Nandou d'Amérique

Rhea americana

Pour les articles homonymes, voir nandou (homonymie).

Rhea americana
Nandou d'Amérique
Classification (COI)
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Aves
Ordre Rheiformes
Famille Rheidae
Genre Rhea

Espèce

Rhea americana
(Linnaeus, 1758)

Répartition géographique

  • Rhea americana albescens
  • Rhea americana americana
  • Rhea americana araneipes
  • Rhea americana intermedia
  • Rhea americana nobilis

Statut de conservation UICN


NT  : Quasi menacé

Statut CITES

Annexe II , Rév. du 11/06/1992

Le Nandou d'Amérique (Rhea americana) est une espèce d'oiseaux d'Amérique du Sud de la famille des Rheidae. Elle est inapte au vol, de taille moyenne, voisine de l'autruche. C'est l'une des deux espèces actuelles de nandous avec le nandou de Darwin. Elle a été introduite en Europe en Allemagne.

Description

Il s'agit du plus grand oiseau d'Amérique (devant l'autre espèce de nandou qu'est le Nandou de Darwin), les adultes pesant 25 kilos pour une taille à la tête de 1,50 m[1].

* Poids :
    • Femelles : 10 à 20 kg
    • Mâles : 20 à 30 kg
  • Hauteur à la tête :
    • Femelles : 1,25 à 1,40 m
    • Mâles : 1,45 à 1,60 m
[réf. nécessaire]

Les nandous ont un excellent système immunitaire qui permet à leurs blessures de cicatriser rapidement. La graisse du nandou est utilisée comme pommade anti-inflammatoire et sa viande est consommée en Amérique du Nord comme supplément énergétique.

C'est un animal qui, comme l'autruche, est plutôt méfiant et garde généralement ses distances avec les humains ou tout autre possible prédateur, restant toujours en alerte. Il peut néanmoins faire preuve aussi d'un comportement particulièrement agressif ainsi que d'un mauvais caractère, surtout pour les mâles, et ainsi charger et attaquer s'il est dérangé. Même en groupe, les mâles peuvent souvent être agressifs entre eux surtout en période de reproduction.

Son plumage, présent également sur les cuisses contrairement à l'autruche, est gris-brun avec souvent le torse noir. Une ligne noire est généralement présente sur le front et descend le long de l'arrière du cou. En captivité, il arrive que les nandous rencontrés soient parfois voire souvent blancs (leucistiques aux yeux bleus ou albinos aux yeux rouges) ou très clairs mais des cas dans leur milieu naturel d'origine ont aussi été rapportés. Les jeunes sont blanc-beige avec des rayures brun clair dans le sens de la longueur.

Il n'existe aucun réel dimorphisme sexuel présent chez cette espèce même si les mâles sont légèrement plus grands que les femelles (mais ces dernières grandissent en général, à contrario, plus vite que les mâles), les mâles ont souvent un poil plus foncé que les femelles.

Écologie et comportement

Locomotion

Oiseau coureur des pampas de l'Amérique du Sud, le nandou est très rapide et peut faire des enjambées de 1,50 mètre[réf. nécessaire]. Il pratique, pour fuir, la course en zigzag. Ses ailes particulièrement longues pour un oiseau qui ne vole pas, sont alors plus ou moins déployées pour servir de balancier et l'aider à conserver son équilibre ou à changer de direction dans les virages. Il utilise aussi ses ailes lors de parades nuptiales pour attirer des partenaires potentiels.

Le nandou peut ainsi exercer une vitesse maximale proche de 60 km/h[2]. Le nandou se déplace souvent en groupe de 4 à 5 ou 10 individus, voire jusqu'à 100 hors période de reproduction. C'est un oiseau silencieux, sauf durant la saison des amours, où il émet constamment de faibles bruits semblables à des grondements. Jeune, il émet des sifflements. Les nandous ont tendance à être moins vigilants lorsqu'ils sont en groupe, certains officiant en tant que sentinelles tandis que les autres s'occupent ou se nourrissent. Seul, un individu solitaire passera davantage son temps à la vigilance qu'à se nourrir.

