Prolétaires armés pour le communisme
Les Prolétaires armés pour le communisme (PAC, italien : Proletari Armati per il Comunismo) est un groupe italien d'extrême gauche actif à la fin des années 1970 et à l'origine de plusieurs attentats et assassinats durant les années de plomb. Il est classé comme groupe terroriste par les autorités italiennes[1],[2],[3].
Pour les articles homonymes, voir PAC.
Proletari armati per il comunismo PAC | |
Idéologie | Opéraiste |
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Objectifs | Illégalisme, autonomie ouvrière, révolution prolétarienne, propagande par le fait |
Statut | Inactif |
Fondation | |
Date de formation | 1976 |
Pays d'origine | Italie |
Fondé par | Pietro Mutti |
Actions | |
Victimes (morts, blessés) | 4 |
Zone d'opération | Italie |
Organisation | |
Chefs principaux | Sebastiano Masala Arrigo Cavallina Giuseppe Memeo Pietro Mutti Diego Giacomin |
Membres | ~ 60 |
Financement | Braquage |
Historique
Fondé en 1976, dissous en 1979[4], c'était un des nombreux groupes armés issus de l'opéraïsme italien (Autonomia Operaia). Contrairement aux Brigades rouges, il s'agissait d'une entité peu structurée, à organisation dite « horizontale ». Selon cette organisation, chaque noyau pouvait se constituer indépendamment, mener des actions indépendantes et les revendiquer en tant que PAC.
La plupart des membres étaient de jeunes ouvriers, venaient ensuite les chômeurs et les enseignants ; les enquêtes policières sur les PAC dénombrèrent au moins soixante personnes[5],[4], en Lombardie et Vénétie.
Les dirigeants étaient Sebastiano Masala, Arrigo Cavallina (it) (considéré comme l’idéologue[4]), Giuseppe Memeo, Pietro Mutti (cofondateur). Un autre chef fut Diego Giacomin (chef de l’aile vénitienne[4]). Cesare Battisti fut l'un de ses membres les plus connus : il indique dans sa biographie avoir fait partie du mouvement de 1977 à 1978[6].
Actions
Autonomie ouvrière italienne
Les principes de l'Autonomie ouvrière italienne étaient que l'ensemble des ouvriers et autres travailleurs du bas de l'échelle constituait un corps social non représenté politiquement et exploité par les classes dirigeantes, et qu'il fallait organiser une sorte de « contre-pouvoir » basée sur la démocratie directe, l'auto-organisation. Dans ce contexte, ils n'hésitaient pas à définir leur propre « légalité » pour justifier leurs actions pouvant aller jusqu'à la violence[7].
Actions des PAC
Les premières actions sont des appuis aux revendications ouvrières comme l'attaque où ils ont blessé le médecin de l'INAM Diego Fava, et le sabotage à l'établissement Alfa Romeo de Milan. Mais sur l'ensemble, les PAC ont commis des braquages (au moins une soixantaine) ; ce qu'ils appelaient « illégalité diffuse » : des « expropriations » (banques, supermarchés), des représailles contre les entreprises qui organisaient du travail au noir ou ceux qui maltraitaient des détenus, ou ceux qui pratiquaient l'auto-défense[8]. Leurs actions allaient rarement jusqu'à blesser ou tuer, malgré quatre exceptions notables : quatre meurtres ont été revendiqués par les PAC. Ces meurtres étaient commis par mesure de « rétorsion ».
Les quatre homicides
- Le à Udine : Antonio Santoro, gardien de prison. Il était accusé d'avoir malmené un détenu membre des PAC[9].
- Le à Milan : le bijoutier Pierluigi Torregiani devant sa bijouterie.
Torregiani avait tué, le , avec une personne de sa connaissance elle aussi armée, un des deux braqueurs (Orazio Daidone) qui avaient pris d'assaut le restaurant Il Transatlantico où il dînait en compagnie de plusieurs personnes. Un client, Vincenzo Consoli, mourut dans la fusillade, un autre fut blessé[5],[4].
Lors de la fusillade contre Torregiani, une balle perdue tirée par lui-même atteint son fils adoptif Alberto (treize ans) qui resta paraplégique. Les quatre tireurs, Gabriele Grimaldi, Giuseppe Memeo, Sebastiano Masala et Sante Fatone, ont été identifiés et condamnés en 1981[10],[4].
- Le (le même jour) à Caltana Santa Maria de Sala (petite ville de Vénétie, près de Mestre) : le boucher Lino Sabbadin, membre du parti néofasciste MSI, fut tué par Pietro Mutti et Diego Giacomin[10],[11].
