Quichés

Le terme Quiché (Kʼicheʼ, selon la nouvelle transcription alphabétique des langues mayas) désigne un peuple autochtone d'Amérique centrale apparenté aux Mayas. Il désigne également leur langue, ainsi que la nation du même nom à l'ère précolombienne. El Quiché est aussi le nom d'un département du Guatemala moderne.

Cet article possède des paronymes, voir Quéchua et Quiche.

Enfants quiché dans une école de Santa Cruz del Quiché.

Rigoberta Menchú, une militante pour les droits des indigènes, qui reçut le prix Nobel de la paix en 1992, est une figure du peuple quiché.

Le peuple quiché

Terrain de jeu de balle de Q'umarkaj, l'ancienne capitale des Quiché.

Le peuple quiché est l'un des peuples mayas du plateau guatémaltèque. À l'époque postclassique il forma l'un des États les plus puissants de la région. La classe dirigeante de cet état maya fortement mexicanisé légitimait son pouvoir par ses origines : s'il faut en croire le Popol Vuh, ils seraient originaires de Tollán[1]. Ils se seraient imposés par la force à des autochtones appelés « hommes-cerfs »[2]. Alliés à leurs voisins Kaqchikel, ils soumirent les peuples voisins sous le règne de leur huitième souverain, Q'uq'kumatz. Leur royaume atteignit sa plus grande extension au milieu du XVe siècle, sous le règne de K'iq'ab. La capitale était Q'umarkaj, également connue sous l'exonyme nahuatl d'Utatlán, dont les ruines se situent près de Santa Cruz del Quiché. Vers 1470-1475, les Kaqchikel se rebellèrent et fondèrent leur propre capitale, Iximché. Les affrontements entre K'iche et Kaqchikel culminèrent lors d'une bataille au cours de laquelle les souverains et l'élite des K'iche furent capturés et sacrifiés[3]. Après ce terrible revers, d'autres tributaires, notamment les Tz'utujil, secouèrent le joug des K'iche'. Au début du XVIe siècle, ces derniers, fort affaiblis, luttèrent contre les Aztèques pour le contrôle du Soconusco, une région riche en cacao ; après leur défaite, en 1510, les K'iche durent payer un tribut aux Aztèques.

Statue de Tekum Umam.

Il semblerait que l'empereur aztèque Moctezuma II ait averti les K'iche et les Kaqchikel de l'arrivée des Espagnols[4]. Après la conquête de Tenochtitlan par Cortés, les Kaqchiqel envoyèrent une ambassade au conquistador et lui offrirent leur soumission, dans l'espoir que les Espagnols les aideraient contre les K'iche'. En 1523, Cortés envoya un de ses capitaines, Pedro de Alvarado, au Guatemala à la tête d'un contingent espagnol accompagné d'alliés mexicains. La confrontation décisive eut lieu le , lors de la bataille de Xelaju (Quetzaltenango), où les K'iche' furent écrasés. Un de leurs chefs, Tecún Umán, tué par de Alvarado lors de cette bataille, est resté un héros populaire et une figure de légende au niveau national. Les K'iche' demandèrent la paix et invitèrent les Espagnols à pénétrer dans Utatlán. Soupçonnant un piège, Alvarado, réputé pour sa cruauté, fit brûler vifs les souverains k'iche et incendier leur capitale.

Le département du Quiché a reçu son nom en référence à ce peuple ; il constitue le foyer central du peuple quiché, bien que dans une période récente la population se soit dispersée sur une région plus vaste du plateau guatémaltèque.

La langue quiché

Le quiché[5] (ou k'iche' en quiché) fait partie de la famille des langues mayas. Il est encore parlé par de nombreux Quichés, bien que la majorité de la population possède aussi des rudiments de langue espagnole, sauf dans quelques zones rurales isolées.

L'œuvre la plus célèbre en langue quiché est le Popol Vuh.

Personnalités

Annexes

Bibliographie

  • (en) Thomas F. Babcock, Utatlán : the constituted community of the K'iche' Maya of Q'umarkaj, University Press of Colorado, Boulder ; Institute for Mesoamerican Studies, Albany, N.Y., 2012, 341 p. (ISBN 978-1-607-32154-5)
  • Pierre DesRuisseaux (trad. et prés.), Popol Vuh : le livre de la communauté : texte sacré des Mayas-Quichés, le Castor astral, Bègles, 2011, 228 p. (ISBN 978-2-85920-846-2)
  • (es) Franco Sandoval, La cosmovisión maya quiché en el Popol Vuh, Serviprensa centroamericana, Departamento de literatura, Dirección general de promoción cultural, Ministerio de Cultura y Deportes de Guatemala, 1988, 195 p.

Liens externes

Notes et références

  1. Au Mexique central, ce terme, qui signifie « l'endroit des roseaux », désignait non seulement la capitale des Toltèques mais s'appliquait à toute grande cité, et constituait une source de légitimité
  2. Nikolai Grube (dir.), Les Mayas. Art et civilisation, Könemann, p. 362
  3. (en) Linda Schele & Peter Mathews, The Code of Kings, Scribner, 1998,p. 297
  4. (en) David Drew, The lost chronicles of the Maya Kings, Phoenix, 2000, p. 384
  5. (en) Fiche langue[quc]dans la base de données linguistique Ethnologue.
  6. (en) I, Rigoberta Menchú : an Indian woman in Guatemala (édité et introduit par Elisabeth Burgos-Debray, trad. par Ann Wright), Verso, London, New York, 2009, 294 p. (ISBN 978-1-84467-418-3)
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