Alimentation

Le nandou, comme les autres grands oiseaux terrestres comme l'autruche et l'émeu, mange ce qui se trouve à la base du sol. Sa nourriture se compose ainsi de diverses graminées, de légumineuses, mais aussi d'insectes, de scorpions, de petits rongeurs, de petits oiseaux, de reptiles et de poissons à l'occasion (morts près des cours d'eau pendant les saisons sèches). Son alimentation varie grandement selon les saisons et l'habitat qu'il fréquente.

Il mange aussi les feuilles et les fleurs des plantes basses et moyennes. Son régime assez omnivore lui permet de se contenter d'à peu près tout ce qu'il trouve au sol, que ce soit des plantes indigènes ou introduites. Il peut aussi se nourrir de plantes à larges feuilles (comme des plantes cultivées telles que le bok choy, la bette à carde ou plus simplement le chou), de graines, de racines et de fruits. Les nandous profitent souvent aussi des charognes d'animaux pour attraper et gober les mouches présentes autour. Ils sont aussi coprophages et consomment ainsi les matières fécales fraîches d'autres animaux voire d'autres nandous, bien que de manière occasionnelle. Le nandou consomme aussi avec délectation des matières végétales dures et parfois épineuses (ex : des tubercules ou des chardons).

Comme tout oiseau terrestre ou non, le nandou avale tout rond sans mâcher sa nourriture et avale des cailloux qu'il utilise dans son estomac pour broyer les aliments. Il avale parfois accidentellement des objets métalliques ou brillants, car comme beaucoup d'oiseaux, il est souvent intrigué (sans nécessairement être attiré) par les objets brillants et scintillants.

Il ne mange généralement pas de céréales, ni de monocotylédones en général, bien qu'il puisse s'en accommoder si besoin est. Ce qui fait qu'il est souvent chassé et blâmé dans les zones agricoles par les fermiers qui remplacent peu à peu leur habitat d'origine, bien que dans les champs et les plantations de plantes qu'ils n'aiment pas manger, par exemple certaines céréales ou les eucalyptus, le nandou peut être une espèce très bénéfique pour les agriculteurs puisque mangeant en bonne partie les insectes nuisibles tels les criquets, les sauterelles, les punaises et les cafards. Il arrive qu'il mange aussi en quantité des hyménoptères, sans se soucier des piqures que ces derniers peuvent provoquer.

En captivité, le nandou peut très bien se satisfaire de mélange de céréales (avoine, orge, maïs, etc.) pour compléter son alimentation. Les jeunes, dans la nature ou en captivité, consomment davantage d'aliments d'origine animale, principalement les insectes et arthropodes, que les adultes.

Reproduction

La reproduction du nandou est analogue à celle des autres Palaeognathae (ratites) de grande taille comme l'autruche, l'émeu et les casoars. Il est polygame et atteint sa maturité complète vers l'âge de 2 ans (maturité sexuelle vers 14 mois). La saison des amours se fait au printemps et en été lors de la saison humide. Les femelles, elles, sont souvent polyandres (c'est-à-dire qu'elles se reproduisent avec plusieurs mâles à la fois).

Le mâle se constitue un harem de plusieurs femelles qu'il défend. Durant la période de reproduction, chacune des femelles pond deux à cinq œufs jaune pâle dans le nid creusé dans le sol par le mâle, donnant un total d'environ une vingtaine d'œufs par nid (pour un harem de 7 femelles) bien que le nombre d'œufs puisse aller jusqu'à 80 pour un nid (avec une douzaine de femelles).

Après avoir pondu leurs œufs dans un premier nid, les femelles recherchent un autre compagnon pour pondre dans un second nid. Les nandous construisent généralement leurs nids assez près les uns des autres. Les mâles défendent alors vigoureusement leurs territoires et s'occupent de la couvaison, qui dure 29-38 à 40-43 jours, ainsi que des jeunes jusqu'à l'âge de six mois. Les œufs éclosent à moins de 36 heures d'intervalle, même si certains peuvent avoir été pondus jusqu'à deux semaines d'intervalles. Beaucoup d'œufs n'arrivent cependant pas à maturité et les pertes dues à la prédation peuvent être grandes. Les jeunes sont nidifuges et suivent de près le mâle.

