Philipp von Stosch

Le baron Philipp von Stosch (né le à Küstrin ; mort le à Florence) était un diplomate, antiquaire, numismate et gemmologue allemand. Il était l'un des collectionneurs d'antiquités les plus importants du XVIIIe siècle et sa collection de pierres précieuses et de pierres précieuses antiques est toujours l'une des plus importantes collections de ce type au monde et l'une des fondations de la Collection berlinoise des antiquités.

Philipp von Stosch
Titre de noblesse
Baron
Biographie
Naissance
Décès
(à 66 ans)
Florence
Sépulture
Activités
Fratrie
Louise Hedwig Stosch (d)
Ferdinand Stosch (d)
Parentèle
Heinrich Wilhelm Muzell (d) (neveu et fils adoptif)
Friedrich Muzel (d) (beau-frère)
Eberhard Heinrich Daniel Stosch (d) (neveu)
Ferdinand Stosch (d) (neveu)
Friedrich Ludwig Hermann Muzel (d) (neveu)

Biographie

Né, le 22 mars 1691, à Küstrin, où son père était médecin et bourgmestre, Philipp von Stosch fit ses premières études au gymnase de cette ville et à l’Université de Francfort-sur l’Oder. Il se destinait à la théologie, mais il était porté vers la numismatique.

Dès l’enfance, il s’occupa de recueillir des médailles et de petites monnaies rares. En 1708, Stosch visita Iéna, Dresde, Leipzig, Berlin, et continua l’année suivante ses excursions scientifiques dans le nord de l’Allemagne, examinant partout les cabinets de médailles et d’antiquités. Il arriva ainsi à Amsterdam, où il passa près de deux ans poursuivre les leçons de Küster, de Jean le Clerc et de Hemsterhuis.

En 1710, il se rendit à la Haye, où son oncle, le baron de Schmettau, ministre prussien, le pressa de se vouer à la diplomatie. Cet oncle mourut bientôt après ; mais il avait recommandé son neveu au célèbre Fagel, greffier des États généraux, qui eut pour lui beaucoup de bonté et lui fit don d’une grande quantité de médailles antiques, à condition qu’il lui cédât toutes les modernes qu’il pourrait se procurer. L’un et l’autre gagnèrent à cet arrangement. Fagel ayant ensuite chargé Stosch de quelques affaires en Angleterre, lui donna des recommandations qui le mirent en rapport avec Bentley, Sloane, les comtes de Pembroke et de Winchelsea, lord Carteret, etc.

De Londres, Stosch partit, en 1713, à Paris, où les monuments, les riches collections publiques et particulières de toutes sortes d’antiquités et surtout le cabinet des médailles et de pierres gravées du roi, fixèrent son attention. Il eut, pendant son séjour dans cette capitale, des rapports très suivis avec l’abbé de Camps, possesseur d’un très-beau cabinet de médailles ; avec Crozat, connu par sa collection de tableaux et de pierres gravées ; avec le père Montfaucon, Banduri, madame Dacier ; enfin avec le jésuite Chamillard, grand connaisseur en médailles, qui l’introduisit chez le P. Le Tellier, confesseur du roi et chez tous les savants de son ordre.

Le désir de voir l’Italie et ses richesses dans les arts et l’antique, lui fit entreprendre ce voyage en 1714. Il passa trois ans à visiter les villes les plus célèbres et fit connaissance avec les principaux savants et surtout les archéologues. Sa réputation de savoir était déjà telle que le pape Clément XI, le voyant près de partir, le pressa de se fixer à Rome, lui promettant sa protection spéciale ; mais Stosch était trop occupé d’augmenter et de perfectionner les collections qu’il avait commencées ; il retourna en Allemagne et finit par réunir de très-beaux objets, particulièrement en pierres gravées.

