Pyramide du bois de Vincennes

La pyramide du bois de Vincennes, encore appelée obélisque de Louis XV[1] ou obélisque du polygone[2] ou pyramide du polygone[3] en raison de la proximité du polygone de tir, est un obélisque élevé en 1731 au centre du bois de Vincennes, actuellement dans le 12e arrondissement de Paris, pour marquer son reboisement par Louis XV, et pour assurer une fonction d'orientation.

Pyramide du bois de Vincennes
Présentation
Type
Fondation
Styles
Propriétaires
Patrimonialité
Localisation
Adresse
Emplacement
Coordonnées
48° 50′ 02″ N, 2° 26′ 43″ E

Localisation

L'obélisque est situé au centre du bois de Vincennes, à un emplacement qui était autrefois à la limite entre les territoires des communes de Vincennes et Fontenay-sous-Bois, mais qui est aujourd'hui situé dans le 12e arrondissement de Paris, depuis que celui-ci a annexé le bois de Vincennes en 1929[4].

L'obélisque s'élève sur un terre-plein au milieu du carrefour de la Pyramide, un rond-point d'où partent en étoile plusieurs voies[5], parmi lesquelles[4],[6] :

Histoire

La signature des frères Slodtz : « S.. ».

L'obélisque est élevé en 1731 pour commémorer le reboisement du bois de Vincennes par Alexandre Claude Lefebvre de la Faluère, Grand-Maître des Eaux et Forêts, sur ordre du roi Louis XV.

Il est décoré par les frères Slodtz, plus précisément Sébastien-Antoine et Paul-Ambroise (à l'époque, le troisième sculpteur de la fratrie, Michel-Ange, est à Rome)[7].

En 1799, après l'assassinat des plénipotentiaires français au second congrès de Rastatt, une grande cérémonie de deuil est organisée dans le bois ; à cette occasion, l'obélisque est restauré, tandis que le globe à son sommet est peint en noir et le mot « Vengeance ! » y est inscrit[8].

Restauré à nouveau en 1858[7],[9],[10], l'obélisque est classé monument historique par un arrêté du [11], puis à nouveau restauré en 1982[6].

Il donne son nom au carrefour sur lequel il est érigé, le carrefour de la Pyramide[4], ainsi qu'à la principale route traversant celui-ci, la route de la Pyramide, tandis que la Faluère, mentionné sur l'obélisque, donne son nom à une route transversale, la route de la Faluère.

La légende populaire veut que l'obélisque soit érigé à l'emplacement du chêne sous lequel Saint Louis rendait la justice au XIIIe siècle[9],[12],[13],[14],[15].

Description

L'obélisque est d'ordre rustique. Chacune de ses faces supporte un cartouche de style rocaille. Deux de ces cartouches, au levant et au couchant, contiennent les armes de France. Dans les deux autres, une inscription en latin rappelle la date du reboisement, 1731 en chiffres romains, ainsi que le nom de celui qui l'a dirigé, Alexandre Claude Lefebvre de la Faluère, et de son commanditaire, Louis XV[9],[12],[16],[17],[18],[19],[20],[21],[22],[23],[24] :

Cartouches sur les faces de l'obélisque
Nord-Est[20] Sud-Ouest[20] Nord-Ouest et Sud-Est
« LVDOVICVS XV
VINCENNARVM NEMVS
EFFETVM
ARBORIBVS NOVIS
CONSERI JVSSIT
 »
« ALEXANDRO LEFEVBRE
DE LA FALVERE
MAGNO AQVARVM ET
SILVARVM MAGISTRO
MDCCXXXI
 »
Armes de France
« Louis XV a ordonné d'opérer un reboisement complet du bois de Vincennes » « au Grand-Maître des Eaux et Forêts Alexandre Lefebvre de la Faluère, 1731. »

Ces cartouches couronnent une sculpture représentant une fontaine figurée par des mascarons déversant de l'eau le long du socle[5].

Le sommet de l'obélisque est constitué d'un globe surmonté d'une aiguille en bronze doré[7], au sommet de laquelle une croix indique les points cardinaux.

L'obélisque est entouré de six bornes en pierre (dont seules deux étaient encore d'origine en 1986), afin de le protéger contre les collisions avec les carrosses[20].

Fonction d'orientation

Outre son rôle commémoratif du reboisement, la croix de direction qui surmonte l'obélisque montre qu'il servait également de point de repère[6], notamment aux chasseurs[5],[7].

À la fin des années 1960, l'IGN installe un repère de nivellement NGF sur sa face Est, 10 centimètres au-dessus du socle[25].

Postérité

L'obélisque apparaît sur l'un des douze tableaux peints par Maurice Chabas en 1902 pour décorer l'hôtel de ville de Vincennes[26],[27]. Ce tableau est classé monument historique au titre objet en 1982[28],[29].

Ce tableau est issu d'un concours ouvert en 1898 par la mairie de Vincennes. Parmi les esquisses réalisées pour ce concours, conservées par le musée des Beaux-Arts de la ville de Paris au Petit Palais, plusieurs représentent l'obélisque : outre celle de Chabas[30], qui a remporté le concours, une autre est de Paul Schmitt[31].

