République de Novgorod
La république de Novgorod (en russe : Новгородская республика, Novgorodskaïa respoublika) est un puissant État de la Russie médiévale, centré sur la ville de Novgorod et qui s'étendait de la mer Baltique à l'Oural entre 1136 et 1478.
(ru) Новгородская республика
Statut | République |
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Capitale | Novgorod |
Langue(s) | Dialecte de Novgorod et vieux russe |
Religion | Orthodoxie |
Monnaie | Grivna (en) et Novgorodska (d) |
1136-1138 | Sviatoslav Olgovich |
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1462-1478 | Règne de Ivan III |
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Histoire
Formation et histoire de la république
Les désirs de Novgorod de se séparer de Kiev se sont manifestés dès le début du XIe siècle. Les boyards de Novgorod étaient les principaux tenants de cette séparation, avec le soutien de la population urbaine qui devait payer un tribut à Kiev et fournir des troupes pour les campagnes militaires.
Au début du XIIe siècle, Novgorod commence à inviter différents knyazs (ducs) à diriger la ville sans demander l'avis des grands princes de Kiev. En 1136, les boyards et les principaux marchands obtiennent l'indépendance politique. Des villes comme Staraïa Roussa, Staraïa Ladoga, Torjok ou Orechek se placent comme vassales de Novgorod.
Au milieu du XIIIe siècle, la ville de Pskov commence à revendiquer son indépendance. Novgorod doit la reconnaître au traité de Bolotovo (en), en 1348. Pskov devient alors également une république.
Cela n'empêche pas la république de Novgorod de s'étendre à l'est et au nord-est entre le XIIe et le XVe siècle.
Conquête de la péninsule de Kola
Au XIIe siècle, les Russes Pomors, venus des rives de la baie d'Onega et de la basse vallée de la Dvina septentrionale, découvrirent la péninsule de Kola, avec sa richesse en gibier et en poisson[1]. Les Pomors organisaient des campagnes de chasse et de pêche régulières et entreprirent du troc avec les Lapons[1]. Ils baptisèrent cette partie du littoral de la mer Blanche « côte de Tersky » ou Terre terskaïa[1].
Vers la fin du XIIe siècle, les chasseurs pomors avaient exploré toute la côte septentrionale de la péninsule jusqu'au Finnmark (au nord de la Norvège), poussant les Norvégiens à entretenir une flottille dans cette zone[1]. Les Pomors appelèrent ce littoral Mourman — corruption de Normands[1].
Les chasseurs Pomors furent bientôt rejoints par les collecteurs de tribut de la république de Novgorod, et c'est ainsi que la péninsule de Kola fut graduellement annexée à Novgorod[1]. Un traité passé en 1265 entre Iaroslav Iaroslavitch et Novgorod mentionne le « Volost de Tre » (волость Тре), qu'on retrouve cité jusqu'en 1471 dans les actes[1]. Hormis Tre, des documents de Novgorod datant des XIIIe – XVe siècles mentionnent le Volost de Kolo, frontalier de Tre, approximativement le long d'une ligne allant de l'île Kildine au cap de la péninsule de Tourii[1]. Ce volost de Kolo s'étendait à l'ouest de cette ligne, alors que celui de Tre était à l'est[1].
Conflit avec les Norvégiens
Dès le XIIIe siècle, la nécessité de formaliser la frontière entre la république de Novgorod et les pays scandinaves commençait à s'imposer[2] : les Russes de Novgorod, comme les Caréliens venus du sud, n'avaient-ils pas déjà atteint la côte de l'actuel raïon de Petchenga ainsi qu'une partie de la côte de Varangerfjord près de la Voryema[2] ? Or, les Lapons étaient soumis au paiement d'un tribut[2]. Les Norvégiens, de leur côté, essayaient eux aussi de prendre le contrôle de ces terres, déclenchant des conflits armés[2] : en 1251, une guerre entre les Caréliens, les Russes de Novgorod et les serfs du roi de Norvège s'achève par la création d'une mission de Novgorod auprès de la couronne de Norvège[2]. D'autre part, en 1251, un premier traité est ratifié par la Norvège à Novgorod à propos des terres lapones et de la collecte des impôts : les Sames devraient désormais payer tribut à la fois à Novgorod et à la Norvège[2]. Selon les termes du traité, les Russes de Novgorod peuvent percevoir tribut des Sames jusqu'au fjord de Lyngen à l'ouest, et les Norvégiens prélèvent un tribut sur tout le territoire de la péninsule de Kola à l'exception de la moitié orientale de la côte de Tersky[2] ; ce traité de 1251 ne définit pas d'autre frontière[2].
