Raoul Didkowski

Albin, Émile, Raoul Didkowski, né le à Villevieille (Gard) et mort le à Montpellier (Hérault), est un haut fonctionnaire français, préfet des Pyrénées-Orientales (1936-1940), puis directeur de la Sûreté nationale avant d'être nommé le préfet de l'Isère (1940-1943). Il sert la République puis le régime de Vichy. Il finit sa carrière comme directeur de cabinet de différents ministres.

Raoul Didkowski
Fonctions
Préfet de l'Isère
-
Directeur
Police nationale
-
Préfet des Pyrénées-Orientales
-
Biographie
Naissance
Décès
(à 80 ans)
Montpellier
Nationalité
Activités
Autres informations
Conflit
Distinctions
Archives conservées par
Archives nationales (F/1b/757, F/1b/1064)[1]

Biographie

Le grand-père de Raoul Didkowski, le docteur Grégoire Didkowski[2], est un Polonais réfugié dans le Gard. La famille Didkowski est protestante. Raoul suit des études de droit jusqu'à obtenir une licence. Il est appelé sous les drapeaux durant la Première Guerre mondiale, du au , puis du au . Entre-temps, il est conseiller à la préfecture de la Drôme. De 1920 à 1935, il sert à différents postes de l'administration préfectorale, à Ussel, en Ille-et-Vilaine, dans le Bas-Rhin, à Alger, dans la Saône-et-Loire, atteignant le grade de sous-préfet hors-classe. En 1935 et 1936, il travaille dans les cabinets de divers ministres comme Joseph Paganon, Pierre Mazé et Robert Jardillier[3].

Préfet des Pyrénées-Orientales

Le , Raoul Didkowski succède à François Taviani comme préfet des Pyrénées-Orientales, département de l'extrême Sud de la France limitrophe de l'Espagne[3].

En Espagne, la guerre civile oppose les républicains aux nationalistes espagnols. Le gouvernement français a pour doctrine le non-interventionnisme, refusant de prendre part à cette guerre. Les Pyrénées-Orientales, proche de la Catalogne républicaine, servent de base arrière à des volontaires des Brigades internationales soutenant les Républicains. Le rôle de Raoul Didkowski est mal connu : selon certains témoins, comme Maurice Jaquier et Jean-Guy Bourrat, Didkowski soutenait secrètement les échanges clandestins de combattants, de réfugiés et d'armes entre la France et l'Espagne, mais son rôle précis est discuté[3].

En , Barcelone tombe aux mains des nationalistes espagnols, qui gagnent définitivement la guerre. S'ensuit un exode massif de centaines de milliers de républicains et de leur famille (Retirada), notamment vers les Pyrénées-Orientales. Tout d'abord réticent, le gouvernement français doit ouvrir la frontière pour accueillir plus de 500 000 réfugiés. Le préfet Didkowski est chargé d'organiser leur accueil et ravitaillement dans des camps de concentration de fortune bâtis à l'occasion[3].

C'est à l'occasion d'une visite de ces camps, le , que Philippe Pétain rencontre Raoul Didkowski. Le Maréchal dira que le préfet a produit sur lui « la meilleure impression »[3].

Préfet de l'Isère

Le , Raoul Didkowski est nommé directeur de la Sûreté nationale, poste qu'il ne conserve que jusqu'au suivant, jour de l'arrivée au pouvoir du Maréchal Pétain[3].

Démis de ces fonctions à la sûreté nationale, Raoul Didkowski, par sa proximité avec la SFIO et le Front populaire, n'a pas le profil requis pour obtenir un poste dans l'organigramme mis en place par le nouveau régime. Cependant, le sénateur Jean Berthoin, qui lui-même vient à Grenoble comme trésorier payeur général, le fait nommer préfet de l'Isère le . Durant les "années noires", ils gardent des relations amicales et professionnelles et se rencontrent plusieurs fois par semaine pour régler les problèmes administratifs et politiques. Ces deux hommes rencontrent plusieurs fois Jean Moulin entre le et le . Raoul Didkowski apparaît comme un personnage ambigu. Il est un fonctionnaire zélé pour appliquer la politique de Vichy : arrestations de communistes envoyés à Fort-Barraux, rafles de Juifs étrangers le . Raoul Didkowski est décoré de la Francisque en . Mais d'autre part, durant les neuf mois de l'Occupation italienne de à , il se soumet à l'avis du général d'occupation Maurizio Lazzaro di Castiglioni pour freiner les mesures antisémites et le département devient alors une "terre de refuge" pour plusieurs milliers de Juifs. Par ailleurs, les services de la préfecture délivrent de vraies "fausses cartes" à ceux qui sont en difficultés. À tel point qu'en , des Juifs écrivent "Le préfet fait tout ce qu'il peut pour nous aider". À l'automne 1942, Didkowski était prêt à démissionner mais Berthoin le convainc de rester pour éviter à l'Isère un "préfet de Laval". Le , il démissionne effectivement et se rend à Villevieille (Gard) où il est arrêté par la Gestapo.

Il est déporté le en tant que « personnalité-otage » au château d'Eisenberg[4],[5], en Bohême, où il restera détenu jusqu'en [6].

Après guerre

Après la guerre, Raoul Didkowski est nommé préfet honoraire le et directeur de cabinet du ministre des Anciens combattants de 1951 à 1953[6].

Annexes

Bibliographie

  • Gérard Bonet, « Didkowski (Albin, Émile, Raoul) », dans Nouveau Dictionnaire de biographies roussillonnaises 1789-2011, vol. 1 Pouvoirs et société, t. 1 (A-L), Perpignan, Publications de l'olivier, , 699 p. (ISBN 9782908866414)
  • Alfred Salinas, L'Etat clientéliste, Editions La Bruyère, 2000 (l'ouvrage est une biographie de Jean Berthoin, l'ancien ministre et sénateur de l'Isère, et décrit notamment les relations de celui-ci avec Raoul Didkowski)
  • [Cabanel 2020] Patrick Cabanel, « Didkowski », dans André Encrevé et Patrick Cabanel (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours : D-G, t. II, Paris, Max Chaleil, (ISBN 978-2-8462-1288-5), p. 175-176.

Articles connexes

Liens externes

Notes

  1. « http://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/UD/FRAN_IR_001514/d_605 »
  2. Cabanel 2020.
  3. Bonet 2011
  4. Fondation pour la mémoire de la déportation, Banque de données multimédia, I.220
  5. Jean-Claude Barbier, Qu’est-ce qu’un préfet déporté ? : Destins contrastés des préfets de Vichy déportés, CES, UNIV-PARIS1, CNRS, , 43 p. (lire en ligne)
  6. Jean-Claude Duclos et Olivier Ihl, Grenoble en Résistance 1939-1944 parcours urbains, Grenoble, Le Dauphiné libéré, , 130 p.
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