Relations entre l'Algérie et la Russie

Les relations entre l'Algérie et la Russie (Russe : Российско–алжирские отношения, arabe : العلاقات الروسية الجزائرية) sont les relations bilatérales entre les deux pays, la République algérienne démocratique et populaire et la fédération de Russie. La Russie a une ambassade à Alger, et l'Algérie a une ambassade à Moscou.

Relations entre
l'Algérie et la Russie

Algérie Russie
Ambassades
Ambassade d'Algérie en Russie
  Ambassadeur Smail Allaoua
  Adresse Krapivinsky per.,1A
115127 Moscou
  Site web Site de l’ambassade
Ambassade de Russie en Algérie
  Ambassadeur Igor Beliaev
  Adresse 7, Chemin du Prince d’Annam
16030 El Biar Wilaya d'Alger
  Site web Site de l’ambassade
Rencontres sportives
Football 4 matchs


Vladimir Poutine accompagné de Abdelaziz Bouteflika lors de sa visite à Alger le .

Les deux pays sont membres de l'Organisation des Nations unies (ONU), de l'Organisation internationale de la vigne et du vin, de Conseil international des monuments et des sites, du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, et de Forum des pays exportateurs de gaz.

Comparaison entre les deux pays

République algérienne démocratique et populaire Fédération de Russie
Superficie (km2) 2 381 741 17 098 242
Population 44 487 000 (2021) 146 780 000 (2021)
Densité de population (hab./km²) 16 8,4
Capitale Alger Moscou
Plus grande ville Alger (3 154 790) (en 2021) Moscou (11 979 200) (en 2013)
Gouvernement République semi-présidentiel République fédérale semi-présidentiel
Langue officielle Arabe Tamazight Russe
PIB (nominal) milliards de dollars 263,661 (2011) 2 029 (2012)
IDH 0,759 (2018) 0,824 (2018)

Historique des relations entre l'Algérie et la Fédération de Russie

Carte russe de l’Algérie réalisée en 1875 par Alexeï Kouropatkine.

Guerre d'Indépendance ou Révolution Algerienne (1954-1962)

Les relations russo-algériennes se sont formées au cours de la guerre de l'Indépendance algérienne. Le , la délégation de l’Union soviétique a soutenu l’inscription de la question algérienne à l’ordre du jour du Conseil de sécurité. Seuls deux États, l'Union soviétique et l'Iran, ont voté en faveur de l'inscription de la question algérienne à l’ordre du jour[1].

L’URSS s’est résignée puis s’est lentement résolue à fournir son appui au Front de libération nationale (FLN) en raison de l’influence retardatrice du Parti communiste français (PCF). En effet, selon l’historienne russe Evgeniya Obitchkina, « Moscou restait attentif aux propos des communistes français qui se méfiaient du FLN, dont le nationalisme paraissait s’estomper devant le radicalisme musulman à l’esprit fondamentaliste, et qui se demandaient s’il n’était pas l’outil des Anglo-Saxons et de la bourgeoisie arabe »[2]. La politique soviétique envers le FLN évolue à partir du début de 1958, pour ne pas laisser le monopole de son soutien à la Yougoslavie et à la Chine, mais cette évolution est contrariée par le retour au pouvoir du général de Gaulle, que Nikita Khrouchtchev ménage jusqu’au printemps 1960[2].

En , l'URSS fait venir des bateaux sanitaires en Algérie pour prendre en charge les blessés des mines de la ligne Morice[3].

À sa formation en 1958, le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) demande sa reconnaissance aux États du bloc communiste. L'Union soviétique ne répondit pas tout de suite à cette demande, se contentant de fournir une aide financière et de l’armement léger aux forces algériennes. Ce n'est que le à New York que la Russie annonce reconnaître de facto le GPRA[4], le PCF lui ayant conseillé à plusieurs reprises de ne pas le reconnaître de jure avant la signature des accords d’Evian[2].

Aussi, le , le lendemain de la signature des accords d'Évian, l'Union soviétique reconnaît de jure le GPRA[5]. Le premier ambassadeur d'URSS à Alger est nommé en [3].

Des années 1962 jusqu'à l'effondrement de l'URSS en 1991

À l'indépendance de l'Algérie, l'Union soviétique a coopéré avec l'Algérie dans le domaine militaire. Ainsi, dès le , l'arrivée de cinq hélicoptères soviétiques en Algérie est annoncée. De même, le suivant, l'AFP indique qu'une centaine de marins algériens vont être formé en URSS[6].

