Pierre Desmaisons

Pierre Desmaisons est un architecte français né en 1711 et mort à Palaiseau en 1795.

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Pierre Desmaisons
Présentation
Naissance
Paris
Décès
Palaiseau
Nationalité Royaume de France
Activités Architecte juré du roi
Œuvre
Réalisations Hôtel de Jaucourt
Palais de Justice de Paris (galeries de la cour du Mai et grille)
Distinctions Académie royale d'architecture (1762)
Entourage familial
Père Nicolas Desmaisons
Mère Marguerite Mony

Il appartient à une famille d'entrepreneurs parisiens. Il est le fils de Nicolas Desmaisons, maître maçon, entrepreneur de bâtiments et de Marguerite Mony. Il s'est marié en 1736 avec Marie-Madeleine Sinson, née en 1696, fille aînée de Pierre Sinson, maître charpentier originaire d'Orléans, juré-expert en charpenterie, négociant en bois. Pierre Sinson a transmis à sa fille la maison qu'il s'était fait construire par Philippe Roy au no 23 rue de Verneuil[1].

Biographie

Il a acquis très tôt une réputation de technicien habile. Il est architecte juré du roi, expert des bâtiments par office du .

Hôtel de Jaucourt ou de Portalis

En 1733, il fournit les plans de l'hôtel de Jaucourt appelé aussi hôtel Portalis, à l'angle des rues Croix-des-Petits-Champs et de la Vrillière sur une terrain prévu pour construire l'hôtel du maréchal de La Feuillade mais que ses héritiers devront vendre pour payer les dettes, après l'édification des soubassements du bâtiment sur des plans d'Hardouin-Mansart[2]. L'hôtel définitif a été construit pour la comtesse Pierre de Jaucourt, née Marie-Josèphe de Graves. Le devis et le marché signés le indique que l'hôtel doit être construit par le maître maçon Sébastien Charpentier sur les plans de Pierre Desmaisons. Charpentier a pour garant Pierre Varin, candidat à la maîtrise de maçon[3].

Façade du no 26 rue de Lille

Les Théatins, ordre fondé à Rome en 1524, sont arrivés à Paris en 1644. Grâce à l'appui du cardinal Mazarin, ils ont pu acquérir une maison à l'emplacement actuel du 23 quai Voltaire (à l'époque, partie occidentale du quai Malaquais). Le ils firent bénir une chapelle provisoire dédiée à Sainte-Anne-la-Royale. Ils entreprirent de construire une église entre le quai Voltaire et la rue de Lille (alors rue de Bourbon) à partir de 1661. En , le général des théatins a envoyé le père Guarino Guarini pour en faire les plans. En 1666, Guarini quitta le chantier alors que l'église n'était pas terminée, seuls les murs du transept étaient élevés. Le manque de ressources financières conduisit les théatins à réduire leur projet et à se limiter à couvrir ce qui était déjà construit, à construire des passages permettant d'accéder à l'église sous des maisons de rapport élevées quai Voltaire et rue de Lille. Pierre Desmaisons fournit le plan de la façade du passage à partir du quai Voltaire en 1746, grâce à la générosité de Jean-François Boyer, ancien évêque de Mirepoix et ancien supérieur des théatins. Jacques-François Blondel l'a décrite dans l'Architecture française qui l'a analysée et critiquée. Le , le chapitre conventuel approuve le projet de Pierre Desmaisons pour la façade et l'entrée du passage au 26 rue de Lille. Les travaux ont été longs et n'ont été achevés qu'en 1780 car à cette date les livres de comptes des religieux indiquent que 12 livres ont été payées aux poseurs de la statue de l'Ascension.

Château de Forges

En 1754, Claude de Mérault, lieutenant du roi au gouvernement du comté de Bourgogne, a hérité de la terre de Gif-sur-Yvette. Il confia à Pierre Desmaisons la construction du château de Button sur cette terre. La construction du château a été terminée en 1777 par Charles-Louis Débonnaire (1756-1830), cousin au huitième degré de Claude de Mérault mort en 1757. Le château est depuis la dernière guerre la propriété du CNRS[4].