Il débouche sur une brève période de paix, mais dès 1271, les chroniques relatent des attaques de Russes de Novgorod et de Caréliens en Finnmark et dans le nord de la Norvège[2]. Elles se poursuivent jusqu'au XIVe siècle[2]. La frontière officielle entre Novgorod, la Suède et la Norvège est fixée seulement, le , au traité de Nöteborg[2], dont l'objectif principal est de régler la situation de l’isthme de Carélie et des rives nord du lac Ladoga[2].
L’autre traité médiéval important pour les frontières septentrionales est le traité de Novgorod signé avec la Norvège en 1326, qui met fin à des décennies de luttes au Finnmark[3]. Selon les termes de ce traité, la Norvège abandonne ses prétentions sur la péninsule de Kola[3], mais les Lapons sont toujours tenus de lui payer tribut, et cette pratique se poursuivit jusqu'en 1602[3]. Et si le traité de 1326 ne dessine pas les contours précis d'une frontière, du moins confirme-t-il les limites de 1323, qui sont à peu de chose près celles des cartes de 1920[3].
Chute
Tver, la Moscovie et la Lituanie ont essayé de s'emparer de la république depuis le XIVe siècle. Aussitôt nommé grand-prince de Vladimir, Mikhaïl de Tver envoie ses gouverneurs à Novgorod sans consultation préalable. Cet incident pousse la république à développer des liens plus proches avec Moscou durant le règne de Iouri III.
Alors que la Moscovie commence à s'agrandir, plusieurs de ses monarques, notamment Ivan Kalita et Simeon Gordy, essayent de limiter l'indépendance de la république. Un conflit éclate en 1397 lorsque la Moscovie annexe les terres situées le long de la Dvina septentrionale. Elles sont rendues à la république l'année suivante.
Le gouvernement de Novgorod et la plupart des boyards cherchent alors à s'allier avec le grand-duché de Lituanie pour faire obstacle à la montée en puissance de la Moscovie qui tente d'éliminer les divisions féodales de l'ancienne Rus'. Ce groupe de boyards est appelé le parti lituanien et est dirigé par Marfa Boretskaïa.
Sur l'initiative de ce parti, Boretskaïa se marie au prince lituanien Mikhaïl Olelkovitch (ru) et lui offre le gouvernement de la république. Une alliance est également conclue avec le grand-duc Casimir lui-même. Une grande partie de la population n'est toutefois pas d'accord avec cette alliance et des troubles éclatent.
Au XVe siècle, les Russes de Novgorod se mirent à établir des colonies permanentes à travers la péninsule de Kola[3]. Oumba et Varzouga, les plus anciennes de ces colonies russes, remontent à 1466[3]. Au fil du temps, toutes les régions côtières à l'ouest de la Pialitsa (ru) avaient fini par être colonisées, créant un territoire de population majoritairement russe[3]. Du point de vue administratif, ce territoire était divisé en deux volosts : ceux de Varzouga et d’Oumba, qui étaient administrés depuis la vallée de la Dvina septentrionale par un possadnik[3]. La république de Novgorod dut céder ces deux volosts à la grande-principauté de Moscou au terme de la bataille de la Chelon[3] en 1471, et la république elle-même cessa d'exister en 1478, l'année où Ivan III le Grand s'empara de la citadelle de Novgorod. Tous ses territoires, dont la péninsule de Kola, furent annexés par la grande-principauté de Moscou[3].
Organisation interne
L'assemblée populaire (vétché) est la plus haute autorité de la république. Elle comprend non seulement les membres de la population urbaine, mais également la population rurale libre. Cet organe a le pouvoir d'élire, parmi les boyards, le premier ministre (Possadnik), les commandants militaires (tys'atskys) et même l'archevêque depuis 1156.
L'archevêque est à la tête de l'exécutif et le propriétaire terrien le plus riche de Novgorod, possédant l'essentiel des terres et des richesses transférées par les princes de Kiev. Il est chargé du trésor et des relations extérieures. Les commerçants et les artisans participent également aux affaires politiques de la ville et ont leurs guildes appelées konchans, oulichans ou sotnyas.
