Priam

Dans la mythologie grecque, Priam (en grec ancien Πρίαμος / Príamos) est le roi mythique de Troie au moment de la guerre de Troie. Il est fils de Laomédon et de la nymphe Strymo[N 1] ou de Zeuxippe[1], et a pour épouse Hécube.

Priam
Priam tué par Néoptolème, fils d'Achille, amphore attique à figures noires de la classe de Cambridge 49, v. 520-510 av. J.-C., musée du Louvre
Fonction
Roi de Troie
Biographie
Décès
Nom dans la langue maternelle
Πρίαμος
Pseudonyme
Père
Mère
Fratrie
Conjoint
Enfant
Autres informations
Conflit

Pour les articles homonymes, voir Priam (homonymie).

Mythe

Selon le poète grec Homère, principal narrateur de la guerre de Troie, Priam a le même âge que Pélée[il 1]. Apollodore[2] indique qu'il est d'abord nommé Podarcès (Ποδάρκης / Podárkês, « pied léger ») avant d'être communément appelé Priam. À la suite de la prise de Troie par Héraclès et Télamon, il est le seul fils mâle de Laomédon à être épargné. Pour ne pas devenir esclave, il est racheté par sa sœur Hésione et prend alors le nom de Priam, qui signifie « racheté ». L'Iliade relate la destruction de Troie par Héraclès, cependant les enfants de Laomédon n’ont aucun rôle dans son récit[il 2]. À l'époque de cette guerre, Laomédon envoya Priam lutter contre Héraclès ; le combat eut lieu en Phrygie : c'est de cette guerre dont parle Priam à Hélène au chant III[il 3][Information douteuse] . Plus tard dans sa vie, il fut l'allié des Phrygiens lors d'une campagnes contre les Amazones[il 4].

Priam (à droite) s'apprêtant à pénétrer dans la hutte d'Achille pour racheter le corps de son fils Hector ; le jeune homme à gauche est peut-être un serviteur d'Achille ou Hermès déguisé. Kylix attique à figures rouges, vers 480 av. J.-C. Proviendrait de Vulci.

Priam est dépeint dans l'Iliade comme faisant preuve d'une immense bonté et d'une justice exemplaire. Il fait partie des vieux sages qui en raison de leur âge ne font pas la guerre et l'observent depuis les portes Scées de la ville. Contrairement à ses conseillers, il refuse de faire porter à Hélène la responsabilité de la guerre et se l'arroge plutôt à lui-même. Il invite Hélène à lui présenter les chefs grecs[il 5]. Priam (au côté d'Anténor) sort de la ville, qui est sûre, pour aller dans la plaine des combats, où il est appelé à cautionner le serment du sort du duel entre Alexandre et Ménélas qui cristallise entre les deux hommes la raison d'être de la guerre de Troie et le sort des Troyens et Grecs[il 6].

Il voit mourir nombre de ses fils au cours de la guerre (voir ci-dessous) et en particulier Hector, tué par Achille. Celui-ci refusant de rendre le corps d’Hector à sa famille pour les funérailles, Priam se rend au milieu du camp des Grecs pour y supplier Achille qui par respect lui rendra le corps de son fils. La rencontre d’Achille et de Priam est l’un des passages les plus émouvants de l’Iliade[il 7]. Il reconduit le corps d'Hector sur un char ; alors que Cassandre le voit en premier revenir à l'aube, il est bloqué par la foule aux portes de la ville où Andromaque et Hécube viennent pleurer et embrasser le mort[il 8]. D’après Virgile[3], le pseudo-Apollodore[4] et Hygin[5][réf. nécessaire], il est tué par Néoptolème, le fils d’Achille, sur l'autel de Zeus dans son palais de Troie.

Descendance

Antonio Canova, La mort de Priam, 1787-1792

La descendance de Priam — souvent désignée sous le terme de « Priamides »[6],[7] — est particulièrement nombreuse.

D'après Homère, il a cinquante fils, dont vingt-trois cités nommément, et douze filles mariées qui vivent avec lui[il 9], auxquelles il faut ajouter Cassandre et Polyxène, qui ne sont pas mariées. Dix-neuf fils sont les enfants de Priam et d'Hécube[il 10]. Quant à Apollodore[2], il donne, lui, une liste de quarante-six garçons (ou quarante-sept selon que l’on compte ou non Troïlos qui est dit fils d’Hécube et d’Apollon) et huit filles. Hygin[5] donne cinquante-cinq noms[N 2]. Hector, Pâris, Déiphobe, Hélénos, Troïlos pour les fils, Cassandre, Polyxène pour les filles, sont parmi ses enfants les plus rencontrés dans la culture gréco-latine. Bien souvent le nom de la mère n'est malheureusement pas explicitement cité. À la lumière de la vaste descendance de Priam, on peut suggérer qu'il a eu plusieurs femmes plus ou moins reconnues ou connues des auteurs grecs, nos seules sources.

