Richard Croke

Richard Croke (dit Crocus) (né vers 1489–1558), érudit et diplomate anglais au service de Henri VIII, fut précepteur royal. Disciple d’Érasme, il a été l'un des premiers hellénistes anglais.

Biographie

Formé d'abord à Eton College[1], il fut licencié ès Arts de King's College (Cambridge) en 1510[2], et entreprit alors de voyager sur le Continent[3].

Il avait étudié le grec sous la direction de William Grocyn à Londres et à Oxford, puis d’Erasme[4] et d’Aléandre à Paris en 1511. En 1514, il fut appelé comme professeur à l'Université de Leipzig, où il demeura quelques années. Il eut au nombre de ses élèves Joachim Camerarius[5], Hieronymus Dungersheim[6], Julius von Pflug[7]et Caspar Cruciger. Ce fut Petrus Mosellanus qui prit sa succession[8]. Dans ses premières années, on voyait encore en lui le successeur d'Érasme, alors que ce dernier mettait la dernière main à l’editio princeps de son « Nouveau Testament grec » (Bâle, 1516)[9].

Croke fut rappelé par John Fisher en 1519[10] pour qu'il vienne enseigner le grec à Cambridge[11] ; la chaire était en effet restée vacante depuis le départ d’Érasme en 1513, et c'est ainsi que Croke devint le second professeur de grec de Cambridge[12]. Il se vit confier la chaire de rhétorique de Cambridge en 1522[13], fut promu fellow de St John's College (Cambridge) en 1523 et reçu docteur en théologie en 1524[14]. Une controverse s'éleva entre Fisher et lui à propos de l'administration du collège à la fin[15] des années 1520.

En 1529 et 1530 il représenta Henri VIII, dont il avait été le précepteur de grec[16], en Italie, pour présenter la requête en divorce avec Catherine d'Aragon. En tâchant de recruter des experts en droit canon pour défendre la cause du roi Henri[17], il fit la connaissance de plusieurs humanistes (tels Girolamo Ghinucci[18]) et par leur entremise se mit en quête de manuscrits.

À son retour en Angleterre, il fut promu vice-chancelier délégué de Cambridge en 1531, puis vicaire de Long Buckby, dans le Nottinghamshire[14]. L'année suivante il repartit pour l'Université d'Oxford.

Il fut appelé comme témoin lors du procès Thomas Cranmer en 1555.

Œuvres

  • Ausone (1515)
  • Orationes Richardi Croci duos (1520)

Bibliographie

  • J. Przychocki, Richard Croke's search for patristic mss in connexion with the divorce of Catherine, Theol. Studies. 1911; os-XIII: 285–295
  • J. T. Sheppard (1919), Richard Croke, a sixteenth century don: being the Croke Lecture for the May Term, 1919
  • Jonathan M. Woolfson (2000), A "remote and ineffectual Don"? Richard Croke in the Biblioteca Marciana. Bulletin of the Society for Renaissance Studies, 17:2, 1–11

Notes

  1. D'après la notice de Croke dans le Concise Dictionary of National Biography.
  2. « A Cambridge Alumni Database », sur University of Cambridge.
  3. : Richard Croke, de King's College, Cambridge, qui avait obtenu son diplôme en 1509–10, avait étudié le grec Oxford avec William Grocyn; de là il partit pour Paris; et ensuite enseigna le grec à Cologne, Louvain, Leipzig, et Dresde.
  4. : Érasme confia son Encomium Moriæ à Richard Croke à Paris pour que ce dernier le publie...
  5. CNDB, .
  6. Selon M. A. Screech, Erasmus: Ecstasy and The Praise of Folly (1980), p. 25, ce dernier avait étudié avec Croke à Dresde
  7. Jacques V. Pollet, Julius Pflug (1499-1564) et la crise religieuse dans l'Allemagne du XVIe siècle, Brill, 1990, p. 18.
  8. L'helléniste Croke et le latiniste Mosellanus à Leipzig étaient aussi en relation avec Georg Agricola« http://www.uni-leipzig.de/campus2009/jubilaeen/2005/agricola.html »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), Valentin Friedland (Elke Axmacher, « Trozendorf, Valentin », dans Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon (BBKL), vol. 12, Herzberg, (ISBN 3-88309-068-9, lire en ligne), col. 618–623).
  9. D'après Ludwig Keller, Die Reformation und die älteren Reformparteien, Leipzig, , p. 328-330; et Karl Kautsky, Vorläufer des neueren Sozialismus, vol. II : Der Kommunismus in der deutschen Reformation, Stuttgart, , p. 130, 132 : À cette époque Érasme de Rotterdam vivait lui aussi à Bâle et était en contact avec ce groupe. Oecolampadius, le réformateur de Bâle, et Hans Denck étaient liés au cercle d’Érasme dès 1515. À ce cercle appartenait également un proche ami du jeune patricien Conrad Grebel : Heinrich Loriti d’Ennenda à Glarus, qui était en relations avec d'autres érudits de Bâle. À part lui, il y a encore lieu de citer Michael Bentinus (un proche de Hans Denck), Richard Crocus, Wolfgang Capiton, et Johann Oecolampadius.
  10. CNDB donne la date de 1517, année où Croke passa son M. A. à Cambridge. confirme cette datation, mais Hilgendorf (université de Michigan, Wayne, 2001) donne plutôt 1518.
  11. : At Cambridge, Fisher, the Chancellor, recalled his protege Richard Croke from Leipzig in 1519 to carry on the work of Erasmus, who had taught Greek in the University between 1511 and 1513.
  12. : En 1519 Richard Croke fut nommé professeur de grec à Cambridge. Il avait été le disciple d’Érasme et de Grocyn et, grâce à l’Archevêque Warham, avait pu étudier pendant douze ans dans les universités de Paris, Louvain et Leipzig, entrant ainsi au contact du mouvement de la Renaissance à mi-distance de l’Italie. Sa leçon inaugurale en latin est l’un des plus curieux documents que nous possédions à propos des prémisses de la Renaissance des Belles-Lettres en Angleterre. C’est un éloge splendide, quoiqu’empesé, de la littérature et de l’Esprit grecs.
  13. http://www.compilerpress.atfreeweb.com/Anno%20Zilsel%20Humanism.htm
  14. CNDB.
  15. Ce fait est rapporté dans Catholic Cambridge (1983) de M.N.L. Couve de Murville et Philip Jenkins.
  16. En 1519, mais pour peu de temps : cf. Alison Weir, The King and His Court, Random House, (lire en ligne). Croke fut ensuite le précepteur d'un bâtard royal, le Duc de Richmond et du Somerset.
  17. Il tenta en vain d'acheter des témoins : Lettre Originale du Dr Richard Croke au Roi Henri VIII, de Venise, l'An de Grâce 1529. ou 1530. ce 23 d’octobre, concernant la prévarication de certains Frères de l'Université de Padoue, qui ont accepté l'argent de sa Majesté pour leur mission, de dénoncer son mariage avec la reine Catherine ; et qui malgré cela y sont à présent favorables.PDF
  18. Détails dans Patrick Delaforce et Ken Baldry, The Delaforce Family History (lire en ligne), « 22 - King Henry VIII's troubleshooter - John ».
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