Le , un accord est signé entre l'Algérie et l’URSS sur la question du déminage des frontières algériennes[6].

Par décret du conseil suprême de l'URSS du et à l'initiative du 1re secrétaire du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique, président du Conseil des ministres de l'URSS Nikita Khrouchtchev, Ahmed Ben Bella est décoré du titre de héros de l'Union soviétique. L'ordre de Lénine et la médaille « Étoile d'Or » lui ont été remises[7].

Du fait des tensions entre l'Algérie et le Maroc, les livraisons de matériels d'origine russe ont augmenté au milieu des années 1970. Ainsi l'Algérie se dote d'un réseau de détection d'origine russe en 1975 et acquiert des Mig 23 et 25 en . À la fin des années 1970, 90 % du matériel militaire algérien est d'origine russe[8].

La Russie a également fourni un soutien en matière d'industrie à l'Algérie. Ainsi, l'URSS a participé au développement du secteur minier en Algérie[9]. Ainsi, 35 % des contrats passés dans le domaine des mines a été conclu avec l'URSS[10].

À partir de 1991

Lors d'une visite officielle du président Abdelaziz Bouteflika du 3 au , une déclaration de partenariat stratégique fut signé entre les deux pays[3].

Le , le président Vladimir Poutine a déclaré – lors d'une visite à Alger – que la dette que l'Algérie a envers la Russie, dans le domaine militaire, a été effacée. Elle s'élevait à 4,7 milliards de dollars[3].

Russie et manifestations de 2019

En tant que grand partenaire du régime algérien, la Russie se montre plutôt réluctante à soutenir les manifestations algériennes de 2019, privilégiant une politique de non-ingérence dans les affaires algériennes. Le président Vladimir Poutine s'est empressé de présenter personnellement ses meilleurs vœux lors de la prise de fonction du président Abdelmadjid Tebboune en ces termes: « Je tiens à vous exprimer mes sincères félicitations à l’occasion de votre élection en tant que président de la République algérienne démocratique et populaire »[11].

Invasion russe de l'Ukraine (2022)

Lors de l'invasion russe de l'Ukraine en 2022, l'Algérie adopte comme à son habitude une position neutre, sans condamner mais toutefois sans attester l'invasion russe. Le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov visite l'Algérie en mai 2022 et fait savoir qu'il apprécie la position « équilibrée » de l'Algérie[12]. Les deux pays signent également un nouveau document « servant de base aux relations bilatérales »[13]. Dans le même temps, le président russe Vladimir Poutine invite son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune à se rendre à Moscou[14].

Coopération algéro-russe

Échanges commerciaux

Échanges commerciaux entre l’Algérie et la Russie[15]
Année Montant
(en millions de dollars US)
2001 157
2002 175
2003 292
2004 184
2005 360
2006 591
2010 plus de 2 milliards

Coopération dans le marché du gaz et du pétrole

La compagnie nationale algérienne Sonatrach en 2006 a procédé, à Moscou, à la signature avec la société pétrolière russe Lukoil, d’un protocole d’accord portant sur la coopération bilatérale dans les hydrocarbures[16]. Le groupe russe prévoit l'ouverture d'une représentation à Alger de Lukoil[16].

Gazprom a également été intéressée par un rapprochement avec l'Algérie dans ce secteur[16]. Des représentants de Gazprom se sont rendus en Algérie en pour discuter des possibilités de coopération dans le domaine du gaz naturel liquéfié[16].

Coopération culturelle

Le , les Journées de l'Algérie ont été organisées à Moscou et à Saint-Pétersbourg[17]. La ministre de la Culture Khalida Toumi s'est rendu à Moscou pour l'occasion[17].

En 2011, des Journées de la culture russe en Algérie ont été organisées à Oran, à Alger et à Constantine[17].

Coopération militaire

Vladimir Poutine et Abdelaziz Bouteflika à la suite de la signature d'un contrat de fourniture d'équipements militaires.

En , la Russie a lancé le premier satellite algérien servant à prévenir les catastrophes naturelles, ALSAT-1[18]. Ce satellite a été mis en orbite par le lanceur russe Cosmos-3M.

