Porte-avions de nouvelle génération
Le porte-avions de nouvelle génération (PANG en forme abrégée) est un projet de porte-avions français destiné à remplacer le porte-avions Charles de Gaulle. Les études préliminaires sont lancées en .
« PANG » redirige ici. Pour les autres significations, voir Pang (homonymie). Pour le projet de porte-avions de 2009, voir PA 2.
Porte-avions de nouvelle génération (R92) | |
Autres noms | PANG[1],[2] |
---|---|
Type | Porte-avions |
Fonction | Militaire |
Histoire | |
A servi dans | Marine nationale |
Commanditaire | Direction générale de l'Armement |
Constructeur | Naval Group |
Chantier naval | Chantiers de l'Atlantique[3],[4], Saint-Nazaire |
Lancement | Prévu en [3] |
Armé | Prévu en [3] |
Statut | Études préliminaires |
Équipage | |
Équipage | ~2 500 personnes[5] |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 305 m |
Maître-bau | 80 m (pont) - 40 m (ligne de flottaison) |
Déplacement | 70 000 t[1] |
À pleine charge | 75 000 t[1] |
Propulsion | 2 réacteurs nucléaires K22 de (220 MW) chacun[1] |
Vitesse | 27 nœuds (50 km/h) |
Caractéristiques militaires | |
Armement |
|
Rayon d'action | Illimité en matière de propulsion |
Aéronefs | Parc aérien : 40 ou + aéronefs embarqués [5] :
|
Carrière | |
Pavillon | France |
Port d'attache | Base navale de Toulon |
Indicatif | R92 |
Coût | Entre 4,5 milliards € et 5 milliards €[6] |
Histoire
Contexte
Depuis les années 2000 et la vente du Foch à la Marine brésilienne, le Charles de Gaulle est l'unique porte-avions français en service. Tous les dix ans, il subit une « indisponibilité périodique pour entretien et réparation » d'un an à un an et demi en cale sèche, pour les entretiens et réparations structurels les plus lourds (y compris le renouvellement du combustible nucléaire), privant ainsi la France d'une part significative de ses capacités de projection[7]. Cette perte périodique de capacité est la raison principale qui pousse à la construction d'un second porte-avion, afin d'assurer la disponibilité permanente d'un groupe aéronaval.
Après la mise en service du Charles de Gaulle le , un projet pour disposer d'un autre porte-avions, le PA 2, a été lancé en 2003 sur la base du CVF britannique, la classe Queen Elizabeth. Le projet est suspendu en 2009[8] et abandonné en 2012[9].
À l'occasion de l'édition 2018 du salon Euronaval, Florence Parly, ministre des Armées, annonce le lancement d'un second programme de remplacement du Charles de Gaulle. Une phase d'études de 18 mois, inscrite dans le cadre de la loi de programmation militaire 2019-2025 pour un montant de quarante millions d'euros, doit permettre au président de la République de prendre les décisions sur les points importants du programme courant 2020[10].
En déplacement aux chantiers de l'Atlantique en , la ministre des Armées confirme que le Porte-avions de nouvelle génération (PANG en forme abrégée[1]) sera bien construit à Saint-Nazaire, le chantier naval étant le seul (en France) à pouvoir construire un navire d'un tonnage aussi important[4].
Les choix d'architecture et de propulsion concernant le futur porte-avions devaient initialement être arrêtés par le chef de l'État au cours d'un conseil de Défense au début du mois de [2],[11], pour permettre une déclaration du président de la République lors de son allocution du 14-Juillet[11]. La question de savoir si la France se dotera d'un seul porte-avions ou de deux devait être tranchée dans le même temps. Mais le changement de gouvernement intervenu le oblige les services du chef de l'État à repousser ce conseil de Défense à une date ultérieure, probablement avant la fin de l'été ou à la rentrée[11]. Les décisions stratégiques concernant le PANG auraient pu dès lors être annoncées lors de l'édition 2020 du salon Euronaval[11], qui devait se tenir, en dépit de la situation sanitaire en France, au Bourget du au .
C'est finalement le , à l’occasion d’un déplacement sur le site Framatome du Creusot, qu'Emmanuel Macron officialise le lancement du programme de porte-avions de nouvelle génération ainsi que le choix de doter le successeur du Charles de Gaulle d'une propulsion nucléaire[13],[14]. Le président de la République n'évoque toutefois pas la possibilité pour la France de se doter d'un second porte-avions.
La future coque du PANG est testée en 2021 par une maquette de dix mètres de long sur le lac de Castillon (Alpes-de-Haute-Provence)[15],[16].