Références

  1. Robert Solé, Le Grand Voyage de l'Obélisque, Paris, Seuil, , 283 p. (ISBN 2-02-039279-8), chap. 1 (« Un désir d'obélisque »), p. 10.
  2. Notamment dans les Guides bleus d'Hachette.
  3. François de Fossa, Le Château de Vincennes, Paris, H. Laurens, coll. « Petites monographies des grands édifices de la France », , 112 p., p. 112 [lire en ligne].
  4. « Carrefour de la Pyramide » (version du 5 septembre 2019 sur l'Internet Archive), nomenclature des rues de Paris.
  5. Sébastien Maréchal, Action artistique de la ville de Paris, Le 12e arrondissement : Itinéraires d'histoire et d'architecture, Paris, Mairie de Paris, Direction générale de l'information et de la communication, coll. « Paris en 80 quartiers », , 143 p. (ISBN 2-913246-15-5 (édité erroné) et 2-913246-12-5), p. 84.
  6. Jean-Marcel Humbert, L'Égypte à Paris (publié à l'occasion de l'exposition au Musée de la Légion d'honneur, -), Paris, Action artistique de la ville de Paris, coll. « Paris et son patrimoine », , 214 p. (ISBN 2-905118-96-2), p. 38.
  7. François Souchal, Les Slodtz : Sculpteurs et décorateurs du Roi (1685-1764), Paris, de Boccard, , 764 p. (OCLC 410688933), p. 360 et 613–614.
  8. H. Parizot et A. V. Boileau, Guide-album historique et descriptif du bois de Vincennes et du chemin de fer de Paris à Vincennes et à La Varenne-Saint-Maur, Paris, Parizot, , 296 p., p. 135 [lire en ligne].
  9. Ferdinand de Guilhermy, Inscriptions de la France du Ve au XVIIIe siècle : Ancien diocèse de Paris, vol. 3, Paris, Imprimerie nationale, coll. « Collection de documents inédits sur l'histoire de France / Troisième série : Archéologie », , p. 26 [lire en ligne].
  10. Louis Boniface, « Nouvelles diverses », Le Constitutionnel, no 254, , p. 2, 4e colonne [lire en ligne].
  11. « Obélisque Louis XV », notice no PA00086584, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  12. H. Vergnaud, « Les bois de Boulogne et de Vincennes », Revue horticole, no 2286, , p. 1591.
  13. Léandre Vaillat, Seine, chef-lieu Paris, Paris, Arts et métiers graphiques, , 347 p., p. 157.
  14. Ernest Lemarchand, Le Château royal de Vincennes : De son origine à nos jours, Paris, H. Daragon, coll. « Bibliothèque du vieux Paris », , 326 p., p. 15 [lire en ligne].
  15. François de Fossa, Le château historique de Vincennes à travers les âges, vol. 1 : Histoire générale, Paris, H. Daragon, , p. 31 [lire en ligne].
  16. de Fossa 1908, p. 172 [lire en ligne].
  17. Aubin-Louis Millin, Antiquités nationales, ou, Recueil de monumens : Pour servir à l'Histoire générale et particulière de l'Empire françois, tels que tombeaux, inscriptions, statues, vitraux, fresques, etc. ; tirés des abbayes, monastères, châteaux et autres lieux devenus domaines nationaux, vol. 2, Paris, Drouhin, , p. 77 [lire en ligne].
  18. Pierre-Thomas-Nicolas Hurtaut, Dictionnaire historique de la Ville de Paris et de ses environs, vol. 4 : P-Z, Paris, Nicolas-Léger Moutard, , 847 p., p. 834–835 [lire en ligne].
  19. Jean-Michel Derex, Histoire du bois de Vincennes : La forêt du roi et le bois du peuple de Paris, Paris/Montréal, L'Harmattan, , 279 p. (ISBN 2-7384-5591-3), p. 137–138.
  20. Michel Riousset, Les environs de la Marne et leurs peintres : Promenade historique et artistique dans Vincennes, Saint-Mandé, Charenton-le-Pont, Le Mée-sur-Seine, Amatteis, (réimpr. 1997), 227 p. (ISBN 2-86849-032-8), p. 16.
  21. Émile de La Bédollière, « Au bois de Vincennes : Les chênes meurent, les légendes restent », 1865, repris dans Pierre Arrou, « Pages anthologiques : Promenades et promeneurs de Paris », Revue de la pensée française, vol. 13, no 7, , p. 82–86 (83–84) (ISSN 1149-834X).
  22. Fernand Bournon, Conseil général de la Seine, direction des Affaires départementales, État des communes à la fin du XIXe siècle : Notice historique et renseignements administratifs, Vincennes, Montévrain, Imprimerie typographique de l'École d'Alembert, , p. 30.
  23. Lemarchand 1907, p. 123–124 [lire en ligne].
  24. Vaillat 1937, p. 164.
  25. P.C.K3 - 120 BIS, Service de géodésie et nivellement, IGN.
  26. Riousset 1986, p. 31.
  27. Marie-Agnès Férault, « Style et iconographie des grands décors peints de la Troisième République dans les mairies et hôtels de ville du Val-de-Marne », dans L'administration locale en Île-de-France, vol. 38 (actes du Ve colloque de la Fédération des sociétés historiques et archéologiques de Paris et de l'Île-de-France), Klincksieck, , p. 384.
  28. « Tableau : Pyramide dans le bois de Vincennes (la) », notice no PM94000354, base Palissy, ministère français de la Culture.
  29. « 7 tableaux : porte du village (la), obélisque (l'), champ de manœuvres (le), Marne vue du plateau de gravelle (la), hôtel de ville et la statue de Daumesnil (l'), lac Daumesnil (le), donjon (le) », notice no IM94000446, base Palissy, ministère français de la Culture.
  30. « Esquisse pour la mairie de Vincennes : la chapelle, le donjon, l'obélisque, le champ de manœuvre, le fort, le plateau de Gravelles », numéro d'inventaire : PPP3917, Paris Musées.
  31. « Esquisse pour la mairie de Vincennes : Vue du bois de Vincennes », numéro d'inventaire : PPP4239, Paris Musées.

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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