En mars 2006, un accord militaire a été conclu lors de la visite du président russe Vladimir Poutine en Algérie[19]. En contrepartie de cet achat, la Russie a effacé la dette algérienne, estimée à 4,7 milliards de dollars[19].

Entre 2010 et 2013, deux sous-marins russes de classe Kilo ont été livrés[20].

Équipement militaire russe en usage en Algérie

La Russie est le principal fournisseur d'armes pour l’Algérie. En 2018, 66 % de toutes les importations d'armes en destination de l'Algérie provenaient de la fédération de Russie[21].

Type Désignation Quantité
(de reconnaissance)
Date
de livraison
Origine
Avion de chasse Soukhoï Su-30 MKA 56 Dernière livraison : (8) Forces aériennes soviétiques
Avion de chasse MiG-29 S 74 Armée de l'air soviétique
Bombardier Soukhoï Su-24 MK/MK2 39 (4) Armée de l'air soviétique
Avion de transport IL-76 TD 32 Armée de l'air soviétique
Avion d'interception Mig-25 PDS/RBSh 12 (3) Armée de l'air soviétique
Avion d'entraînement Yakovlev Yak-130 22 depuis 2009 Armée de l'air russe
Avion ravitailleur IL-78 Midas 6 Armée de l'air soviétique
Hélicoptère Kamov Ka-27 15 Armée de l'air soviétique
Hélicoptère Mi-24 66 Armée de l'air soviétique
Hélicoptère Mil Mi-17 118 Armée de l'air soviétique
Hélicoptère Mil Mi-8 12 Armée de l'air soviétique
Hélicoptère Mil Mi-2 24 Armée de l'air soviétique
Sous-marins classe Kilo 877EKM 2 depuis 1987 Marine soviétique
Char de combat T-55amv 320 Armée rouge
Char de combat T-62 330 Armée rouge
Char de combat T-72AG et T72M1M 500 Armée rouge
Véhicule de transport de troupes BMP-1; BMP-2;
BTR-50; BTR-60
BTR-80.
700; 389;
90; 400;
300.
Armée rouge
Automitrailleuse BRDM-2 224 Armée rouge
Lance-roquettes multiples BM-14 et BM-16;
BM-21; BM-24.
68;
48; 30.
Armée rouge
Blindé antiaérien ZSU-23-4 219 Armée rouge

Visites

Année En Algérie En Russie
2001 Abdelaziz Bouteflika, président de la République algérienne.
2002 Chakib Khelil, ministre de l'Énergie et des Mines.
2003 Abdelaziz Belkhadem, ministre des Affaires étrangères.
2005 Sergueï Lavrov, ministre des Affaires étrangères.
Sergueï Mironov, président du Conseil de la fédération.
Ahmed Gaïd Salah, chef d'état major.
Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation.
2006 Vladimir Poutine, président de la fédération de Russie.
Yuri Baluyevsky, chef d'état major.
Chakib Khelil, ministre de l'Énergie et des mines.
Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la nation.
2007 Viktor Borissovitch Khristenko, ministre de l'Industrie et de l'Énergie. Mohammed Bedjaoui, ministre des Affaires étrangères.
2008 Abdelaziz Bouteflika, président de la République algérienne.
2010 Dmitri Medvedev, président de la fédération de Russie.

Cadre juridique

Cérémonie d'accueil du président Medvedev en Algérie.

De nombreux accords bilatéraux ont été signés entre la Russie et l’Algérie[15].

Lors de la visite du président de la République algérienne Abdelaziz Bouteflika à Moscou le , les deux présidents ont signé[15] :

  • une déclaration de partenariat stratégique ;
  • un protocole sur les consultations politiques entre les Ministères des Affaires étrangères ;
  • un accord de coopération dans les domaines de la culture, de la science, de l’éducation, du sport, du tourisme et des archives.

En , un accord de coopération dans les domaines de la culture, de la science, de l’éducation, du sport, du tourisme et des archives est signé à Moscou[15].

Lors la visite de Vladimir Poutine à Alger le , le président russe et le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, ont signé[15] :

  • un accord sur les relations économiques, commerciales, financières et sur le traitement de la dette ;
  • une convention sur la non double imposition à l’égard des impôts sur les revenus et les biens ;
  • un protocole de coopération entre les chambres de commerce et d’industrie des deux pays ;
  • un accord de création d’un conseil d’affaires algéro-russe.

