Prosper Giquel
Prosper Marie Giquel ( à Lorient[1] – à Cannes ), parfois écrit Gicquel, était un officier naval français[2] qui a joué un rôle important dans la modernisation de la Chine du XIXe siècle, voyant toutefois à la fin de sa vie une grande partie de ses efforts détruits par la guerre franco-chinoise. Il utilisait le nom chinois de 日意格 (EFEO Jeu-Yikö, Pinyin Ri Yige).
Naissance | |
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Décès |
(à 50 ans) Cannes |
Nom de naissance |
Prosper Marie Giquel |
Nationalité | |
Activité |
Officier de marine |
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Carrière
Prosper Giquel arrive en Chine en 1857 avec les forces militaires de la seconde guerre de l'opium. Détaché dans un service à terre à Canton, il profite de l'occasion pour se lancer dans l'étude du chinois[3]. Au bout de 18 mois, il parvient à une maîtrise suffisante pour tenir une conversation, et pouvoir dicter une communication à un lettré chinois. Fin 1861, les perspectives qui lui ont ainsi été ouvertes lui permettent d'être retenu par Robert Hart pour rejoindre le service des douanes maritimes impériales chinoises que celui-ci dirige[4], en tant que directeur du bureau de Ningbo. Il y reste jusqu'à la prise de la ville par les forces de la rébellion Taiping en .
Révolte des Taiping
Après avoir passé le printemps suivant au service de la campagne coordonnée franco-anglaise pour chasser les rebelles hors de Shanghai, Giquel revient à Ningbo fin 1862 afin d'organiser, en réponse à la force anglo-chinoise de l'Armée toujours victorieuse (常勝軍), une force franco-chinoise qui deviendra l'Armée toujours triomphante (常捷軍). La force comptait entre 2 000 et 3 000 hommes. Le , la force, commandé par l'enseigne Paul d'Aiguebelle (德克碑) reprit la cité de Shaoxing aux rebelles Taiping. Prosper Giquel prit les commandes de la force franco-chinoise quand Paul d'Aiguebelle retourna en France, mais la force fut bientôt dissoute en , en accord avec Zuo Zongtang[5].
L'arsenal de Fuzhou
En 1866, Giquel commença à être impliqué dans l'organisation et la planification du projet de l'Arsenal de Fuzhou imaginé par Zuo Zongtang. De 1867 à 1874 il servit en tant que directeur européen du projet que Shen Baozhen dirigeait en tant qu'envoyé impérial. L'objectif de l'arsenal était de créer une flotte chinoise moderne de bateaux de guerre et de transport, et d'éduquer les techniciens chinois aux techniques européennes. Ces efforts contribuèrent au mouvement d'auto-renforcement chinois pour acquérir les connaissances occidentales (de manière similaire l'arsenal de Nankin fut placé sous la responsabilité de l'anglais Halliday Macartney (en))[6]. Une école de français est aussi présente à travers une mission d'instruction au sein de laquelle Giquel formera le jeune Chen Jitong.
Après la fin de sa période d'administration directe du projet en 1874, Giquel continua à servir l'arsenal en travaillant en tant que consultant, acheteur et codirecteur de la Mission chinoise d'instruction en 1877. L'objectif de la mission était de fournir une instruction technique avancée pour compléter le programme d'instruction de l'arsenal, et de former ainsi les premiers ingénieurs chinois.
Conseiller diplomatique
À partir du milieu des années 1870, Giquel devint de plus en plus impliqué dans la diplomatie internationale. Il servit d'abord comme conseiller pendant la « crise de Taiwan », une rupture diplomatique entre le Japon et la Chine en 1874. En 1881 il aida Zeng Jize à résoudre pacifiquement la question de Kouldja entre la Chine et la Russie. Giquel passa ses dernières années, entre 1883 et 1885, à essayer de mettre un terme à la guerre franco-chinoise qui avait éclaté à la suite du conflit d'influence entre la Chine et la France sur l'Indochine. Dans cette période l'événement le plus dramatique pour Prosper Giquel fut certainement au cours de la bataille de Fuzhou en la destruction par la marine française de l'Arsenal de Fuzhou (ainsi que de la mission d'instruction), le principal accomplissement de toute sa carrière en Chine.
Il décède à Cannes le alors qu'il s'apprêtait à repartir en Chine à la tête d'une nouvelle mission d'instruction.
Écrits
- A Journal of the Chinese Civil War, 1864 (trans., Steven A Leibo). Honolulu: University of Hawaii Press (1985). (ISBN 978-0-8248-0985-0); OCLC 11090990[7]
- La Politique française en Chine depuis les traités de 1858 et de 1860 -Guillaumin (Paris)-1872 Texte en ligne
- L'Arsenal de Fou-Tcheou: ses résultats. - Imprimerie Carvalho - 1874. (Réédition 2001 - BookSurge Publishing - (ISBN 978-0-543-95567-8))
Notes
- « 1835 ⇒ Naissance – le 20 novembre 1835 à Lorient – de Prosper Gicquel », Si Lorient m était conté, (lire en ligne, consulté le )
- The Earliest Modern Government Schools in China - Page 203 par Knight Biggerstaff
- Prosper Giquel, Comment on devient chinois., Monde chinois n°11 : Information & désinformation sur la Chine de François Guizot à François Jullien.
- Robert Hart and China's Early Modernization by Robert Hart, Richard p.219 . Dans le cadre du mouvement d'auto-renforcement, la dynastie Qing sélectionna des étrangers pour diriger les douanes chinoises afin d'éviter la corruption
- The Cambridge History of China par John King Fairbank, Denis Crispin Twitchett, p.433
- The Rise of Modern China par Immanuel Chung-yueh Hsü p.282-283
- La notice de WorldCat indique que le manuscrit de cet ouvrage, localisé par Leibo lors d'un séjour en France en 1979-1980, n'a jamais été publié en français.
Références
- Leibo, Steven A. (1985) Transferring Technology to China: Prosper Giquel and the Chinese Self-Strengthening Movement. Berkeley: University of California Press. (ISBN 978-0-912966-76-2); OCLC 12437203
- À la mémoire de Prosper Giquel, etc. ancien officier de marine... : 1835-1886 Mémorial de Prosper Giquel, source gallica.bnf.fr/Bibliothèque Nationale de France
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