Le hasard le favorisa singulièrement à Augsbourg, où il découvrit chez un particulier l’original du célèbre manuscrit connu sous le nom de Table de Peutinger. Il le vendit plus tard au prince Eugène ; et ce manuscrit est à présent à la Bibliothèque nationale autrichienne de Vienne. Stosch se rendit ensuite à Dresde, où il fut parfaitement accueilli du roi de Pologne, qui le nomma son conseiller, titre qu’il n’accepta qu’après y avoir été autorisé par le greffier Fagel, de qui il dépendait toujours et qui avait fourni de la manière la plus généreuse à toutes ses dépenses.

Voulant enfin revoir son bienfaiteur, Stosch alla, en 1719, à la Haye, avec une mission du roi de Pologne. Pendant son séjour dans cette ville, il eut occasion de rendre un service important à de Boze et à Lancelot, chargés de recouvrer deux manuscrits chinois contenant des ouvrages de Confucius, qui appartenaient à la Bibliothèque royale et qui avaient été volés par Aymon devenu protestant. Ces deux commissaires s’étant adressés à Stosch, il leur conseilla de ne pas user de moyens extrêmes, à cause du crédit dont Aymon jouissait auprès de beaucoup de protestants, et par la crainte de le voir détruire ces manuscrits si on le poussait à bout. Les commissaires suivirent cet avis ; et quelques mois après, Stosch se fit donner pour vingt ducats ces précieux objets, qu’il remit à l’ambassadeur de France. Le régent ayant voulu lui faire accepter pour récompense une pension de mille écus, il la refusa à cause de ses emplois qui ne lui permettaient pas d’être pensionné d’un gouvernement étranger.

Le baron de Gesdorf, ministre du roi de Pologne à la Haye, étant mort à cette époque, Stosch eut quelque espoir de lui succéder ; mais il n’y réussit pas. Lord Carteret étant alors passé par la Haye pour aller négocier un traité avec la Prusse, offrit de le faire entrer au service de l’Angleterre, ce qu’il accepta. En recevant sa démission, le roi de Pologne lui laissa un traitement sous le titre de pension, et lord Carteret étant devenu ministre, l’envoya à Rome, en 1722, avec une mission très-délicate, puisque l’objet principal était de surveiller les Anglais attachés au prétendant. Les liaisons que Stosch avait contractées auparavant dans cette ville et la considération qu’il s’y était acquise rendirent ses devoirs moins difficiles, et il eut encore assez de temps pour se livrer à ses études favorites.

En quittant la Hollande, il avait laissé au célèbre Bernard Picart toutes les empreintes, les dessins et les matériaux de son grand ouvrage, qui fut publié, en 1724, avec une dédicace à l’empereur Charles VI, sous ce titre : Gemmæ antiquæ cælatæ sculptorum imaginibus insignitæ, ad ipsas gemmas aut earum ectypos delineatæ, et æri incisæ per Bernardum Picart, ex præcipuis musæis selectæ et commentariis illustratæ, in-fol. Henri-Philippe de Limiers en donna la même année une mauvaise traduction française sous ce titre : Pierres antiques gravées sur lesquelles les graveurs ont mis leurs noms, in-fol., orné de 70 planches[1]. Des quarante-huit glyptographes dont ce livre reproduit les ouvrages, trois seulement étaient cités par les historiens, soit : Pyrgotèle, Dioscoride et Apollonides ; on n’a aucun détail sur la vie des autres.

Benoît XIII étant mort, et Clément XII, de la maison Corsini, lui ayant succédé, la cour de Rome devint plus favorable à la cause des Stuarts, ce qui rendit très difficile la position de Stosch. Il fut même en butte à des haines très-violentes, au point que des gens armés l’arrêtèrent un soir dans sa voiture et menacèrent de le faire périr s’il ne quittait Rome aussitôt.

Il crut alors prudent de se rendre à Florence ; et se livrant dans cette ville, avec une activité nouvelle, à l’étude de l’antiquité, il acheva le second volume de son grand ouvrage sur les camées et les pierres gravées, dont F. Adam Schweickard, graveur de Nuremberg, avait fait les planches. À Florence il se lia d’amitié avec Anton Francesco Gori, Filippo Buonarroti, Antonio Maria Salvini, Giovanni Lami, Domenico Maria Manni, Antonio Maria Biscioni.

