Redondance

La redondance se rapporte à la qualité ou à l'état d'être en surnombre, par rapport à la logique. Ce qui peut avoir la connotation négative de superflu, mais aussi un sens positif quand cette redondance est voulue afin de prévenir un dysfonctionnement.

Langue

En linguistique, la redondance est une figure de style qui consiste en une répétition (inutile pour son intégrité grammaticale) d'un mot, ou en une expression de la même idée par deux formulations différentes au sein d'une même phrase. La redondance exprime la même idée par une accumulation de synonymes, elle est proche de l'accumulation et du pléonasme.

  • « Je monte en haut »
  • « Je le dis bien haut, je l'affirme et je le proclame » ; il y a redondance de l'idée.

Le pléonasme est souvent assimilé à la redondance, bien qu'il désigne originellement une figure de style consistant en une répétition effectuée pour persuader ou renforcer le sens. Néanmoins la redondance apporte des nuances supplémentaires : « Le ciel était noir, sombre, obscur… » la redondance insiste sur la couleur du ciel mais aussi sur l'angoisse métaphysique ressentie face à la noirceur du ciel,

« Le corbeau honteux et confus »

 Jean de La Fontaine, Le Corbeau et le Renard

Pour Pierre Fontanier, « c'est une figure par laquelle on ajoute à l'expression de la pensée, pour en augmenter la clarté ou l'énergie, des mots d'ailleurs inutiles pour l'intégrité grammaticale. Tous les jours nous entendons dire, ou nous disons nous-mêmes : Je l'ai vu de mes yeux, de mes propres yeux. »

En phonologie, il y a redondance quand le contexte phonétique impose des variantes de traits phonétiques. C'est le contraire de la variation libre.

On parle aussi d'acronyme redondant pour un acronyme dans lequel sont utilisés un ou plusieurs mots déjà présents dans l'acronyme (par ex. virus du VIH).

Informatique

Le collationnement a été utilisé en télégraphie et dans les transmissions radio. Il consiste à répéter à l'identique le message envoyé. Si les deux versions lui paraissent différer, le destinataire peut solliciter une troisième transmission (voir Logique majoritaire).

En informatique, c'est le rapport entre le nombre d'éléments binaires inutiles et le nombre d'éléments binaires du message. On appelle également cela le rapport signal/bruit. La compression de données est une méthode pour réduire le rapport signal/bruit d'un message et ainsi réduire sa taille.

Un code correcteur d'erreurs crée de la redondance pour accroître la fiabilité d'une information lorsqu'elle est transmise par une voie de communication peu fiable (ou stockée sur un support peu fiable). Le Code de Hamming en est un exemple. Certaines redondances n'ont pas pour but de corriger une ou des erreurs de transmission, mais simplement de les détecter, comme la somme de contrôle utilisé notamment dans le contrôle par redondance.

En informatique industrielle, c'est la duplication d'un ensemble en vue d'assurer un fonctionnement sans interruption. En cas de dysfonctionnement d'un ensemble, le second en attente (stand by) reprend le relais instantanément.

Au sein des Centre de données, la redondance est mise en place pour assurer que les services de base et les systèmes auront des doublons (équipement, liaisons, alimentation et chemins, données, logiciels...). Elle a pour objet de garantir la « haute disponibilité » des services informatiques proposés, dans l'éventualité où l’un de ces composants s’avérerait défaillant. Ces garanties de « haute disponibilité » sont pour l’essentiel obtenue par redondance au niveau de tout l’écosysteme du centre de calcul.

Base de données

Dans la conception des bases de données, un effort est fait pour limiter la redondance des informations, qui implique des traitements complexes de mise à jour, et permet ainsi d'améliorer les performances. Pour cela, on utilise généralement la mise en formes normales.

Les techniques dites « de redondance » sont utilisées à un niveau plus bas, celui de l'organisation logique des disques (voir mirroring, RAID, etc.).

Ingénierie

En ingénierie, la redondance de systèmes au sein d'une machine vise à améliorer la fiabilité de cette dernière. En multipliant les systèmes on prévient la défaillance de l'un d'entre eux. C'est ainsi que dans l'aviation de nombreux systèmes sont doublés, dans la navette spatiale américaine certains étaient même triplés.

