Robert Poujade

Robert Poujade, né le à Moulins et mort le à Paris, est un homme politique français. Gaulliste, il est notamment plusieurs fois député de la Côte-d'Or entre 1967 et 2002, maire de Dijon de 1971 à 2001 et ministre de la Protection de la nature et de l’Environnement  il est le premier à exercer une telle responsabilité ministérielle de plein exercice  au début des années 1970.

Ne doit pas être confondu avec Pierre Poujade, Robert Pujade ou Robert Lapoujade.

Robert Poujade

Robert Poujade en 1972.
Fonctions
Député de la Côte-d'Or
entre 1967 et 1981 – de 1986 à 2002
Groupe politique UDVe, UDR puis RPR
Président du Grand Dijon

(1 an, 3 mois et 1 jour)
Prédécesseur Fonction créée
Successeur François Rebsamen
Président du conseil général de la Côte d'Or

(6 ans)
Prédécesseur Pierre Palau
Successeur Henry Berger
Maire de Dijon

(30 ans)
Prédécesseur Jean Veillet
Successeur François Rebsamen
Ministre de la Protection de la nature et de l’Environnement[1]

(3 ans, 1 mois et 22 jours)
Président Georges Pompidou
Gouvernement Jacques Chaban-Delmas
Pierre Messmer I et II
Prédécesseur Fonction créée
Successeur Alain Peyrefitte
Secrétaire général de l'UDR

(3 ans)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Moulins, France
Date de décès
Lieu de décès Paris 14e, France
Nationalité Française
Parti politique UD-Ve (1967-1968)
UDR (1968-1978)
RPR (1978-2002)

Situation personnelle

La famille paternelle de Robert Poujade est originaire de l'Hérault. Elle n'a aucun lien de parenté avec Pierre Poujade, et Robert se déclare aux antipodes du poujadisme[2].

Fils d'Henri Poujade, professeur agrégé de lettres, il fait lui-même des études supérieures qui le conduisent, après une préparation au lycée Alphonse-Daudet, à l'École normale supérieure (promotion 1948)[3] et à l'agrégation de lettres (1953)[4].

Il commence sa carrière d'enseignant en 1954 comme professeur de lettres supérieures au Lycée Carnot de Dijon.

Son épouse, Marie-Thérèse, est condamnée en 2011 pour avoir occupé un emploi fictif de chargée de mission à la mairie de Paris sous la magistrature de Jacques Chirac[5]. Le couple a un fils.

Parcours politique

Débuts

Il s'engage dès l'âge de 18 ans au sein du mouvement gaulliste et milite successivement au RPF[6], chez les Républicains sociaux, à l'UNR, à l'UDR et au RPR. Secrétaire national des étudiants du RPF, il organise ensuite la fédération de la Côte-d'Or des Républicains sociaux, puis il est nommé en 1958 secrétaire général de la fédération départementale de l'UNR. En 1960, il entre au comité central de l'UNR, et au bureau en 1961. Il devient l'un des secrétaires nationaux du parti gaulliste en 1967, avant d'être élu secrétaire général de l'UDR le , puis membre du bureau politique du RPR en 1984.

Après un bref passage (janvier-février 1963) comme conseiller technique au cabinet de Jacques Maziol, ministre de la construction du gouvernement de Georges Pompidou, il est nommé membre du conseil économique et social, au sein duquel il siège en tant que « personnalité qualifiée » de septembre 1964 à avril 1967. Il est également membre de la commission de développement économique régional (CODER) de la Bourgogne de 1965 à 1973.

Il est nommé inspecteur général de l'Instruction publique en 1974.

Engagement pour l'environnement

La protection de l’environnement l'intéresse tôt puisqu'il est membre dans les années 1960 de la Ligue urbaine et rurale et de la Ligue contre le bruit. Président du Haut comité de l'environnement créé en 1970 sous la responsabilité de la DATAR, il est nommé en janvier 1971 ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Protection de la nature et de l'environnement, dans les gouvernements Chaban-Delmas (janvier 1971-juillet 1972). Il est reconduit dans le gouvernement Messmer I (-mars 1973), puis devient ministre de la Protection de la nature et de l'environnement (gouvernement Messmer II, -février 1974). Il est ainsi le premier ministre de l’Environnement[7],[8]. Avec un budget de près de 200 millions de francs et 300 fonctionnaires, son ministère s'étoffe à la suite du premier choc pétrolier.

Ses premières missions concernent la lutte contre la pollution sonore, le développement d’un réseau de contrôle de la qualité de l’air, l'extension des compétences des agences de l’eau, des contrats entre l’État avec les branches industrielles polluantes pour mettre en place des normes de lutte contre les nuisances (notamment avec la papeterie, cimenterie, l’industrie de surfaçage, BTP, cette dernière le menaçant indirectement)[9].

Après son départ du gouvernement, il qualifie dans un livre son ministère de « ministère de l'impossible »[10],[11].

Par la suite, il est président du Conservatoire du littoral (1976), président de la Commission nationale des Secteurs sauvegardés (1978), président de l'Association des Villes et Pays d'art et d'histoire, vice-président de la section française du Conseil international des monuments et des sites (Icomos) (1978).

Maire de Dijon et responsabilités en Côte-d'Or

En 1962, il tente en vain de se faire élire à l’Assemblée nationale face au député sortant, le chanoine Kir (CNI). Il prend sa revanche sur ce dernier lors des élections générales de 1967, où il parvient à prendre le siège de la 1re circonscription de la Côte-d'Or. La même année, il est élu au conseil général de la Côte-d'Or (canton de Dijon-Ouest). À la suite du décès du chanoine Kir, il est élu au conseil municipal de Dijon le , et en devient le maire le . De Gaulle avait souhaité cette élection[12].

