Rafik Khalifa
Rafik Khalifa, de son nom complet Abdelmoumen Rafik Khalifa, né le à Béjaïa, est un pharmacien et un homme d'affaires algérien. Son père est l'ancien ministre Laroussi Khalifa, et son grand-oncle est le poète Mohamed Laïd Al-Khalifa.
Pour les articles homonymes, voir Khalifa.
Président-directeur général El Khalifa Bank Khalifa Airways |
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Naissance | |
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Nom de naissance |
Abdelmoumen Rafik Khalifa |
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Nadia Amirouchen (1995-2004)[1] |
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Condamnation |
Après la création très rapide d'un petit empire économique à la fin des années 1990, il apparaît comme le symbole de la réussite individuelle en Algérie. Mais son groupe fait faillite en 2003 et il est condamné en 2007 par la justice algérienne par contumace à la prison à vie pour détournement de fonds et usage de faux[2]. Il s'est entre-temps réfugié à Londres, où il est arrêté par la justice britannique en 2007 à la suite d'un mandat d'arrêt européen délivré par la France[3]. Le , la justice britannique autorise son extradition mais il fait appel. Il est finalement livré aux autorités algériennes le . En , il est condamné à dix-huit ans de prison. En , cette peine est confirmé en appel par le tribunal de Blida[4].
Biographie
Ascension
Rafik Khalifa est pharmacien de formation et le fils de Laroussi Khalifa, un ancien ministre sous Ben Bella, fondateur des services secrets algériens, ancien ministre de l'Industrie et de l'Énergie, et ancien président d'Air Algérie[5].
En 1990, il reprend la pharmacie familiale dans la banlieue d'Alger et réapprovisionne ses stocks en passant par les marchés asiatiques pour contourner les prix élevés au niveau national[5]. Sur cette base, il lance KRG Pharma, un laboratoire de médicaments génériques, et obtient la première autorisation jamais délivrée du ministère de la Santé[6]. Face à l'obsolescence de la banque d'Algérie, il fonde le El Khalifa Bank[5], qui gère les intérêts de petits actionnaires privés et d'institutionnels liés au gouvernement algérien. Il est alors un proche du premier cercle du président algérien Abdelaziz Bouteflika[réf. nécessaire].
Quand en , le marché aérien algérien se privatise, Rafik Khalifa lance Khalifa Airways, une compagnie aérienne qui compterait dès son lancement 30 appareils pour vols commerciaux[5].
Il arrive en 2000 en France pour déployer son groupe à l'international, Il développe ses activités à l'étranger et fonde un groupe qui compte 16 000 salariés. Son groupe comprend : une compagnie aérienne (Khalifa Airways), une société de location de voitures (Khalifa Rent-a-car), une chaîne de télévision française (Khalifa TV), une chaîne d'information en continu britannique (K-News). En 2001, son groupe rachète la banque privée allemande Erste Rosenheimer Privatbank pour gérer un système de collecte des fonds algériens étrangers, et la chaîne de télévision arabophone Arab News Network.
Au printemps 2002, il achète à Cannes un ensemble composé de trois grandes et luxueuses villas : Bagatelle, autrefois propriété de La môme Moineau, Matchotte et Virevent pour un montant de 37 millions d'euros[7]. Le , il rémunère Catherine Deneuve et Gérard Depardieu pour qu'ils assistent à un match de l'OM, équipe alors sponsorisée par Khalifa Airways[8]. En , Khalifa Airways devient également sponsor du club de rugby CA Bordeaux-Bègles Gironde, mais sur deux ans, le club n'a jamais vu les 300 000 euros promis par le groupe algérien[9].
Chute
La question de l'origine de la richesse de Rafik Khalifa reste un mystère non élucidé : pour les économistes, il est inconcevable que sa pharmacie ait permis de générer assez d'argent pour lancer une banque et une compagnie aérienne en dix ans. Certains avancent que l'argent serait issu des généraux, ces chefs militaires qui se partagent le pactole autour du pétrole et des importations nationales[10].
Le , après avoir décelé des flux financiers suspects, la Banque d'Algérie bloque les transferts vers l'étranger d'El Khalifa Bank. Le groupe sombre alors rapidement, notamment après qu'en , trois de ses proches collaborateurs sont arrêtés sur le tarmac de l'aéroport d'Alger - Houari-Boumédiène avec 200 000 euros en liquide. Au début de l'année 2003, une procédure de liquidation judiciaire est ouverte[7].
L'affaire connaît également des suites judiciaires à Mila, où plusieurs des proches de Khalifa sont inquiétés[7] puis Khalifa lui-même.
Réfugié en Grande-Bretagne, il fait l'objet d'un mandat d'arrêt international et la justice britannique instruit alors l'affaire en vue d'une éventuelle extradition. Sa défense avance alors qu'Abdelmoumène Rafik Khalifa n'est pas le suspect numéro 1[11] et que la faillite du groupe serait orchestrée par le gouvernement du président algérien Abdelaziz Bouteflika. Le procès a un important retentissement car il a impliqué plus de cent accusés et plus de deux cents témoins.
