Politique à Taïwan
La politique de la République de Chine (Taïwan) repose sur un système multipartite.
Politique intérieure
Taïwan dispose d'un système multipartite qui inclut :
- le Kuomintang (bleu) (KMT) (en pinyin Guomindang). Anti-communiste, nationaliste, fondé en 1911 en Chine par Sun Yat-sen et importé à Taïwan par Tchang Kaï-chek (en pinyin Jiang Jieshi) lors de sa fuite de Chine continentale en 1949. Le Kuomintang, longtemps resté au pouvoir (il a régné sans partage de 1950 à 1991) est encore très puissant.
- le Parti démocrate progressiste, ou Minjindang (vert) (DPP) (en anglais Democratic Progressive Party). Parti indépendantiste soutenant l'indépendance de Taïwan. Il est actuellement au pouvoir depuis avec Tsai Ing-wen comme présidente.
- le Qinmindang (orange), le Parti « du peuple d'abord » (PFP) (en anglais People First Party). Issu d'une scission du Kuomintang en 2000, ce petit parti s'est allié avec ce dernier pour former la coalition pan-bleue.
- l'Union pour la solidarité de Taïwan (TSU) (vert foncé), (en anglais Taiwan Solidarity Union). Ce petit parti prône l'indépendance de l'île.
- le Parti républicain chinois, ou Minkuotang. Il est absorbé dans la Congress Party Alliance le 25 janvier 2017.
- Le pays compte également plusieurs autres partis non représentés au Parlement. Le Parti vert de Taïwan, membre de la Fédération des Verts d'Asie et du Pacifique, est dans ce cas.
En 2004, le président sortant, Chen Shui-bian, est réélu à la présidence de la République pour un nouveau mandat de 4 ans. Cette élection s'est déroulée dans un climat politique très agité. En effet, la veille de l'élection présidentielle du , le président et la vice-présidente ont été victimes d'un attentat dans le sud du pays. De plus, les résultats de l'élection étaient très serrés, provoquant d'importantes manifestations de la part du Kuomintang, le grand perdant des élections. De nombreuses manifestations ont eu lieu à la suite de la publication des résultats, l'opposition accusant le président sortant d'avoir organisé lui-même l'attentat dont il est victime afin de remporter les élections avec des votes de sympathie. Le , le président Chen a toutefois été réélu officiellement après un recomptage de tous les bulletins de vote.
Le , Ma Ying-jeou remporte l'élection présidentielle avec 58,45 % des voix, face à son adversaire Frank Hsieh (en) (Minjindang). Le président Ma Ying-jeou et le vice-président Vincent Siew (en) sont assermentés le [1].
La faiblesse politique internationale de Taïwan tient autant à la puissance grandissante de la République populaire de Chine, que des dissensions politiques internes.
Élection présidentielle
L'élection présidentielle permet d'élire un président et son vice-président par un scrutin uninominal majoritaire à un tour au suffrage direct à bulletin secret pour un mandat de 4 ans.
Les candidats doivent avoir plus de 40 ans.
Élections législatives
Les élections législatives visent à élire les 113 membres du Yuan législatif, le parlement monocaméral de la République de Chine par un scrutin à un tour. Le scrutin se décompose en 3 parties :
- 73 sièges sont pourvus par un vote scrutin uninominal majoritaire à un tour ;
- 34 sièges sont pourvus par un vote scrutin de liste ;
- 6 sièges sont pourvus par les citoyens aborigènes[2].
Élections régionales de décembre 2005
Le Kuomintang sort large vainqueur des élections régionales du , face au Parti démocrate progressiste (PDP), au pouvoir depuis 2000 et conduit par le président Chen Shui-bian. La baisse de popularité de ce dernier est principalement liée à des affaires de détournement d'argent. Cette tendance se confirme aux élections nationales de 2008, le Kuomintang reprend le pouvoir, retrouvant la position qu'il avait occupée pendant un demi-siècle, entre la fuite de Chine continentale et l'année 2000.
