Rapa (île)

Rapa (parfois nommée Rapa Iti, la « petite Rapa » pour la distinguer de Rapa Nui, l’île de Pâques, la « grande Rapa ») est une île située dans l’archipel des Australes en Polynésie française. Peuplée de 512 habitants (2019)[2], Rapa est l'une des îles les plus isolées du Pacifique[3].

Pour les articles homonymes, voir Rapa.

Rapa
Rapa iti (ty)

Vue satellite de Rapa
Géographie
Pays France
Archipel Îles Australes
Localisation Océan Pacifique
Coordonnées 27° 28′ 00″ S, 144° 20′ 00″ O
Superficie 40 km2
Point culminant Mont Perau (650 m)
Géologie Île volcanique
Administration
Collectivité d'outre-mer Polynésie française
Démographie
Population 515 hab. (2017[1])
Densité 12,88 hab./km2
Plus grande ville Ahurei
Autres informations
Découverte George Vancouver en 1791
Fuseau horaire UTC-10
Géolocalisation sur la carte : îles Australes
Rapa
Géolocalisation sur la carte : Polynésie française
Rapa
Îles en France

Géographie

Mont Tautautu à gauche et mont Pukumaru à droite.

L’île de Rapa a une superficie d’environ 40 km2 s'étendant sur les flancs d'un ancien volcan, le mont Perau, haut de 650 m, dont l’un des pans s’est effondré et dont l’océan a rempli le cratère. Les dix îlots rocheux de Marotiri, à 70 km à l’est-sud-est de Rapa, constituent les points de terre les plus méridionaux de Polynésie française. Rapa est l'île habitée la plus au sud du groupe des îles Australes et la plus isolée : elle est distante de 500 km de la plus proche île habitée, Raivavae, et de plus de 1 240 km de Tahiti.

Vue de la baie d'Ahurei.

L’île est le chef-lieu de la commune de Rapa. Ahurei, le principal village de l’île, est situé au bord du cratère immergé ; l’autre village se nomme Area. En 2012, 515 personnes habitaient l’île qui, en raison de l'isolement, ont hérité une langue nettement différenciée des autres langues des îles Australes le rapa, appelée localement Reo Rapa.

Démographie

L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1977. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee, mais la loi relative à la démocratie de proximité du a, dans ses articles consacrés au recensement de la population, instauré des recensements de la population tous les cinq ans en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française, à Mayotte et dans les îles Wallis-et-Futuna, ce qui n’était pas le cas auparavant. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2002, les précédents recensements ont eu lieu en 1996, 1988, 1983, 1977 et 1971. Son évolution est la suivante :

1848 [4] 1860 [5] 1887 [6] 1977 1983 1988 1996 2002 2007 2012 2017
192 398 480 516 521 497 480 515 507
Sources ISPF[7] - Bulletin Officiel de l'Océanie 1848 - Messager de Tahiti 1861

Climat

Le climat à Rapa n'est presque plus tropical car même si selon la classification de Köppen la température moyenne dépasse les 18 °C tous les mois de l'année, elle n'excède jamais les 25 °C (maximum de 24,4 °C en février) et il est difficile de parler d'été chaud ou de chaleur torride quand le record de chaleur ne s'établit qu'à 31,6 °C en mars 1971.

Ainsi, du fait de sa situation bien au sud du tropique du capricorne, le climat sur l'île est caractérisé par des variations saisonnières plus marquées que dans le reste de la Polynésie française[réf. nécessaire] et il se rapproche plus d'un climat subtropical humide ou d'un climat océanique très doux sans hiver froid.

Les étés sont doux mais rarement très chauds et les noix de coco ne poussent pas sur l'île en raison des hivers plutôt frais (température minimale moyenne de 15,8 °C en août et septembre), avec un record de froid à 8,5 °C en septembre 1972 ainsi le montre le tableau climatique. Cependant, malgré cette petite fraîcheur hivernale, Rapa n'a jamais connu de gel ou de neige.

