Prix Charles-Veillon
Le prix international Charles-Veillon est un prix littéraire suisse créé par le mécène Charles Veillon et décerné à Lausanne, Zurich ou Lugano, de 1948 à 1971.
Après avoir été remis d’abord à un roman en français puis parallèlement en italien et en français, le prix a été remis chaque année, à compter de 1954, à un roman dans chacun des trois domaines linguistiques, présents en Suisse, suivants : le français, l'allemand et l'italien[1]. Le prix Veillon souhaitait ainsi contribuer à la réconciliation de l’Europe par la culture.
Le prix n’est plus remis après la mort de Charles Veillon en 1971.
Parmi les lauréats du prix, on compte notamment Italo Calvino, Giorgio Bassani, Natalia Ginzburg, Heinrich Böll, Alexandre Vialatte ou encore Max Frisch.
Cet article concerne le prix remis à un roman. Pour le prix décerné à un essai (depuis 1975), voir Prix européen de l'essai Charles-Veillon.
Historique
Le prix est créé en 1948 par Charles Veillon lui-même.
En général, les romans retenus pour le prix Veillon étaient sélectionnés sur manuscrit dans l’année qui précédait l’attribution du prix.
En 1948 à Lausanne, le prix est décerné à l’écrivain Pierre Gamarra sous l’intitulé « prix international Charles-Veillon ». Il est attribué au roman La Maison de feu[2] par un jury constitué d’éminents écrivains suisses, belges et français, sous la présidence d'André Chamson[3]. Le jury de 1948, réuni à La Tour-de-Peilz, était composé par Léon Bopp, Maurice Zermatten, Charles Guyot, Franz Hellens, Robert Vivier, Louis Martin-Chauffier, Louis Guilloux et Vercors[4].
À partir de 1949, le prix devient le « prix Charles-Veillon de langue française » (1949-1971). Puis, sous le nom de « Premio Charles Veillon di lingua italiana », le prix est aussi décerné chaque année à un roman de langue italienne et, à compter de 1954, à un roman en allemand également, sous le nom d'« Ausgezeichneten Werke in deutscher Sprache ». Les trois entités constituent alors le prix international proprement dit.
En 1967, pour les vingt ans du prix, il est également remis à un écrivain de langue romanche, Tista Murk pour l’ensemble de son œuvre[5],[6].
Le prix cesse d’être décerné après 1971, année de la mort du mécène. Il est repris en esprit par le prix européen de l’essai, remis par la Fondation Veillon à partir de 1975.
Administration
Le philologue suisse Karl Schmid est l’un des administrateurs du prix à Zürich, de 1954 à 1971[7].
Lauréats en langue française
- 1948 : Pierre Gamarra La Maison de feu[n 1]
- 1949 : Bert Huyber Jozefa des Flamands
- 1950 : Alexandre Vialatte Les Fruits du Congo [n 2]
- 1951 : Charles-François Landry
- 1952 : Pierre Moinot Armes et bagages
- 1953 : Marie Mauron Le Royaume errant
- 1954 : Camara Laye L'Enfant noir, Librairie Plon [n 3]
- 1955 : Pernette Chaponnière Toi que nous aimions
- 1957 : Jean-Pierre Monnier La Clarté de la nuit
- 1958 : Alfred Kern Le Clown[n 4],[8]
- 1959 : Maud Frère La Grenouille
- 1960 : Anna Langfus Le Sel et le Soufre
- 1965 : Édouard Glissant[9] Le Quatrième siècle
- 1966 : Georges Piroué[10]
- 1967 : Anne Perry[n 5] Un petit cheval et une voiture[11],[n 6]
- 1968 : Michel Planchon Les Amants de Saint-Guénolé
- 1969 : Suzanne Deriex L’Enfant et la Mort
- 1970 : Paul Zumthor
- 1971 : Marilène Clément
Lauréats en langue allemande
- 1954 : Hertha Trappe
- 1955 : Carola Lepping (de) Bela reist am Abend ab
- 1956 : Franz Tumler (de) Der Schritt hinüber
- 1957 : Johannes Urzidil Die verlorene Geliebte[n 7]
- 1958 : Max Frisch[12]
- 1959 : Otto F. Walter
- 1960 : Heinrich Böll Billard um Halbzehn
- 1962 : Peter Weiss Fluchtpunkt
- 1964 : Hugo Loetscher
- 1965 : Johannes Bobrowski
- 1966 : Barbara König (de) Die Personenperson [n 8]
