Prix Nobel de la paix 2012

Le prix Nobel de la paix 2012 est attribué à l'Union européenne, en tant que personne morale, pour l'ensemble de ses actions en faveur « de la paix et de la réconciliation, la démocratie et les droits de l'homme en Europe[1] », de la fondation de la CECA en 1952, à l'extension de la CEE, puis de l'UE, de 6 à 28 États membres.

« L'Union européenne et ses prédécesseurs ont, au cours de ces six dernières décennies, contribué à promouvoir la paix, la réconciliation, la démocratie et les droits de l'homme en Europe. »

Prix Nobel de la paix 2012

Le prix exposé au Parlement européen à Bruxelles.

Prix remis Prix Nobel de la paix
Description « la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix. »
Organisateur Comité Nobel
Pays Norvège
Date de création 1901
Site officiel (en)(no) www.nobelprize.org

 Déclaration du Comité Nobel[1]

La décision annoncée par le comité Nobel norvégien, le , met en avant la réconciliation franco-allemande ; deux des membres fondateurs de la CECA et de la CEE ; amorcée après la Seconde Guerre mondiale et le rôle de la CEE dans les transitions démocratiques engagées en Grèce, en Espagne et au Portugal (dans les années 1980), en Europe de l'Est et en Europe centrale, dans les Balkans et en Turquie, et ce, afin d'être en conformité avec les critères d'adhésions de l'UE[1],[Note 1].

Déroulement

Cérémonie de remise du prix à Oslo.

Pour le prix 2012, le comité Nobel réuni à Oslo en Norvège, au Centre Nobel de la paix, a reçu 231 candidatures valides[2] ; 43 étaient des candidatures d'organisations nationales ou internationale et 188 personnes étaient des personnes seules, en groupe ou représentant des organisations. Suivant le processus de désignation, les dernières candidatures ont été enregistrées fin février, la décision a été prise entre avril et août et publiquement annoncée le [3].

Les cinq membres du comité ont été nommés par le Parlement norvégien (Storting), avec pour président, Thorbjørn Jagland, membre du parti travailliste norvégien et secrétaire général du Conseil de l'Europe. Les autres membres ont été choisis pour représenter la diversité politique du Storting[3].

Récompense

La cérémonie de remise du prix s'est tenue le en présence du roi de Norvège Harald V et de la famille royale, des présidents de la Commission européenne (José Manuel Durão Barroso), du Conseil européen (Herman Van Rompuy) et du Parlement européen (Martin Schulz) et d'une vingtaine de chefs d'État et de gouvernement européens[3],[4].

La somme de 8 millions de couronnes (environ 900 000 euros) reçue en récompense par l'Union européenne a été investie en totalité dans une initiative finançant des projets humanitaires ciblant les enfants des régions affectées par les conflits, en leur offrant un accès à l’école. Le financement du projet appelé « initiative des Enfants de la Paix de l'UE » s'élève à près de 24 millions d'euros en 2015 et a permis à 1,5 million d'enfants de bénéficier d'une aide dans 26 pays différents[5].

Réactions

Le prix présenté au public lors de l'exposition universelle de Milan en 2015.