En , la justice britannique autorise son extradition vers l'Algérie. Le , le ministre britannique de l'Intérieur, Alan Johnson, donne son aval à l'extradition de Rafik Khalifa vers son pays, où il a été condamné à la prison à perpétuité[12]. Le , il est remis aux autorités algériennes et directement entendu par le procureur général de la cour de Blida institutrice de l'affaire, puis emprisonné à la prison de Blida[13].
Procès en France
En , lorsque les mandataires judiciaires perquisitionnent Khalifa Airways, ils constatent la disparition des ordinateurs et de certains avions de la flotte de la compagnie aérienne. Une partie du parc de luxe automobile de luxe a également disparu[8]. Le parquet de Nanterre ouvre fin 2003 une information judiciaire pour « abus de confiance, banqueroute par détournement d'actifs, banqueroute par dissimulation de comptabilité, blanchiment en bande organisée »[3].
En , le tribunal correctionnel de Nanterre condamne Rafik Khalifa à 5 ans de prison et 375 000 euros d'amende pour détournement, « pillage » des actifs de son groupe avant la mise en liquidation judiciaire[8].
Procès en Algérie
Pour la sauvegarde de son patrimoine, Rafik Khalifa aurait orchestré la disparition organisée de véhicules de luxe de sa société de location ou la vente à perte de ses villas cannoises à des sociétés situés dans la wilaya de Mila[7]. Une enquête révèle la disparition de 50 millions d'euros d'El Khalifa Bank d'Alger et Khalifa est soupçonné d'avoir dilapidé l'argent des proches du président algérien. Dix-sept enquêtes judiciaires sont alors ouvertes sur les affaires de Rafik Khalifa, qui vit à Londres depuis [2]. Il a été condamné le à la réclusion à perpétuité pour association de malfaiteurs, vol qualifié, détournement de fonds, et faux et usage de faux.
Après un an et plus de cinq mois depuis son incarcération à la prison d'El-Harrach (Alger), à la suite de son extradition de Grande-Bretagne, le , le procès Rafik Khalifa s'est ouvert le au tribunal criminel de Blida. Après deux jours consacrés à la lecture de l'arrêt de renvoi qui comporte 169 pages, le juge commence, le troisième jour, à auditionner l'ex-golden-boy. L'accusé a choisi dans sa stratégie de défense de nier tous les chefs d'accusation pour lesquels il est inculpé.
Dans son réquisitoire, le procureur juge que le but d'El Khalifa Bank « n'était pas l'investissement, mais le pillage de l’argent des déposants ». Le , Rafik Khalifa est condamné à dix-huit ans de prison[14], jugement confirmé en cassation le , et une peine de 18 ans de prison ferme confirmée en appel par le tribunal de Blida le 7 juin 2022[4].
Vie privée
Il était marié à Nadia Amirouchen avec qui il a eu une fille, Melissa Nour Djihane[15].
Notes et références
- « Au tribunal, l'ascension et la chute de l'homme d'affaires Rafik Khalifa », sur L'Obs (consulté le )
- (en) Life sentence for Algerian tycoon BBC World', le 22 mars 2007.
- « GB : la justice autorise l'extradition vers l'Algérie de l'ex-magnat Khalifa" »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur AFP, citée par Le Monde,
- ALGÉRIELa justice algérienne confirme la peine de prison de Rafik Khalifa, Voa Afrique, 07 juin 2022
- Jean-Luc Barberi, « Qui se cache derrière Rafik Khalifa », sur Lexpress.fr,
- Béatrice Peyrani, « Rafik Khalifa, le golden boy de l'OM », sur Algeria-watch.org,
- "Les ultimes affaires de Khalifa" par Gilles Gaetner, article de L'Express, du 28 juin 2004.
- Marc Leplongeon, « Rafik Khalifa, milliardaire algérien déchu, condamné à 5 ans de prison », sur Lepoint.fr,
- « L'ancien homme d'affaires algérien Rafik Khalifa risque la prison à vie »,
- Renaud Lecadre, Florence Aubenas, José Garçon, Cédric Mathiot, « La face cachée de l'«empire» Khalifa », sur Liberation.fr,
- "Le défilé des experts se poursuit", sur le portail de la presse d'Algérie.
- « Londres ordonne l'extradition de l'ex-golden boy Rafik Khalifa vers l'Algérie », sur France24.com,
- « Abdelmoumene Khelifa remis aux autorités algériennes », www.liberte-algerie.com, (lire en ligne, consulté le )
- Rafik Khalifa condamné à dix-huit ans de prison, Le Monde, 23 juin 2015
- « Le procès Khalifa s’ouvre demain en France », sur El Watan (consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
- Denyse Beaulieu, Rafik Khalifa : Histoire d'un Envol, Broché, , 111 p. (ISBN 978-2868771636)
Liens externes
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