la phénoménologie. Philippe Arjakovsky[43] parle de « travail d'« anabase » que Heidegger a effectué pour dégager les soubassements tant ontologiques qu'existentiels de la Logique aristotélicienne[…] » ainsi est apparu en pleine lumière, le concept originaire de « phénomène » tel qu'il était compris par les grecs, c'est-à-dire, comme « ce qui se montre de soi-même ».

Mais comme pour Heidegger les « choses mêmes » ne se donne justement pas dans une intuition immédiate, il se sépare à cette occasion définitivement de Husserl, pour s'engager résolument dans le « cercle herméneutique »[44].

Autre exercice de déconstruction, le démantèlement de la tradition théologique avec laquelle il tentera, en s'inspirant de Luther et de Paul, de retrouver la vérité première du message évangélique, qu'il considère obscurcie et voilée dans la « Scolastique » inspirée d'Aristote[45].

Le statut de la phénoménologie

Dans sa volonté de saisir le sens du monde en écartant tous les préjugés comme en renonçant à se situer dans un monde prédonné ou préformé, « la phénoménologie ne rejoint pas une rationalité déjà donnée, elle l'établit par une initiative qui n'a pas de garantie dans l'être et dont le droit repose entièrement sur le pouvoir effectif qu'elle nous donne d'assumer notre histoire [...] la phénoménologie comme révélation du monde repose sur elle-même se fonde sur elle-même. Car elle ne peut s'appuyer comme les autres connaissances sur un sol de présuppositions acquises. Il en résulte un redoublement infini d'elle-même.[...] Elle se redoublera donc indéfiniment, elle sera comme le dit Husserl un dialogue ou une méditation infinie et dans la mesure où elle reste fidèle à son intention, elle ne saura jamais où elle va » écrit Bernhard Waldenfels dans sa contribution[46].

Les grandes avancées husserliennes

Principaux ouvrages : Ideen, Krisis.., Méditations cartésiennes, Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps

L'idée de phénoménologie chez Husserl

La phénoménologie de Edmund Husserl se définit d'abord comme une science transcendantale qui veut mettre au jour les structures universelles de l'objectivité. Le premier objectif poursuivi fut d'assurer un fondement indubitable aux sciences et pour cela d'éclairer les conditions théoriques de toute connaissance possible[N 17]. Le projet de la phénoménologie fut d'abord de refonder la science en remontant au fondement de ce qu'elle considère comme acquis et en mettant au jour le processus de sédimentation des vérités qui peuvent être considérées comme éternelles.

La phénoménologie propose une appréhension nouvelle du monde, complètement dépouillée des conceptions naturalistes. D'où ce leitmotiv des phénoménologues qu'est le retour aux choses mêmes. Les phénoménologues illustrent ainsi leur désir d'appréhender les phénomènes dans leur plus simple expression et de remonter au fondement de la relation intentionnelle[N 18].

Husserl espère ainsi échapper à la crise des sciences qui caractérise le XXe siècle. C'est avec la reprise détournée du concept d'intentionnalité, empruntée à son maître Franz Brentano, que Husserl consacre ses premiers pas en phénoménologie. Son principe est simple : toute conscience doit être conçue comme « conscience de quelque chose ». En conséquence, la phénoménologie va prendre pour point de départ la description des vécus de conscience afin d'étudier la constitution essentielle des expériences ainsi que l'essence de ce vécu[N 19].

L'intuition fondamentale de Husserl, de ce point de vue, a consisté à dégager ce qu'il appelle l’« a priori universel de corrélation », qui désigne le fait que le phénomène tel qu'il se manifeste est constitué par le sujet, que dont chaque chose a, à chaque fois, pour chaque homme une apparence différente. Husserl ne verse pas pour autant dans le relativisme bien au contraire puisqu'il affirme que cette corrélation subjective est une nécessité d'essence. Ce qui veut dire que l'étant n'est pas autrement qu'il nous apparaît, il n'y a plus de chose en soi[47],[N 20]. En ce sens, on peut donc bien dire que la phénoménologie est une science des phénomènes, mais à condition d'y entendre qu'elle a une vocation descriptive des vécus (de l'expérience subjective). Pour autant, l'activité constitutive du sujet de la corrélation ne doit pas faire croire que la phénoménologie serait un pur subjectivisme. Comme le dit Merleau-Ponty, « le réel est un tissu solide, il n'attend pas nos jugements pour s'annexer les phénomènes », et en conséquence, « la perception n'est pas une science du monde, ce n'est même pas un acte, une prise de position délibérée, elle est le fond sur lequel tous les actes se détachent et elle est présupposée par eux »[48].