Au cours de l'année 2007, les températures maximales ont varié de 19 °C à 26 °C et les minimales de 16 °C à 22 °C (degrés Celsius). La moyenne annuelle est de 20 °C. Les précipitations sont importantes, plus de 2 570 mm d'eau par an[8]. Il peut pleuvoir plus d'un mois d'affilée. La brume est fréquente et le ciel souvent couvert. Rapa est soumise à des vents d'ouest fréquents parfois très violents.

Données climatiques à Rapa (1981-2010)-altitude: 2m 27° 37′ 06″ S, 144° 20′ 00″ O
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) 21,7 22,3 21,7 20,2 18,6 16,8 16,2 15,8 15,8 16,9 18,5 19,9 18,7
Température moyenne (°C) 23,7 24,4 23,9 22,4 20,8 19,1 18,4 18,1 18,1 19,2 20,6 21,9 20,9
Température maximale moyenne (°C) 25,7 26,4 26,1 24,5 22,9 21,4 20,7 20,4 20,4 21,4 22,7 24 23
Record de froid (°C)
date du record
12,2
05.1953
15,6
23.1993
15,2
15.1952
13,5
07.1965
10,1
21.1954
10,2
27.1982
9,8
02.1984
8,9
22.1963
8,5
05.1972
10,5
20.1976
12
02.1968
13,2
08.1970
8,5
1972
Record de chaleur (°C)
date du record
31
27.1995
30,9
02.1963
31,6
07.1971
30,3
04.2009
28,1
05.1971
26,3
10.1970
25,5
10.2021
25
23.1971
26,4
27.2018
26,4
12.1970
28,9
22.1995
30,1
21.1970
31,6
1971
Ensoleillement (h) 128,9 130,3 129,1 107,7 96,6 78,9 95 104,1 119,1 129,3 119,6
Précipitations (mm) 229,4 186,9 275,8 251,4 185 208,7 258,4 237,8 165,1 184,1 170,6 221,4 2 574,6
Record de pluie en 24 h (mm)
date du record
263,3
25.1971
229,1
28.1965
216,6
08.1997
232,6
29.2009
260,5
12.1972
192,6
07.2014
245,9
05.1992
177,9
10.1965
153
18.1964
279
27.1980
243,4
30.1964
378,3
25.1985
378,3
1985
Nombre de jours avec précipitations 13,2 12,5 15,3 14,9 14,5 15,7 15,4 15,5 12,7 12,2 11,8 12,7 166,4
Nombre de jours d'orage 1,3 0,7 1,1 1,1 0,8 1,1 0,9 1 0,8 0,7 0,6 0,8 10,9
Nombre de jours avec brouillard 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,1 0,1 0,3
Diagramme climatique
JFMAMJJASOND
 
 
 
25,7
21,7
229,4
 
 
 
26,4
22,3
186,9
 
 
 
26,1
21,7
275,8
 
 
 
24,5
20,2
251,4
 
 
 
22,9
18,6
185
 
 
 
21,4
16,8
208,7
 
 
 
20,7
16,2
258,4
 
 
 
20,4
15,8
237,8
 
 
 
20,4
15,8
165,1
 
 
 
21,4
16,9
184,1
 
 
 
22,7
18,5
170,6
 
 
 
24
19,9
221,4
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm

Histoire

Population de Rapa en 1905.

Les Européens, plus exactement George Vancouver, arrivent à Rapa en 1791 : elle s’appelait à l’époque Oparo, l’« île aux pare », sortes de forts (du maori «  ») dont les ruines parsèment encore l’île, particulièrement sur les crêtes et les endroits escarpés ; de telles ruines peuvent également être aperçues sur les plus gros îlots de Marotiri.