Le sort semble s'acharner à mettre fin à la dynastie de Priam avec détermination : les Grecs sont très entreprenants à mettre à mort les descendants du roi de Troie, bien qu'on ne sache pas précisément le destin de tous. Même son petit-fils, Astyanax, fils d'Hector, alors nourrisson et héritier probable du trône un jour ou l'autre, est jeté par-dessus les murailles de la ville pour y perdre la vie selon la version la plus courante[8]. Le revers des Troyens à la guerre de Troie fait chanceler l'ordre géopolitique de la région : selon la version d'Euripide ou bien celle d'Ovide, Priam met à l'abri son dernier fils, Polydore, en gage d'espoir qu'il soit le survivant de la dynastie, et le confie ainsi au roi thrace Polymnestor, roi cupide semble-t-il, qui n'hésitera pas à passer d'ami à traître honteux en faisant massacrer à coups de lance le prince troyen et en se débarrassant vulgairement du corps dans les flots voisins[9],[10]. La branche cadette de la maison de Troie, celle dirigée par Énée, semble plutôt mieux s'en sortir à croire l'Énéide.

abréviations utilisées : Bib-Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne] ; Epi-Epitome- Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne] ; Ene-Virgile, Énéide [détail des éditions] [lire en ligne] ; Fab-Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne] ; Ili-Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne] ; Met-Ovide, Métamorphoses [détail des éditions] [lire en ligne] ; Ody-Homère, Odyssée [détail des éditions] [lire en ligne]

Quelques fils de Priam, selon quelques différents auteurs, avec mention de la mère (tableau triable)
Homère Apollodore Hygin Commentaires et Destin pendant la guerre de Troie
Abostis
Agathon
Antinoos
Antiphonos Hécube
Antiphos prisonnier d’Achille et libéré contre rançon, tué par Agamemnon (Ili., XI, 101-120)
Archémachos
Arétos
Ascanios
Astygonos
Atas
Axion
Bias
Binatès
Cébrion Cocher d’Hector, tué par Patrocle (Ili., XVI, 726-745)
Chersidamas
Chirodamas
Chromios Prisonnier de Diomède (Ili., V, 159), tué par Ajax (Fab., 113)
Chrysolaos
Clonios
Déiopitès
Déiphobe Hécube Hécube Blessé par Mérion (Ili., XIII, 516-539), tué par Ménélas (Epi., V, 22)(Fab., 113)
Démocoon Tué par Ulysse (Ili., IV, 494-504)
Dios
Dolon Tué[N 3] par Diomède (Fab., 113)
Doryclos Tué par Ajax (Ili., XI, 489)
Dryops Tué par Achille (Ili., XX, 455)
Échemmon Prisonnier de Diomède (Ili., V, 159)
Échéphron
Égéon
Ésaque Arisbé
Évagoras
Évandre
Glaucos
Gorgythion Castanire Tué par Teucros (Ili., VIII, 302)
Hector Hécube Hécube Dans l’Iliade tue vingt-huit guerriers grecs, dont Patrocle (Ili., XVI, 820) ; tué par Achille (Ili., XXII, 317-370)
Hélénos Hécube Hécube Blessé par Ménélas (Ili., XIII, 581-600), capturé par les Grecs, il leur révèle les oracles permettant la chute de Troie (Epi., V, 9-10)
Héro
Hippase
Hippodamas
Hippothoos
Hipponoos Hécube
Hypérion
Hypérochos
Idoménée
Ilagos
Isos Prisonnier d’Achille et libéré contre rançon, tué par Agamemnon (Ili., XI, 101-120)
Laodocos
Lycaon Laothoé Capturé par Achille et vendu comme esclave, il parviendra à s’échapper (Ili., XXI, 34-41), tué par Achille (Ili., XXI, 110-138)
Lysidès
Lysithoos
Mélanippos
Mestor Mort au cours de la guerre (Ili., XXIV, 255) ; tué par Achille (Epi., III, 32,S)
Mylios
Néréis
Palémon
Pammon Hécube
Pâris Hécube Hécube Hécube Blesse Diomède (Ili., XI, 369-392), Hector prophétise qu’il tuera Achille (Ili., XXII, 360), tué par Philoctète (Bib., III, 12,6)
Philémon
Politès Hécube Sauve son frère Déiphobe (Ili., XIII, 533-539)
Polydore Laothoé Hécube Hécube Habile à la course, alors plus jeune des fils de Priam qui l'interdit pourtant de combattre mais est tué par Achille par un coup de lance dans le dos traversant le tronc jusqu'au nombril et déversant ses entrailles dans ses mains (Ili., XX, 407-420) ; ou, selon une autre version, il est sauvé par sa sœur Iliona (Fab., 109) ; ou encore il est tué par le roi thrace Polymnestor après la guerre de Troie pour accaparer son héritage (Met. XIII, 429-438)
Polymédon
Pronéos
Protodamas
Polymélos
Télestas
Troïlos Hécube
(Apollon)[N 4]
Mort au cours de la guerre (Ili., XXIV, 257), Achille lui tend un piège et le tue (Epi., III, 32,S)
Quelques filles de Priam selon quelques différents auteurs (tableau triable)
Homère Apollodore Hygin Commentaires et Destin pendant la guerre de Troie
Aristodémé
Cassandre
(Alexandra)
Hécube Hécube Hécube Personnage qui inspire beaucoup les poètes ; Apollon tombe amoureux d'elle mais elle le rejette sans qu'il lui ait déjà donné le don de prophétie (Bib., III, 12.5) ; violée par Ajax le Petit (Epi., V, 22) ; emmenée par Agamemnon comme esclave et tuée par sa femme Clytemnestre (Ody., XI, 421-426)
Créuse Hécube Histoires variantes : notamment perdue lors de son évasion avec Enée selon Virgile (Ene. II, 730-795)
Iliona Elle protège son très jeune frère Polydore : sous la pression grecque, son mari, le roi thrace Polymnestor, pense le tuer mais au lieu de cela, trompé par Iliona, il met à mort son propre enfant qu'il avait eu d'elle. Polymnestor fut tué par Polydore (Fab., 109)
Laodicé Hécube Hécube La plus belle fille de Priam, engloutie dans un ravin aux yeux de tous (Epi., V, 25)
Lysimaché
Médésicaste Fille illégitime selon Homère, elle perd son mari tué par Ajax (Ili., XIII, 170) ; à ne pas confondre avec sa tante aussi nommée ainsi.
Méduse
Polyxène Hécube Égorgée sur la tombe d’Achille (Epi., V, 23) (Fab., 110)

