Raymond Paumier

Raymond Paumier est un nutritionniste français, né à Souligné-sous-Ballon dans la Sarthe le [1] et mort le à Sant Julià de Lòria en Andorre[2],[3].

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Raymond Paumier
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activité

Conseiller de Pierre Mendès France sous la IVe république, il lutte contre la malnutrition en milieu rural[4], en instaurant des campagnes d’éducation au goût et de distribution du lait (le dernier pays avoir conservé cette usage est le Québec au Canada en 1977)[5]. Il interdit l'usage de l'alcool pour les enfants en âge scolaire (de moins de 14 ans avant 1959 et 16 ans après la loi de Jean Bethoin sur la généralisation de l'enseignement en France)[6].

Instituteur passionné de sociologie et de médecine

Jeunesse et formation

Né dans une famille modeste, il se passionne pour la médecine[7]. Mais c'est vers l'éducation qu'il se tourne d'abord. Pour beaucoup de jeunes de sa condition, devenir instituteur est alors (et reste) une promotion sociale[8].

En lien avec ses deux passions, en 1930, il met en place les premiers prototype de cantine scolaire avec le docteur Louis Saint Pierre , médecin et maire de Montgeron[3].

Assistant d'Alexis Carrel

Il correspond avec et fréquente le Prix Nobel de Médecine Alexis Carrel[9], figure à la fois révérée et décriée de la psychopathologie d'époque, réputé pour ses recherches sur le génome humain mais dont les prises de position ouvertement eugénistes en matière de handicap sont condamnables.

La guerre et la résistance

En 1940, dans la France envahie et occupée par l'Allemagne nazie, il devient un résistant[10]. Son rôle dans la libération de la France reste de faible envergure à l'échelle nationale[9], mais déterminant pour la suite de sa carrière professionnelle et militante, puisqu'elle lui ouvre de nouvelles opportunités dans la France à reconstruire, pour appliquer ses idées novatrices en matière de pédagogie de la santé[11].

Fort de son talent d'organisateur dans le mouvement de la résistance nord[12], il devient après guerre conseiller de la maire de Montgeron[10]. Pendant ces années, il croise dans son militantisme la figure de Pierre Mendès France, et une amitié profonde naît entre les deux hommes au point où ce dernier devient son référent en politique[13].

Réformateur social

Le contexte d'après-guerre

En 1947 et jusqu'en 1949, dans une France encore soumise aux tickets de rationnement[14], à la sous-nutrition et à la malnutrition, il expérimente les premières cantines scolaires dans sa commune de Montgeron, très différentes de l'idée qu'on en a aujourd'hui [15]: il s'agit plutôt d'un préau ou d'une salle de classe aménagée en réfectoire[16]. Le confort est sommaire, mais le succès est au rendez-vous, au point de susciter l'intérêt des pouvoirs parisiens[17]. Très vite cet humble restaurant scolaire se déplace dans une villa désaffectée de Montgeron, appelée la Roseraie[4].

Les ravages de l'alcoolisme

Comprenant les ravages de l'alcoolisme[18], qui provoque des problèmes gastriques, de croissance et de concentration en classe chez l'enfant[19], il bannit du réfectoire le cidre et le vin[20], au profit du lait considéré alors comme bénéfique pour la santé de l'enfant, car riche en calcium[21]. Le Front populaire avait déjà mis en place cette mesure durant le terrible hiver 1937-1938, dans une moindre mesure, et à titre exceptionnel[22].

Ses rapports avec l'école nouvelle

La grande invention de Raymond Paumier est de s'inscrire dans une démarche nouvelle en matière de pédagogie[23], qui n'est pas sans rappeler l'éducation nouvelle, alors en vogue dans l'euphorie d'après-guerre, dans une France libérée, en mal de régénération sociale, comme en témoigne aussi l'École émancipée de Célestin Freinet, avec entre autres le journal scolaire mural[24].

Ils ont tous deux en commun une démarche novatrice, dans leur conception de l'école, comme lieu de transmission d'un savoir académique, mais aussi de réforme sociale[25], dans la recherche d'une société plus juste, parce que plus égalitaire, tout en refusant collectivisme et embrigadement[26].

À la fin de sa vie, son expérience municipale se poursuit par le déménagement du réfectoire au centre scolaire Jean Moulin[27].

