Plazas de soberanía
En Espagne, les plazas de soberanía (en français : lieux ou territoires de souveraineté), parfois appelés « présides »[1], sont cinq territoires localisés en Afrique du Nord près des côtes marocaines de la mer Méditerranée. Tous ces territoires sont sous la souveraineté espagnole et sont parfois également désignés par le terme d’Afrique du Nord espagnole (África Septentrional Española) ou simplement Afrique espagnole (África Española).
Ces territoires sont revendiqués par le Maroc qui les considère comme étant des reliquats de la colonisation, occupés.
Géographie
Les Plazas mayores
Ceuta et Melilla ayant acquis le statut de villes autonomes, elles sont de moins en moins décrites comme lieux de souveraineté.
Les Plazas menores
Au nombre de trois, elles sont directement administrées par le gouvernement espagnol.
- les îles Zaffarines, qui regroupent les îles du Congrès, Isabelle II et du Roi.
- les îles Alhucemas, qui comprennent le rocher d'Alhucemas, l'île de Terre et l'île de Mer.
- le rocher de Vélez de la Gomera.
L'îlot Persil, qui a joué un rôle dans un incident militaire entre l'Espagne et le Maroc en 2002, est inhabité et est revendiqué par l'Espagne comme appartenant à Ceuta, bien qu'il n'apparaisse pas explicitement dans le statut d'autonomie.
Démographie
La population totale est d'environ 151 000 habitants : 79 000 pour Ceuta et 72 000 pour Melilla, auxquels il faut rajouter environ 700 habitants (civils et militaires) répartis sur 3 îles[2].
Statut
Ces territoires espagnols font partie de l'Union européenne et la monnaie qui y circule est l'euro.
Le Maroc revendique ces territoires qu'il considère comme étant « occupés ».
L'île Alborán est parfois considérée comme place de souveraineté, mais est rattachée administrativement à la commune d'Almería et donc à la communauté autonome d'Andalousie. Elle ne fait a priori pas l'objet de revendication par le Maroc[3].
Histoire
La Castille, alors en concurrence avec l'Empire colonial portugais, commence à intervenir en Afrique du Nord quand Henri III de Castille débute la colonisation des îles Canaries en 1402 par l'intermédiaire de l'explorateur normand Jean de Béthencourt.
Les villes et villages côtiers d'Espagne, d'Italie et des îles méditerranéennes sont à l'époque sous la menace régulière des barbaresques nord-africains : Formentera fut abandonnée pour un temps par ses habitants, ainsi que de larges portions des côtes espagnoles et italiennes. En 1514, 1515 et 1521, les îles Baléares sont attaquées par le célèbre corsaire ottoman Khayr ad-Din Barberousse: les populations capturées pendant les XVIe siècle et XVIIe siècle sont généralement revendues comme esclaves.
En 1481, la bulle pontificale Æterni regis place toutes les terres au sud des Canaries sous souveraineté portugaise. Seul l'archipel, ainsi que les villes de Sidi Ifni (1476–1524) (connue à l'époque sous le nom de Santa Cruz de Mar Pequeña), Melilla (capturée par Pedro de Estopiñán en 1497), Villa Cisneros (fondée en 1502 dans l'actuel Sahara occidental), Mazalquivir (1505), Peñón de Vélez de la Gomera (1508), Oran (1509–1790), Peñón d'Alger (1510–29), Béjaïa (1510–54), Tripoli (1511–51), Tunis (1535–69) et Ceuta (cédée par le Portugal en 1668) resteront territoires espagnols en Afrique.
En 1848, les troupes espagnoles conquièrent les îles Chafarinas.
Lorsque l'Espagne cesse sur la "zone nord" son protectorat au Maroc et reconnait l'indépendance de ce dernier en 1956, elle refuse de restituer les plazas de soberanía, considérant avoir affirmé sa souveraineté sur celles-ci bien avant la création du protectorat et de ce fait comme en tant que telles n'avoir pas fait partie des territoires sous protectorat espagnol. Les plazas font depuis lors partie des revendications territoriales marocaines[4]. Ces territoires ne font cependant pas partie des territoires non-autonomes en attente de décolonisation tels que définis par l'ONU.
L'îlot Persil (Isla Perejil en espagnol ou Leila en arabe), qui ne possède aucune habitation permanente, est le théâtre d'une confrontation entre l'Espagne et le Maroc en 2002. Le problème est résolu après une médiation américaine, et aucun des deux pays n'est aujourd'hui autorisé à avoir une présence militaire sur l'îlot.
Notes et références
- Voir définition sur le site Mediadico
- 350 sur le rocher d'Alhucemas, 147 sur Velez de la Gomera et 200 sur Isabelle II.
- Analyse historico-juridique de l'île andalouse d'Alborán
- Avec le soutien de l'Union africaine [PDF], l'Organisation de la coopération islamique, la Ligue arabe et l'Union du Maghreb arabe.
Voir aussi
Sources et bibliographie
- (es) Víctor Luis Gutiérrez Castillo, Análisis histórico-jurídico de la isla andaluza de Alborán, Revista Electrónica de Estudios Internacionales (2003), 8 p. (lire en ligne)
- (es) « Islas y Peñones en el Norte de África », sur http://www.zapadores.es, Ingenieros Militares de España (consulté le )
- (es) Alejandro del Valle, « Ceuta, Melilla, Chafarinas, Vélez y Alhucemas : tomar la iniciativa », sur http://www.realinstitutoelcano.org, Real Instituto Elcano, (consulté le )
- Mónica Ceberio, Ignacio Cembrero et Miguel González, « Des îlots et des rochers bien encombrants », Courrier international, no 1142, (ISSN 1154-516X)Traduction d'un article paru en espagnol dans El País
Articles connexes
- Liste de territoires contestés
- Course à l'Afrique
- Liste des anciennes colonies ou territoires espagnols
- Ceuta, Melilla et plazas de Soberanía