Shetland (cheval)

Le Shetland est une race de poney écossaise originaire des îles Shetland, au nord de l'Écosse. C'est l'un des plus petits équidés du monde, particularité qu'il doit à son adaptation au biotope rigoureux de son île originelle. Le Shetland connaît un grand succès dès les années 1850 grâce à sa taille réduite et son corps massif, qui lui permettent de se faufiler dans les étroites galeries minières et de transporter du charbon ou des métaux. Il est exporté partout dans les îles Britanniques. Avec le développement de l'équitation sur poney, il est devenu un animal de loisir et d'instruction pour les enfants, ce qui lui a valu de gagner le monde entier.

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Shetland

Poney shetland dans le sud de l'Angleterre.
Région d’origine
Région Écosse (îles Shetland)
Caractéristiques
Morphologie Poney
Taille Moins de 107 cm au garrot
Robe Toutes admises sauf tacheté, alezan fréquent.
Tête Petite au front large.
Pieds Solides
Caractère Gentil, généreux mais têtu.
Statut FAO (conservation) Non menacé
Autre
Utilisation Attelage, initiation de l'équitation aux enfants, loisirs

Histoire

Origine

Il tire son nom des Shetland, un groupe d’îles du nord de l’Écosse, situé à la même latitude que le sud du Groenland[1]. Les ancêtres du poney Shetland sont assez obscurs. Certains spécialistes pensent qu'il aurait des origines communes avec les poneys et petits chevaux présents en Islande, en Scandinavie, en Irlande et au Pays de Galles[2]. Des historiens affirment que les poneys viendraient de Scandinavie, avant la séparation des terres par les eaux aux alentours de 8000 av. J.-C. et qu'ils auraient plus tard rejoint l'Écosse grâce aux premiers Celtes[2],[3]. Les conditions climatiques rigoureuses et la nature rude des îles ont ensuite forgé au cours des siècles un petit équidé robuste et très rustique[4].

XVIIIe siècle

Au XVIIIe siècle, l’élevage de poneys est totalement centré sur les îles où ce dernier est utilisé pour le travail de la ferme. Seul un très petit nombre de spécimens est exporté et vendu dans différents pays européens[3].

Les poneys font partie de la vie quotidienne des insulaires. Ils vivent l’essentiel du temps avec des moutons, dans de grandes étendues communales nommées scattalds, et sont récupérés au bon vouloir des fermiers[2]. Ces derniers ne montent pas les poneys mais les utilisent pour le bât, transportant tout, des céréales à la tourbe[2],[3].

XIXe siècle

L’interdiction du travail des enfants dans les mines en Angleterre favorise l’élevage de poneys shetland dans la seconde moitié du XIXe siècle.

L’élevage de poneys devient florissant dans les années 1850 alors que le Parlement du Royaume-Uni interdit le travail des enfants dans les mines de charbon. Pour pallier ce manque de main d’œuvre, une forte demande de poneys Shetland voit le jour en Angleterre. Les poneys sont ainsi utilisés comme animaux de trait afin de tirer les chariots dans les mines, et seuls les sujets mâles sont retenus[3]. Ce choix pratique visant à éviter les tensions mâles-femelles au sein de la mine a une conséquence désastreuse sur la production de poneys. Les étalons restant dans les îles pour la reproduction s’avèrent rapidement baisser en qualité[3]. À la fin du XIXe siècle, Lord Londonderry et d’autres propriétaires de mines commencent à s’intéresser à la race et s’alarment de cet appauvrissement auprès des différents éleveurs. En 1891, ils établissent le premier stud-book de la race. Ils y inscrivent 457 poneys, tous inspectés et validés conformes par un comité, et fixent dans le standard la hauteur maximum au garrot ainsi que les robes autorisées[3],[5].

Depuis le XXe siècle

Utilisation traditionnelle du poney Shetland dans les îles en 1900.