Construction
Dès le mois de , la ministre des Armées annonce que la construction du successeur du Charles de Gaulle se fera à Saint-Nazaire, aux chantiers de l'Atlantique. Quelques jours plus tard, le député du Finistère Jean-Charles Larsonneur, issu du groupe La République en marche, évoque dans un article du Télégramme la possibilité de construire certains éléments du futur porte-avions en Bretagne, et fait valoir le travail du site brestois du groupe Thales[17]. Lors de sa visite à Brest, trois jours plus tard, Florence Parly, assure que le port breton participera à la « conception » du PANG[18].
Caractéristiques
Système de propulsion
Alors que le ministère des Armées penchait initialement pour un retour à une propulsion classique pour le remplaçant du Charles de Gaulle, c'est finalement l'option nucléaire qui est retenue par la ministre Florence Parly, et entérinée par le président de la République Emmanuel Macron en [1],[19].
Cette option, soutenue par l'état-major de la Marine, est rendue nécessaire par le tonnage envisagé du nouveau navire, supérieur de plus de 75 % à celui du Charles de Gaulle, et 25 % supérieur au tonnage du Foch et du Clemenceau réunis[17]. Le développement d'un nouvel avion de combat, le chasseur de nouvelle génération, prévu pour être plus lourd que le Rafale de près de cinq tonnes, nécessitera des installations plus importantes pour pouvoir accueillir à son bord le nouvel aéronef[20],[1].
Se pose donc la question de la puissance nécessaire pour propulser le navire, assurer le catapultage des avions embarqués, et fournir l'électricité nécessaire pour faire fonctionner les équipements de bord. Sur le Charles de Gaulle, ce sont deux réacteurs K15, baptisés « Adyton » et « Xena »[21], d'une puissance cumulée de 150 MW[21], qui tiennent ce rôle. Environ 40 % de la puissance des réacteurs est utilisée par des systèmes autres que la propulsion et le catapultage : systèmes embarqués, équipement de vie, etc. Il reste donc 60 % de la production électrique des K15 disponible pour la propulsion et le catapultage[22]. Mais à cause d'une ligne propulsive sous-dimensionnée, il reste 15 à 20 % de la puissance nominale des réacteurs qui n'est pas exploitée[22], ce qui laisse une certaine marge de manœuvre pour augmenter le tonnage du prochain porte-avions. Toutefois, au-delà de 60 000 t, il deviendra nécessaire de trouver une alternative au tandem K15 qui équipe le porte-avions Charles de Gaulle. Une alternative qui pourrait passer par une refonte du réacteur-phare des bâtiments à propulsion nucléaire de la Marine française[22].
Catapultes
En usage dans la Marine nationale depuis le début des années 1960 et le lancement du Clemenceau et du Foch, c'est le système CATOBAR — décollage assisté par catapulte et récupération par brins d'arrêt — qui devrait être utilisé pour le catapultage des aéronefs depuis le PANG[5].
Dans son discours au salon Euronaval du Bourget, Florence Parly annonce que le nouveau porte-avions devra être capable d'accueillir le système de combat aérien du futur, et la possibilité d'utiliser des catapultes électromagnétiques pour le catapultage des avions[20]. Ces systèmes, moitié moins lourds que les catapultes à vapeur[5],[23],[Note 1] et débarrassés des conduites à vapeur qui courent à travers le navire de la tranche énergie jusqu'aux catapultes[24], permettent un réglage plus fin de la poussée, permettant de lancer des aéronefs allant d'un peu plus d'une tonne, comme les drones, jusqu'à 32 tonnes[23], ce qui correspond aux capacités de lancement nécessaires pour catapulter l'avion de combat de nouvelle génération, remplaçant du Rafale, dont le poids annoncé se situerait aux alentours des 30 tonnes[1],[5].
Ce système, déjà en service sur l'USS Gerald R. Ford depuis la fin [25], semble toutefois rencontrer encore un certain nombre de problèmes début 2020, après plus de deux ans et demi de tests[26].
Mais puisque les États-Unis ont mis fin à la production des catapultes à vapeur, la France se retrouve confrontée à un choix technologique : développer ses propres catapultes à vapeur, ou s'orienter vers de nouvelles technologies.
Avions
De l'avancement des projets du PANG et du chasseur de nouvelle génération dépendra le type de chasseurs embarqué sur le successeur du Charles de Gaulle. Actuellement, les développeurs du NGF[Note 2] envisagent un premier vol en 2026[27],[5] pour une mise en service en 2040[28], soit deux ans après l'entrée en service prévue du PANG. Il est donc vraisemblable que, dans un premier temps, ce soit le Rafale M qui équipe le PANG, et qu'il sera remplacé à terme par le NGF.
De plus, à la mi-2020, ni Dassault Aviation ni Airbus n'ont indiqué si l'avion qui sera mis en service en 2040 sera capable de se poser sur un porte-avions ou s'il faudra développer une version « Marine », comme pour le Rafale.
Drones
Le nouveau porte-avions devrait accueillir à son bord des drones de combat, développés par Airbus et MBDA dans le cadre du système de combat aérien du futur[27],[28], ce qui constituerait une véritable innovation. En effet, à la mi-2020, aucun grand drone à réaction n'est opéré depuis un navire militaire dans le monde[5], bien que la marine des États-Unis y travaille[5].
