Pierre-Henri Simon

Pierre-Henri Simon (né à Saint-Fort-sur-Gironde le - mort à Ville-d'Avray le ) fut un intellectuel engagé, historien de la littérature, essayiste, romancier, poète et critique littéraire français. Élu à l'Académie française le , il est reçu sous la Coupole le .

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Pierre-Henri Simon
Portrait de Pierre-Henri Simon.
Fonctions
Directeur
Académie de Saintonge
jusqu'en
Fauteuil 7 de l'Académie française
-
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Henri Simon
Pseudonyme
PHS
Nationalité
Formation
Activité
Enfant
Autres informations
A travaillé pour
Religion
Membre de
Conflit
Lieux de détention
Oflag XC (en), Oflag VI-D (depuis )
Distinctions
Œuvres principales
  • Les Raisins verts (1950)
  • Contre la torture (1957)
  • Le Somnambule (1960)
  • Histoire d'un bonheur (1965)
  • La Sagesse du soir (1971)

Biographie

Enfance et jeunesse

Saint-Fort-sur-Gironde.
École normale supérieure (Paris).
École normale supérieure (Paris).

Fils de Henri Simon et Anne-Marie Guignot, Pierre-Henri Simon naquit en 1903 à Saint-Fort-sur-Gironde. Son père, bordelais, y fut quelque temps notaire. C'est auprès de lui que son fils Henri (qui ne s'appelait pas encore Pierre-Henri, nom de plume adopté plus tard) s'initia aux problèmes juridiques (son œuvre témoigne d'une connaissance certaine)[réf. nécessaire].

Sa mère était fort cultivée et donna au jeune Henri le goût de la lecture. L'ayant retiré de l'école primaire en 1912, l'instituteur ayant scandalisé l'enfant par certains propos anti-cléricaux, elle se chargea pendant près de quatre ans de son éducation, à laquelle contribua aussi largement son grand-père Celestin Guignot, pharmacien féru de culture classique. Ces années de formation sont très bien évoquées dans son autobiographie intellectuelle intitulée Ce que je crois[réf. nécessaire].

Brillant élève au collège-lycée Fénelon Notre-Dame de La Rochelle, après des études de lettres supérieures à Louis-le-Grand, Pierre-Henri Simon entra en excellent rang à l’École normale supérieure en 1923. Il y côtoya notamment Jean-Paul Sartre, Raymond Aron et Henri Guillemin avec lequel il gardera une amitié profonde bien que les deux hommes fussent opposés en matière d'idéologie politique (Guillemin étant à gauche). Il obtint l'agrégation de Lettres[réf. nécessaire].

Jeune écrivain

À cette époque, le jeune homme professait les idées de la droite traditionaliste (il est catholique de père et de mère). Il adhéra un moment aux Jeunesses Patriotes. Son premier roman Les Valentin (1931) témoigne de cette sensibilité[réf. nécessaire].

Mais alors qu'il était encore professeur de lycée (Saint-Quentin, Chartres), il fait, en 1933, la connaissance du philosophe chrétien Emmanuel Mounier, qui exerça sur lui une forte influence. Devenu adepte du christianisme social, il se lia aux pères dominicains qui animaient les journaux Sept, puis Temps Présent. Devenu professeur à l'Institut catholique de Lille (nommé en 1928 à la chaire de littérature française), il dut quitter cet établissement à la suite d'une campagne menée contre lui par quelques donateurs importants, irrités par son pamphlet Les Catholiques, la Politique et l'Argent (1936)[réf. nécessaire].

En 1938, Pierre-Henri Simon fut nommé directeur de l'École des Hautes études de Gand (Belgique), où il enseigna jusqu'à la mobilisation[réf. nécessaire].

La guerre

Fait prisonnier en 1940, il fut successivement interné dans les oflags de Nuremberg, Münster (OFLAG VI D) et Lübeck. C'est à l'OFLAG VI D qu'il fonda avec ses camarades prisonniers une petite université dont il était le recteur[1]. Ce furent des années fécondes intellectuellement et humainement.[Interprétation personnelle ?] Il y prononça notamment une conférence (Ma Saintonge) et rédigea un roman d'analyse psychologique (L'Affût) qui parut aux éditions du Seuil en 1946. Son esprit de résistance lui valut d'être interné au camp de représailles Oflag X-C (en) de Lübeck.