La phénoménologie husserlienne se veut également une science philosophique, c'est-à-dire universelle. De ce point de vue, elle est une science apriorique, ou éidétique, à savoir une science qui énonce des lois dont les objets sont des « essences immanentes »[N 21]. Le caractère apriorique de la phénoménologie oppose la phénoménologie transcendantale de Husserl à la psychologie descriptive de son maître Franz Brentano, qui en fut néanmoins, à d'autres égards, un précurseur. La phénoménologie doit en ce sens se distinguer de l'ousiologie, laquelle, comme science philosophique, a pour but l'étude des essences indépendamment de toute subjectivité exclusivement constituante.

Échappant à ces déterminations traditionnelles, on signale pour mémoire la dimension radicale de l'interprétation de cette pensée par son secrétaire particulier Eugen Fink[49] dans son ouvrage De la phénoménologie.

Le concept d'Intentionnalité

« La phénoménologie c'est l'Intentionnalité » affirme ni plus ni moins, Levinas[50]. Heidegger donnerait son accord à cette parole, encore faut-il préciser les contours qu'il donne au concept d'« Intentionnalité », concept qu'il puise principalement dans les cinquième et sixième « Recherches logiques » de Edmund Husserl, que lui-même avait hérité de Brentano note Jean Greisch[51],[N 22].

Traits généraux du concept d'intentionnalité

L'« Intentionnalité » qui est depuis Franz Brentano, un « se diriger sur », n'est plus une mise en rapport externe, mais une « structure interne à la conscience » souligne Jean Greisch[52]. Avec Husserl cette conscience ne va plus être considérée comme un simple contenant, réceptacle des images et des choses, ce qu'elle était depuis Descartes ; l'acte de conscience devient une intentionnalité visant un objet nécessairement transcendant précise Françoise Dastur[53],[N 23].

Le même raisonnement est à appliquer aux actes de représentation quels qu'ils soient, chacun tire son sens de la spécificité de l'acte intentionnel. « Tout savoir d'objet est toujours simultanément un savoir que le « Moi » a de lui-même, et ceci n'est point simplement un fait psychique, c'est bien plus une structure d'essence de la conscience » comprend de son côté Eugen Fink[54].

Le fait que l'« Intentionnalité » soit un « a priori » appartenant à « la structure du vécu et non une relation construite après coup » entraîne un sens spécifiquement phénoménologique à la notion d'acte et notamment pour ce qui concerne l'acte de représentation qui peut emprunter selon Heidegger deux directions différentes, la voie naïve qui nous dit par exemple que ce fauteuil est confortable et lourd ou l'autre qui va s'inquiéter de son poids et de ses dimensions[52].

Structure du concept

C'est à Husserl que l'on doit la découverte que la connaissance implique au moins deux moments intentionnels successifs (que Heidegger portera à trois), un premier acte correspondant à une visée de sens qui se trouve ultérieurement comblé par un acte intentionnel de remplissement[55]. Heidegger saura s'en souvenir dans sa théorie du Vollzugsinn ou sens de « l'effectuation » qui domine sa compréhension de la vie facticielle et qui fait suite à deux autres moments intentionnels, le Gehaltsinn (teneur de sens), et le Bezugsinn (sens référentiel). C'est la structure intentionnelle de la vie facticielle qui nous livre ce ternaire. Pour une analyse approfondie de ces concepts voir Jean Greisch[56].

L'intuition catégoriale

Dans la VIe de ses « Recherches logiques », Husserl, grâce au concept d'« intuition catégoriale »[57], « parvient à penser le catégorial comme donné, s'opposant ainsi à Kant et aux néo-kantiens qui considéraient les catégories comme des fonctions de l'entendement »[58].

Il faut comprendre cette expression d'« intuition catégoriale » comme « la simple saisie de ce qui est là en chair et en os tel que cela se montre » nous dit Jean Greisch. Appliquée jusqu'au bout cette définition autorise le dépassement de la simple intuition sensible soit par les actes de synthèse[N 24], soit par des actes d'idéation.

Un exemple de l'extraordinaire fécondité de cette découverte nous est donnée dans les avancées qu'elle a permises pour délivrer Heidegger du carcan du sens attributif de la copule. Dans la proposition « le tableau est mal placé », « l'entrelacement du nom et du verbe fait que la proposition ajoute aux termes isolés, une composition qui relie et sépare donnant à voir un rapport irréductible à une relation formelle, rapport sur lequel elle se fonde plutôt qu'elle ne la fonde »[59],[N 25].