- Le à Milan : Andrea Campagna, policier, a été tué par un couple inconnu. Il avait participé à l'enquête sur le bijoutier de Milan[9], et était accusé par les PAC d'avoir torturé des prisonniers.
Torregiani et Sabbadin étaient des personnes qui, au cours d'un braquage, s'étaient défendues ou avaient tué leurs agresseurs. Les deux assassinats avaient été organisés le même jour et revendiqués ensemble pour rendre plus spectaculaire la leçon que les PAC voulaient donner à ceux qui « auraient dû laisser agir les prolétaires contraints à voler pour survivre »[9].
À partir de 1982, à la suite de l'arrestation de Pietro Mutti, Cesare Battisti est impliqué dans l'enquête sur les meurtres de Santoro et Campagna (et de Torregiani et Sabbadin en tant que complice). Il est condamné par contumace en 1988, puis 1993, mais il nie sa participation. Au nom d'Interpol, il a été arrêté en Bolivie en 2019, et il est arrivé en Italie le [12],[13].
Bibliographie
Par ordre chronologique.
Ouvrages
- (it) Laura Grimaldi, Processo all’istruttoria, Milano Libri, s.l., 1981
- Comité lyonnais de soutien à Cesare Battisti (collectif), Cesare Battisti face au marchandage, Jean-Paul Rocher, Lyon, 2 septembre 2004, 88 p. (ISBN 2-911361-69-5)
- (it) Arrigo Cavallina, La Piccola Tenda d'Azzurro, s.l., avril 2005
- Cesare Battisti (Préface de Bernard-Henri Lévy, postface de Fred Vargas), Ma Cavale, Grasset/Rivages, France, 27 avril 2006, 376 p. (ISBN 2-246-70851-6) [présentation en ligne]
Articles de presse
- Hugues Le Paige, « Autour de l’affaire Battisti L'imposture intellectuelle » [lire en ligne], dans Politique, s.l., mensuel, juin 2004
- Armando Spataro, Procureur adjoint de Milan (propos recueillis par la correspondante à Rome Vanja Luksic, traduction ?), « La culpabilité de Battisti repose sur des preuves » [lire en ligne], dans L'Express, s.l. [présentation en ligne], 15 mars 2004
- Fred Vargas, « Et si Battisti était vraiment innocent ? » [présentation en ligne] [lire en ligne], dans édition du 14 novembre 2004Le Monde, s.l., quotidien, 13 novembre 2004
- Fred Vargas, « Cesare Battisti : À la recherche de la justice perdue » [lire en ligne], dans La Règle du Jeu, s.l., no 30, janvier 2006
Notes et références
- Texte de la condamnation des membres du groupe par la Seconde cour d'appel de Milan, 1993.
- Lettre du Président Giorgio Napolitano.
- Voir pour exemple cet entretien avec le procureur adjoint de Milan, qui a participé au procès de Cesare Battisti :« La culpabilité de Battisti repose sur des preuves », L'Express, 15 mars 2004.
- Fred Vargas, « Cesare Battisti : À la recherche de la justice perdue », La Règle du Jeu, no 30, janvier 2006.
- Valerio Evangelisti, Valerio Evangelisti répond à 50 questions [lire en ligne].
- Cesare Battisti, Ma Cavale.
- Valerio Evangelisti, « Qu'est-ce que l'Autonomie ouvrière » dans Comité lyonnais de soutien à Cesare Battisti (collectif), Cesare Battisti face au marchandage, p. 44.
- Hugues Le Paige, « Autour de l’affaire Battisti. L'imposture intellectuelle », dans Politique, juin 2004 [lire en ligne].
- Armando Spataro, « La culpabilité de Battisti repose sur des preuves » dans L'Express, 15 mars 2004 [lire en ligne].
- Fred Vargas, « Et si Battisti était vraiment innocent ? » dans Le Monde, 13 novembre 2004 [lire en ligne].
- Gilda Piersanti, « Cara Fred, (lettre ouverte à Fred Vargas sur l'affaire Battisti) », dans Le Mague, 2 juin 2004 [lire en ligne].
- Cesare Battisti is finally back in an Italian prison, nearly 40 years after he escaped, 14 janvier 2019, The Local.
- (no) No er det truleg slutt for Cesare Battisti(.) Cesare Battisti (64), som har vore på flukt frå italiensk politi i over 37 år, er arrestert i Bolivia. I Italia ventar ein livstidsdom for fire politisk motiverte drap.
(en) Now it is likely over for Cesare Battisti(.) Cesare Battisti (64), who has been on the run from Italian police, for over 37 years, has been arrested in Bolivia. A life-sentence waits in Italy, for 4 politically motivated murders., 13 janvier 2019, NRK.
Liens externes
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