Place du Marché (Bastia)

Le Marché, en corse U Mercà, est le nom d'un quartier de la ville de Bastia . Il correspond aux bâtiments qui entourent la Place du Marché, dans le quartier de Terra Vechja.

Pour les articles homonymes, voir Place du Marché.

Place de l'Hôtel de ville, place du marché ou U Mercà
Ancien portrait de la place du marché

Situation et accès

Le quartier du Marché est situé à Terra Vechja, entre le Vieux-Port et la Place Saint-Nicolas.

Origine du nom

Rue Saint-Jean

U Mercà

Le nom de "Mercà" est une apocope du mot "mercatu", signifiant "marché". C'était jadis un endroit très animé de la ville. Aujourd'hui, le marché est toujours organisé tous les week-ends.

Elle s'appelle désormais Place de l'Hôtel de Ville, en raison du bâtiment qui faisait office d'hôtel de ville, avant le transfert à la nouvelle mairie, en 1982[1].

La place du marché aux poissons

À côté de la place du marché se trouve la Place du Marché aux poissons, en corse U Mercà di Pè.

Place du marché aux poissons (U Mercà di pè)

Historique

Le marché de Bastia

Les anciens marchés

Si la place est toujours animée le samedi et le dimanche matin, le marché de Bastia ne s'est pas toujours trouvé à cet endroit. Du temps de l'administration génoise, au XVIIe siècle, il se trouvait dans la Citadelle, au lieu-dit A Chjappa[2], aujourd'hui vers le haut de la rue Saint-Michel. Au XVIIIe siècle un marché aux poissons s'ouvre à l'actuelle Place du Marché aux poissons. Enfin au XIXe siècle c'est dans le quartier du Guadellu, rue Vattelapesca que s'installe le nouveau marché. La place portera longtemps le nom de "Place du Nouveau marché".

C'est en 1880 que le marché est implanté à son emplacement actuel[1], place de l'Hôtel de Ville.

En 1887 le conseil municipal décide d'y planter des platanes. La place était également dotée d'une fontaine en fonte de fer, aujourd'hui disparue[2].

Scène du marché de Bastia à la fin des années 1930

L'emplacement d'un théâtre disparu

C'est place de l'Hôtel de Ville que se situait le premier théâtre de Bastia. En effet, longtemps la place actuelle n'était qu'un terrain vague et des jardins appartenant à la famille Favalelli, dont l'imposante maison borde la partie sud de l'esplanade[1].

Après la conquête française, le comte Marbeuf y fait édifier un théâtre en bois en 1774[3]. L'objectif était politique : la population bastiaise était à ce moment-là corsophone et italophile. Seuls quelques lettrés et bourgeois savaient lire et parler français. En proposant des spectacles en langue française, Marbeuf espérait ainsi accélérer "l'assimilation" de la population corse. Mais ce sera un échec, le public boudera la programmation du théâtre pour lui préférer les pièces de théâtre et concerts en langue italienne proposés dans d'autres lieux de la ville, jusqu'au milieu du XXe siècle[4].

Le théâtre Marbeuf sera détruit en 1881, deux ans après l'inauguration du théâtre actuel[3].

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

De nombreux bâtiments historiques peuvent être vus dans le quartier Marché :

L'Hôtel de Ville

Appelé à Bastia A Merria Vechja. L'ancien hôtel de ville était autrefois un bâtiment de l'armée. En 1855, la commune de Bastia en fait l'acquisition pour y transférer le conseil municipal et les bureaux de la municipalité. À la fin du XIXe siècle, le bâtiment est rénové et la façade décorée : fronton triangulaire, balcon, corniche, relief avec les armoiries de la ville.

Le premier conseil municipal a lieu le 17 mai 1877.

En 1982, le bâtiment est jugé trop petit. La mairie est alors transférée dans l'ancienne préfecture, en bas de la Place Saint-Nicolas.

Ce bâtiment sert aujourd'hui à célébrer les mariages. Il abrite également les services de l'état civil[1].

Église Saint-Jean-Baptiste

Saint-Jean-Baptiste, appelée à Bastia San Ghjuvà, est l'église principale du quartier de Terra Vechja. Elle a été classée monument historique en 1999. Elle a été édifiée sur le site d'une ancienne église. L'édifice actuel a été construit entre 1636 et 1666.

Les deux clochers sont plus tardifs. Celui de gauche date de 1810. Nous le devons au maître maçon suisse Tomaso Quadri. Celui de droite, conçu par l'architecte Paul-Augustin Viale, de 1864[1].

La maison Suzzoni

Il est situé entre l'église San Ghjuvà et l'Hôtel de Ville. Elle a été construite entre 1835 et 1839. La belle façade est de style néoclassique. Il y a sept travées de fenêtres, sur quatre niveaux[1]. Elle était appelée à Bastia "a casa francese" [2].

La maison Suzzoni

Le rez-de-chaussée était dédié aux boutiques, et le premier étage se logeaient les commerçants.

La maison Favalelli

C'est l"une des plus anciennes maisons de Terra Vechja. Elle est située au numéro 9 de la rue Saint-Jean. Elle comporte sur sa façade les armoiries du chevalier Simon Giovanni Favalelli (1670-1725). C'est lui qui a donné son aspect actuel en 1693. Par héritage la maison est passée à la famille Viale, qui a connu d'illustres personnages, comme le poète Salvatore Viale (1787-1861), premier auteur à écrire en corse dans une œuvre littéraire, le cardinal Michele Viale-Prelà, archevêque de Bologne, l'architecte Paul-Augustin Viale (1824-1874)[1],[2].