La postérité d'Husserl

Les héritiers immédiats

En 1933, le philosophe Eugen Fink, abandonne la carrière universitaire, pour devenir son secrétaire privé jusqu'à la mort de son maître en 1938. Il est l'auteur de trois ouvrages remarquables de commentaires et de développement à partir de l'œuvre de son mentor, traduits en français : De la phénoménologie[60], la Sixième Méditation cartésienne[61] et Autres rédactions des Méditations cartésiennes[62].

Comme élève et proche compagnon il y eut aussi, un temps, Martin Heidegger, à qui fut confié la publication de son ouvrage Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps. Hans-Georg Gadamer, un autre de ses élèves, rapporte que Husserl disait que, au moins dans la période de l'entre-deux-guerres, « la phénoménologie, c'est Heidegger et moi-même »[63]. Dans une « lettre à Husserl » d', Heidegger a bien mis en évidence la question qui le séparait de son maître : « Nous sommes d'accord sur le point suivant que l'étant, au sens de ce que vous nommez "monde" ne saurait être éclairé dans sa constitution transcendantale par retour à un étant du même mode d'être. Mais cela ne signifie pas que ce qui constitue le lieu du transcendantal n'est absolument rien d'étant - au contraire le problème qui se pose immédiatement est de savoir quel est le mode d'être de l'étant dans lequel le "monde" se constitue. Tel est le problème central de Sein und Zeit - à savoir une ontologie fondamentale du Dasein »[64]. Autrement dit, l'enquête phénoménologique, pour Heidegger, ne doit pas tant porter sur les vécus de conscience, que sur l'être pour qui on peut parler de tels vécus, et qui est par là capable de phénoménalisation, à savoir le Dasein, c'est-à-dire, l'existant.

Le conflit phénoménologique entre Husserl et Heidegger a influencé le développement d'une phénoménologie existentielle et de l'existentialisme : en France, avec les travaux de Jean-Paul Sartre et de Simone de Beauvoir ; en Allemagne avec la phénoménologie de Munich (Johannes Daubert, Adolf Reinach) et Alfred Schütz ; en Allemagne et aux États-Unis avec la phénoménologie herméneutique de Hans-Georg Gadamer et de Paul Ricœur.

La philosophie husserlienne fut ensuite développée, et en des sens souvent infléchis, par des penseurs aussi divers que Maurice Merleau-Ponty, Max Scheler, Hannah Arendt, Gaston Bachelard, Dietrich von Hildebrand, Jan Patočka, Jean-Toussaint Desanti et Emmanuel Levinas.

Emmanuel Levinas[65], se penche sur l'évolution du concept d'« intentionnalité ». En tant que compréhension d'être, c'est toute l'existence du Dasein qui se trouve concernée par l'intentionnalité. Il en est ainsi du sentiment qui lui aussi vise quelque chose, ce quelque chose qui n'est accessible que par lui. « L'intentionnalité du sentiment n'est qu'un noyau de chaleur auquel s'ajoute une intention sur un objet senti ; cette chaleur effective qui est ouverte sur quelque chose à laquelle on accède en vertu d'une nécessité essentielle que par cette chaleur effective, comme on accède par la vision seule à la couleur ». Jean Greisch[66] a cette formule étonnante « le vrai visage -vu de l'intérieur-de l'intentionnalité n'est pas le « se-diriger-vers » mais le devancement de soi du souci ».

Élargissement heideggérien

Délaissant l'ontologie spéculative et la phénoménologie descriptive, Heidegger considère dans Être et Temps (SZ p. 38 )[N 26], « que l'ontologie et la phénoménologie devaient bel et bien partir de l'« herméneutique » du Dasein » écrit Jean Grondin[67]. S'il a été beaucoup dit que la phénoménologie de Heidegger était une herméneutique Jean Grondin[68] souligne que l'herméneutique est elle-même une phénoménologie au sens où « il s'agit de reconquérir le phénomène du Dasein contre sa propre dissimulation ».

Parce qu'une chose peut se montrer en soi-même, remarque Heidegger, elle peut se montrer autre qu'elle n'est (apparence) ou indiquer autre chose (indice), note Marlène Zarader[69]. Chez Heidegger il n'y a pas d'inconnaissable en arrière-plan comme chez Kant (la chose en soi), ce qui est « phénomène » de façon privilégié selon François Vezin[70] « c'est quelque chose qui le plus souvent ne se montre justement pas, qui à la différence de ce qui se montre d'abord et le plus souvent est en retrait mais qui est quelque chose qui fait corps avec ce qui se montre de telle sorte qu'il en constitue le sens le plus profond ».