Conseiller de Mendès France

Sous la IVe république

En 1954, bien loin de la France métropolitaine, la guerre d'Indochine prend fin avec la défaite de l'armée française à Dien Bien Phu, face au Việt Minh : l'Indochine éclate en quatre États indépendants et souverains (Nord-Vietnam, Sud-Vietnam, Laos et Cambodge)[28]. Dans le même mouvement, la majorité passe du centre-droit au centre gauche, Joseph Laniel laisse la Place à Pierre Mendès France, ancien résistant, opposant au Régime de Vichy et membre du Parti Radical, et qui, outre ses idées anti-coloniales, professe un radicalisme rénové pragmatique mêlant volontairement planisme de type néo-socialiste, subsidiarité gaulliste et réformisme social-démocrate[29].

Son parcours politique

Raymond Paumier n'est pas radical-socialiste, mais transfuge de la SFIO, dans le sillage d'un de ses représentants dans une partie de la Seine-et-Oise (l'actuelle Essonne)[10], le docteur Louis Saint Pierre [3]. Il est de tendance blumiste, plus à gauche que Mendès France certes, mais moins idéologue. La politique pour lui n'est pas un but, mais le moyen de faire avancer ses idées[30].

La postérité de ses travaux de nutritionistes

En 1956, le rêve de Raymond Paumier est la généralisation des cantines scolaires [31]. L'interdiction de l'alcool est cette année acté [32]. Il faut pourtant attendre 1982 pour que la population enseignante et le personnel, avec la loi Claude Evin, n'aient plus le droit de consommer du vin ou du tabac dans les établissements scolaires publics et privés sous contrat d'association[33].

