Révélation

La Révélation est, pour une religion monothéiste, la connaissance qu'elle affirme détenir directement de son Dieu. Les manifestations divines par lesquelles cette connaissance est parvenue aux hommes sont tantôt des apparitions (théophanies), tantôt l'inspiration à des prophètes de textes considérés comme sacrés. Les religions abrahamiques (le judaïsme, le christianisme et l'islam) sont dites « révélées ».

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Benjamin West, Josué passant le Jourdain avec l'Arche d'alliance (1800), Galerie d'art de Nouvelle-Galles du Sud.

Par extension, c'est une connaissance reçue par un individu par inspiration divine, intuition, illumination[1].

Dans les religions abrahamiques

Dans le judaïsme

Moïse brisant les Tables de la Loi, par Rembrandt.

Dans le christianisme

En théologie chrétienne, on distingue la révélation générale (par laquelle Dieu se révèle à tous les humains, notamment par la nature, la conscience et l'histoire) et la révélation spéciale (par laquelle Dieu se révèle par des paroles ou des actes). La révélation spéciale culmine en Jésus-Christ, auquel les Écritures (la Bible) rendent témoignage. Deux applications de la révélation spéciale sont la révélation continue, concept selon lequel, à certaines époques, Dieu communique de façon continue sa volonté à ses prophètes (voir Amos 3:7), et la révélation personnelle, concept selon lequel chaque personne ici-bas peut recevoir des communications de Dieu pour être guidée dans sa vie.

En théologie catholique, et dans le cadre de la Constitution dogmatique Lumen gentium du Concile Vatican II[2], le chapitre sur la transmission de la révélation enseigne que celle-ci repose sur l'Écriture sainte, sur la Tradition chrétienne remontant aux premiers siècles et, enfin, sur le magistère de l'Église catholique. Cet enseignement qui est de foi, car dogmatique, s'appuie en particulier dans ce chapitre sur Irénée de Lyon[3], mais aussi sur les décisions des conciles de Nicée[4], de Constantinople IV[5] et de Vatican I[6] et, enfin, sur l'encyclique Humani generis du pape Pie XII[7]. Citons, extrait de ce chapitre : « La sainte Tradition, la sainte Écriture et le magistère de l'Église, sont tellement reliés et solidaires entre eux qu'aucune de ces réalités ne subsiste sans les autres et que toutes ensemble, chacune à sa façon, et sous l'action du même Esprit-Saint, contribuent efficacement au salut des âmes. »

D'autre part, dans la Bible, le mot « apocalypse » (en grec Aποκάλυψις), souvent employé pour désigner une catastrophe en langage courant, signifie en réalité « révélation ». L'Apocalypse de saint Jean est le seul livre de type apocalyptique du Nouveau Testament. D'autres écrits apocalyptiques ont été écrits, mais ils n'ont pas été retenus dans le canon. Ce sont des apocryphes. Le terme « Apocalypse » se traduit d'ailleurs en anglais par Revelation Book.

Cependant, même si la Révélation est achevée [close], elle n'est pas complètement explicitée.[8] Au fil des siècles il y a eu des révélations dites《privées》, dont certaines ont été reconnue par l'Eglise.[9] La prédication de la Révélation continue au cours des siècles, et il reste encore beaucoup à dire. Or, plus les besoins augmentent avec l'imminence de la fin, plus l'Evangile est complété[10].

Le pape Jean-Paul II a publié le une encyclique sur les rapports entre la foi et la raison : Fides et ratio. Ce document met l'accent sur l'importance des philosophies présentant une ouverture métaphysique pour assurer une fonction de médiation dans l'intelligence de la « révélation ».

Dans l'islam

Une copie du livre Majmal al-tawarikh (en) (1425) où Mahomet reçoit la prophétie, au Metropolitan Museum of Art.

La révélation divine joue un rôle très important dans l'islam. Pour cette religion, Dieu peut se faire connaître par un écrit, approche fondamentale dans le cas du Coran, mais pas uniquement. Ainsi, l'islam différencie "l'inspiration" (wahy) et la "révélation" (racine n-z-l), qui correspond à une descente d'un livre. L'inspiration n'est pas propre aux prophètes, ni même aux hommes. Ce terme est ainsi utilisé autour de la figure de Mahomet, qui doit réciter ce qui lui a été inspiré. Pour la tradition musulmane, cette inspiration dépasse le simple cadre coranique et est associée à des paroles ou actes non coraniques[11].