Dans une opposition frontale à Husserl, Heidegger avance (SZ p. 35) que la phénoménologie a pour but de mettre en lumière ce qui justement ne se montre pas spontanément de lui-même et se trouve le plus souvent dissimulé confirme Jean Grondin[71], d'où la nécessité d'une herméneutique comme le remarque Marlène Zarader.« Si le phénomène est ce qui se montre, il sera l'objet d'une description […]; si le phénomène est ce qui se retire dans ce qui se montre, alors il faut se livrer à un travail d'interprétation ou d'explicitation de ce qui se montre, afin de mettre en lumière ce qui ne s'y montre pas de prime abord et le plus souvent »[72].

Après Être et temps, Heidegger ne s'intéressera plus à la description du sens de l'Être à partir du Dasein « mais il tente de le faire voir tel qu'il se déploie dans et par la pensée » écrit Sylvaine Gourdain[17], qui fait par ailleurs en note la remarque suivante : « Sans doute faudrait-il préciser et dire qu'il s'agit (avec Heidegger) d'une phénoméno-logie, c'est-à-dire non d'une science descriptive et épistémologique des phénomènes tels qu'ils apparaissent à la conscience mais d'une pensée ou d'un dire du seul « phénomène », qui en réalité intéresse Heidegger, à savoir l'« Être » ».

La phénoménologie sectorielle contemporaine

Le tournant théologique de la phénoménologie française

Dominique Janicaud[74], rappelle que dans la vision de Husserl, l'intentionnalité ne concerne que les phénomènes du monde et en aucun cas l'au-delà du monde. Renaud Barbaras[75] rappelle l'impératif explicite de Husserl : « toute intuition donatrice originaire est une source de droit pour la connaissance mais tout ce qui s'offre à nous dans cette intuition doit être simplement reçu pour ce qu'il se donne, sans outrepasser les limites dans lesquelles il se donne ».

À l'occasion d'un véritable pamphlet, publié en 1990, intitulé Le tournant théologique de la phénoménologie française, Dominique Janicaud dénonce le fait qu'à « partir des années 1970, s'opère une singulière ouverture au transcendant, à l'absolu et à l'originaire qui [..] scellent une alliance avec des préoccupations de type théologique ou religieux »[76]. Il situe en 1961 avec la publication de Totalité et Infini d'Emmanuel Levinas la première œuvre majeure de philosophie qui assume ce tournant de la phénoménologie vers la théologie, tendance confirmée depuis lors par toute une série d'autres philosophes (Paul Ricœur, Michel Henry, Jean-Luc Marion, Jean-Louis Chrétien). Pour Dominique Janicaud, face à ces multiples démarches, qui réintroduisent « l'absolument Autre » (Levinas), « l'Archi-Révélation de la vie »(Michel Henry), la donation pure (Jean-Luc Marion), la question devient : qu'est-ce qui reste de phénoménologique dans ces œuvres[77] ? Toutes ces tentatives restent éloignées de la neutralité scientifique dont Edmund Husserl désirait doter la phénoménologie.

Applications pratiques

La phénoménologie connaît aussi des applications pratiques.

  • Natalie Depraz - recherches sur l'adaptation de l'attitude phénoménologique lors de pratiques d'entretiens
  • Emmanuel Galacteros - fondateur de l'entretien phénoménologique de la vie radicale (inspiration Michel Henry)
  • Alfonso Caycedo - pratiques de la réduction phénoménologique (Edmund Husserl, Martin Heidegger, Ludwig Binswanger) psychiatrie et prophylaxie sociale.
  • Phénoménologie appliquée axiologos.
  • Pierre Vermersch, technique de l'entretien d'explicitation et la psycho-phénoménologie
  • Henri Maldiney - étude des pathologies psychiques comme fléchissement des modalités d'existence.
  • Le Cercle herméneutique : cette revue de phénoménologie anthropologique aborde des sujets appliqués au quotidien, avec des sujets autour de l'hystérie, la paranoïa, le sentiment d'étrangeté à soi, le besoin d'événements, l'homme intérieur et le discours intérieur.
  • Recherches qualitatives au Canada

La phénoménologie a aussi eu une grande influence sur la psychologie telle qu'elle se pratique encore de nos jours et plus généralement sur l'épistémologie. Elle a donné naissance à une clinique psychiatrique particulièrement riche, à partir des travaux du psychanalyste Ludwig Binswanger. En France, elle influença le courant de la psychothérapie institutionnelle.