S’il est toujours utilisé dans les mines jusqu’à la Seconde Guerre mondiale et dans les îles pour le travail de ferme traditionnel, le poney Shetland s’exporte aux États-Unis et dans toute l’Europe. Il devient rapidement la première monture pour les jeunes enfants[6]. La Grande Dépression des années 1930 et l’avancée de la motorisation affectent particulièrement l’élevage de poneys shetland. De plus, en tant que monture le poney welsh tend progressivement à remplacer le shetland[6]. Dans les îles, la qualité des poneys se fait également sentir, aucune sélection n’étant réalisée par les fermiers dans les scattalds où ils sont seuls maîtres. L’implication du Department of Agriculture in Scotland permet lors de l’établissement du Crofter’s Act en 1955 de réglementer la reproduction des poneys dans les scattalds. Chaque année, plusieurs étalons approuvés par le stud-book sont sélectionnés et intégrés au troupeau pour la période de reproduction. À la suite de cette mesure, la qualité des poneys progresse rapidement et des ventes sont organisées en Écosse, qui remportent un franc succès[7].

Description

Morphologie

Poney shetland au modèle lors d’une remise de prix.

Le Shetland est un poney de petite taille, trapu, avec une encolure massive et un centre de gravité très bas[8]. Sa taille est comprise entre 76 cm et 107 cm[9] au garrot [8], taille admise à 4 ans qu’il ne doit absolument pas dépasser pour rester dans le standard de la race[10]. Sa tête est petite, bien attachée avec un large front. Son profil est légèrement concave. L’œil est foncé, confiant et intelligent. Les oreilles sont petites, bien droites et portées haut. Le bout du nez est large avec de grands naseaux ouverts. L’encolure est forte et très musclée aboutissant à un garrot prononcé. Son corps est fort et profond avec un dos court et très large. Le rein est bien musclé et l’arrière-main est large et forte. Les membres sont robustes, dotés d’une bonne ossature plate et de canons courts. Les pieds sont durs, résistants, ronds et bien formés. Les crins sont longs et abondants[8],[1].

Shetland miniature

Un Shetland miniature.

Il existe aussi des Shetlands miniatures, sélectionnés par croisement et sélection des Shetlands les plus petits[11]. Il ne s'agit pas pour autant d'une race différente, mais juste de Shetlands de plus petite taille. Les critères de race sont donc strictement les mêmes que pour les sujets plus grands[12].

Allures

De par sa morphologie, le Shetland a des allures plutôt courtes, mais elles sont énergiques et carrées[13]. Son action est libre et droite avec une bonne levée des articulations, qui est l’héritage des terrains rocheux et accidentés dans lesquels la race a vécu[1]. La race a fait l'objet d'une étude visant à déterminer la présence de la mutation du gène DMRT3 à l'origine des allures supplémentaire : cette étude n'a pas permis de détecter la présence de cette mutation chez les 55 Shetlands analysés, et il ne semble pas exister de mentions de chevaux ambleurs parmi la race[14].  

Robes

Cette image montre plusieurs shetland de robes différentes

Toutes les robes sont admises par le stud-book sauf les robes tachetées. Les robes les plus couramment rencontrées sont l’alezan, le noir et le pie. Les marques blanches sont également acceptées[13],[15].

Tempérament et entretien

Le Shetland est petit mais extrêmement fort. Il est considéré comme l’un des équidés les plus forts du monde par rapport à sa taille[13]. C’est un poney très résistant forgé par les conditions climatiques des îles nordiques et par la pauvreté des terres du pays. Grâce à sa petite taille et son épaisse couche de poils, il peut résister aux températures les plus extrêmes[1],[2].

Même si son physique et sa petite taille lui donne des airs de peluche vivante, il reste un animal vif : il demande donc, à cet égard, un minimum d'expérience pour sa manipulation et son éducation[7]. Fort gourmand et débrouillard, et parfois même trop gâté, il peut facilement risquer la fourbure. Une surveillance stricte de son alimentation est donc nécessaire[15].

Au niveau de son environnement, et malgré sa petite taille, le Shetland n’en reste pas moins un équidé, et a besoin de ce fait de beaucoup d’espace[15].