Vers le succès littéraire

Après sa libération, Pierre-Henri Simon reprit la direction de l'institut français de Gand où il séjourna jusqu'en 1949. Sa renommée de critique littéraire ne faisait que croître.[Interprétation personnelle ?] Dans une lettre de 1950, André Malraux lui écrivit pour lui dire toute l'estime qu'il avait pour l'ouvrage de critique L'Homme en procès (1948), « l'un des plus importants de l'après-guerre ».[réf. nécessaire]En 1949, Pierre-Henri Simon fut nommé professeur extraordinaire de littérature française à l'Université de Fribourg. Il y devint professeur ordinaire de 1954 à 1963, tout en occupant le poste de doyen de 1955 à 1966[2]. Il y développa son œuvre de critique, de conférencier, de journaliste (son amitié avec Hubert Beuve-Méry lui devait de publier dans Le Monde, épisodiquement, des articles où il commentait l'actualité politique), mais aussi de romancier. En 1953, il manqua à une voix près le prix Femina pour son roman Les hommes ne veulent pas mourir (le prix fut attribué à Zoé Oldenbourg).

Pierre-Henri Simon ne pouvait rester indifférent aux évènements d'Algérie.[Interprétation personnelle ?] Son pamphlet, solidement étayé[Interprétation personnelle ?], Contre la torture (1957) lui aurait valu des poursuites intentées par le gouvernement français de l'époque, s'il n'avait été défendu par François Mitterrand, qui était alors Garde des Sceaux[réf. nécessaire]. Son roman Portrait d'un officier revient sur le thème de l'honneur militaire et illustre un thème fondamental chez l'auteur : l'engagement des valeurs morales dans l'action[Interprétation personnelle ?].

Le Monde et l'Académie française

À partir de 1961, Pierre-Henri Simon devient critique littéraire au Monde. Son feuilleton hebdomadaire (le « rez-de-chaussée ») confirme sa haute réputation de culture et d'honnêteté intellectuelle.[Interprétation personnelle ?] Il a également collaboré à La Revue de Paris, Esprit et au Journal de Genève.

Après avoir été membre fondateur puis directeur de l'Académie de Saintonge où il occupa le 6e siège dès 1957, il est élu à l'Académie française le , où il est reçu l'année suivante par le philosophe Jean Guitton. Il y a occupé le fauteuil numéro 7 succédant à Daniel-Rops, précédant André Roussin[3].

Très absorbé par sa tâche de critique, de conférencier (il fut l'infatigable propagateur de la culture française moderne dans les pays d'anciennes francophonies. Belgique, Suisse et Québec, où il enseigna en 1953 et 1955)[Interprétation personnelle ?] et aussi de romancier (La Sagesse du soir, troisième volet de la trilogie Figures à Cordouan, a paru en 1969 et constitue son véritable testament littéraire), Pierre-Henri Simon affaibli par une rude captivité[Interprétation personnelle ?], par une vie de labeur incessant et par un cancer opéré en 1953, succomba lors d'une opération, à Paris, le [réf. nécessaire].

En 1929, Pierre-Henri Simon avait épousé Geneviève Emery-Desbrousses (décédée en 1998), dont il eut quatre filles : Marie-Claude (décédée en 1982), Jacqueline dite « Jacotte » (décédée en 2022), Brigitte et Florence.

Œuvres

Romans

  • Les Valentin, La Vraie France, 1931[4]
  • L'Affût, Le Seuil, 1946
  • Les Raisins verts, Le Seuil, 1950[5]
  • Celle qui est née un dimanche, La Baconnière, 1952[6]
  • Les hommes ne veulent pas mourir, Le Seuil, 1953, prix Lange de l’Académie française en 1954.
  • Elsinfor, Le Seuil, 1956[7]
  • Portrait d'un officier, Le Seuil, 1958 ; ce roman est qualifié de « récit » par l'auteur

Trilogie romanesque Figures à Cordouan[8],[9]

  • Le Somnambule (Figures à Cordouan I), Le Seuil, 1960
  • Histoire d'un bonheur (Figures à Cordouan II), Le Seuil, 1965
  • La Sagesse du soir (Figures à Cordouan III), Le Seuil, 1971[10]