- 1967 : Jörg Steiner
- 1969 : Hans Günther Adler
- 1970 : Wolfgang Georg Fischer
- 1971 : Jurek Becker Jakob le menteur [n 9]
Lauréats en langue italienne
- 1952 : Natalia Levi (Natalia Ginzburg), Tutti i nostri ieri[13]
- 1954 : Giovanni Bonalumi (it) Gli ostaggi – ex æquo[14] avec Lalla Romano, Maria[n 10]
- 1955 : Giuseppe Cassieri (it), Dove abita il prossimo[15]
- 1956 : Giorgio Bassani, Gli ultimi anni di Clelia Trotti (it)
- 1958 : Anna Banti, La monaca di Sciangai
- 1959 : Nino Palumbo (it), Il giornale
- 1960 : Saverio Strati, Tibi e tàascia
- 1961 : Vasco Pratolini, Lo Scialo
- 1962 : Enrico Emanuelli, Settimana nera
- 1963 : Italo Calvino, La Journée d'un scrutateur
- 1964 : Giovanni Orelli, L’Anno della valanga[16]
- 1965 : Piero Chiara, Con la faccia per terra
- 1966 : Carla Vasio (it), L'orizzonte
- 1967 : Alberto Vigevani, Un certo Ramondès
- 1969 : Piero Scanziani (it), Libro bianco
- 1970 : Mario Monti (it), Acqua
- 1971 : Sergio Antonielli (it), Oppure niente
Notes
- La Maison de feu est coédité par les Éditions de la Baconnière (Neuchâtel) et les Éditions de Minuit. L’édition originale du roman contient un frontispice de Géa Augsbourg.
- Les Fruits du Congo : le prix est décerné sur manuscrit ; le roman sera publié en 1951.
- L’Enfant noir est paru en 1953.
- Le Clown est paru en 1957.
- Anne Perry changera son nom de plume en Anne Perry-Bouquet par la suite.
- Un petit cheval et une voiture est paru en 1966.
- Johannes Urzidil : La Bien-aimée perdue, traduction française parue en 1990.
- Le roman de Barbara König est publié en 1965.
- Le roman de Jurek Becker est publié en 1969.
- Maria est paru en 1953.
Références
- « Charles Veillon » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
- La Maison de feu : réédition chez De Borée (2014) (ISBN 9782812911491) ; présentation en ligne
- « 1948 : Pierre Gamarra reçoit le Prix Charles-Veillon », Les Amis de Pierre Gamarra, (lire en ligne, consulté le )
- Simone Hauert, revue Annabelle, 8e année, no 85, (Lausanne), p. 45.
Voir également sur le jury du prix Veillon 1948, Le Confédéré, (Martigny) no 59, , p. 2. (Lire en ligne).
Le roman de Pierre Gamarra y est mentionné sous le titre La Tour de feu (sic). - Tista Murk, sur Bibliomedia (de)
- « Tista Murk » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
- « Karl Schmid » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
- La remise du prix à Alfred Kern est évoquée dans le Bulletin de Supplément à la Nouvelle N.R.F. Juin 1958 no 66, p. 6 : « Échos et projets ».
- Interview de l'auteur Edouard Glissant à la Télévision Suisse au moment de la remise du prix Veillon
- Article Georges Piroué sur Bibliomedia
- Maurice Zermatten : « Le vingtième Prix Veillon : Un petit cheval et une voiture » « Copie archivée » (version du 20 octobre 2013 sur l'Internet Archive), Feuille d’Avis du Valais et Journal de Sion, du 13 mai 1967, p. 13.[PDF]
- Article sur le prix Veillon reçu par Max Frisch, sur le site des Archives de l’écrivain. « Copie archivée » (version du 3 mars 2016 sur l'Internet Archive)(en)
- Article sur Natalia Levi dans l’encyclopédieTreccani(it)
- Giuseppe Bonalumi, interview sur Feux croisés (Revue de presse suisse) sur le site Culturactif.
- Fiche de Dove abita il prossimo aux Archives vaudoises
- Giovanni Orelli : le prix est attribué sur manuscrit, le roman est publié en 1965. Archives littéraires suisses : histoire du livre
Ressources externes
- Fonds : Prix Charles Veillon (1949-1971) [0.33 mètre linéaire]. Cote : CH-000053-1 PP 318. Archives cantonales vaudoises (présentation en ligne).
- Fondation Charles Veillon : page de présentation de Charles Veillon
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