Les pare (Mapitanga, Morongo Uta, Ororangi, Pukumanga, Pukutaketake, Ruatara, Tanga, Tevaitau et Vairu) ont nécessité des travaux d'envergure pour les insulaires et semblent répondre à la nécessité, pour chaque clan (vaihu), de se protéger des convoitises des autres. Mais des alliances ont aussi été nouées, comme en témoignent les chemins de crête reliant certains pare entre eux. C'est aussi ce que relate la tradition orale qui fait état de la « guerre des Marotiri » (îlots en propriété collective des Rapanais) entre Koroi, chef d'Ahurei qui voulait s'en emparer, et une coalition des autres clans, dont le chef Teraau (mort en 1825) sortit vainqueur pour finir roi de l'île. Son descendant, Teparima, fut le dernier roi de Rapa, la monarchie étant abolie par les Français le .

Mais entre-temps, les esclavagistes péruviens envahirent l'île en 1861, emmenant de force des Rapanais aux îles Chincha pour y extraire le guano, et par la suite la population diminua fortement en raison de l'introduction, par les survivants de retour, de la variole et de la dysenterie[10].

Les liens avec l'île de Pâques

À cause de la ressemblance des noms des deux îles, plusieurs personnes ont cherché des liens entre Rapa et Rapa Nui. Eugène Caillot a avancé l’hypothèse d’un remplacement partiel de population de l’île de Pâques par des travailleurs émigrés de Rapa sur les plantations pascuanes (Dutrou-Bornier). Cependant, cette hypothèse n’est pas documentée. Le seul lien avéré est le fait que le nom « Rapa Nui » fut donné par des matelots de Rapa ayant participé au rapatriement des Pascuans et des Rapanais enlevés par des esclavagistes péruviens[11].

Économie

L’île ne possède aucune piste d'atterrissage et n'est reliée aux autres îles que par le cargo mixte Tuhaa Pae tous les deux ou trois mois ; le patrouilleur La Tapageuse de la Marine nationale y effectuait aussi des missions de liaison depuis Tahiti[12].

Galerie

Notes et références

  1. Répartition de la population de la Polynésie française par île en 2017, Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF), consulté le 27 février 2019.
  2. Institut de la statistique de la Polynésie française, consulté le 24 mai 2019.
  3. « L'île de Rapa : isolée mais heureuse », sur evaneos (consulté le ).
  4. Bulletin Officiel de l'Océanie du mois d'avril 1848 / Messager de Tahiti de 1861, n°23 p.3
  5. Messager de Tahiti de 1861, n°23 p.3
  6. Annuaire des Établissements Français de l'Océanie, 1892, p.239
  7. Population, naissances et décès entre deux recensements (RP), Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF), consulté le 27 février 2019.
  8. En juillet 1999 il est tombé 300 litres d'eau au mètre carré
  9. D'après « Fiche climatologique de Rapa, Météo France », sur Service de la météorologie de la Nouvelle-Calédonie (consulté le ).
  10. Jean Guillin, L'archipel des Australes, éd. A. Barthélémy et Le Motu 2001, (ISBN 2-87923-138-8), pages 142-146.
  11. Steven Roger Fischer, Island at the End of the World: The Turbulent History of Easter Island, Reaktion Books 2005
  12. la Tapageuse en visite au bout du monde sur le site du Ministère de la Défense.

Annexes

Bibliographie

  • Yannick Fer et Gwendoline Malogne-Fer, Tuaro'i. Réflexions bibliques à Rapa, conversion et identité, Tahiti, Haere Po, 2000.
  • Allan Hanson, Rapa, Bulletin de la Société des Océanistes no 33, Musée de l'Homme, Paris, 1973.
  • Jean Guillin, L'Archipel des Australes, Éditions A. Barthélémy & Éditions Le Motu, Avignon, 2001.
  • Albert t'Serstevens, Tahiti et sa couronne, éditions Albin Michel, Paris, 1971.
  • Christian Ghasarian, Rapa. île du bout du monde, île dans le monde, Demopolis, Paris 2014.
  • Christian Ghasarian, Rapa, une île du Pacifique dans l'histoire (1791-1956), Ginkgo éditeur, Paris 2016.
  • Steven Roger Fischer, Island at the End of the World: The Turbulent History of Easter Island, Reaktion Books 2005

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