Le nandou peut pondre des œufs non fécondés dans un nid qui sert de leurre afin de protéger le vrai nid. Le nid en question est réalisé par le mâle en fonction de l'emplacement (souvent près ou en dessous de la végétation pour cacher le nid) et de la distance par rapport à l'accès à l'eau et à la nourriture, qui sont des facteurs cruciaux dans le choix des femelles envers les mâles. L'appel "nan-dou" du mâle pendant la période de reproduction peut être à l'origine du nom donné à l'animal.

Le nandou à une longévité d'environ 10,5, 13 à 15 ans dans la nature comme en captivité bien que leur longévité maximale n'est pas connue[3],[4].

Répartition et habitat

Le nandou vit principalement dans les Pampas herbeuses d'Amérique du Sud et son aire de répartition va de l'Argentine, Bolivie, Paraguay, Uruguay et sur une bonne partie de la côte Est du Brésil. Ils vivent de préférence dans des zones de prairies découvertes et où il y a de la grande végétation (souvent dominée par des espèces de plantes des genres Imperata et Paspalum), et restent près d'un point d'eau durant la période de reproduction mais peut habiter une grande variété d'espaces ouverts différents comme les zones de type prairies, savane, les forêts broussailleuses, les zones chaparral ou encore des zones humides herbeuses. Il arrive qu'il soit aussi présent dans des marécages ou dans des zones palustres, salés ou non.

Il est cependant absent ou moins fréquent dans les zones typiques de forêts tropicales humides comme celle de la Mata Atlântica ou encore des hautes terres du Plateau brésilien. Le nandou est présent dans des zones d'altitudes basses et dépasse rarement les zones d'altitudes supérieures à 1 200 mètres (3 900 pieds).

Il occupe ainsi une niche écologique semblable aux ongulés de taille moyenne ou grande vivant dans les grands espaces tel les cervidés, équidés ou les bovidés, rares voire inexistant en Amérique du Sud depuis la fin de la dernière ère glaciaire avec la disparition de la mégafaune sud-américaine qui s'était établie avec le Grand échange faunique interaméricain. La plupart des ongulés sud-américains restant et existant actuellement, comme les tapirs ou les pécaris, vivants dans les zones boisées tropicales ou semi-boisées.

Dans son milieu naturel d'origine, il côtoie et partage son habitat avec le cerf des pampas (Ozotoceros bezoarticus), le guanaco (Lama guanicoe) et le mara de Pantagonie (Dolichotis patagonum) dans les zones où leurs aires de répartitions respectives se chevauchent. Il partage aussi son aire de répartition au nord avec le loup à crinière (Chrysocyon brachyurus).

En dehors de l'homme, l'espèce n'a comme prédateur que le puma (Puma concolor), qui est son prédateur principal, et le jaguar (Panthera onca) de manière opportuniste dans certaines régions comme dans la plaine du Gran Chaco, en Bolivie centrale ou encore dans le Cerrado. Il arrive cependant que l'espèce soit victime des chiens errants qui peuvent s'attaquer aux jeunes et il est possible que le caracara huppé (Caracara plancus) et le Grand grison (Galictis vittata) puissent être un danger envers les nouveau-nés. Le tatou à six bandes (Euphractus sexcinctus) et le grand tatou poilu (Chaetophractus villosus) peuvent quant à eux manger et déranger les œufs dans les nids.

L'espèce passe de plus en plus de temps dans les pâturages comme les terres agricoles en raison du changement, du recul et de la disparition de son habitat d'origine mais aussi à cause de la disponibilité de nourriture végétales et animale (ici des insectes principalement) ainsi que d'une bonne visibilité de loin contre les dangers, à la colère des agriculteurs locaux qui les chassent. Pourtant, les nandous, bien que pouvant se nourrir d'une partie des récoltes, utilisent souvent les monocultures pour se cacher des prédateurs plutôt que pour se nourrir des plantes elles-mêmes.