En 1778, André-Charles Débonnaire (1740-1793), frère de Charles-Louis Débonnaire, commande à Pierre Desmaisons les plans d'un château à l’emplacement d’un ancien manoir féodal à Forges. Ce château ne comprend à l’origine que la partie centrale avec ses deux avancées. Il a été agrandi au XIXe siècle.

Pierre Desmaisons a édifié des édifices importants pour le chapitre Saint-Denis de l'Estrée, pour les Grands Augustins de Paris, pour le chapitre Saint-Honoré de la rue Croix-des-Petits-Champs.

Comme expert-bourgeois, il a évalué le palais de l'Élysée pour les héritiers La Tour d'Auvergne avant la vente à Madame de Pompadour, en 1753.

Pierre Desmaisons est membre de l'Académie royale d'architecture à partir de 1762. Il a été anobli en 1769 avec le titre de baron.

Desmaisons a été l'architecte de Mgr de Beaumont, archevêque de Paris, pour l'ancien archevêché, entre la Seine et la cathédrale Notre-Dame, où il a poursuivi les travaux de Robert de Cotte. Il a édifié sa résidence à Conflans (1772-1778).

Après la guerre de Sept Ans, une fièvre immobilière s'est emparée de Paris. L'arrêt du accorde des conditions favorables à la construction privée. Un de ses articles stipule qu'en cas de faillite une déclaration préalable à la Chambre des Bâtiments permet aux bailleurs de prétendre à la propriété du chantier. Cela a permis de faire de l'immobilier un placement populaire dans toutes les classes de la société[5]

Immeuble de Montholon
Façade de l'hôtel no 1 rue du Mail

Il a construit dans les années 1770[6] :

Il intervient en 1776 pour expertiser les premières fissures qui étaient apparues à la base des piliers de l'église Sainte-Geneviève. Comme Desmaisons a dit à Jacques-Germain Soufflot que cette expertise était commandée « du plus haut », Soufflot a dit que Desmaisons était l'architecte de Madame Louise. Il a donc construit les bâtiments réguliers du Carmel de Saint-Denis, sauf la chapelle qui est de Richard Mique.

La grille de la cour de Mai du Palais de justice

Un incendie ravagea la galerie Mercière du palais de la Cité le . Sous l'influence du jeu des intrigues, quatre architectes se sont succédé pour le reconstruire, jusqu'en 1787. Il s'honorera de la réfection du Palais de Justice de Paris après son incendie. Pierre Desmaisons a été l'architecte des galeries de la cour du Mai et de la superbe grille qui en ferme la cour avec la collaboration du serrurier Bigonnet et du sculpteur Antoine Rascalon. Un incident s'est produit pendant la construction des voûtes de la galerie Mercière. La rupture de tirants a entraîné une déformation des voûtes. Cela a donné l'occasion d'expériences de résistance des matériaux. Puis les voussoirs ont été remplacés[10]. Il a traité le frontispice du Palais comme celui du temple de Thémis.

Il est architecte des prisons. Il a travaillé à la prison de l'Abbaye et à la prison Sainte-Pélagie. En 1786-1791, il a construit la prison de la Petite-Force, détruite en 1853. Blondel a qualifié l'édifice d'« Architecture terrible ». Il avait envisagé de détruire le Grand Châtelet et de le remplacer par une place en l'honneur de Louis XVI.

Il a travaillé au château de Conflans à Charenton-le-Pont où il a reconstruit en 1777 le portail d'entrée de la grande cour au nord. En 1786, il réalise une fabrique dans le jardin sur les bords de Seine à l'ouest, en 1786, à la limite du parc de Bercy, aujourd'hui démolie. Il édifié le grand corps de logis vers 1786 et restauré la chapelle octogonale au nord du grand corps de logis, en 1788[11].

Anobli, il s'est caché sous la Terreur. Hubert Delesalle, mari d'une de ses descendantes, Sabine des Maisons, indique qu'il est mort après Thermidor, peut-être à Palaiseau, où a aussi vécu son fils Charles Pierre[12] et où étaient installés leurs amis Débonnaire de Gif[13].