Réactions officielles

Organisations internationales
  • ONU : Le Secrétaire général, Ban Ki-moon, a salué la décision dans un communiqué et a souligné le rôle de l'Union européenne pour aider à construire la paix, promouvoir droits de l'homme et soutenir le développement économique et social à travers le monde. Il a qualifié la récompense de « reconnaissance richement méritée de ses réalisations et de son importance en Europe et dans le monde »[7].
  • OTAN : Le secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen, a expliqué dans un communiqué que l'« UE a joué un rôle majeur pour cicatriser les blessures de l'Histoire et promouvoir la paix, la réconciliation et la coopération dans toute l'Europe »[8].
Pays membres de l'Union européenne
  • Autriche : Le président, Heinz Fischer, a déclaré que le prix était « une grande nouvelle pour l'Europe », ajoutant que « nous avions toujours considéré l'Europe unie comme un projet de paix, et la grande reconnaissance de cette idée par le comité du prix Nobel nous donnait la confiance et le courage de continuer à travailler sur le projet européen de paix »[11].
  • Belgique : Le Premier ministre, Elio Di Rupo, a déclaré que « ce choix montrait que le projet européen continuait d'inspirer le Monde d'aujourd'hui » et qu'il était « un exemple pour le monde d'un dialogue pacifique et de la prévention des conflits »[12].
  • Croatie : La ministre des Affaires étrangères, Vesna Pusić, a salué l'UE pour son rôle dans le maintien « d'une paix durable dans une région qui a eu des guerres presque continuellement depuis des siècles ».
  • Danemark : Le ministre pour l'Europe, Nicolai Wammen, a déclaré que l'attribution du prix était « pleinement méritée, parce que l'UE a été un projet de paix depuis le début La coopération européenne »[13].
  • Espagne : Le Premier ministre, Mariano Rajoy, a déclaré que le prix était « une excellente nouvelle », ajoutant que l'UE servait de stimulant pour la poursuite de la consolidation des politiques économiques et monétaires en Europe[14].
  • Finlande : Le président, Sauli Niinistö, a déclaré que le prix était « une reconnaissance magnifique pour l'UE, qui a travaillé dur pour la paix et apporté les vertus de la tradition européenne au monde extérieur ». Le Premier ministre, Jyrki Katainen, a déclaré qu'« il y avait toutes les raisons d'être heureux que nous puissions participer à l'intégration, à la construction de la stabilité et au renforcement du projet de paix européen ».
  • France : Le président, François Hollande, a déclaré que le prix était un « grand honneur », ajoutant que « grâce à ce prix, chaque Européen pouvait se sentir fier d'être un membre d'une union qui a été capable de faire la paix entre les peuples qui pendant longtemps se sont affrontés et de construire une communauté fondée sur des valeurs de démocratie, de liberté et de solidarité »[8]. Les anciens présidents Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac ont également salué « l'œuvre immense de plusieurs générations de femmes et d'hommes qui ont su bâtir un continent de paix et de concorde après tant de siècles d'affrontements »[8].
  • Italie : Le président du Conseil, Mario Monti, a salué la décision et a déclaré que l'expérience de l'UE « suscitait un intérêt grandissant dans d'autres régions du monde, était citée comme exemple et souvent admirée et imitée »[8].
  • Irlande : Le Tánaiste (et ministre des Affaires étrangères et du commerce), Eamon Gilmore, a « accueilli chaleureusement » la décision, affirmant que « l'UE avait été processus de paix le plus réussi »[16].
  • Luxembourg : Le Premier ministre, Jean-Claude Juncker, a précisé qu'« il était parfois utile d'obtenir une telle reconnaissance de l'extérieur afin de se rappeler pourquoi nous sommes considérés comme un modèle pour les autres »[17].
  • Pays-Bas : Le Premier ministre, Mark Rutte, a déclaré que le prix était une «grande reconnaissance du rôle majeur historique de l'Union européenne a joué dans la paix, la sécurité et la démocratie[18].
  • Pologne : Le ministre des Affaires étrangères, Radosław Sikorski, a publié une déclaration disant que « le prix Nobel de la paix signifiait que l'intégration européenne était une garantie de paix dans la région »[19].
  • République tchèque : Le président, Václav Klaus, a qualifié la décision de « grave erreur », ajoutant que ce serait logique, si le prix était remis à une personne à la place d'une organisation. Selon ses déclarations, « le fait de l'attribuer à une institution bureaucratique en faisait un prix vide »[20].
  • Royaume-Uni : Le gouvernement britannique a publié une déclaration, reconnaissant que « le prix reconnaissait le rôle historique de l'UE dans la promotion de la paix et de la réconciliation en Europe, notamment à travers son élargissement à l'Europe centrale et orientale »[21].
  • Slovénie : Le président, Danilo Türk, a déclaré que le prix était mérité parce que l'UE était le « projet de paix le plus réussi dans l'histoire de l'humanité ». Le président du gouvernement, Janez Janša, a déclaré que « la paix était l'un des éléments fondateurs de l'UE » et que ce prix était un rappel de la paix en tant que valeur commune[22].
Pays candidats à l'adhésion à l'Union européenne
  • Albanie : Le ministre des Affaires étrangères de l'Albanie, Edmond Panariti, a déclaré que la reconnaissance à Oslo était une « grande responsabilité qui devrait encourager la volonté d'élargissement ».
  • Kosovo : Le ministre des Affaires étrangères, Enver Hoxhaj, a déclaré que « l'attribution du prix Nobel de la paix à l'UE nous rendait fiers et nous motivait à poursuivre les réformes afin que le Kosovo devienne membre de l'Union ».
  • Macédoine : Le président, Gjorge Ivanov, a déclaré que le prix a récompensé le projet de « peuples fédérateurs dans leurs efforts mutuels pour la liberté, la solidarité et la prospérité ».
  • Monténégro : Le ministre des Affaires étrangères, Nebojša Kaludjerović, a déclaré que « l'idée d'unir les pays européens avec toutes leurs différences était la meilleure preuve que l'UE était digne de ce prix ».
Autres pays
  • Norvège : Le Premier ministre, Jens Stoltenberg, a félicité l'UE pour son prix, tout en excluant de nouveau une adhésion de son pays. « Il est possible de féliciter l'UE pour ce prix de la paix, de reconnaître son rôle de faiseur de paix et de distinguer cela de la question de la relation de la Norvège avec l'UE. »[8].