Présence en Allemagne

L'espèce a été introduite involontairement en Europe en Allemagne et s'est assez bien naturalisée et acclimatée au climat local, assez semblable à celui de leur habitat d'origine. Depuis plusieurs années, en effet, les nandous colonisent la réserve naturelle de Schaalsee-Elbe, classée biosphère par l’UNESCO, et les terres agricoles du Land de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale (principalement dans l'arrondissement du Mecklembourg-du-Nord-Ouest après avoir traversé la rivière Wakenitz) et dans le Duché de Saxe-Lauenbourg en Allemagne du nord. L'introduction de cette espèce remonte en 1999-2000 (avec une date généralement acceptée en août 2000), lorsque au moins quatre mâles et trois femelles (mais d'autres sources indiquent un seul mâle et cinq femelles) se sont échappés d'une ferme à Groß Grönau dans le Schleswig-Holstein et une population marronne s'est ainsi établie[5].

Cela fait de cette espèce actuellement le seul nandou et ratite vivant en Europe et le continent Eurasien, toutes les autres espèces vivant dans l'hémisphère sud en Amérique du Sud (Nandou de Darwin et Tinamous), en Afrique (Autruches et anciennement les Oiseaux-éléphants en comptant Madagascar), en Australie (Emeu et Casoars) ou en Nouvelle-Zélande (Kiwi et anciennement les Moas). La population continue de grandir, de bien se maintenir sans aucun problème apparent et de s'étendre bien que restant majoritairement concentrée près de la commune Groß Grönau, au nord du lac de Ratzeburger[6].

Leur impact sur la faune locale allemande n'ayant jamais été étudié, une étude sur le terrain en avril et en mai 2018 par des étudiants de l'université des sciences appliquées Van Hall Larenstein (en) des Pays-Bas a été menée. Leur étude, se concentrant sur 38 parcelles d'espèces d'oiseaux nicheurs avec une fréquentation des nandous variable de faibles à fortement entre Lübeck et Rhena, a ainsi montré que l'effet des nandous sur l’avifaune nichant au sol avec des interactions avec des espèces comme l'Alouette de champs (Alauda arvensis) été bénéfique et semble même favorable à l'habitat de ces dernières. L'étude a aussi mis en lumière que les densités de nandous et d’oiseaux nichant au sol avaient une corrélation très positive. Les oiseaux nichant au sol comme l'Alouette des champs aimant en général les milieux pâturés, ici entretenus par les nandous qui passent leur temps à se nourrir, se concentreraient davantage dans les zones régulièrement fréquentées par les nandous. Des alouettes des champs ont aussi été vues à plusieurs reprises chantant à environ 10 mètres de ces derniers, de même que la Bergeronnette printanière (Motacilla flava) qui a été davantage aperçue près des nandous et suivrait leurs déplacements pour se nourrir des insectes dérangés par les oiseaux terrestres. À plusieurs reprises les nandous ont aussi été aperçus en compagnie de Chevreuils (Capreolus capreolus) et de Grues cendrées (Grus grus), pour bénéficier de leur vigilance supplémentaire et de leur taille pour repérer de loin d’éventuels dangers[6],[7]. Le nandou exerce ainsi des relations similaires avec les animaux locaux qu'avec les espèces similaires ou vivant dans les mêmes niches écologiques de son milieu d'origine.

L'évolution et l'expansion de l'espèce sur le territoire est progressif et des recensements sont régulièrement faits pour rendre compte du nombre d'oiseaux. Fin 2012, une étude avait montré que la population était passée à 100 têtes et s'était installé de manière permanente. Début 2017, la population atteignit les 205 à 220 oiseaux pour un décompte estimé à environ 250 individus en fin de cette même année. Entretemps, certains agriculteurs, à cause de pertes engendrées par les oiseaux sur les récoltes, ont reçu une allocation pour détruire les œufs des oiseaux afin de freiner leur évolution. Pourtant en automne 2018, environ 566 oiseaux ont été recensés[8].