La maison De Battisti

Elle est située au numéro 2 de la rue Commandant Bonelli. Cette maison porte le nom des premiers propriétaires, la famille De Battisti. Elle a été construite dans les années 1700-1710. C'était la résidence du vice-roi de Corse à l'époque du royaume anglo-corse[2],[1].

Casa Battisti

Palazzu Galeazzini

Palazzu Galeazzini, côté mer

Construit au début du XVIIIe siècle entre la place du Marché aux poissons et le quai des Martyrs, au lieu-dit "A Punta", cette importante bâtisse était la propriété de la famille Galeazzini. Arrivés en Corse au XVe siècle, les Galeazzini étaient une riche famille de commerçants originaires de Sienne, en Toscane. La maison a été construite par Pietro Galeazzini (1668-1726).

La famille Galeazzini donna à Bastia plusieurs hommes politiques, comme Salvatore Galeazzini (1687-1766), qui fut député en 1731, et Ghjuvanbattista Galeazzini (1759-1833), qui fut maire de Bastia en 1794.

La façade côté mer est impressionnante, avec sept travées de fenêtres sur six niveaux.

Deux passages voûtés percent le rez-de-chaussée donnent sur la rue Posta Vechja où se trouve le portail principal du palais.

Un des deux passages voûtés du Palazzu Galeazzini

Le Palazzu Galeazzini était dôté d'un vaste salon avec une scène où l'on pouvait donner des représentations théâtrales et des concerts. Napoléon Bonaparte assista à de nombreuses réceptions.

L'intérieur est richement décoré de stucs, avec des angelots, médaillons en bas-relief et fleurs)[1],[2],[5].

Palazzu Galeazzini, place du marché aux poissons

Église Saint-Vincent de Paul

C'était l'église de l'ancien couvent des Missionnaires lazaristes. La façade donne sur la rue Neuve-St-Roch. Elle a été construite au lieu-dit Sant'Eramu. Elle a été construite entre 1716 et 1725. L'église a été malheureusement dépouillée et ruinée par l'armée. Dans les années 1820 elle a servi d'entrepôt. Elle fait aujourd'hui partie du lycée Jean Nicoli [1].

Façade de l'ancienne église Saint-Vincent-de-Paul, aujourd'hui lycée Jean Nicoli

Palazzu Antonetti

La façade du Palazzu Antonetti, sur le quai des Martyrs

À deux pas du marché, le long du quai des Martyrs de la Libération se trouve le Palazzu Antonetti, construit en 1846 par Vincent Antonetti.

L'architecture est néoclassique. La façade est décorée de frontons triangulaires au-dessus des fenêtres et de colonnes. L'entrée est remarquable : on entre par un vestibule octogonal creusé de niches, peinture en trompe-l'œil.

En 1943 l'immeuble abrita la cour d'appel de Bastia, le palais de justice ayant été endommagé pendant les bombardements[1],[2],[5].

La maison Mattei

Casa Mattei

La maison Mattei est située au numéro 13 de la rue Monseigneur Rigo.

Les Mattei sont originaires de San Martinu di Lota. En 1680 Anton Nobile Mattei fait construire une maison sur cinq niveaux dans le quartier du marché.

Les armoiries des Mattei, sculptées dans une plaque de marbre blanc, sont visibles dans la cage d'escaliers au premier étage.

A voir aussi

Bibliographie

  • Janine Serafini-Costoli, Bastia, regards sur son passé, Berger-Levrault, 1983 (ISBN 2-7013-0515-2 et 978-2-7013-0515-8)
  • Pierre-Louis Alessandri, Serena De Mari, Ghjermana De Zerbi et Jean-Baptiste Raffalli, Almanach bastiais : tradizione viva di Bastia è di u so circondu, Comité des fêtes et de l'animation du patrimoine, 2006 (ISBN 2-9525608-0-3 et 978-2-9525608-0-1)
  • Jean-Baptiste Raffalli, Fernande Maestracci et Max Boulmer, Bastia : le guide, musées, monuments, promenades, Monum - Ed. du patrimoine, 2003 (ISBN 2-85822-697-0 et 978-2-85822-697-9)

Notes

  1. Jean-Baptiste Raffalli, Fernande Maestracci et Max Boulmer, Bastia : musées, monuments, promenades, Monum - Ed. du patrimoine, (ISBN 2-85822-697-0 et 978-2-85822-697-9, OCLC 717275677, lire en ligne)
  2. Pierre-Louis Alessandri, Serena De Mari, Ghjermana De Zerbi et Jean-Baptiste Raffalli, Almanach : tradizione viva di Bastia è di u so circondu : histoire, religion, littérature, arts et architectures, vieux métiers, jardins, maisons historiques, tradition orale, musique, Comité des fêtes et de l'animation du patrimoine, (ISBN 2-9525608-0-3 et 978-2-9525608-0-1, OCLC 67609495, lire en ligne)
  3. « Situé place du marché, le premier théâtre de Bastia était en bois », sur Corse Matin, (consulté le )
  4. Janine Serafini-Costoli et Bastia, Bastia, regards sur son passé, Berger-Levrault, (ISBN 2-7013-0515-2 et 978-2-7013-0515-8, OCLC 10499346, lire en ligne)
  5. Jean-Marc Olivesi et Musée national de la Maison Bonaparte, Grandes demeures de Corse : les maisons patriciennes au temps des Bonaparte, 1769-1870, dl 2020 (ISBN 978-2-8241-1037-0 et 2-8241-1037-6, OCLC 1183466035, lire en ligne)
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