Kraï du Primorié

Le Primorié (en russe : Примо́рье), ou kraï du Primorié (en russe : Примо́рский край, Primorski kraï), également partie autrefois (avec parfois Sakhaline, voir traité d'Aïgoun), de la Mandchourie-Extérieure est un sujet fédéral de Russie (kraï). Le mot primorski signifie « maritime » en russe, d'où le surnom de « Province maritime » de la région. Le kraï est en effet situé à l'extrême sud de l'Extrême-Orient russe, donnant sur la mer du Japon, et confine avec la province du Heilongjiang en Chine et la Corée du Nord. La capitale administrative est Vladivostok.

Kraï du Primorié
(ru) Приморский край

Armoiries du Kraï du Primorié.

Drapeau du Kraï du Primorié.
Administration
Pays Russie
Région économique Extrême-Orient
District fédéral Extrême-oriental
Statut politique Kraï
Création 20 octobre 1938
Capitale Vladivostok
Gouverneur Oleg Kojemiako
Démographie
Population 1 863 011 hab. (2022)
Densité 11 hab./km2
Géographie
Coordonnées 45° 19′ 00″ nord, 135° 22′ 00″ est
Superficie 164 673 km2
Autres informations
Langue(s) officielle(s) Russe
Fuseau horaire UTC+11
Code OKATO 05
Code ISO 3166 RU-PRI
Immatriculation 25, 125
Liens
Site web http://www.primorsky.ru

    Histoire

    Stèle en forme de tortue de la dynastie Jin à Oussouriisk.

    Dans le Primorié comme dans le reste de l'Extrême-Orient à l'époque préhistorique, les hommes ont très tôt utilisé des récipients en céramique et commencé à mener une vie semi-sédentaire, sans toutefois s'engager dans l'agriculture. Des pièces en céramiques âgées de 9360 et de 10 770 ans ont ainsi été retrouvées à Ustinovka et à Chernigovka. Elles devaient probablement servir à la cuisson des repas. De l'herbe était ajoutée à la terre et des paniers tressés servaient de moules. La cuisson était réalisée à basse température (450-600 °C), sur un feu ouvert[1].

    Au néolithique, pendant les cultures de Boisman et de Rudnaya, les habitants ont surtout exploité les ressources de la mer, vivant de la pêche et de la chasse. C'est aussi surtout la pêche qui les pousse à adopter un mode de vie sédentaire, tout au moins de manière saisonnière. L'agriculture ne commence à se développer que lentement à partir de -3000 avec le passage à la culture de Zaisanovka puis, à l'âge de bronze, après -1500, avec le développement de la culture de Senii Gei autour du lac Khanka, celle de Lidovka à l'est et celle de Margarita au sud-ouest[2].

    Vers -800, la côte est occupée en permanence par les hommes de la culture de Yankovskaya qui font pousser de l'orge et du millet, se livrent surtout à la pêche et vivent dans de gros villages, tandis que la culture de Krounovka se développe à l'ouest. Le début du premier millénaire est le temps de la culture d'Olgin. À cette époque, les éleveurs locaux doivent payer tribu aux puissants nomades de la steppe, les Huns[2].

    Plus tard, le Primorié est occupé par des tribus Mohe, les ancêtres des Jurchens et des Mandchous. Ils sont intégrés dans le royaume coréen de Koguryo (seulement le sud) puis dans celui de Balhae (698-926), lui-même intégré ensuite dans l'empire des Khitans. Les Jurchens reprennent le pouvoir dans la région et fondent la dynastie Jin (1115-1234). Après cette date, le Primorié suit l'histoire du reste de la Chine. Au début du XVIIe siècle, les Jurchens se révoltent à nouveau, finissent par conquérir l'ensemble de la Chine et la dirigent durant la période Qing. Craignant d'être assimilés dans leur région d'origine, ils interdisent l'installation de membres d'autres ethnies en Mandchourie. Au début du XIXe siècle, la région n'est que peu peuplée.

    Construction du Transsibérien près d'Oussouri en 1895.

    En 1860, la convention de Pékin donne le contrôle du Primorié à la Russie. Les Russes commencent dès lors la colonisation de la région et créent de nombreuses villes. Les activités principales sont d'abord la chasse, la pêche et l'agriculture, auxquels viennent s'ajouter les mines de charbon.

    Après la révolution russe, le Primorié connait la guerre civile avec des combats opposant les bolcheviques de la république d'Extrême-Orient (1920-1922) aux armées blanches et aux troupes japonaises.

    Le kraï du Primorié est officiellement créé le par décret du Præsidium du Soviet suprême de l'URSS[3].