Références

  1. article Phénoménologie Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 615
  2. Emmanuel Housset, Husserl et l’énigme du monde, Seuil, coll. « Points », 2000, p.14
  3. Delphine Moraldo, « Albert Piette, Anthropologie existentiale », Lectures, (ISSN 2116-5289, lire en ligne, consulté le )
  4. J.-H. Lambert, Nouvel Organon (1764). Quatrième section : Phénoménologie, trad. fr. G. Fanfalone, éd. Vrin, Paris, 2002, 221p.
  5. article Phénomène Dictionnaire des concepts philosophiques, 2013, p. 613
  6. François Doyon 2015, p. 163
  7. Françoise Dastur 2011, p. 11
  8. Jean-François Courtine 1990, p. 172
  9. Alexander Schnell 2005, p. 18
  10. Hans-Georg Gadamer 2002, p. 71
  11. article Phénomène Dictionnaire des concepts philosophiques, 2013, p. 612
  12. article Phénomène Le Dictionnaire Martin Heidegger , 2013, p. 1014
  13. Edmund Husserl 2010, p. 68-69
  14. Christian Dubois 2000, p. 31
  15. article Phénoménologie Le Dictionnaire Martin Heidegger , 2013, p. 1016
  16. Christian Dubois 2000, p. 33
  17. Sylvaine Gourdin 2017, p. 183
  18. Jean-François Courtine 1990, p. 184
  19. Françoise Dastur 2007, p. 75
  20. Marlène Zarader 2012, p. 84
  21. Françoise Dastur 2007, p. 78
  22. Émile Bréhier Histoire de la philosophie allemande troisième édition mise à jour P. Ricœur, p. 247
  23. article Phénomènologie Dictionnaire des concepts philosophiques, 2013, p. 617
  24. Martin Heidegger 1988, p. 19
  25. article Phénomènologie Dictionnaire des concepts philosophiques, 2013, p. 618
  26. Emmanuel Levinas 1988, p. 112
  27. François Doyon 2015
  28. article Phénoménologie Le Dictionnaire Martin Heidegger, 2013, p. 616
  29. article Concept Le Dictionnaire Martin Heidegger, p. 271
  30. Martin Heidegger 1989
  31. Levinas 1988, p. 122
  32. Françoise Dastur 2011, p. 13
  33. Alexander Schnell 2005, p. 19
  34. Servanne Jollivet 2009, p. 79-80.
  35. Schnell 2005, p. 20
  36. Jamme 1996, p. 224
  37. François Doyon 2015, p. 166
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  40. François Doyon 2015, p. 170
  41. Sophie-Jan Arrien 2014, p. 198
  42. article Art Le Dictionnaire Martin Heidegger, 2013, p. 115
  43. article Aristote Le Dictionnaire Martin Heidegger , 2013, p. 105
  44. Marlène Zarader 2012, p. 249
  45. François Doyon 2015, p. 179
  46. Bernhard Waldenfels 1994, p. 72
  47. Renaud Barbaras 2008, p. 12
  48. Phénoménologie de la perception, 2005, p. V
  49. Eugen Fink 1974
  50. Emmanuel Levinas 1988, p. 126
  51. Jean Greisch 1994, p. 46
  52. Jean Greisch 1994, p. 48
  53. Françoise Dastur 2011, p. 12
  54. Eugen Fink, Statut du phénoménologique, 1990, p. 13
  55. Alexander Schnell 2005, p. 33
  56. Greisch 1994
  57. Dieter Lohmar 2001lire en ligne
  58. Alain Boutot 1989, p. 19
  59. article Logique Le Dictionnaire Martin Heidegger, p. 778.
  60. Eugen Fink 1974
  61. Eugen Fink 1994
  62. Eugen Fink 1998
  63. Hans-Georg Gadamer2002, p. 38
  64. Cahiers de l'Herne 1986, p. 67-68
  65. Emmanuel Levinas 1988, p. 60-61
  66. Jean Greisch 1994, p. 66
  67. Jean Grondin 1996, p. 181
  68. Jean Grondin 1996, p. 191
  69. Marlène Zarader 2012, p. 82
  70. article Phénomène Le Dictionnaire Martin Heidegger, p. 1015
  71. Jean Grondin, p. 184
  72. Marlène Zarader 2012, p. 88
  73. Emmanuel Falque, Hors phénomène. Essai aux confins de la phénoménalité, Paris, Hermann,
  74. Dominique Janicaud 2009, p. 64-65
  75. Renaud Barbaras 2008, p. 8
  76. Dominique Janicaud 2009, 4em de couverture
  77. Dominique Janicaud 2009, p. 23