Stosch mourut le 7 novembre 1757 d’une attaque d’apoplexie.

Postérité

Il mérite une place distinguée parmi les antiquaires de son temps. Ses collections, spécialement celles des camées et pierres gravées, étaient des plus précieuses. Le nombre des pierres gravées et pâtes antiques de son cabinet se monte à 3 444, et il avait formé, dans le cours de ses voyages, une autre suite composée de 2 800 empreintes en soufre, dont les plus remarquables ont été décrites dans le catalogue de Tassie et imitées dans sa fabrique. Winckelmann composa un catalogue raisonné du cabinet de pierres gravées et de pâtes de Stosch, par lequel le public apprit, pour la première fois, quelque chose sur les richesses de ce savant et heureux antiquaire.

Les pierres gravées furent achetées après sa mort par le roi de Prusse, Frédéric II. Frauenholz, éditeur et marchand d’estampes à Nuremberg, en possédait les empreintes en soufre. Il en a fait graver les plus belles pièces, qui ont été publiées en français avec une explication de Schlichtegroll, sous ce titre : Principales figures de la mythologie, Nuremberg, 1793-1794, 2 cahiers in-fol.

L’atlas ou collection géographique du baron de Stosch, formant environ trois cents volumes in-folio, était le plus ample qui eût été formé jusqu’alors : on y voyait entre autres neuf cartes japonaises et un grand nombre de cartes manuscrites du Brésil, levées par les Hollandais pendant qu’ils occupaient cette contrée. On trouve dans les Récréations numismatiques de Kœhler, t. 4, chap. 19, p. 145, la gravure de trois médailles frappées en l’honneur du baron de Stosch.

Œuvres

Lettera sopra una medaglia nuovamente scoperta di Carino imperatore e Magnia Urbica Augusta, sua consorte, scritta dal bar. Fil. de Stosch

Notes et références

  1. Les archéologues reconnaissent du goût et de l’érudition dans les explications de Stosch. mais il écrivait très-rapidement et parfois de mémoire, et il laisse à désirer au point de vue de la critique. Les gravures, exécutées avec soin, donnent une assez juste idée des monuments originaux ; on y voudrait cependant parfois plus de simplicité et de fermeté.

Annexes

Bibliographie

  • « Philipp von Stosch », dans Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 [détail de l’édition].
  • (de) Lesley Lewis, « Philipp von Stosch », in Apollo, vol. LXXXV, n°63, 1967, p. 320–327.
  • (en) J.J.L. Whiteley, « Philipp von Stosch, Bernard Picart and the Gemmae Antiquae Caelatae », in Classicism to Neo-classicism: Essays dedicated to Gertrud Seidmann, éd. Martin Henig and Dimitris Plantzos, 1999 (ISBN 1-84171-030-X).
  • (de) Peter Zazoff (de) et Hilde Zazoff, Gemmensammler und Gemmenforscher : Von einer noblen Passion zur Wissenschaft, Munich : Beck Verlag, 1983 (ISBN 3-406-08895-3).
  • (de) Joern Lang, Netzwerke von Gelehrten, « Eine Skizze antiquarischer Interaktion am Beispiel des Philipp von Stosch (1691–1757) », in: J. Broch – M. Rassiller – D. Scholl (dir.), Netzwerke der Moderne. Erkundungen und Strategien, Würzburg, 2007 (= FORUM – Studien zur Moderneforschung 3) p. 203–226.
  • (de) Erika Zwierlein-Diehl, Glaspasten im Martin-von Wagner-Museum der Universitaet Würzburg, 1986, p. 12.
  • (de) Antiquarische Briefe des Baron Philipp von Stosch, collecté et expliqué par Carl Justi, Marburg : Pfeil, 1871 (lire en ligne).
  • (de) Rudolf Schwarze (de), « Stosch, Philipp von », dans Allgemeine Deutsche Biographie (ADB), vol. 36, Leipzig, Duncker & Humblot, , p. 462 f.

Articles connexes

Liens externes

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