Plusieurs écologues surveillent la situation et soumettent également que l'espèce américaine n'impacte pas la flore et la faune locale[9]. N'étant donc pas un danger pour l'écosystème local, le nandou n'est pas étiqueté comme espèce invasive ni comme nuisible (bien que malgré tout perçut comme tel par plusieurs agriculteurs et locaux ainsi que par le NHBS (en) depuis 2015)[10]. La présence de l'animal est cependant souvent l'objet de plainte de la part des agriculteurs à cause de leur présence sur les lieux agricoles, dans les champs, et de leur habitude à manger les feuilles des plantations et donc une partie des récoltes. Les dégâts peuvent parfois être importants dans les cultures de blé, de colza et de betteraves à sucre.

L'espèce est officiellement protégée par la loi sur le territoire allemand, de la même manière que les espèces indigènes, et n'est donc pas chassée comme gibier sur le territoire car considérée comme "domestique" en 2017[11]. La seule solution de limitation des dégâts et de régulation de l'espèce est la manipulation les œufs en les perforant, méthode qui la plus douce. D'autres mesures furent tentées mais sans succès et le tir sélectif ainsi que le ramassage d’œufs furent écartés[12]. Ces alternatives à l'abattage des oiseaux ont fait controverses. Depuis 2018, à la suite du nouveau recensement, la chasse a été autorisée pour réguler les effectifs de l'espèce, qui ne possède pas de prédateur naturel sur le territoire. La chasse est bien entendu réglementée et aucun plan d'extermination complète de l'espèce n'est actuellement pensé.

La présence de l'espèce reste malgré tout encore un sujet de controverse parmi et entre les habitants locaux, d'une part, avec certains s'habituant aux oiseaux et profitant même de leur présence comme atout touristique et, de l'autre, la faction composée principalement des agriculteurs qui réfutent les études montrant les effets bénéfiques de l'espèce sur l'environnement et qui les considèrent comme des nuisibles à l'environnement et à leurs plantations[13].

En outre, la réintroduction du nandou en Allemagne peut constituer un exemple de réensauvagement, appelé aussi Rewilding, surtout dans le cadre de réintroduction de grand animaux qui ont disparu d'une grande partie de l'Europe (comme certaines espèces de grands cerfs, l'élan eurasien ou le bison européen) pour veiller à l'entretien de l'environnement. Cette perspective n'a cependant jamais été abordée pour l'instant. Le cas de l'espèce peut aussi constituer un cas de réintroduction d'espèce par substitut de taxon (c'est-à-dire lorsqu'on introduit un taxon dans un milieu, proche, cousin ou occupant au moins une niche écologique similaire et identique à un autre taxon qui vivait dans le même milieu mais qui a disparu, afin que le taxon introduit le « remplace » dans sa fonction), et même si aucun ratite n'a jamais vécu dans l'hémisphère nord (sauf si la famille éteinte d'oiseaux des Geranoididae (en) se révèle être relatif aux paléognathes) il a cependant existé durant le Cénozoïque un groupe éteint d'oiseaux, les Eogruidae (en), qui occupaient une niche écologique similaire aux ratites et vivaient en Eurasie et en Europe de l'Éocène au Pliocène, et ce, même s'ils étaient apparentés aux grues modernes.

Relation avec l'homme

Chasse

Depuis l'émergence de l'homme dans le sud de l'Amérique du Sud, le nandou est l'un des gibiers préférés pour la nourriture. Ses gros œufs sont collectés dans le même but.

Des recherches ont mis au jour que les anciens humains de la région de Patagonie chassaient le nandou d'Amérique et des empreintes de pieds de cette espèce datant du début de l'holocène ont été découverts sur des sites d'art rupestre tels que Cueva de las Manos, côte à côte d'empreinte de mains humaines[14].

