Rahonavis
Rahonavis ostromi
Rahonavis (initialement appelé Rahona) est un genre éteint de petits dinosaures à plumes dont la position phylogénétique au sein du clade des paraviens est encore discutée. Il a vécu à la fin du Crétacé supérieur dans le nord-ouest de Madagascar[1].
Une seule espèce est rattachée au genre : Rahonavis ostromi, décrite par Catherine A. Forster et ses collègues en 1998[1].
Étymologie
Le nom de genre Rahonavis est composé du mot de la langue malgache rahona, « menace » ou/et « nuage », et du mot latin avis « oiseau », pour donner « l'oiseau du nuage menaçant ». Le nom d'espèce ostromi honore le paléontologue John Ostrom.
Découverte et datation
Les fossiles de Rahonavis ostromi ont été découverts dans la formation géologique de Maevarano, près du village de Berivotra dans la région de Mahajanga à Madagascar. Ils sont datés du Crétacé terminal, de la partie supérieure du Maastrichtien, il y a environ entre 70 et 66 Ma (millions d'années), juste avant la grande extinction Crétacé-Tertiaire.
La découverte a eu lieu sur un site où les roches sédimentaires ont été exposées à la suite d'un incendie. Les os d'un grand Titanosauria ont tout d'abord été retrouvés et, au cours de leur prélèvement, des restes de Rahonavis ont été recueillis.
Les fossiles de ce spécimen unique sont représentés par les membres postérieurs, le tronc, une partie de la queue en connexion anatomique, ainsi que des morceaux de l'aile et des os de l'épaule[3].
Débat sur la validité des restes fossiles
L'attribution au nouveau genre des os des avant-bras (avec leurs implantations de plumes pennées) a été remise en question en 2000 par Nicholas Geist et Alan Feduccia[4], d'autant que des os d'un oiseau primitif, Vorona berivotrensis, ont été découverts à proximité. Ces paléontologues considèrent que Rahonavis est en fait une chimère, constituée du mélange du squelette d'un paravien dromaeosauridé et des avant-bras d'un oiseau primitif. Ils considèrent ainsi Rahonavis comme un nomen dubium[4].
Luis M. Chiappe, un des inventeurs de Rahonavis, a indiqué dans une publication ultérieure que les os de l'animal avaient été découverts sur une « surface plus petite que le format du papier d'une lettre »[3].
Description
La description de l'animal est basée sur un seul squelette partiel (référencé UA 8656)[5]. Rahonavis était un petit prédateur d'une longueur d'environ 70 centimètres[6], de la taille d'un grand corbeau[3]. Comme de nombreux paraviens, dont le célèbre Velociraptor, il possédait la fameuse « griffe en faucille » redressée ou « griffe tueuse » sur son deuxième orteil[1].
Paléobiologie
Chiappe soutient que Rahonavis devait probablement voler, même s'il devait être « plus maladroit dans l'air que les oiseaux modernes »[3]. Il souligne qu'il présentait des pennes développées, et que son cubitus était proportionnellement plus grand et robuste que celui d'Archaeopteryx, et qu'ainsi ses ailes devaient être puissantes. De plus, les os de ses épaules montrent des empreintes d'attaches ligamentaires permettant une mobilité indépendante nécessaire au vol battu[3]. Cette hypothèse est soutenue en 2013 par Agnolín et Novas, qui notent que Rohanavis en utilisant ses muscles deltoïdes a pu voler (vol battu) à la manière des chauve-souris ou du dromaeosaurdé Microraptor[7].
Classification
Nom du genre
Les inventeurs de Rahonavis l'ont tout d'abord nommé Rahona mais ils ont changé ce nom après avoir découvert qu'il avait déjà été attribué à un genre de papillons de nuit de la famille des Lymantriidae[1],[2].
Position phylogénétique
La position de Rahonavis au sein des paraviens est largement débattue, principalement entre une attribution au clade des Avialae ou à celui des dromaeosauridés.
Position relative des Avialae et des Dromaeosauridae
Phylogénie des Paraves, d'après Pascal Godefroit et ses collègues en 2013[8]:
Paraves |
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Historique de la phylogénie de Rahonavis
La présence de plumes pennées sur son avant-bras (cubitus) a conduit ses inventeurs à en faire un Avialae en 1998. Cependant, le reste du squelette est plutôt typique des dromaeosauridés.
Plusieurs études phylogénétiques au début des années 2000 placent Rahonavis au sein de la famille des dromaeosauridés et même dans la sous-famille des Unenlagiinae[9],[10],[11].
En 2013, Agnolín et Novas le considèrent comme plus proche de Avialae que des dromaeosauridés[7].
En 2015, M. Wang et D. Liu en font un oiseau primitif [12].