Confusion

Le poney shetland est très souvent confondu avec le poney de taille A (moins de 107 cm au garrot). Or pour avoir l'appellation « shetland », un poney doit être de race Shetland et non pas seulement de petite taille, c’est-à-dire qu’il doit posséder des papiers et un pedigree.

Utilisations

Le Shetland fait un très bon poney d’enseignement.
Il excelle également en attelage.

Particulièrement utilisé par les enfants en raison de sa petite taille, c’est une monture idéale pour l’apprentissage de l’équitation même s’il ne manque pas de caractère[15]. Le choix des sujets pour l’enseignement se porte donc plus facilement vers les hongres et les juments, généralement plus dociles[13]. En attelage, il peut aussi être utilisé par les adultes, qui apprécient son énergie et sa grande force de traction[15]. Dans les élevages de chevaux de sang, les étalons shetland sont également utilisés comme souffleur, les mâles shetland étant très sexués dans leur comportement[13].

Diffusion de l’élevage

L'ouvrage Equine Science (4e édition de 2012) classe le Shetland parmi les races de chevaux connues au niveau international[16].

Au Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, l’élevage de poneys shetland est pratiqué sur l’ensemble du territoire. On dénombre environ 2 000 nouvelles naissances chaque année. Des ventes officielles réalisées par le stud-book sont organisées chaque automne à Aberdeen et à Reading. Des acheteurs venant du monde entier y participent[12].

Aux États-Unis

Modern American Shetland au modèle.

Les premiers poneys shetland sont importés aux États-Unis dans les années 1850. Les premiers sujets ne sont pas enregistrés sous le nom de la race mais en 1888, une association voit le jour sous le nom de American Shetland Pony Club (ASPC). Dans les années 1970, l’intérêt du shetland comme monture pour enfant tend à se perdre aux États-Unis, et les éleveurs orientent leur production vers l’attelage et le show[6]. Pour y parvenir, les éleveurs cherchent à modifier le poney shetland originel[7] afin d’obtenir un poney avec de la taille, des membres plus longs et une encolure plus fine. Ils croisent ainsi le shetland avec des poneys welsh et hackney[6]. Les croisements ont été réalisés au fil du temps dans une plus ou moins grande proportion pour aboutir à deux types bien distincts. L’ASPC fait donc la distinction entre le Modern American Shetland , fin et élancé, et le Classic Shetland, plus rond[6]. Le terme « Classic » est cependant à nuancer, car les spécimens de ce registre ne ressemblent plus du tout au shetland originel et ne respectent pas les standards anglais de la race. La taille maximale du shetland américain a ainsi été augmentée à 112 cm[17] au garrot[18].

En France

Si l’on rencontre de nombreux poneys ayant le type shetland dans les centres équestres et poney-clubs, la plupart d’entre eux n’ont pas d’origines connues et ne peuvent donc prétendre à l’appellation de shetland. Le vrai poney shetland ne représente que 18% des immatriculations poneys en France. En 2017, on recense 569 poneys shetland immatriculés, 1084 ponettes saillies et 340 étalons en activité. L’élevage du poney shetland sur le territoire français est concentré sur la Bretagne, la Normandie, le Centre et l’Auvergne. Le nombre d’éleveurs de poneys shetland est de 259 en 2006[19].

Dans la culture

Édition 2008 du Shetland Pony Grand National.

Le Shetland est fortement représenté dans la culture que ce soit dans son pays natal où dans le reste du monde. Il figure tout d’abord sur le blason des îles Shetland[20]. Basé sur le même principe que les adultes, le Shetland Pony Grand National est une course de haies où des enfants et leurs poneys shetland s’affrontent chaque année en décembre lors de l’Olympia International Horse Show de Londres. Cette compétition est très populaire et rencontre un vif succès[6],[21]. Dans la littérature et à la télévision, il est également très présent et vise clairement un public très jeune. Ainsi Poly est un poney shetland alezan aux crins blonds, héros d'une série de livres et d'une série télévisée éponyme diffusée dans les années 1960, Poly[22]. Sheltie est également une série de romans où le héros est un poney shetland[23].