Réactions des citoyens européens

Une enquête statistiques (étude Eurobaromètre de ) menée sur un panel de 25 600 citoyens européens issus des 27 États membres, pour le compte de la Commission européenne traite spécifiquement du sujet[23]. L'étude montre qu'une majorité des personnes interrogées est informée de la distinction reçue par l'UE pour son action en faveur de la paix et de la démocratie (72 %), avec des disparités selon les États membres et le mode d'information par lequel ils l'ont appris. D'une manière générale, les citoyens sont d'accord avec le fait d'attribuer le prix Nobel de la Paix à l'UE (20 % tout à fait d'accord et 39 % plutôt d'accord, 32 % pas d'accord) ; idem en ce qui concerne le fait que « la paix et la démocratie soient les plus grandes réussites de l'UE » (36 % tout à fait d'accord et 39 % plutôt d'accord, 22 % pas d'accord)[23]. Les réactions des citoyens véhiculées dans les médias sont partagées et font ressortir des éléments du contexte économique et social des différents pays (crise de la dette dans la zone euro, crise économique mondiale, etc.). Le comité Nobel ajoute dans sa déclaration que « l'UE traverse de graves difficultés économiques et des troubles sociaux considérables »[24].

Notes et références

Notes

  1. Le traité sur l'Union européenne précise à l'article 2 : « L'Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d'égalité, de l'État de droit, ainsi que de respect des droits de l'homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités. Ces valeurs sont communes aux États membres dans une société caractérisée par le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l'égalité entre les femmes et les hommes. » Tout État souhaitant intégrer l'UE se doit ainsi de respecter ces valeurs de démocratie et de respect des droits de l'homme.

Références

  1. (en) « The Nobel Peace Prize 2012 to the European Union », sur nobelprize.org, (consulté le ).
  2. « Quelque 231 propositions pour le prix Nobel de la Paix 2012 », sur le site de L'Obs (consulté le ).
  3. (en) « Nomination and Selection of Nobel Peace Prize Laureates », sur nobelprize.org (consulté le ).
  4. « Dans la tourmente, l'Europe reçoit le prix Nobel de la paix », sur le site du Monde (consulté le ).
  5. « Les Enfants de la Paix de l’UE : Éduquer les enfants en zones de conflit », sur le site de la Commission européenne, (consulté le ).
  6. « L'Union européenne Prix Nobel de la paix », sur le site du JDD, (consulté le ).
  7. (en) « United Nations Secretary-General Ban Ki-moon », sur le site du secrétariat des Nations unies, (consulté le ).
  8. « La réconciliation est l'essence même de l'UE », sur le site du Monde, (consulté le ).
  9. (de) « Gauck gratuliert EU zu Nobelpreis », sur le site de Die Welt, (consulté le ).
  10. (en) « Reaction as EU wins Peace Prize », sur le site de Reuters, (consulté le ).
  11. (de) « Nobelpreis ist Ehre für alle EU-Bürger », sur le site du Wiener Zeitung, (consulté le ).
  12. « Fier, Di Rupo rappelle que la Belgique fut fondatrice de l'UE », sur le site 7sur7, (consulté le ).
  13. (da) « Det siger de om Nobels fredspris 2012 », sur le site du Nordjyske Stiftstidende, (consulté le ).
  14. (en) « European Union wins Nobel Peace Prize », sur le site Fox News Latino, (consulté le )..
  15. (hu) « Az EU-nak ítélt békedíj egy eszmének kijáró elismerés », sur le site Inforadio, (consulté le ).
  16. (en) « Gilmore welcomes EU's Nobel prize », sur le site du Irish Times, (consulté le ).
  17. L'essentiel, « Pour Juncker, c est une bonne décision », sur le site de L'essentiel, (consulté le ).
  18. (en) « Politicians pleased with Nobel peace prize for Europe, except Wilders », sur le siteDutchNews, (consulté le ).
  19. (en) « Poland congratulates EU, and itself, on Nobel Peace Prize », sur le site Polskie Radio dla Zagranicy, (consulté le ).
  20. (cs) « Nobelova cena pro EU je tragický omyl, øekl Klaus », sur le site iDNES, (consulté le ).
  21. (en) « Award of the Nobel Peace Prize to the European Union », sur le site du gouvernement britannique, (consulté le ).
  22. (sl) « Nobelova nagrada je šla v prave roke, EU je najuspešnejši mirovni projekt v zgodovini », sur le site 24ur, (consulté le ).
  23. « Étude Eurobaromètre sur les Européens et le prix Nobel attribué à l'UE » [PDF], sur l'Eurobaromètre, (consulté le ).
  24. Jean-Jacques Mevel, « Prix Nobel de la paix : un encouragement à l'Europe », sur le site du Figaro (consulté le ).

Compléments

Bibliographie

  • Dominique Reynié, L'opinion européenne en 2013, Lignes de repères, , 167 p. (ISBN 978-2-915752-99-1)
  • George Chabert, L'idée européenne entre guerres et culture : de la confrontation à l'union, Bruxelles, Peter Lang, , 310 p. (ISBN 978-90-5201-076-2, lire en ligne)
  • (en) Ronald L Holzhacker et Paul Luif, Freedom, Security and Justice in the European Union : Internal and External Dimensions of Increased Cooperation after the Lisbon Treaty, New York, Springer Science & Business Media, , 146 p. (ISBN 978-1-4614-7879-9, lire en ligne), p. 146

Articles connexes

Liens externes

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