Notes et références

  1. Acte de naissance n° 17 de 1902, Souligné-sous-Ballon, http://archives.sarthe.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php?arko=YTo3OntzOjQ6ImRhdGUiO3M6MTA6IjIwMjItMDgtMjMiO3M6MTA6InR5cGVfZm9uZHMiO3M6MTE6ImFya29fc2VyaWVsIjtzOjQ6InJlZjEiO2k6MTk7czo0OiJyZWYyIjtpOjg2NzE7czoyMDoicmVmX2Fya19mYWNldHRlX2NvbmYiO3M6OToiZXRhdGNpdmlsIjtzOjE2OiJ2aXNpb25uZXVzZV9odG1sIjtiOjE7czoyMToidmlzaW9ubmV1c2VfaHRtbF9tb2RlIjtzOjQ6InByb2QiO30=#uielem_move=-1842%2C-403&uielem_islocked=0&uielem_zoom=297&uielem_brightness=0&uielem_contrast=0&uielem_isinverted=0&uielem_rotate=F, (page 117/125 du registre N,M,D de 1893-1902).
  2. Relevé généalogique sur Geneanet
  3. « Les cahiers de l’histoire : Raymond Paumier, le père de la restauration scolaire », sur Restauration Collective, (consulté le )
  4. Didier Nourrisson, « Manger à l’école;: une histoire morale », Food and History, vol. 2, no 1, , p. 227–240 (ISSN 1780-3187, DOI 10.1484/J.FOOD.2.300279, lire en ligne, consulté le )
  5. François Bourdau, « Le programme lait école en 1977 », Université de Quebec, , p. 127 (15 février 2021)
  6. Charles De Gaulle et Jean Berthoin, « 38. 6 janvier 1959. Extraits du décret n° 59-57 portant réforme de l'enseignement public », Publications de l'Institut national de recherche pédagogique, vol. 21, no 2, , p. 198–201 (lire en ligne, consulté le )
  7. Patrick Pluchot, Président Du Musée De La Maison D'école À Montceau-les-mines, « Musée de l'école à Montceau-les-Mines: Des cantines scolaires aux restaurants d'enfants », sur Musée de l'école à Montceau-les-Mines, (consulté le )
  8. Francine Muel-Dreyfus, Le métier d'éducateur : les instituteurs de 1900, les éducateurs spécialisés de 1968, Les Éditions de Minuit (réédition numérique FeniXX), (ISBN 978-2-7073-3349-0, lire en ligne)
  9. Michel Mérat, « Le père des restaurants d'enfants », Montgeronmag, (consulté le )
  10. « L'héritage de Raymond Paumier », sur leparisien.fr, (consulté le )
  11. Didier Nourrisson, A votre santé ! : éducation et santé sous la IVe République, Université de Saint-Etienne, , 212 p. (ISBN 978-2-86272-250-4, lire en ligne)
  12. (en) Alain Drouard, « Crispy in the french breakfast », Anthropology of food, no 1, (ISSN 1609-9168, DOI 10.4000/aof.1367, lire en ligne, consulté le )
  13. Robert SCHNEIDER, De Gaulle et Mitterrand, Place des éditeurs, , 196 p. (ISBN 978-2-262-06493-8, lire en ligne)
  14. « 1er décembre 1949 - Les Français en finissent avec le rationnement - Herodote.net », sur www.herodote.net (consulté le )
  15. Didier Nourrisson, « Manger à l’école;: une histoire morale », Food and History, vol. 2, no 1, , p. 227–240 (ISSN 1780-3187, DOI 10.1484/J.FOOD.2.300279, lire en ligne, consulté le )
  16. Jacques Doublet, « La sécurité sociale et la consommation du lait et des produits laitiers », Économie rurale, vol. 27, no 1, , p. 119–120 (DOI 10.3406/ecoru.1956.1395, lire en ligne, consulté le )
  17. Francine Muel-Dreyfus, « L'école obligatoire et l'invention de l'enfance anormale », Actes de la Recherche en Sciences Sociales, vol. 1, no 1, , p. 60–74 (DOI 10.3406/arss.1975.2450, lire en ligne, consulté le )
  18. « https://www.lanouvellerepublique.fr/a-la-une/en-1954-le-verre-de-lait-institue-par-pierre-mendes-france », sur lanouvellerepublique.fr (consulté le )
  19. Thierry Fillaut, « Alcoolisme et antialcoolisme en France (1870-1970) : une affaire de genre », Boire une affaire de Sexe et d'Age, , p. 15-28 (lire en ligne)
  20. « Quand les Français donnaient de l'alcool à leurs enfants pour les rendre « plus forts » », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, (consulté le )
  21. Jacques Doublet, « La sécurité sociale et la consommation du lait et des produits laitiers », Économie rurale, vol. 27, no 1, , p. 119–120 (DOI 10.3406/ecoru.1956.1395, lire en ligne, consulté le )
  22. Dominique Lejeune, Les femmes en France dans l'entre-deux-guerres, (lire en ligne)
  23. Séverine Parayre, « L’école primaire après la Libération », Après Demain, (lire en ligne)
  24. Hélène Asselin, « Le conseil de coopération », Québec français, no 103, , p. 33–35 (ISSN 0316-2052 et 1923-5119, lire en ligne, consulté le )
  25. Giraldine Comoretto, Manger entre pairs à l’école : Synchronisme et complémentarité des processus de socialisation, (lire en ligne)
  26. BLOG Montgeron Ma Ville, « Raymond Paumier. », sur Le blog d' Isabelle BIGAND VIVIANI - Montgeron ma ville (consulté le )
  27. La Coordination FCPE de Montgeron, « La Roseraie vivra ! .... et à la fin c'est les enfants qui gagnent ! », sur La FCPE à Montgeron (consulté le )
  28. Jacques Dalloz, La Guerre d'Indochine (1945-1954), Editions du Seuil, (ISBN 978-2-02-123219-6, lire en ligne)
  29. Encyclopædia Universalis, « JOSEPH LANIEL », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  30. Paul V. DUTTON, « Review of À Votre Santé : éducation et santé sous la IV e République », Annales de démographie historique, no 2, , p. 200–203 (ISSN 0066-2062, lire en ligne, consulté le )
  31. « HISTORIQUE DE LA RESTAURATION SCOLAIRE - PDF Téléchargement Gratuit », sur docplayer.fr (consulté le )
  32. PCPL, « 1956 : Pierre Mendès France interdit l'alcool à l'école - droledhistoire.fr », sur DRÔLE D'HISTOIRE, (consulté le )
  33. GCASVS et BOURILLET, La prévention en question(s) : prévenir c'est préserver son "capital santé", Lavoisier, , 226 p. (ISBN 978-2-7430-1902-0, lire en ligne)

Annexes

Source primaire

  • Raymond Paumier, Un homme se penche sur leur assiette , éditions Max Brézol, 1967, 253 p

Source secondaire

  • Jean Louis Flandrin , Histoire de l'alimentation , Éditions Fayard , 1995, 940 p
  • Jean Vial , Histoire de l'éducation , Éditions Presses universitaires de France , collection Que sais je ? , 2019 , 128 p

Source tertiaire

  • Pierre Avril , Gérard Vincent, La IVe république, histoire et société. Les noms, les thèmes, les lieux, Édition FeniXX réédition numérique , 1987 , 203 p

Article Connexe

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