Outre une révélation progressive, le Coran, lui, est souvent associé à l'idée de "descente", d'une révélation comme furqan[11]. Bien que les livres religieux de la plupart des religions reconnaissent la contribution de leur auteur -humain- au texte divin, le Coran affirme avoir été révélé mot pour mot et lettre pour lettre par Dieu lui-même. Les musulmans croient que Dieu révéla son dernier message à l'humanité au prophète Mahomet (570-632) par l'intermédiaire de l'ange Gabriel[12].

Dans les autres religions monothéistes

Zoroastrisme

Dans le zoroastrisme, les Gathas de Zoroastre sont considérés comme une Révélation divine, dont la forme a été ajustée par Sraosha (Srosh Yasht, Yasnas: 57:8). Le reste de l'Avesta n'est pas une révélation directe. Les Yasnas, par exemple, ont été écrits par les élèves de Zarathushtra et leurs élèves, ils sont donc influencés (selon la Tradition zoroastrienne) par le caractère prophétique de Zarathushtra, et contiennent donc une certaine divinité, à un degré moindre que dans les Gathas.

Le Vendidad n'est plus considéré, par une partie de la communauté, comme étant révélé, mais seulement comme un ajout ultérieur[13].

La tradition zoroastrienne dit que Zoroastre, en tant qu'unique prophète du monde, est le dernier porteur de la révélation divine. Cependant, en accord avec le verset 16:3, les anciennes religions, (les religions précédant le zoroastrisme, et n'ayant aucun prophète, par exemple: l'hindouisme, les paganismes) sont authentiques, "instituées par Mazda à la Création. Louant la vertu, les saintes religions du Créateur Mazda", et leurs textes (Védas, textes mythologiques originels, etc.) ont été révélés par Dieu. Les Gathas ne sont donc pas, d'un point de vue zoroastrien, la seule révélation, mais la dernière, la plus parfaite, la plus pure. Les anciennes religions sont très respectées par les zoroastriens, jusqu'à aujourd'hui.

Zoroastre aurait reçu la révélation à des périodes espacées, la première fois après dix ans d'isolement dans une région de l'extrême nord de l'Iran actuel.

Notes et références

  1. Définitions lexicographiques et étymologiques de « Révélation » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2. Vatican II, Lumen Gentium, Paris, Ed. du Centurion, , n° 8, 9 et 10.
  3. Irénée de Lyon, Contre les hérétiques (traduction), Paris, Cerf, , p. III, 1
  4. Concile de Nicée, Paris, Cerf, , Denzinger 303
  5. Constantinople IV, Session X, canon 1, Paris, Cerf, , Denzinger n° 336,
  6. Vatican I, Constitution dogmatique, De fide cathholica, cap. 4 de fide ratione, Paris, Cerf, , Denzinger, n° 1800
  7. Pie XII, Encyclique Humani Generis, Denzinger n° 2314, Cerf,
  8. Catéchisme de l'Eglise catholique, CEC, no 67
  9. Catéchisme de l'Eglise Catholique, CEC, no 67
  10. Message à petit Jean du samedi 8 mai 1948 (révélation dite《privées》)
  11. Denis Gril, "Révélation et inspiration", Dictionnaire du Coran, 2007, Paris, p.753 et suiv.
  12. V. Watton, A student's approach to world religions:Islam, Hodder & Stoughton, 1993, "Introduction"
  13. Est-ce que le Vendidad est un écrit zoroastrien (en anglais)

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Luc-Marion, D'ailleurs, la révélation : contribution à une histoire critique et à un concept phénoménal de révélation, Paris, Bernard Grasset, (BNF 46658287, présentation en ligne)
  • Vatican II Constitution dogmatique Dei Verbum sur la révélation divine ,Ed. du Centurion p. 125, Paris, 1967.

Articles connexes

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