Il s'est remarié en 1766 avec Marie Geneviève David, décédée en 1786[14], dont il a eu Charles-Pierre, né en 1768, chevalier des Maisons, héraut roi d'armes de l'ordre du Saint-Esprit, entre 1819 et 1823, mort en 1843[15]

Notes et références

  1. Dominique Leborgne, Saint-Germain des Prés et son faubourg. Évolution d'un paysage urbain, p. 276, Parigramme, Paris, 2005 (ISBN 978-2-840961895)
  2. Isabelle Dubois, Alexandre Gady, Hendrik Ziegler, Place des Victoires: histoire, architecture, société, p. 78, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, Paris, 2003 (ISBN 2-7351-1003-6) (lire en ligne). Les trompes sont d'Hardouin-Mansart
  3. Jean-François Cabestan, La conquête du plain-pied. L'immeuble à Paris au XVIIIe siècle, p. 100-101, 103, 152-153, Éditions A. & J. Picard, Paris, 2004 (ISBN 2-7084-0726-0) ; p. 311
  4. lire en ligne
  5. Jean-François Cabestan, La conquête du plain-pied, p. 18
  6. Michel Gallet, Demeures parisiennes à l'époque de Louis XVI, Éditions du Temps, Paris, 1964
  7. Jean-François Cabestan, Mutations architecturales, p. 64-65, dans Les grands boulevards. Un parcours d'innovation et de modernité Action artistique de la Ville de Paris, Paris, 2000 (ISBN 2-913246-07-9) ; p. 239
  8. Jean-François Cabestan, La conquête du plain-pied, p. 57, 94, 121, 253, 257-259
  9. Jean-François Cabestan, La conquête du plain-pied, p. 198-200
  10. Werner Szambien, Une nouvelle façade, p. 216-219, dans Le Palais de justice, Action artistique de la Ville de Paris, Paris, 2002 (ISBN 2-913246-43-5) ; p. 287
  11. Ville de Charenton : Sites et monuments historiques
  12. tombe de famille
  13. Une arrière-petite-fille de Pierre Desmaisons, Marie des Maisons, a épousé en 1852 Adrien Débonnaire de Gif
  14. Familles parisiennes : DE. Le lien de Marie Geneviève avec la famille du peintre David reste à établir. On sait par contre que le frère de Pierre Desmaisons, Jacques-François, était le propre oncle du grand peintre
  15. Hervé Pinoteau, État de l'Ordre du Saint-Esprit en 1830 et la survivance des ordres du roi, p. 96, Nouvelles éditions latines, Paris, 1983 (ISBN 978-2-7233-0213-5) (lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  • Michel Gallet, Les architectes parisiens du XVIIIe siècle. Dictionnaire biographique et critique, p. 183-187, Éditions Mengès, Paris, 1995 (ISBN 2-8562-0370-1) ; p. 493
  • Sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos, Le guide du patrimoine Paris, p. 181, 255, 275, 278, 322, 392, Hachette, Paris, 1994 (ISBN 978-2-010168123) ; p. 587
  • L. Beaumont, Sainte-Anne-la-Royale, église des Théatins de Paris, dans Commission du Vieux Paris, procès-verbal du lundi  ; p. 10-23
  • L. Beaumont, Dernières recherches relatives aux portails des Théatins quai Voltaire et 26 rue de Lille, Paris VII, dans Commission du Vieux Paris, procès-verbal du lundi  ; p. 5-14
  • Louis de Grandmaison, Essai d'armorial des artistes français. Lettres de noblesse. Preuves pour l'Ordre de Saint-Michel, p. 373-374, Réunion des sociétés savantes des départements à la Sorbonne. Section des beaux-arts, Ministère de l'instruction publique, 1903, 27e session (lire en ligne)
  • Jules Guiffrey, Lettres de noblesse accordées aux artistes au XVIIe et au XVIIIe siècle -XVI- Desmaisons, architecte, p. 32-33, Revue nobiliaire, héraldique et biographique, 1873 (lire en ligne)

Article connexe

Liens externes

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