Dictys de Crète suggère[11] une autre fille Astyoché qui épouse Télèphe, bien qu'elle soit plus souvent considérée par d'autres comme sa sœur et donc la fille de Laomédon[12],[13],[14],[15],.

Dans la culture

Cinéma

Télévision

Théâtre

Littérature

Peinture

Priam suppliant Achille de lui rendre le corps d'Hector (Alexandre Ivanov)

Notes et références

Notes

  1. Hellanicos (4F139) suivant Apollodore (III, 12, 3) mentionne également Placia, fille d’Otréos et Leucippé.
  2. Dont une dizaine sont incertains : Brissonius, Demnosia, Eresus, Ethionome, Henicea, Hipposidus, Demosthea, Lysianassa, Phegea, Philomela.
  3. Un guerrier troyen homonyme chez Homère subit le même sort (Ili.,X,454-464). D’ailleurs un certain nombre de fils de Priam dans les traditions les plus tardives sont des homonymes de guerriers troyens de l’Iliade : Aretos, Chersidamas, Deiopitès, Dolon, Hippodamas, Hyperochos, Laodocos, Melanippos, Proneos, Polymelos.
  4. est dit rejeton d’Apollon

Références

Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne]

  1. XXIV, 475.
  2. V, 638-642.
  3. Vers 184-190.
  4. Vers 190 et suiv.
  5. III, 146-174.
  6. III, 261-263.
  7. Chant XXIV.
  8. XXIV, 695-720
  9. VI, 240-250.
  10. XXIV, 496.
Autres références antiques
  1. Alcman, fr.  171 PMG.
  2. Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne], II, 6, 4 et III, 12, 5.
  3. Virgile, Énéide [détail des éditions] [lire en ligne], II, 506-558.
  4. Apollodore, Épitome [détail des éditions] [lire en ligne], V, 21.
  5. Hygin, Fables [détail des éditions] [(la) lire en ligne], CXII et XC, XCI, XCIII.
  6. Les Troyens de l'Iliade: mythe et histoire, Librairie Droz, 1985, p. 117 et suivantes.
  7. « Priamide », sur dicolatin.com (consulté le 9 novembre 2016).
  8. Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne] E. V, 22 (ou 23)
  9. Ovide, Métamorphoses [détail des éditions] [lire en ligne] (XIII, 429-435 et 531-575).
  10. Euripide, Hécube [détail des éditions] [lire en ligne] (pièce entière)
  11. Dictys de Crète, Éphéméride de la guerre de Troie [détail des éditions] [lire en ligne], II, 5.
  12. Apollodore, Bibliothèque [détail des éditions] [lire en ligne], III, 12.3.
  13. Apollodore, Épitome [détail des éditions] [lire en ligne], VI, 15c.
  14. Scholie de Tzétzès à propos de Lycophron, 921. Voir (grc) Christian Gottfried Müller, Ισαακιου και Ιωαννου του τζετζου Σχολια εις Λυκοφρονα Isaac et Jean Tzétzès Scholies sur Lycophron »], t. 3, Leipzig, Sumtibus F.C.G. Vogelii, , 763 p. (lire en ligne), p. 877-878 (936) .
  15. Eustathe de Thessalonique, Commentaires sur l'Iliade et l'Odyssée d'Homère, folio 1697 (vers 520 du chant 11 de l'Odyssée). Voir (grc) Eustathe de Thessalonique, Stallbaum, Gottfried, (la)Commentarii ad Homeri Odysseam Commentaires sur l'Odyssée d'Homère »], t. 1, Leipzig, Weigel, , 460 p. (lire en ligne), p. 430-431 (lignes 32-33 du folio 1697).

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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