Élevage

Comme pour les autruches et les émeus, il existe des élevages de nandous, leur chair, leur cuir, leurs œufs et leur graisse à utilisation médicale et cosmétiques (utilisé pour la fabrication de savon par exemple) étant appréciés et exportés en quantité. Ces élevages sont marginaux mais semblent rentables bien que cela soit dur à vérifier étant donner le faible nombre d'exploitations de nandous[1]. Comme pour les autruches et les émeus, leur élevage est assez aisé si les conditions minimales à leur bien être en captivité sont réunis.

Comme pour plusieurs espèces exotiques d'extérieurs, comme le wallaby de Bennett, il est possible de réaliser pour quiconque un élevage de nandou. La détention de nandous en Europe et en France est bien sûr réglementée et est soumise à l’obligation d’être titulaire d’un certificat de capacité dont l'examen se fait en préfecture. Les nandous étant des animaux grégaires, il faut au moins un groupe de quelques individus (avec un seul mâle pour plusieurs femelles comme pour beaucoup d'oiseaux), et, étant un animal des grands espaces, prévoir un enclos d'au moins 400 m2 de parc pour un couple[15]. Les poussins en bas âge ont une mortalité élevée dans les élevages en confinement (sans accès à l'extérieur), mais dans des conditions optimales en plein air, les poussins vivront normalement et atteindront leur taille adulte à 5 mois environ.

Nomenclature et systématique

Le nom du nandou vient du guaraní ñandú guazu, ñandú signifiant « araignée » et guazu, « grand », soit « grande araignée », le plus probablement en relation avec son habitude d'ouvrir et abaisser alternativement les ailes lorsqu'il coure[16].

Le nandou d'Amérique, comme son espèce voisine le nandou de Darwin, tire son nom scientifique de Rhéa , une titanide grecque, et a été décrit à l'origine par Carl von Linné dans son ouvrage du XVIIIe siècle, Systema Naturae, sous le nom scientifique de Struthio camelus americanus, à partir de spécimens identifiés dans les états de Sergipe et de Rio Grande do Norte au Brésil en 1758[17].

Sous-espèces

Actuellement, il existe cinq sous-espèces reconnues du nandou d'Amérique par le Congrès ornithologique international ainsi que par la majorité des références taxinomiques[18],[19],[20]:

  • R. a. americana - campos du nord et de l'est du Brésil[21].
  • R. a. intermedia - Uruguay et extrême sud-est du Brésil (État du Rio Grande do Sul)[21].
  • R. a. nobilis - Est du Paraguay et à l'Est de Rio Paraguay[21].
  • R. a. araneipes - Chacó du Paraguay et de la Bolivie et du Mato Grosso État du Brésil[21].
  • R. a. albescens - plaines de l'Argentine au sud de la province de Rio Negro[21].

Les principales différences sous-spécifiques de chaque population étant l'étendue de la coloration noire de la gorge et la hauteur, il est difficile d'identifier précisément sans connaître le lieu d'origine les spécimens et populations captivent de l'espèce, toutes les sous-espèces différant peu entre elle et à l'intérieur même de leurs aires de répartition. Leurs aires de répartition respectives se rejoignent autour du Tropique du Capricorne.

Statut et protection

Le nandou d'Amérique est menacé d'extinction, catégorisé en tant que quasi-menacé[22]. Il est en effet chassé par les agriculteurs, les nandous mangeant certaines récoltes. De plus, leurs œufs sont prélevés pour être consommés et leur habitat se rétrécit constamment. L'augmentation de la chasse est la principale menace pesant sur l'espèce, même si la détérioration et le recul de son habitat d'origine via la conversion des prairies en terre de plantations agricoles est un élément important dans son déclin global[22],[23]. Dans ce dernier cas, ce n'est pas à cause du changement d'habitat que l'espèce décline mais à cause des agriculteurs qui les voient comme des ravageurs de cultures et des nuisibles sur les récoltes et les abattent. Actuellement, ce sont les populations de l'Argentine et de l'Uruguay qui sont les plus gravement impactées.

Malgré tout, même si les populations sont en déclin, l'espèce reste encore actuellement très commune et présente sur toute son aire de répartition. En effet, comme l'émeu en Australie, le nandou est un oiseau qui sait s'adapter aux modifications de son habitat, ce qu'attestent son alimentation variée, sa reproduction efficace et son tempérament agressif qui lui permet de faire face en général à n'importe quel danger.