L'une des conséquences de cette élection est la possibilité d'une détente des relations avec la Chine populaire. En effet, le commerce entre les deux pays représente près de 70 milliards de dollars, et la Chine est désormais le 3e client des exportations de Taïwan. Cela pousse les gouvernements des deux pays à aplanir leurs différends politiques.
Politique extérieure
Taïwan et la Chine
Des conflits politiques opposent le gouvernement de la Chine populaire à celui de Taïwan : le gouvernement de Taïwan est l'héritier du gouvernement pré-communiste de la Chine. La Chine populaire considère que Taïwan fait partie de son territoire, et fait pression sur les autres pays pour qu'ils ne reconnaissent pas officiellement Taïwan comme une nation indépendante. Étant donné le poids beaucoup plus important de la Chine, peu de pays reconnaissent officiellement Taïwan. Le Vanuatu et les îles Marshall sont parmi les seules nations à reconnaître les deux.
Taïwan occupait de 1945 à 1971 le siège permanent de la Chine au Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies (ONU). Le 25 octobre 1971, l'Assemblée générale des Nations unies adopte la résolution 2758 reconnaissant la république populaire de Chine comme seule représentante légitime et donnant le siège permanent du Conseil de sécurité à cette dernière.
Début 2014, des étudiants ont occupé le Parlement afin de protester contre un projet d'accord commercial entre Taïwan et la République populaire de Chine[3]. D'importantes manifestations ont également eu lieu, les habitants craignant de plus en plus un trop fort rapprochement avec Pékin qui rendrait l'île entièrement dépendante de la Chine continentale.
L'indépendance formelle de Taïwan vis-à-vis de la Chine est une question sensible qui rythme les débats politiques au sein de la société. Un sondage de Mai 2016[4] conduit par le "Taiwan Indicators Survey Research" indique que 52,6 % des habitants seraient favorables à l'indépendance formelle. Cette proportion s'élève même à 72 % chez les 20-29 ans selon ce même sondage. Cette question n'est toutefois jamais vraiment abordée de manière frontale par les autorités en raison des pressions de Pékin qui cherche à empêcher toute marche vers l'indépendance de l'île, au prix d'un conflit armé si nécessaire. Les différents gouvernements successifs ont tenté de conjuguer la menace venant de la Chine continentale et le sentiment de la population dans le but de sauvegarder les intérêts de l'île et son système démocratique.
Accords bilatéraux avec l'ancien gouvernement de Taïwan
En mai 2005, un accord commun informel (non cautionné par le gouvernement de Taïwan) est signé entre le PCC (Parti communiste chinois) et deux partis d'opposition à Taïwan, le Kuomintang et le Qinmindang. Ce texte soulignait la volonté des deux partis pour une ouverture plus large du commerce entre Taïwan et la République Populaire de Chine, la signature d'un accord de paix, le retrait des frais de douanes, les libres échanges de biens et de personnes entre les deux parties du détroit, la création de liens entre les armées et l'entrée de Taïwan dans certaines organisations internationales, telles que l'OMS. Il se fondait aussi sur le retour au « consensus de 1992 », qui veut que les deux bords du détroit de Taïwan adhèrent au principe d'« une seule Chine ». Cet accord prévoit également une ligne directe Chine continentale Taïwan pour janvier 2006.
Bien que Chen Shui-bian, ait été élu démocratiquement et ait ainsi battu le parti historique du Kuomintang, dans ces accords, le Kuomintang et le Qinmindang s'engagent à surveiller les agissements du président taïwanais « pour le bien du peuple ».
Néanmoins, le Kuomintang, parti d'opposition, n'étant pas missionné par le gouvernement taïwanais, l'ensemble de cette déclaration n'avait qu'une valeur symbolique. Les propositions effectuées sont alors subordonnées soit à l'accord du président Chen Shui-bian, qui a très rapidement après le communiqué commun fait savoir qu'il ne reconnaissait pas le "Consensus de 1992", soit au retour au pouvoir du Kuomintang.
Premiers effets des accords
Lors de la séparation politique des deux territoires, les passeports de la République de Chine n'était pas reconnus par la République populaire de Chine.