Notes et références

  1. Draper 2006, p. 142-143
  2. Dutson 2012, p. 326
  3. Hendricks et Dent 2007, p. 379
  4. Lynghaug 2009, p. 528
  5. Dutson 2012, p. 327
  6. Dutson 2012, p. 328
  7. Hendricks et Dent 2007, p. 380
  8. Bataille 2008, p. 230
  9. 107 cm au garrot, soit 42 pouces
  10. « Règlement du stud-book français du poney Shetland » [PDF]
  11. Edwards 2006, p. 242-243
  12. (en) « The Pony Today », sur The Shetland Pony Stud-Book Society (consulté le )
  13. Bataille 2008, p. 231
  14. (en) M. Promerová, L. S. Andersson, R. Juras et M. C. T. Penedo, « Worldwide frequency distribution of the ‘Gait keeper’ mutation in the DMRT3 gene », Animal Genetics, vol. 45, no 2, , p. 274–282 (ISSN 1365-2052, DOI 10.1111/age.12120, lire en ligne, consulté le )
  15. Farissier 2004, p. 68-69
  16. (en) Rick Parker, Equine Science, Cengage Learning, , 4e éd., 608 p. (ISBN 1-111-13877-X), p. 61.
  17. 112 cm au garrot, soit 46 pouces
  18. Dutson 2012, p. 329
  19. Bataille 2008, p. 232
  20. (en) « Shetland Islands », sur Heraldry of the World (consulté le )
  21. (en) Sharon Eastwood, Anne-Lise Riis Jensen et Anna Jordon, Business Management for the Equine Industry, John Wiley & Sons, , 168 p. (ISBN 978-0-470-75043-8, lire en ligne), p. 19
  22. (en) "Poly" (1961) sur l’Internet Movie Database
  23. « Collection Sheltie », sur Éditions Bayard (consulté le )

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Ouvrages spécialisés

  • [Hodson 1997] (en) Anna Hodson, The Shetland Pony, J.A. Allen, , 134 p. (ISBN 978-0-85131-667-3)

Ouvrages généralistes

  • [Farissier 2004] Serge Farissier, « Le shetland », dans Le poney, , 119 p. (ISBN 9782844162519, lire en ligne), p. 68-69
  • [Edwards 2006] Elwyn Hartley Edwards (trad. Philippe Sabathe et Isabelle Cassou), « Shetland », dans Les chevaux, Romagnat, De Borée, , 272 p. (ISBN 2-844-94449-3 et 9782844944498, OCLC 421726096, BNF 40951112, lire en ligne), p. 242-243
  • [Draper 2006] Judith Draper (trad. de l'anglais par Sophie Smith, ill. Kit Houghton et Paull Rodney), Le grand guide du cheval : Les races - Les aptitudes - Les soins, Riom, , 256 p. (ISBN 2-84494-420-5, OCLC 470405910, BNF 40173187, lire en ligne), « Le Shetland », p. 142-143. 
  • [Hendricks & Dent 2007] (en) Bonnie Lou Hendricks et Anthony A. Dent, « Shetland », dans International Encyclopedia of Horse Breeds, University of Oklahoma Press, , 486 p. (ISBN 080613884X et 9780806138848), p. 378-380
  • [Bataille 2008] Lætitia Bataille, « Shetland », dans Races équines de France, Éditions France Agricole, , 286 p. (ISBN 9782855571546, lire en ligne), p. 229-232
  • [Bataille et Tsaag Valren 2017] Lætitia Bataille et Amélie Tsaag Valren, Races équines de France, Éditions France Agricole, , 2e éd. (1re éd. 2008), 304 p. (ISBN 2-85557-481-1)
  • [Lynghaug 2009] (en) Fran Lynghaug, « United Kingdom Shetland pony », dans The Official Horse Breeds Standards Guide: The Complete Guide to the Standards of All North American Equine Breed Associations, Voyageur Press, , 672 p. (lire en ligne), p. 528-535
  • [Dutson 2012] (en) Judith Dutson, « Shetland pony », dans Storey's Illustrated Guide to 96 Horse Breeds of North America, Storey Publishing, , 416 p., p. 326-329
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