Le commerce international des nandous capturés dans la nature est limité voire interdit, conformément à l'Annexe II de la CITES[24].

Références

  1. Jean Guillaume, Ils ont domestiqué plantes et animaux : Prélude à la civilisation, Versailles, Éditions Quæ, , 456 p. (ISBN 978-2-7592-0892-0, lire en ligne), chap. 5, p. 222.
  2. Terra Nova - Nandou
  3. « BirdLife Data Zone », sur datazone.birdlife.org (consulté le )
  4. (en) Kelly Hodges, « Rhea americana (greater rhea) », sur Animal Diversity Web (consulté le )
  5. « ZEIT ONLINE | Lesen Sie zeit.de mit Werbung oder im PUR-Abo. Sie haben die Wahl. », sur www.zeit.de (consulté le )
  6. « En Allemagne, les nandous ne semblent pas avoir d'effets négatifs sur la faune locale », sur Ornithomedia.com, (consulté le )
  7. https://www.researchgate.net/publication/326441168_Bachelor_thesis_Relation_between_Greater_Rheas_Rhea_americana_and_Ground_Nesting_Birds_in_Northern_Germany
  8. « DER SPIEGEL | Online-Nachrichten », sur www.spiegel.de (consulté le )
  9. émission sur ARTE le vers 18 h 30
  10. (en) « Zweiter Brutvogelatlas des Landes Mecklenburg-Vorpommern [Second Breeding Bird Atlas of Mecklenburg-Vorpommern] », sur www.nhbs.com (consulté le )
  11. (de) « Wie Nandus Ostdeutschland erobern », sur Deutschlandfunk Nova (consulté le )
  12. https://www.socopag.com/index.php?option=com_content&view=article&id=50:les-nandous-ca-vous-emeut&catid=8&Itemid=131
  13. (en-GB) Deutsche Welle (www.dw.com), « Big South American Birds on the Loose in Northern Germany | DW | 03.08.2008 », sur DW.COM (consulté le )
  14. https://cuevadelasmanos.org/pdfs/Onetto%20Podesta.%202011%20Cueva%20de%20las%20Manos.%20An%20Outstanding%20Example%20of%20rock%20art....pdf
  15. « Naissance de Nandous à la Ferme de Beaumont », sur Blog conseils Ferme de Beaumont, (consulté le )
  16. Oiseaux.net, « Nandou d'Amérique - Rhea americana - Greater Rhea », sur www.oiseaux.net (consulté le )
  17. Carl von Linné et Lars Salvius, Caroli Linnaei...Systema naturae per regna tria naturae :secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis., Impensis Direct. Laurentii Salvii,, (lire en ligne)
  18. (en) Guy M. Kirwan, Arne Korthals et Carly E. Hodes, « Greater Rhea (Rhea americana) », Birds of the World, (lire en ligne, consulté le )
  19. « Rhea americana (Nandou d'Amérique) - Avibase », sur avibase.bsc-eoc.org (consulté le )
  20. https://www.doc-developpement-durable.org/file/Elevages/Nandous/Rhea_Wikipedia-Fr.pdf
  21. (en) Emmet Reid Blake, Manual of Neotropical Birds, , 674 p. (ISBN 978-0-226-05641-8, lire en ligne), p. 12.
  22. BirdLife International, « IUCN Red List of Threatened Species: Rhea americana », sur IUCN Red List of Threatened Species, (consulté le )
  23. (en) Paola F. Giordano, Laura M. Bellis, Joaquín L. Navarro et Mónica B. Martella, « Abundance and spatial distribution of Greater Rhea Rhea americana in two sites on the pampas grasslands with different land use », Bird Conservation International, vol. 18, no 1, , p. 63–70 (ISSN 1474-0001 et 0959-2709, DOI 10.1017/S0959270908000075, lire en ligne, consulté le )
  24. http://www.cites.org/common/notif/1990/574.pdf

Voir aussi

Article connexe

Liens externes

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