La redondance à elle seule ne suffit pas à assurer la sécurité : encore faut-il la compléter d'une dispersion physique afin que ce qui est redondant ne soit pas détruit simultanément. À la suite d'un accident d'avion à Ermenonville, on se rendit compte que les trois commandes redondantes des dérives de l'appareil (Douglas DC-10) passaient en un même endroit de l'appareil (son faux plancher), rendant ainsi la sécurité illusoire en cas d'accident à ce point. Un tel point critique, capable de paralyser un système alors même que celui-ci incorpore des redondances, est appelé un point unique de défaillance (single point of failure ou SPOF en anglais).

L'AMDEC (Analyse des modes de défaillance, de leurs effets et de leur criticité), a pour but de trouver les systèmes les plus critiques. Et prévoir une protection supplémentaire en cas de défaillance, comme la redondance du système par exemple.

Approche écosystémique

En écosystémique, la redondance est conçue comme le déploiement d'un éventail de versions différentes d'une même structure (redondance structurelle) ou d'une même fonction (redondance fonctionnelle).

La redondance structurelle désigne des structures différentes pour exécuter une même fonction, comme le double circuit de freinage d'une voiture automobile ou plusieurs ateliers différents ou usines différentes pour fabriquer une même pièce ou un même engin. La redondance structurelle caractérise la complication.

La redondance fonctionnelle est celle de la multiplicité de fonctions différentes exécutées en un point d'une structure, comme un atelier d'artisan qui exécute différentes opérations sur différents matériaux. La redondance fonctionnelle caractérise la complexité et condition de l'auto-organisation chez Henri Atlan. C'est la « variété » chez le neuropsychiatre W. Ross Ashby passé à la cybernétique.

Statistiques et économétrie

Par référence à la théorie de l'information (ISO/IEC DIS 2382-16:1996), la redondance actuelle d'un système est la différence entre l'entropie maximum de ce système et l'entropie actuelle dudit système. Les mesures d'inégalité comme l'indice de Theil fondé sur l'entropie de Shannon sont de telles redondances.

Robotique

Un robot est redondant lorsque le nombre de degrés de liberté (DdL) est inférieur au nombre d'articulations indépendantes (motorisées). Ce genre de robot a donc plus d'actionneurs que nécessaire.

Survie

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En survivalisme, la notion de redondance est elle aussi omniprésente. Elle incite à multiplier efficacement les solutions de secours (Le fameux plan B ou plus.), ainsi qu'une analyse du matériel, de sa disposition et de ses usages. À l'encontre du gadget, chaque objet ou outil peut posséder une seconde fonction (type couteau avec sifflet intégré), qui permettra de conserver cette fonction si l'objet principal est perdu ou détruit (le sifflet de détresse dans le cas présent).

Apprentissage

La redondance est un concept discuté pour la conception et l'ergonomie des systèmes d'apprentissage comme les cours en ligne ou les documents multimédia. Certains soutiennent que la multiplication des formats d'information est positif pour l'apprentissage, d'autres soutiennent qu'en raison de la surcharge cognitive, l'apprentissage est moins efficace[1],[2]. Par exemple, une animation vidéo avec une narration sonore serait plus efficace qu'une animation vidéo avec une narration sonore et un texte expliquant la notion.

Notes et références

  1. (en) Richard E. Mayer et Cheryl I. Johnson, « Revising the redundancy principle in multimedia learning. », Journal of Educational Psychology, vol. 100, no 2, , p. 380–386 (ISSN 1939-2176 et 0022-0663, DOI 10.1037/0022-0663.100.2.380, lire en ligne, consulté le )
  2. Olivier Le Bohec et É. Jamet, « Les effets de redondance dans l'apprentissage à partir de documents multimédia », Le travail humain, vol. 68, no 2, , p. 97 (ISSN 0041-1868 et 2104-3663, DOI 10.3917/th.682.0097, lire en ligne, consulté le )
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