Le , un accord relatif aux services aériens a été signé a Moscou. Le , un accord de jumelage entre les villes d'Iekaterinbourg et d'Annaba a été signé[15]. Le , un mémorandum de coopération entre le ministère des Affaires religieuses et des Waqfs et le conseil des muftis de la fédération de Russie a été signé à la résidence El Mithak à Alger[15].

En , le président de la fédération de Russie Dmitri Medvedev, a signé avec le président algérien Bouteflika à Alger[15] :

  • un accord de coopération entre l’IDRI (Institut Diplomatique et des Relations Internationales) et l’académie diplomatique russe ;
  • un mémorandum d’entente dans le domaine de la normalisation et de l’évaluation de la conformité entre l'institut algérien de normalisation (IANOR) et l’agence fédérale de réglementation technique et de la métrologie (GOST-R) ;
  • un accord sur le transport maritime ;
  • un accord de coopération entre le conseil économique et social et la chambre civique russe.

Le , un accord de coopération entre le secrétariat général du conseil de la Nation et l’appareil du Conseil de la fédération de l’assemblée fédérale de la fédération de Russie a été signé[15].

Rencontres sportives

L’équipe d'Algérie de football et l’Équipe d'Union soviétique de football ont joué trois matches amicaux, deux en 1964, le premier est gagné par l’URSS sur un score 0-1 dans le Stade du 5 juillet[22], et le deuxième et un match nul d’un score de 2-2[23] dans le stade d’Alger, un en 1971 l’URSS a gagné 7-0.

L'Algérie[24]a fait match nul contre la Russie lors de la coupe du monde de football de l'année 2014. Ce résultat qualifie l'équipe algérienne pour les huitièmes de finale. C'est la première fois qu'elle atteint un tel niveau.

L'équipe d'URSS de handball masculin a battu l'équipe d'Algérie masculine de handball le (33 à 10) et le (26 à 13)[25].

L'équipe d'Algérie de handball masculin et l'équipe de Russie masculine de handball se sont rencontrées à deux reprises : le avec un score de 28 à 22 en faveur de la Russie et le où la Russie remporte la rencontre avec le score de 29 à 28[26].

L'équipe d'Algérie féminine de handball a perdu la rencontre le face à l’URSS (23 à 5)[27].

Notes et références

  1. Documents du Conseil de sécurité - 1956
  2. Guy Pervillé, Compte rendu détaillé du livre d’Alain Ruscio : Les communistes et l’Algérie, des origines à la guerre d’indépendance (2021), Société française d’histoire des Outre-mers (SFOM) Outre-mers, revue d’histoire, n° 408-409, 2020
  3. Ambassade de Russie en Algérie
  4. Michaud 2004, p. 37
  5. Flory 1962, p. 909
  6. Grimaud 1984, p. 131
  7. Décorations remises à Ben Bella
  8. Grimaud 1984, p. 133
  9. Grimaud 1984, p. 136
  10. Judet 1977, p. 84
  11. « Présidentielle : Poutine félicite Tebboune », sur TSA, (consulté le )
  12. « Guerre en Ukraine : Lavrov salue la position de l’Algérie », sur lalgerieaujourdhui.dz (consulté le )
  13. « Algérie-Russie: signature d'un nouveau document servant de base aux relations bilatérales », sur abs.dz (consulté le )
  14. « Tebboune invité par Poutine pour se rendre en Russie », sur observalgerir.com (consulté le )
  15. Relations algéro-russes
  16. L'Expression - 2006
  17. Grigoriev 2010
  18. Métaoui 2010
  19. Aoudia 2006
  20. Benouaret 2013
  21. (en) SIPRI, « TRENDS IN INTERNATIONAL ARMS TRANSFERS, 2018 », SIPRI database, , page 7 (lire en ligne)
  22. « Rencontres amicales 1964 », sur www.footballdatabase.eu
  23. « matche Amical Algérie 2-2 URSS », sur DzFoot
  24. « HISTORIQUE DES CONFRONTATIONS Algérie - U.R.S.S », sur free.fr (consulté le )
  25. « Rencontres opposants Algérie et U.R.S.S. depuis 1980 », sur les-sports.info (consulté le )
  26. « Rencontres opposants Algérie et Russie depuis 2005 », sur les-sports.info (consulté le )
  27. « Rencontres opposants Algérie et U.R.S.S. depuis 1978 », sur les-sports.info (consulté le )

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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