Économie
L'économie de la république était principalement axée sur le commerce et l'agriculture. Celle-ci était fondée principalement sur le seigle et l'élevage, même si la chasse, l'apiculture et la pêche étaient également très répandues. Dans la plupart des cas, ces activités étaient combinées avec l'agriculture qui était pratiqué d'abord sur brûlis puis sur un assolement triennal après le XIIIe siècle. Des mines de fer étaient exploitées le long du golfe de Finlande, alors que Staraïa Roussa et d'autres villes étaient connues pour leurs salines. La culture du lin et du houblon avaient également une importance significative.
L'ensemble de ces produits étaient vendus sur les marchés et exportés vers d'autres villes russes ou même plus loin. Mais la principauté était surtout connue pour son commerce de fourrures, qui provenait de l'ensemble de son aire d'influence, des lacs Ladoga et Onega jusqu'à l'Oural. Novgorod étant la principale interface entre l'Europe et la Rus' de Kiev, la place des marchands était importante et ils commerçaient avec tout le bassin de la mer Baltique avec notamment des marchands suédois, allemands ou danois. La Ligue hanséatique n'autorisait toutefois pas les marchands de Novgorod à se rendre dans les ports européens sur leurs propres bateaux[citation nécessaire]. Les citoyens de Novgorod communiquaient entre eux par le biais de documents sur écorce de bouleau. Ces documents sont principalement des lettres privées ou des factures.
Plus de la moitié des terres détenues par des particuliers dans la république ont été concentrées dans les mains de trente à quarante familles de boyards au cours des XIVe et XVe siècles. Ces richesses permettaient d'assurer la suprématie politique des boyards. Le principal rival des boyards en termes de propriété terrienne était la Maison de sainte Sophie à Novgorod. Il s'agissait du plus grand établissement ecclésiastique de la république. Ses dépendances étaient placées dans les régions les plus développées.
Relations extérieures
La république de Novgorod doit lutter contre les agressions de la Suède et des chevaliers allemands. Durant les guerres novgorodo-suédoises, les Suédois ont envahi la Finlande, où une partie de la population payait auparavant le tribut à la république. Les Allemands ont eux essayé de conquérir la région de la Baltique depuis la fin du XIIe siècle. La république de Novgorod a ainsi mené vingt-six guerres contre la Suède et onze contre les chevaliers Porte-Glaive.
Prenant avantage des invasions mongoles, les chevaliers allemands désormais intégrés à l'Ordre Teutonique, alliés pour l'occasion avec les Danois et les Suédois, ont accru leurs activités militaires en 1240, transférant leurs opérations sur le territoire de la république. Toutefois, ceux-ci perdent la bataille de la Neva en 1240, et la bataille du lac Peïpous en 1242.
Le , la Suède et la république signent le traité de Nöteborg réglant la question de leurs frontières. Cela a été la première fois qu'une frontière précise est établie entre ce qui allait devenir la Russie et le royaume de Suède.
Si la république a réussi à échapper aux invasions mongoles et à proclamer son indépendance vis-à-vis de la Horde d'or, elle a tout de même dû leur payer un tribut. Au XIVe siècle, les raids des pirates de Novgorod vont en revanche contribuer à la stagnation économique, puis à la chute, de la Horde d'Or.
Bibliographie
- Philippe Frison et Olga Sevastyanova, ouvrage collectif, Novgorod ou la Russie oubliée : une république commerçante, XIIe – XVe siècles, Charenton-le-Pont, Virginie Symaniec éditrice, Le Ver à Soie, , 461 p. (ISBN 979-10-92364-15-6).
Articles connexes
- Codex de Novgorod
- Documents sur écorce de bouleau (dont ceux de la région de Novgorod)
- Inscriptions novgorodiennes sur écorce de bouleau
- Dialecte de l'ancien Novgorod (it)
- Onfim
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Novgorod Republic » (voir la liste des auteurs).
- Administrative-Territorial Divisions of Murmansk Oblast, p. 16
- Administrative-Territorial Divisions of Murmansk Oblast, p. 17
- Administrative-Territorial Divisions of Murmansk Oblast, p. 18
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