Postes d'équipage
Le PANG devrait accueillir un millier de marins[5], hors état-major et groupe aéronaval, contre 1 200 pour le Charles de Gaulle[29]. Les marins, dont le nombre sera réduit pour un bâtiment plus grand, devraient être logés dans des postes de quatre à huit personnes, au lieu des postes du Charles de Gaulle, qui comptent de 10 à 40 places[30].
Au-delà de l'amélioration du confort que représentent des postes de 4 à 8 personnes, cette configuration permet de limiter une épidémie comme ce fut le cas lors de l'épidémie de Covid-19 à bord du Charles de Gaulle en .
Notes et références
Notes
- Le système EMALS pèse environ 200 t, contre 400 t pour une catapulte à vapeur.
- L'avion de combat de nouvelle génération est développé par Dassault Aviation et Airbus.
Références
- « Le futur porte-avions de la marine sera doté d'une propulsion nucléaire », sur La Tribune, (consulté le ).
- « Le futur porte-avions commence à s’esquisser », sur Le Figaro, (consulté le ).
- « Le porte-avions français de nouvelle génération sera mis à la mer en 2036 », sur Les Échos, (consulté le ).
- « Un porte-avions nouvelle génération succédera au Charles de Gaulle en 2038 », sur La Tribune, (consulté le ).
- « Le successeur du porte-avions Charles-de-Gaulle prend forme... et il sera bien plus gros », sur L'Opinion, (consulté le ).
- https://www.ladepeche.fr/2020/12/08/en-images-voici-le-futur-porte-avions-francais-qui-va-remplacer-le-charles-de-gaulle-en-2018-9245890.php
- Olivier Cigolotti et Gilbert Roger, « Rapport d'information n° 559 : Porte-avions de nouvelle génération », sur www.senat.fr, (consulté le ).
- « Audition de l’Amiral Pierre-François Forissier, chef d’état-major de la marine, sur le projet de loi de finances pour 2010 », sur assemblee-nationale.fr, Assemblée nationale, (consulté le )
- Michel Cabirol, « Le second porte-avions touché, coulé par la crise », sur latribune.fr,
- « Le successeur du Charles de Gaulle est à l’étude », sur Le Figaro, (consulté le ).
- « Futur(s) porte-avions : la décision repoussée », sur Mer et Marine, (consulté le ).
- Vincent GroizeIeau, « La France dévoile son prochain porte-avions nucléaire », Mer et Marine, (lire en ligne)
- Nathalie Guibert, « Le porte-avions « Charles-de-Gaulle » aura un successeur à propulsion nucléaire, annonce Emmanuel Macron », Le Monde, (lire en ligne)
- Nelly Assénat,, « Une maquette de porte-avions à l'essai sur le lac de Castillon », sur France Bleu, (consulté le )
- « Futur porte-avions : « Brest doit faire valoir ses atouts » », sur Le Télégramme, (consulté le ).
- « Nouveau porte-avions : « Brest contribuera à sa conception », assure Florence Parly », sur Le Télégramme, (consulté le ).
- Charles Lescurier, « Quels sont les atouts d'un porte-avions nucléaire ? », Le Figaro, (lire en ligne)
- « Discours de Florence Parly, ministre des Armées, Euronaval 2018 - Le Bourget », sur Ministère des Armées, (consulté le ).
- « Porte-avions Charles de Gaulle : De l'IPER à la remontée en puissance », sur Mer et Marine, (consulté le ).
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- (en) « Aircraft Launch and Recovery Systems », sur General Atomics (consulté le ).
- (en) « EMALS: Next Gen Catapult », sur defensetech.org, (consulté le ).
- « Premier catapultage électrique dans l’US Navy », sur L'Opinion, (consulté le ).
- (en) « Navy Still Struggling with Ford Aircraft Carrier », sur nationaldefensemagazine.org, (consulté le ).
- « Accord industriel et remise des offres à la France et l’Allemagne : Dassault Aviation et Airbus franchissent un nouveau jalon décisif en faveur du programme de Système de combat aérien futur », sur Dassault Aviation, (consulté le ).
- « Le Bourget: le projet franco-allemand SCAF, comme un avion sans nom... », sur L'Opinion, (consulté le ).
- « Le Charles de Gaulle (R 91) », sur Ministère des Armées, (consulté le ).
- « Coronavirus : comment le Charles-de-Gaulle est devenu un « cluster » », sur Les Échos, (consulté le ).
Articles connexes
- Porte-avions
- Marine nationale
- Liste des navires de la Marine nationale française
- Histoire de la marine française
- Liste des navires construits aux Chantiers de l'Atlantique
- Histoire de la construction navale dans l'estuaire de la Loire
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