Notes

  1. « D’une façon générale, la phénoménologie s’occupe de déterminer ce qui dans chaque espèce d’apparence est réel et vrai ; à cette fin, elle fait ressortir les causes et les circonstances particulières qui produisent et modifient une apparence, afin que l’on puisse à partir de l’apparence inférer le réel et le vrai. […] La phénoménologie dans son acception la plus générale peut être qualifiée d’optique transcendante, dans la mesure où elle détermine en partant du vrai l’apparence, et inversement, en partant de l’apparence le vrai »-Lambert-Neues Organon, (§266)-« Sixième section : de la représentation sémiotique de l'apparence », dans Johann-Heinrich Lambert, Nouvel Organon : Phénoménologie (trad. Gilbert Fanfalone), Vrin, coll. « Bibliothèque des textes philosophiques », (lire en ligne), p. 193
  2. « Kant remarque que la connaissance débute avec l'expérience sensible, sans pour autant en provenir, et que l'interrogation sur le phénomène doit être menée dans le cadre d'une philosophie transcendantale. Pour cela il ne faut pas confondre la présentation des choses elles-mêmes, qui nous demeure inaccessible, et le phénomène, qui n'est autre que l'objet possible de l'intuition d'un sujet »-article Phénomène Dictionnaire des concepts philosophiques, 2013, p. 613
  3. « Dans ma Phénoménologie de l'Esprit, qui forme la première partie du système de la connaissance, j'ai pris l'Esprit à sa plus simple apparition ; je suis parti de la conscience immédiate afin de développer son mouvement dialectique jusqu'au point où commence la connaissance philosophique, dont la nécessité se trouve démontrée par ce mouvement même »-G. W. F. Hegel, Logik, §25 ; trad. fr. A. Vera : Science de la logique, Paris, Ladrange, 1859, t. 1, p. 257.
  4. « La Volonté, seule, lui [sc. à l'homme] donne la clef de sa propre existence phénoménale, lui en découvre la signification, lui montre la force intérieure qui fait son être, ses actions, son mouvement. Le sujet de la connaissance, par son identité avec le corps, devient un individu ; dès lors, ce corps lui est donné de deux façons toutes différentes : d'une part comme représentation dans la connaissance phénoménale, comme objet parmi d'autres objets et comme soumis à leur loi ; et d'autre part, en même temps, comme ce principe immédiatement connu de chacun, que désigne le mot Volonté »-A. Schopenhauer, Le Monde comme volonté et comme représentation, trad. fr. A Burdeau, Paris, PUF, 1966, vol. 1, §18.
  5. voir sur cette ambition la première méditation des Méditations cartésiennes, 1986, p. 6
  6. « Phénoménologie : cela désigne une science, un ensemble de disciplines scientifiques ; mais phénoménologie désigne en même temps et avant tout, une méthode et une attitude de pensée : l'attitude de pensée spécifiquement philosophique et la méthode spécifiquement philosophique »-Edmund Husserl 2010, p. 45
  7. « Heidegger ne demande jamais Was ist das Sein ?. Il met en garde au contraire contre l'absurdité d'une question ainsi formulée […] Il demande plutôt. Comment est-il signifié ? Quel est son sens ? »
  8. Si pour Kant, la connaissance débute avec l'expérience sensible « ce sont les objets qui doivent se régler sur notre connaissance et non l'inverse, et les objets ne nous livrent pas la nature des choses, leur être nouménal mais les formes sous lesquelles notre connaissance les appréhende »-article Phénomène Dictionnaire des concepts philosophiques, 2013, p. 613
  9. Ce « droit aux choses mêmes », s'oppose à toutes les constructions échafaudées dans le vide, à la reprise de concepts qui n'ont rien de bien fondé que l'apparence et l'ancienneté-Martin Heidegger 1986, p. 54
  10. Nommer n'est pas simplement faire voir mais faire apparaître au sens strict insiste Jean Beaufret-Jean Beaufret 1973, p. 125
  11. par exemple c'est autour du « phénomène de la vie », que Heidegger aurait construit sa propre approche de la phénoménologie-Emmanuel Levinas 1988, p. 112
  12. voir pour l'approfondissement de tous ces points les pages lumineuses que Lévinas y consacre-Emmanuel Levinas 1988, p. 111-123
  13. À dire vrai « l'Épochè vise à faire apparaître, l'apparaître lui-même et non pas seulement telle ou telle apparition essentielle »-Dominique Janicaud 2009, p. 67
  14. « N'entre pas plus dans le débat les questions distinctes mais étroitement interdépendantes : celles de la frontière entre donné et construit, objet et sujet […] qui s'interrogent jusqu'à quel point les hommes sont prisonniers de cadres « linguistico-pragmatiques » […] à travers lesquels, ils voient le monde […] »-Dictionnaire des Concepts philosophiques, 2012, p. 614
  15. L'origine, si elle doit être autre chose qu'un flatus voci, doit correspondre au lieu d'émergence du matériau philosophique qu'est le concept et rendre compte de sa formation et de son déploiement concret-Sophie-Jan Arrien 2014, p. 38