Fin mai 2005, la télévision nationale chinoise CCTV-4, présentait déjà des images de vagues de Taïwanais retournant voir leurs familles, ou bien retournant en pèlerinage aux monts Wudang, dans la province du Hubei. Ces montagnes taoïstes à l'origine des arts martiaux internes taoïstes comme le Taiji quan (parfois écrit tai-chi-chuan en Occident), dont bon nombre d'occupants avaient fui la terreur de la révolution culturelle et avaient trouvé refuge à Taïwan.
Début 2006, des liaisons aériennes directes de plus en plus fréquentes sont mises en place, reliant Taipei à Shanghai, Pékin et Xiamen la destination la plus proche, de l'autre côté du détroit, dans la province du Fujian, montrant une volonté d'apaisement des relations entre les deux autorités politiques. Des liaisons régulières ont été inaugurées le .
Impact de la loi antisécession de la république populaire de Chine promulguée en 2005
En réplique au Taiwan Relations Act (TRA) voté par le Congrès des États-Unis en 1979, l'Assemblée nationale populaire de la République populaire de Chine a voté, en 2005, une loi autorisant en ultime recours, l'usage de « moyens non pacifiques » dans le cas où Taïwan se séparerait officiellement de la république populaire de Chine.
2017
En , alors que Donald Trump vient d'être élu président des États-Unis, la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen lui téléphone. Rompant avec plusieurs décennies de diplomatie américaine, suscitant l'ire de la Chine communiste (qui considère l'île de Taïwan comme partie de son territoire) et l'espoir des militants indépendantistes taïwanais, le nouveau chef de l'État accepte la conversation téléphonique. Cet appel conduit à des mesures de rétorsion de la part de Pékin contre Taipei[5].
Reprise des échanges de marchandises aéroportées
Le , un avion cargo décolle de Taipei, pour la première fois depuis 1949, pour atterrir directement à Shanghai[6].
Reprise du pouvoir par le Kuomintang en 2008
Le Kuomintang reprend le pouvoir en 2008 par 2 élections : il gagne d'abord les élections législatives en en obtenant 85 des 113 sièges du Parlement. Le samedi , Ma Ying-jeou du Kuomintang remporte les présidentielles avec 17 % d'avance sur son rival Frank Hsieh (candidat indépendantiste). Le Kuomintang avait annoncé vouloir renforcer davantage les relations avec le continent.
Les élections intervenant peu après les soulèvements de Lhassa, il demande au gouvernement continental d'éclaircir la situation sur le Tibet et de traiter avec respect les rebelles ayant été faits prisonniers. Dans le cas contraire il boycotterait les jeux olympiques de Pékin.
Le Kuomintang est réélu le , à la présidence avec Ma Ying-jeou et à la majorité du Parlement avec 64 des 113 sièges. La poursuite du rapprochement avec la Chine continentale est un point essentiel du programme[7].
Taïwan et le Japon
Taïwan représente l'un des pays les plus favorables au Japon, principalement étant donné que ce dernier contrôlait le territoire taïwanais pendant 50 ans. En effet, si cette période s'apparente à une période d'occupation, elle a néanmoins permis de développer l'île dans les domaines des infrastructures, de l'éducation et sur un point économique[8].
En , le Japon cesse ses relations diplomatiques avec la République de Chine, au profit de la République populaire de Chine. Les deux pays gardent tout de même des liens non-gouvernementaux importants, entre autres par l'intermédiaire de l'Interchange Association, l'ambassade officieuse du Japon à Taïwan, et de l'Association of East Asian Relations, l'ambassade officieuse de Taïwan au Japon[9].
Les deux parties restent divisées sur la question de souveraineté sur les îles Senkaku[9].
Taïwan, le Tibet et la Mongolie
En 2003, le gouvernement taïwanais a procédé au démantèlement de la commission ministérielle des Affaires mongoles et tibétaines, dont les fonctions ont été transférées à la Fondation des échanges Taïwan-Tibet nouvellement créée, qui sert de canal de communication semi-officiel entre Taipei et le gouvernement tibétain en exil à Dharamsala, en Inde.