Essais

  • L'École et la Nation. Aspects de l'Éducation nationale, Le Cerf, 1934
  • Destins de la personne, Bloud et Gay, collection « Cahiers de la nouvelle journée », 1935
  • Les Catholiques, la Politique et l'Argent, Montaigne, 1936
  • Discours sur la guerre possible, Le Cerf, 1937
  • L'Église et la Révolution sociale, Le Cerf, 1938
  • Préparer l'après guerre, Bloud et Gay, 1940
  • Une campagne de « Temps présent », la paix par le Christ (avec François Mauriac et Joseph Folliet), Le Temps présent, 1940
  • La Femme et sa mission (avec Maurice Donnay et Pierre Merle), Plon, 1941
  • La France à la recherche d'une conscience, Plon, 1944
  • De la République. Essai sur la future constitution de la France, Plon, 1945
  • Définitions pour servir à l'amitié française, Le Temps présent, 1946
  • Le problème du Chef de l'État. Fonctions, responsabilité, système d'élection, L'Amitié française, 1946
  • Les conditions de la souveraineté populaire, L'Amitié française, 1946
  • Georges Duhamel ou le Bourgeois sauvé, Le Temps présent, 1947
  • L'homme en procès, Malraux, Sartre, Camus, Saint-Exupéry, La Baconnière, 1950
  • Procès du héros. Montherlant, Drieu La Rochelle, Jean Prévost, Le Seuil, 1950
  • Témoins de l'Homme. La condition humaine dans la littérature contemporaine, Armand Colin, 1951
  • L’Europe a-t-elle une conscience ?, Centre européen des civilisations, 1953
  • Entre confrères, Fayard, 1954
  • L'Esprit et l'Histoire. Essai sur la conscience historique dans la littérature du XXe siècle, Armand Colin, 1954
  • L'Athéisme contemporain (en collaboration), Librairie protestante (Labor et Fides), 1956
  • La Littérature du péché et de la grâce : Essai sur la constitution d'une littérature chrétienne depuis 1880, Fayard, 1957
  • Contre la torture, Le Seuil, 1957 (Pamphlet)
  • La France a la fièvre, Le Seuil, 1958
  • L'École entre l'Église et la République, Le Seuil, 1959
  • Le Jardin et la ville, Le Seuil, 1962
  • Qu'est-ce que la littérature ? Leçon d'adieu..., Dousse, 1963
  • Ce que je crois, Grasset, 1966
  • Pour un garçon de vingt ans, Le Seuil, 1967
  • Questions aux savants. Quel homme la science nous prépare-t-elle ?, Le Seuil, 1969

Critiques littéraires

  • Mauriac par lui-même, Le Seuil, collection « Écrivains de toujours », 1953
  • Histoire de la Littérature française au XXe siècle (1900-1950), Armand Colin (2 volumes), 1956
  • La Littérature du Péché et de la Grâce, Fayard, 1957
  • Théâtre et Destin. La Signification de la Renaissance dramatique en France au XXe siècle, Armand Colin, 1959
  • Présence de Camus, La Renaissance du Livre (Bruxelles), collection « La Lettre et l'Esprit », 1961
  • Le Domaine héroïque des lettres françaises, X-XIXe siècle, Armand Colin, 1963
  • Diagnostic des lettres françaises contemporaines, La Renaissance du Livre (Bruxelles), 1967

Théâtre

  • Le Ballet de Modène, Le Seuil, 1968 (radiodiffusé sur France III, - RTF)
  • Entre confrères, Le Seuil, 1968 (radiodiffusé sur France III, - ORTF)

Poésie

  • Recours au poème, Chants du captif, La Baconnière-Seuil, collection « Les Poètes des Cahiers du Rhône », 1943
  • Les Regrets et les jours, Le Seuil, 1956

Jeunesse

  • Le Roi des Brises ou la rançon d'amour, Les Éditions claires, 1946

Autres

  • La lecture des chrétiens... (en collaboration), Les Presses monastiques, 1955
  • Saint-Exupéry (en collaboration), Hachette, 1963
  • Camus (en collaboration), Hachette, 1964
  • L'Homme et sa Vérité, dialogue entre Pierre-Henri Simon et Albert Delaunay, Beauchesne, 1972
  • Parier pour l'homme, recueil posthume de textes, pour la plupart extraits du Monde, Le Seuil, 1973
  • Pierre-Henri Simon. Actes du colloque tenu à Rome le suivis de « Contre la torture », textes réunis par Thérèse Bœspflug et Jacotte Lucet, Cerf (Paris), 1999. Le « prière d'insérer » signale que le but du colloque est de lutter contre « l'injuste oubli » de cet auteur[11]

Postérité

Distinctions et décorations

Hommages

Le nom de Pierre-Henri Simon a été donné à de nombreuses rues et places en Charente-Maritime :

Notes et références

Liens externes

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