Pierre Marcilhacy
Pierre Marcilhacy, né le et mort le , est un homme politique français. Sénateur de la Charente de 1948 à 1980, il a été candidat à l'élection présidentielle française de 1965, lors de laquelle il obtient 1,71 % des voix. Il a aussi été membre du Conseil constitutionnel de 1983 à 1987.
Pierre Marcilhacy | |
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Fonctions | |
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Sénateur de la Charente | |
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Gouvernement | Ve République |
Groupe politique | Gauche démocratique |
Membre du Conseil constitutionnel | |
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Prédécesseur | René Brouillet |
Successeur | Francis Mollet-Vieville |
Biographie | |
Date de naissance | |
Date de décès | |
Parti politique | Parti libéral européen |
Biographie
Jeunesse et années de formation
Né à Paris, il fait des études de droit et devient avocat au Conseil d'État et à la Cour de cassation. Marié à Gabrielle van Heutz, ancien mannequin, néerlandaise de naissance, avec qui il a deux enfants, Catherine (née en 1940) et Antoine (né en 1944), il est domicilié à Paris dans le 16e arrondissement et en Charente à Jarnac.
Avant 1965
A la fin des années 1930, il débute son parcours politique au Parti social français. Au lendemain de la guerre, il est candidat pour le Parti républicain de la liberté aux élections législatives de juin 1946 en Charente mais il n'est pas élu[1].
Sénateur[2] de la Charente depuis novembre 1948 il siège au sein du groupe des Républicains indépendants. Il est également conseiller général du canton de Jarnac de 1979 à 1985 (mandat détenu par sa famille depuis 1850[3]), il acquiert parmi ses confrères une réputation de juriste qui lui permet, en 1958, d'être élu par ses pairs parmi les six membres destinés à représenter le Conseil de la République au Comité consultatif constitutionnel créé pour participer à l'élaboration de la nouvelle Constitution[4]. Il vote l'avis final transmis mais exprime des réserve, notamment sur le poids donné au pouvoir exécutif[1]. Il s'y prononce contre le cumul des fonctions de ministre et l'exercice d'un mandat parlementaire[5].
Il participe à la création d’un Comité pour la défense des libertés en 1962. Au cours de l’année 1964, il donne une série de conférences et signe des tribunes, sur le thème « l’élection présidentielle et l’avenir du régime ». Il y plaide pour une candidature centriste[1].
La campagne de 1965
Malgré ses différentes actions politiques il reste pratiquement inconnu du grand public en 1965 et c'est une certaine surprise quand il est choisi pour affronter le général de Gaulle à l'élection présidentielle de 1965, par la Convention nationale libérale, animée par Jean-Paul David, fondateur du Parti libéral européen. Certaines déclarations de Jean-Paul David semble indiquer qu'il voit en effet dans la candidature de Pierre Marcilhacy la possibilité d’enclencher une dynamique autour d’un porte-drapeau d’un programme libéral, mais qui pourrait se désister ensuite au profit d’un candidat plus illustre et rassembleur, Antoine Pinay[1].
Le Canard enchaîné, qui prend parti pour François Mitterrand, ne manque pas de railler son manque de notoriété. Il publie un jour une colonne blanche prétendant offrir, en exclusivité, la vie de Marcilhacy ; une autre fois une caricature de Lap montre une affiche blanche devant laquelle un quidam déclare : « Comment ? Vous ne le reconnaissez pas ! Mais c'est Marcilhacy. ».
Pierre Marcilhacy fait en tout cas campagne autour notamment de « l’antigaullisme constitutionnel ». Il promeut un strict respect de la constitution de 1958, régulièrement foulée au pied par le Général de Gaulle d'après lui. Cette position reflétant l’état d’esprit de l’opposition sénatoriale qui s’emploie, depuis le début de la Ve République, à défendre le parlementarisme traditionnel[1].
Alain Ayache, alors jeune journaliste, lui consacre un livre intitulé Pierre Marcilhacy : Monsieur Y (en référence au surnom Monsieur X, inventé par L'Express lorsqu'il s'agissait de rechercher le meilleur candidat à opposer au général de Gaulle).
Sa campagne, particulièrement discrète et quelque peu solitaire, se retrouve un temps stimulée par l'accès aux interventions télévisées pour lesquelles il se révèle vite assez à l'aise[1]. Mais si les sondages indique d'abord un léger frémissement chez les électeurs disposant d'un téléviseur ils retombent dès décembre autour de 1,5% en décembre[1].
Il recueille finalement 1,71 % des voix, évitant de peu la dernière place laissé à Marcel Barbu mais assez loin d'un candidat comme Jean-Louis Tixier-Vignancour qui parvient à se hisser juste au-dessus de la barre des 5 %. Son résultat est marqué par un fort ancrage local avec un score de 11,2% dans son département d'origine, la Charente[1].
De 1965 à 1980
Sa vie politique continue. Dans la fameuse séance du , il fait adopter la question préalable qui rejette la réforme du droit d'association, prélude à la décision historique de cassation de cette réforme par le Conseil constitutionnel[6]. En 1980, il perd son siège au Sénat.
De 1981 à 1987
Il se prononce en faveur de François Mitterrand (ami de sa famille) pour le second tour de l'élection présidentielle de 1981.
Après l'élection de François Mitterrand à la Présidence de la République, il siège au sein de la Commission du bilan, mise en place par le gouvernement de Pierre Mauroy pour établir un « état des lieux » au moment de l'alternance politique de 1981.
Il est nommé en 1983 membre du conseil constitutionnel, où il siégera jusqu'à sa mort, quatre ans après.
Il est inhumé au cimetière nouveau de Neuilly-sur-Seine.
Publications
Pierre Marcilhacy est un écrivain, auteur de :
- Les Chouans de la Liberté, Nouvelles Éditions Latines
- Ce que je n'ai pas dit, Éditions Robert Laffont,
- La musique de la Tante Aurèle
- Le lion et la demoiselle sous le pseudonyme de Pierre Debassac[7].
- Arrêtez la machine, Villeurbanne, Mario Mella Editions, , 91 p. (ISBN 2-9506933-2-6) (conte philosophique)
- co-écrit avec Pascal Fontaine, Le Droit pour la Cité. Contribution à une étude du Droit et de la Politique, , 222 pages (mémoire de DEA de droit)
Notes et références
- François Dubasque, « Pierre Marcilhacy, « le candidat qui dit oui aux chrysanthèmes » », Histoire Politique. Revue du Centre d'histoire de Sciences Po, no 44, (ISSN 1954-3670, DOI 10.4000/histoirepolitique.1094, lire en ligne, consulté le )
- Le Sénat portait alors le nom de Conseil de la République.
- biographie sur le site du Sénat
- François Goguel, « L'élaboration des institutions de la République dans la Constitution du 4 octobre 1958 » p. 80 in Revue française de science politique Année 1959, Volume 9, Numéro 1, pp. 67-86.
- Léon Noël, « Ministres et députés » in Revue française de science politique, Année 1968, Volume 18, Numéro 2, pp. 213-229.
- « La question préalable du sénateur Marcilhacy » sur le site du Sénat.
- Site du Conseil constitutionnel|https://www.conseil-constitutionnel.fr/membres/pierre-marcilhacy
Voir aussi
Bibliographie
- François Dubasque, « Pierre Marcilhacy, « le candidat qui dit oui aux chrysanthèmes » », Histoire@Politique, no 44, (lire en ligne)
Liens externes
- Ressource relative à la vie publique :
- Discours de Pierre Marcilhacy lors de la campagne présidentielle de 1965
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