Avec cette modification, le gouvernement taïwanais semble mettre un terme à ses revendications sur le Tibet et la Mongolie, attestées par la présence de la commission des Affaires mongoles et tibétaines au sein du Cabinet.
Taipei et Oulan-Bator ont signé en 2002 un protocole d’accord pour l’échange de bureaux de représentation. Quant aux affaires tibétaines, les deux visites à Taipei du dalaï-lama, en 1997 et en 2001, ont été traitées comme des affaires internationales ne relevant pas de la commission ministérielle.
Le retour du Kuomintang au pouvoir en 2008 inverse le processus et reconnait de nouveau le Tibet et la Mongolie-Extérieure comme partie intégrante de la Chine.
Taïwan et l'Afrique
Le premier sommet Taïwan-Afrique a lieu en .
- N'y participent que :
- l'Eswatini,
- le Burkina Faso,
- Sao Tomé-et-Principe,
- la Gambie,
- le Malawi.
Toutefois, dès , le Malawi rompt ses liens diplomatiques avec Taïwan au profit de la Chine populaire. Le Malawi entretenait depuis 41 ans des relations avec Taïwan, qui lui fournissait en moyenne une aide de 400 millions de dollars par an, essentiellement pour soutenir les secteurs de la Santé et de l'Agriculture.
De plus, le , la Gambie choisit de rompre aussi ses relations avec Taïwan après 18 ans de relations diplomatiques entre les deux pays.
Enfin, en , Sao Tomé-et-Principe rompt ses relations avec la République de Chine, au profit de la République populaire de Chine. Ces relations avec le gouvernement taïwanais étaient alors établies depuis 1997.
Des pays non-alliés diplomatiques, comme le Bénin, le Cameroun, la république démocratique du Congo, le Ghana, la Guinée, l'île Maurice, le Niger, l'Ouganda et le Tchad, étaient également présents au premier sommet Taïwan-Afrique[10].
Notes et références
- (en) BBC News
- « Ils ont occupé le parlement taïwanais, pourront-ils y être élus ? », sur Asialyst, (consulté le )
- Patrick Saint-Paul, « Le réveil démocratique de Taïwan », Le Figaro, jeudi 10 avril 2014, p. 14.
- (en) « Majority reject unification: poll », sur taipeitimes.com (consulté le )
- Cyrille Pluyette, « Taïwan déstabilisé par la discorde sino-américaine », Le Figaro, samedi 18 / dimanche 19 mars 2017, p. 8.
- « Décollage d'un avion-cargo pour le premier vol charter direct du trafic de marchandises entre les deux rives du Détroit de Taïwan », Quotidien du peuple, (lire en ligne, consulté le )
- (fr) Ma Ying-jeou réélu à la présidence taïwanaise, le 15 janvier 2012, sur Contrepoints.org
- (en) Chen Yo-Jung, « Taiwan Elections: An Opportunity for Japan? », sur The Diplomat, (consulté le ).
- (en) Jeffrey W. Hornung, « Strong but constrained Japan-Taiwan ties », sur Brookings Institution, (consulté le ).
- La Chine a harcelé plusieurs des invités au sommet Taïwan-Afrique
Annexes
Bibliographie
- Claude Geoffroy, Le Mouvement indépendantiste taïwanais, ses origines et son développement depuis 1945, L'Harmattan, (ISBN 273845593X)
- Samia Ferhat-Dana, Le dangwai et la démocratie à Taïwan, une lutte pour la reconnaissance de l'entité politique taïwanaise (1949-1986), L'Harmattan, (ISBN 2738469310)
- Jean-Pierre Cabestan, Le Système politique de Taïwan, Que sais-je ? 1999
- Jacinta Ho Kang-mei et Pierre Mallet, Lee Teng-hui et la « révolution tranquille » de Taïwan, L'Harmattan 2005, (ISBN 2747590127)
Articles connexes
Liens externes
- Le Kuomintang, parti nationaliste taïwanais ? Quelques réflexions sur le « paradoxe identitaire » à Taïwan, Revue web Sens public
- Taïwan et la Chine communiste, article knowckers.org
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