En 2017, Andrea Cau et ses collègues, à la suite de la découverte de plusieurs nouveaux genres de paraviens, le replacent parmi les Avialae, comme le montre leur cladogramme ci-dessous[13] :
Avialae |
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Voir aussi
Références taxinomiques
(en) Référence Paleobiology Database : Rahonavis Forster et al., 1998
Annexes
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- (en) Catherine A. Forster et O'Conner, « The avifauna of the Upper Cretaceous Maevarano Formation, Madagascar », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 3, no 20, , p. 41A–42A
- (en) Mary H. Schweitzer, John A. Watt, Recep Avci, Catherine A. Forster, David W. Krause, Loren Knapp, Raymond R. Rogers, Iwona Beech et Mark Marshall, « Keratin immunoreactivity in the Late Cretaceous bird Rahonavis ostromi », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 19, no 4, , p. 712–722 (DOI 10.1080/02724634.1999.10011183, JSTOR 4524040)
Notes et références
- (en) Catherine A. Forster, Scott D. Sampson, Luis M. Chiappe et David W. Krause, « The Theropod Ancestry of Birds: New Evidence from the Late Cretaceous of Madagascar », Science, vol. 279, no 5358, 1998a, p. 1915–1919 (PMID 9506938, DOI 10.1126/science.279.5358.1915, Bibcode 1998Sci...279.1915F)
- (en) Catherine A. Forster, Scott D. Sampson, Luis M. Chiappe et David W. Krause, « Genus correction », Science, vol. 280, no 5361, , p. 179 (DOI 10.1126/science.280.5361.179g, Bibcode 1998Sci...280..179F)
- (en) L. M. Chiappe, Glorified Dinosaurs : The Origin and Early Evolution of Birds, Sydney, UNSW Press, , 263 p. (ISBN 978-0-471-24723-4 et 0-471-24723-5)
- (en) Nicholas R. Geist et Alan Feduccia, « Gravity-defying Behaviors: Identifying Models for Protoaves », American Zoologist, vol. 40, no 40, , p. 664–675 (DOI 10.1668/0003-1569(2000)040[0664:GDBIMF]2.0.CO;2, lire en ligne [PDF])
- (en) Tudge, Colin (2009) The Bird:A Natural History of Who Birds Are, Where They Came From, and How They Live
- (en) Holtz, Thomas R. Jr. (2011) Dinosaurs: The Most Complete, Up-to-Date Encyclopedia for Dinosaur Lovers of All Ages, Winter 2010 Appendix.
- (en) Agnolín, F.L. and Novas, F.E. (2013). "Avian ancestors. A review of the phylogenetic relationships of the theropods Unenlagiidae, Microraptoria, Anchiornis and Scansoriopterygidae". SpringerBriefs in Earth System Sciences: 1–96
- (en) Pascal Godefroit, Andrea Cau, Dong-Yu Hu, François Escuillié, Wenhao Wu et Gareth Dyke, « A Jurassic avialan dinosaur from China resolves the early phylogenetic history of birds », Nature, vol. 498, no 7454, , p. 359–362 (PMID 23719374, DOI 10.1038/nature12168, Bibcode 2013Natur.498..359G)
- (en) Peter J. Makovicky, Sebastián Apesteguía et Federico L. Agnolín, « The earliest dromaeosaurid theropod from South America », Nature, vol. 437, no 7061, , p. 1007–1011 (PMID 16222297, DOI 10.1038/nature03996, Bibcode 2005Natur.437.1007M) Supplementary information
- (en) Mark A. Norell, James Matthew Clark, Alan Hamilton Turner, Peter J. Makovicky, Rinchen Barsbold et Timothy Rowe, « A new dromaeosaurid theropod from Ukhaa Tolgod (Ömnögov, Mongolia) », American Museum Novitates, vol. 3545, , p. 1–51 (DOI 10.1206/0003-0082(2006)3545[1:ANDTFU]2.0.CO;2, lire en ligne [PDF], consulté le )
- (en) Alan H. Turner, Diego Pol, Julia A. Clarke, Gregory M. Erickson et Mark Norell, « A basal dromaeosaurid and size evolution preceding avian flight », Science, vol. 317, no 5843, , p. 1378–1381 (PMID 17823350, DOI 10.1126/science.1144066, Bibcode 2007Sci...317.1378T, lire en ligne [PDF])
- (en) M. Wang and D. Liu. 2015. Taxonomical reappraisal of Cathayornithidae (Aves: Enantiornithes). Journal of Systematic Palaeontology
- (en) A. Cau, V. Beyrand, D. Voeten, V. Fernandez, P. Tafforeau, K. Stein, R. Barsbold, K. Tsogtbaatar, P. Currie et P. Godefroit, « Synchrotron scanning reveals amphibious ecomorphology in a new clade of bird-like dinosaurs », Nature, (DOI 10.1038/nature24679, lire en ligne)
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