    Géographie

    Lever de soleil sur la mer du Japon depuis Slavianka, raïon de Khassan.

    Le Primorié s'étend sur une bande de 900 km de long entre le 42e et le 48e parallèle, soit aux mêmes latitudes que le sud de la France ou le nord de l'Italie par exemple, ou encore l'île de Hokkaido du Japon plus proche. Malgré sa situation côtière sur la mer du Japon, qui fait partie de l'océan Pacifique, le climat du Primorié est relativement froid pour ces latitudes. La température annuelle moyenne est de 5,5 °C dans le sud et de +1 °C dans le nord, soit 17 à 26 °C en juillet et -8 à -18 °C en janvier. La mer est gelée en hiver. Les précipitations annuelles sont comprises entre 600 et 850 mm et se concentrent sur l'été lorsque passent les typhons. Elles sont plus intenses près de la côte.

    La forêt couvre 80 % du territoire. Celui-ci est montagneux car il est occupé par la cordillère du Sikhote-Aline à une altitude moyenne de 500 mètres (point culminant : le mont Anik avec 1 933 m). Celle-ci est composée de plusieurs chainons parallèles dont le Partizansky (partisan), le Siny (bleu) et le Kholodny (froid). Il y a beaucoup de grottes karstiques dans le sud du Primorjé.

    La principale rivière est l'Oussouri qui prend sa source à proximité de la côte mais coule vers le nord sur 903 km avant de former la frontière avec la Chine et de rejoindre l'Amour. Les autres cours d'eau sont le fleuve Partizanskaïa, et les rivières Kievka, Arsenievka et Bikin ainsi qu'un petit fleuve côtier la Kamenka. Au sud-ouest, les plaines autour du grand lac Khanka (avec sa réserve naturelle du Khanka) sont la seule région de Russie où le riz est cultivé.

    Flore et faune

    Les forêts sauvages qui couvrent encore la majeure partie de la région sont majoritairement composées de feuillus, et sont peuplées par une grande faune variée.

    Parmi les régions de Russie, le Primorié est original à plus d'un titre pour sa flore et sa faune. La région est encore en grande partie recouverte par la forêt tempérée d'Extrême Orient avec une forte proportion de feuillus.

    L'une des particularités les plus remarquables de cette province réside dans la coexistence d'un nombre étonnant de carnivores, avec des espèces plutôt nordiques tels l'ours brun, le loup gris et le lynx boréal, ou encore le glouton et la zibeline, et des espèces d'origines plus méridionales qui se sont adaptées au climat tempéré à hivers longs et très froids de la région, telles l'ours noir d'Asie (il a un régime végétarien), le chat-léopard de Sibérie, la panthère de l'Amour et le tigre de Sibérie. Le tigre de Sibérie est le plus grand félin de la planète, et le kraï du Primorié est le principal bastion des populations subsistantes, faisant l'objet d'un vaste plan de restauration à l'échelle de presque tout le territoire. Le dhole autrefois bien présent semble avoir disparu de Russie depuis quelques décennies, mais sa présence est encore régulièrement signalée en Primorié où il pourrait être encore présent mais rare et en danger d'extinction, sans que cela ait pu être confirmé avec certitude[4]. Parmi les ongulés il y a des sangliers, des cerfs wapitis, des cerfs sika, des rennes (dans les montagnes), des orignaux, des chevreuils, des chevrotains porte-muscs et des gorals à longue queue. Parmi les oiseaux on peut citer le kétoupa de Blakiston, le canard mandarin, le harle de Chine, la cigogne noire, la cigogne orientale, la grue du Japon, la grue à cou blanc, la grue moine, le pygargue empereur (en hiver) et le vautour moine. Les rivières et les lacs sont peuplées de nombreux saumons du Pacifique et lenoks et par le taïmen de Sibérie, mais aussi par les « carpes asiatiques », le brochet de l'Amour, le poisson mandarin, Elopichthys bambusa, Channa argus et deux espèces de silures. L'esturgeon de l'Amour et le kaluga (béluga de Sibérie) sont plus menacés. La mer fournit surtout des crabes et du colin.

    Économie

    Le port de Nakhodka

    Le Primorié est la principale région économique de l'Extrême-Orient russe. La production de nourriture est le secteur le plus important, surtout à cause de la pêche avec des prises annuelles de deux millions de tonnes. Les autres grands secteurs sont la construction mécanique pour l'industrie de la pêche, la défense pour la production de bateaux et d'avions.