  16. la (Auslegung ) ou explicitation est le nom que donne Heidegger à l'éclaircissement des présupposés de la compréhensionJean Grondin 1996, p. 191
  17. « L'obscurité qui enveloppe la connaissance quant à son sens ou à son essence appelle une science de la connaissance, une science qui ne veut rien d'autre qu'amener la connaissance à une clarté véritable »-Edmund Husserl 2010, p. 69
  18. Mais comme le note Jean-François Lyotard : « pour accomplir cette opération, il faut sortir de la science même et plonger dans ce dans quoi elle plonge innocemment. C'est par volonté rationaliste que Husserl s'engage dans l'anté-rationnel »-Jean-François Lyotard 2011, p. 9
  19. « Un trait distinctif des vécus qu'on peut tenir véritablement pour le thème central de la phénoménologie orientée « objectivement » : l'intentionnalité ». Cette caractéristique éidétique concerne la sphère des vécus en général, dans la mesure où tous les vécus participent en quelque manière à l'intentionnalité, quoique nous ne puissions dire de tout vécu qu'il a une intentionnalité. « C'est l'intentionnalité qui caractérise la conscience au sens fort et qui autorise en même temps de traiter tout le flux du vécu comme un flux de conscience et comme l'unité d'une conscience »-E. Husserl, Ideen I, § 84 ; trad. fr., op. cit., p. 283.
  20. « L'alternative idéalisme/réalisme est dépassée (et tout aussi bien la dualité subjectif/objectif) par une corrélation préalable, ce fait irréductible qu'aucune image physique ne peut rendre : l'éclatement de la conscience dans le monde, d'emblée conscience d'« autre chose que soi ». Il n'y a pas de conscience pure. « Toute conscience est conscience de quelque chose » proclame que la pseudo pureté du cogito est toujours prélevée sur une corrélation intentionnelle préalable »-Dominique Janicaud 2009, p. 44
  21. « La phénoménologie pure ou transcendantale ne sera pas érigée en science portant sur des faits, mais portant sur des essences (en science « éidétique ») ; une telle science vise à établir uniquement des « connaissances d'essence » et nullement des faits »-E. Husserl, Ideen I, Préface ; trad. fr., op. cit., p. 7.
  22. « On ne trouve dans la donnée immédiate [de la conscience] rien de ce qui, dans la psychologie traditionnelle, entre en jeu, comme si cela allait de soi, à savoir : des data-de-couleur, des data-de-son et autres data de sensation ; des data-de-sentiment, des data-de-volonté, etc. Mais on trouve ce que trouvait déjà René Descartes, le cogito, l'intentionalité, dans les formes familières qui ont reçu, comme tout le réel du monde ambiant, l'empreinte de la langue : le « je vois un arbre, qui est vert ; j'entends le bruissement de ses feuilles, je sens le parfum de ses fleurs, etc. » ; ou bien « je me souviens de l'époque où j'allais à l'école », « je suis inquiet de la maladie de mon ami », etc. Nous ne trouvons là, en fait de conscience, qu'une conscience de... »E. Husserl, Die Krisis der europäischen Wissenschaften und die tanszendentale Phänomenologie, La Haye, Martinus Nijhoff, 1954, § 68 ; trad. fr. G. Granel : La crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale, Paris, Gallimard, Tel, 1976, p. 262.
  23. Il en découle deux conséquences : premièrement « que la perception est d'abord un commerce concret et pratique avec les choses, je ne perçois pas pour seulement percevoir mais pour m'orienter, percevoir n'est plus une simple observation neutre » et deuxièmement « que l'objet n'est plus totalement étranger au sujet, qu'il ne lui est plus absolument extérieur »Françoise Dastur 2011, p. 13
  24. L'exemple de Jean Greisch (du chat qui est sur le paillasson) et qui est autre chose qu'un paillasson plus un chat ou les exemples du troupeau de moutons ou de la foule qui manifeste, enfin encore plus simple et plus évident la forêt et pas seulement une série d'arbres, soit par des actes d' idéationJean Greisch op cité 1994 pages 56-57
  25. En effet pouvoir énoncer que « le tableau est mal placé » dans un coin de la salle suppose au préalable que soit manifeste la salle de cours en son entier, visée en tant que salle cours exigeant un emplacement déterminé du tableau et non une salle de danse exigeant un autre emplacement; le sens du « est », est plus ample que dans le simple énoncé, il opère de manière préverbale et prélogique avant tout énoncé une synthèse unifiante qui permet de rassembler les choses et de les distinguer sans les séparer (article Logique Le Dictionnaire Martin Heidegger, p. 778).
  26. « La philosophie est l'ontologie phénoménologique universelle issue de l'« herméneutique » du Dasein, qui en tant qu'analytique de l'existence (l'existentialité), a fixé comme terme à la démarche de tout questionnement philosophique le point d'où il jaillit et celui auquel il remonte »

