Psychopathie autistique

Psychopathie autistique est le nom donné par le médecin autrichien Hans Asperger au syndrome qu'il décrit chez quatre enfants dans sa publication en allemand Die “Autistischen Psychopathen” im Kindesalter [« Les psychopathes autistiques pendant l'enfance »]. Ce texte a été proposé à publication le , mais effectivement publié en 1944.

Publication

Die “Autistischen Psychopathen” im Kindesalter [« Les psychopathes autistiques dans l'enfance »] est la publication issue de la thèse de Hans Asperger, publiée dans une revue de neurologie allemande en 1944[1]. La publication a cependant été soumise à son directeur de thèse Franz Hamburger l'année précédente[2].

Description

La traduction du terme psychologique allemand de l'époque (Psychopathie, Psychopath) dans la terminologie actuelle serait « trouble de la personnalité », c'est-à-dire qu'il s'agit de traits de la personnalité et non d'une maladie mentale telle que la schizophrénie[3].

Hans Asperger emprunte le terme d'« autisme » à Eugène Bleuler pour décrire quatre enfants chez lesquels il observe des troubles de la communication, de l'empathie, et une tendance à considérer les autres personnes comme des objets[4]. Il note également leur difficulté à se faire des amis, des conversations unilatérales, une absorption intense pour un sujet particulier et de la maladresse physique. Il surnomme ces quatre enfants ses « petits professeurs »[5]. Il met en évidence la cohabitation de points forts tels que l'intelligence et la créativité, et de points faibles tels que l'impossibilité à s'habiller seul[6]. Il insiste enfin sur la relative fréquence de ce qu'il décrit, la psychopathie autistique n'étant d'après lui « pas du tout rare »[7].

D'après Jacques Hochmann, sa description vise à distinguer la condition observée chez ces enfants de la schizophrénie infantile, dans la mesure où ils ne sont « ni hallucinés ni délirants », font souffrir leur famille en raison de leur étrangeté, mais ne souffrent pas eux-mêmes de leur état[8]. Il envisage également que les psychopathes autistiques puissent être réinsérés socialement grâce à une éducation spécialisée[8]. D'après Steve Silberman, Asperger note des ressemblances avec le concept de schizophrénie infantile et en particulier avec le concept de « pensée autistique » défini par Bleuler, mais préfère le terme « psychopathie » afin de définir un état limite entre bonne santé et maladie mentale[9].

Héritage

La publication de Hans Asperger, qui a suivi d'un an celle de Leo Kanner, a été oubliée du monde médical[10].

Par la suite, la dénomination de syndrome d'Asperger a été préférée pour désigner la condition correspondant aux observations de Hans Asperger, plutôt que celle de « psychopathie autistique » ou même d'« autisme »[11]. D'après Temple Grandin, Lorna Wing l'a préférée afin d'éviter la stigmatisation associée au terme de « psychopathie »[5].

Notes et références

  1. Silberman 2016, p. 108.
  2. Silberman 2016, p. 109.
  3. Tony Attwood: The Complete Guide to Asperger’s Syndrome, London, Jessica Kingsley Publishers, 2006 : p. 13.
  4. Nicolas Georgieff, Qu'est-ce que l'autisme ?, Dunod, coll. « Les Topos », , 128 p. (ISBN 978-2-10-071178-9 et 2-10-071178-4), p. 28.
  5. Temple Grandin et Richard Panek (avec) (trad. de l'anglais par de l'anglais américain par Agnès Botz), Dans le cerveau des autistes The autistic brain : thinking accross the Spectrum »], Paris, Odile Jacob, , 1re éd., 253 p., 22 cm (ISBN 978-2-7381-3087-7 et 2-7381-3087-9, OCLC 881254768, BNF 43866738, présentation en ligne), p. 22.
  6. Silberman 2016, p. 129.
  7. Silberman 2016, p. 130.
  8. Hochmann 2009, p. 263.
  9. Silberman 2016, p. 98.
  10. Silberman 2016, p. 140.
  11. Georgieff 2014, p. 29.

Annexes

Lien externe

Articles connexes

Bibliographie

  • [Asperger 1998] Hans Asperger (trad. de l'allemand), Les psychopathes autistiques pendant l'enfance, Le Plessis-Robinson, Institut Synthélabo pour le progrès de la connaissance, , 147 p. (ISBN 2-84324-049-2)
  • [Ferrari 2012] Pierre Ferrari, « Autisme infantile : histoire, description clinique et débat nosographique », dans Pierre Ferrari et Olivier Bonnot (dir.), sous l'égide de l'Association européenne de psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent (AEPEA), Traité européen de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, Paris, Lavoisier, coll. « Médecine Sciences / Traités », (réimpr. 2014), 1re éd., 1 vol., XXII-883, 22,3 × 28,2 cm (ISBN 2-257-20519-7 et 978-2-257-20519-3, OCLC 826730397, BNF 42707761, SUDOC 166370371, présentation en ligne, lire en ligne), art. [2] (« Autisme infantile »), p. 272-275, § [1] (« Histoire »), p. 273 [lire en ligne (page consultée le 11 janvier 2017)].
  • [Hippler et Klicpera 2003] (en) Kathrin Hippler et Christian Klicpera, « A retrospective analysis of the clinical case records of ‘autistic psychopaths’ diagnosed by Hans Asperger and his team at the University Children’s Hospital, Vienna », Phil. Trans. R. Soc. Lond. B, vol. 358, , p. 291–301 (lire en ligne)
  • [Hochmann 2009] Jacques Hochmann, Histoire de l’autisme, Paris, Odile Jacob, , 528 p. (ISBN 978-2-7381-2153-0, lire en ligne)
  • [Silberman 2016] (en) Steve Silberman (préf. Oliver Sacks), NeuroTribes: The Legacy of Autism and the Future of Neurodiversity, Avery, , 2e éd., 560 p. (ISBN 978-0-399-18561-8 et 0-399-18561-5). 
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