    L'industrie du bois est en récession mais fournit encore trois millions de m³ chaque année. Le Primorié est un grand producteur de charbon et d'électricité mais les coupures sont encore fréquentes. Les principales productions agricoles sont les céréales, le soja, les patates, les légumes, l'élevage de mouton et la production de fourrures.

    Au niveau des transports, Vladivostok est connectée au transsibérien. La ville possède un grand port qui est maintenant dépassé par celui de Nakhodka.

    Population et société

    Démographie

    Recensements et estimations de la population [5]:

    Évolution démographique
    1897 1959 1979 1992 2010
    223 3361 381 0181 977 7792 314 5311 981 970
    2013 2016 2020 2022 -
    1 947 2631 929 0081 895 3051 863 011-

    En 2010, 76 % de la population vivait en ville contre 67 % en 1959. La plupart des habitants vivent dans la moitié sud du kraï, le nord étant pratiquement inhabité. En 2020, on dénombre 1 895 300 habitants. La population dans le kraï devrait continuer à décroître, avec moins de 1,8 million d'habitants d'ici 2033[6].

    Début 2020, 1,46 million d'habitants vivaient en zone urbaine, contre 426 000 en milieux ruraux[6].

    Le taux de mortalité est passé de 7,1 ‰ en 1970 à 9,1 en 1990, 13,6 en 2000 et 14,3 en 2010[7]. L'espérance de vie des hommes à la naissance était de 56,8 ans en 2005 dans le Primorié contre 70,5 en Chine et 64,7 en Corée du Nord[8].

    Année Fécondité Fécondité urbaine Fécondité rurale
    19901,971,832,58
    19911,771,612,46
    19921,511,382,10
    19931,351,231,88
    19941,401,281,92
    19951,311,201,76
    19961,201,111,57
    19971,141,051,49
    19981,131,041,48
    19991,081,001,44
    20001,141,051,49
    20011,221,131,58
    20021,291,191,73
    20031,331,231,77
    20041,341,261,64
    20051,311,211,67
    20061,311,211,64
    20071,411,301,78
    20081,431,301,87
    20091,491,371,95
    20101,491,362,02
    20111,531,392,17
    20121,651,482,43
    20131,691,512,52
    20141,731,542,61
    20151,761,632,36
    20161,741,612,32
    20171,601,482,13

    Composition ethnique

    En 1959, il y avait 81 % de Russes, 13 % d'Ukrainiens et 1,2 % de Tatars[9]. En 2010, les trois principales ethnies sont les Russes (92,5 %), les Ukrainiens (2,8 %) et les Coréens (1 %). Les peuples autochtones parlent des langues toungouses comme les Mandchous. Ce sont les Oudéguéïs (793 personnes en 2010), les Nanaïs (383), les Tazs (253) et les Orotches (24).

    Principales villes

    Ville Nom russe habitants (recensement 2002)
    Vladivostok Владивосток 594 701
    Nakhodka Находка 177 133
    Oussouriisk Уссурийск 157 759
    Artiom Артём 101 833
    Arseniev Арсеньев 62 896
    Spassk-Dalni Спасск-Дальний 51 691
    Partizansk Партизанск 43 670
    Lessozavodsk Лесозаводск 42 185
    Dalnegorsk Дальнегорск 40 069
    Bolchoï Kamen Большой Камень 38 394
    Dalneretchensk Дальнереченск 30 092
    Fokino Фокино 26 457

    Littérature

    Références

    1. Irina S. Zhushchikhovskaya, « Pottery Making in Prehistoric Cultures of the Russian Far East », in Ceramics Before Farming: The Dispersal of Pottery Among Prehistoric Eurasian Hunter-Gatherers, Peter Jordan, Marek Zvelebil, Left Coast Press, 2009 - 589 pages.
    2. Kommersant : Primorye (Maritime) Territory, general information.
    3. « О регионе - Представительство МИД России в г.Владивостоке », sur vladivostok.mid.ru (consulté le )
    4. Newell, J. (2004). The Russian Far East: A Reference Guide for Conservation and Development. 2nd edition. McKinleyville: Daniel & Daniel.
    5. (ru) Service fédéral des statistiques de l'État, Population permanente de la fédération de russie par municipalités au 1er janvier 2022 (lire en ligne).
    6. « Численность населения Приморья перешагнула психологически важную отметку в 1,9 миллиона - PrimaMedia », sur primamedia.ru (consulté le ).
    7. Taux de mortalité : ,
    8. Espérance de vie : , ,
    9. Ethnies :
    10. Amélie Nothomb, « Métaphysique du feulement », sur Le Monde des livres, (consulté le )

    Voir aussi

    Articles connexes

    Liens externes

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