Articles connexes

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Liens externes

Bibliographie dédiée

  • Edmund Husserl (trad. Henri Dussort, préf. Gérard Granel), Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps, PUF, coll. « Épiméthée », , 4e éd. (1re éd. 1964), 202 p. (ISBN 2-13-044002-9).
  • Edmund Husserl (trad. Alexandre Lowit), L'idée de la phénoménologie : Cinq Leçons, PUF, coll. « Épiméthée », , 4e éd., 136 p. (ISBN 978-2-13-044860-0).
  • Edmund Husserl (trad. de l'allemand par Paul Ricœur), Idées directrices pour une phénoménologie, Paris, Gallimard, coll. « Tel », , 567 p. (ISBN 2-07-070347-9).
  • Edmund Husserl (trad. Mlle Gabrielle Peiffer, Emmanuel Levinas), Méditations cartésiennes : Introduction à la phénoménologie, J.VRIN, coll. « Bibliothèque des textes philosophiques », , 136 p. (ISBN 2-7116-0388-1).
  • Eugen Fink (trad. Didier Franck), De la phénoménologie : Avec un avant-propos d'Edmund Husserl, Les Éditions de Minuit, coll. « Arguments », , 242 p. (ISBN 2-7073-0039-X).
  • Eugen Fink (trad. Natalie Depraz), Sixième méditation cartésienne : L'idée d'une théorie transcendantale de la méthode, Jérôme Millon, , 265 p. (ISBN 2-905614-98-6, lire en ligne).
  • Eugen Fink (trad. de l'allemand par Françoise Dastur et Anne Montavont), Autres rédactions des Méditations cartésiennes : textes issus du fonds posthume d'Eugen Fink (1932) avec des annotations et des appendices issus du fonds posthume d'Edmund Husserl (1933-1934), Grenoble, Jérôme Millon, , 350 p. (ISBN 2-84137-075-5).
  • Dominique Janicaud, La phénoménologie dans tous ses états, Paris, Gallimard, coll. « Folio essais », , 323 p. (ISBN 978-2-07-036317-9).
  • Philippe Arjakovsky, François Fédier et Hadrien France-Lanord (dir.), Le Dictionnaire Martin Heidegger : Vocabulaire polyphonique de sa pensée, Paris, Éditions du Cerf, , 1450 p. (ISBN 978-2-204-10077-9).
  • Michel Blay, Dictionnaire des concepts philosophiques, Paris, Larousse, , 880 p. (ISBN 978-2-03-585007-2).
  • Martin Heidegger (trad. de l'allemand par Jean-François Courtine), Les problèmes fondamentaux de la phénoménologie, Paris, Gallimard, , 410 p. (ISBN 2-07-070187-5).
  • Martin Heidegger (trad. Jean Beaufret,Wolfgang Brokmeier,François Fédier), Acheminement vers la parole, Gallimard, coll. « Tel », , 260 p. (ISBN 2-07-023955-1).
  • Martin Heidegger (trad. François Vezin), Être et Temps, Paris, Gallimard, , 589 p. (ISBN 2-07-070739-3).
  • Maurice Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, Paris, Gallimard, coll. « Tel », , 537 p. (ISBN 2-07-029337-8).
  • Alain Boutot, Heidegger, Paris, PUF, coll. « Que sais-je? » (no 2480), , 127 p. (ISBN 2-13-042605-0)
  • Jean Greisch, Ontologie et temporalité : Esquisse systématique d'une interprétation intégrale de Sein und Zeit, Paris, PUF, , 1re éd., 522 p. (ISBN 2-13-046427-0).
  • Jean Beaufret, Dialogue avec Heidegger : tome 1- Philosophie grecque, Éditions de Minuit, , 145 p..
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