Dès le début de son mandat, Poujade s’attelle à la protection du centre-ville : en 1971, Dijon devient le premier secteur sauvegardé de France déclaré comme tel[13]. Sa plus grande réalisation de maire reste la construction de l'auditorium au cœur du nouveau quartier d'affaire qu'il appelait de ses vœux et qui ouvre en 1998. Après 30 ans à la tête de la ville, Robert Poujade décide en 2000 de ne pas se représenter[14]. Jean-François Bazin, ancien président du conseil régional de Bourgogne et pressenti pour lui succéder, échoue face à François Rebsamen au scrutin de 2001, faisant basculer la ville à gauche pour la première fois depuis l'entre-deux-guerres[15].

Mort

Robert Poujade meurt le à Paris. La nouvelle est annoncée par sa famille le , jour de son inhumation[16] au cimetière communal de Têche (Isère)[17].

Détail des fonctions et mandats

Au niveau local

À l'Assemblée nationale

  • Député UDR puis RPR de la Côte-d'Or de 1967 à 1971, de 1978 à 1981 et de 1986 à 2002, il siège à la commission de la défense nationale et des forces armées de 1986 à 2002
    • Élu député pour la première fois en 1967, avec 56,70 % des voix, Robert Poujade prend sa revanche sur Félix Kir qui l'avait battu en 1962. Il est réélu en 1968 avec 50,70 % des voix au premier tour, puis en 1973 avec 53,36 % au second tour, et en 1978 avec 53,30 %. De 1971 à 1974, étant nommé au gouvernement, il laisse son siège à son suppléant René Blas. Ce dernier refuse de lui céder la place en 1974. Robert Poujade est réélu en 1978. En 1981, il est battu sur le fil (49,15 % des voix) par Roland Carraz lors de la vague rose consécutive à l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République. Il retrouve son siège en 1986 lors des législatives proportionnelles, sa liste obtenant 52,95 % des voix devant celle du PS (33,04 %). Il est réélu au premier tour en 1988 dans la 1re circonscription de la Côte-d'Or avec 51,95 % des voix, puis en 1993 avec 50,72 % des voix. En 1997, il l'emporte au second tour avec 53,64 % des voix. Il ne se représente pas en 2002.

Au gouvernement

Autres

Ouvrages

  • Le Ministère de l'impossible[11], Paris, éd. Calmann-Lévy, collection Questions d'actualité, 1975 (ISBN 2-7021-0052-X).
  • Discours académiques (Allocutions prononcées en clôture des séances solennelles de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, 1972-1995), Dijon, Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, 1995.
  • Passage du siècle : les étapes d'une renaissance urbaine, Éd. de l'Armançon, 2007 (ISBN 2-84479-106-9).
  • Avec de Gaulle et Pompidou (Mémoires), Éd. de l'Archipel, 2011 (ISBN 2-8098-0513-X).
  • Retrouver Malraux : souvenirs et relecture, Éd. Pierre-Guillaume de Roux, 2011 (ISBN 978-2-36371-016-1).

Distinctions

Hommages

  • L'auditorium de l'opéra de Dijon, une de ses principales réalisations en tant que maire, est rebaptisé Robert Poujade le 23 juin 2021[19].
  • Une rue porte son nom dans la commune d'Étival-lès-le-Mans (Sarthe) depuis 2016 à la suite de la construction d'un éco-quartier[20]

Notes et références

  1. Ministre délégué à la Protection de la nature et à l’Environnement jusqu’en 1973.
  2. Robert Poujade, Avec de Gaulle et Pompidou, l'Archipel, , p. 33 et p. 73.
  3. « L'annuaire / a-Ulm », sur ens.fr (consulté le ).
  4. « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 | Ressources numériques en histoire de l'éducation », sur rhe.ish-lyon.cnrs.fr (consulté le )
  5. « Marie-Thérèse Poujade condamnée », sur bienpublic.com, Le Bien Public, (consulté le ).
  6. « L'ancien maire de Dijon Robert Poujade est mort », sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté (consulté le )
  7. « Décès de Robert Poujade, premier ministre de l'Environnement. », sur Le Point.fr,
  8. « "Regards sur ces années-là" », sur www3.bienpublic.com (consulté le )
  9. Odon Vallet, L’administration de l’environnement, Berger-Levrault, Collection d’administration nouvelle, 1975, p. 12-20
  10. Robert Poujade, Le Ministère de l'impossible, Calmann-Lévy, (ISBN 978-2-7021-0052-3)
  11. Titre inspiré de la citation de François-René de Chateaubriand à la fin de Mémoires d'outre-tombe : « Le monde actuel est pris entre deux impossibilités : l'impossibilité du présent, l'impossibilité de l'avenir »
  12. Robert Poujade, Avec de Gaulle et Pompidou, p. 115, 135, 226.
  13. « Dijon poursuit son rêve industriel », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  14. « Dijon: Poujade ne se représentera pas en 2001. », sur Libération.fr, (consulté le )
  15. Renaud DELY, « François Rebsamen PS couronné à Dijon pour sa patience », sur Libération.fr, (consulté le )
  16. « Robert Poujade, ancien maire de Dijon et figure politique du XXe siècle, est mort. », Le Bien public (consulté le )
  17. Philippe Landru, « 2020 - Cimetières de France et d'ailleurs », sur http://www.landrucimetieres.fr/spip/, (consulté le )
  18. (it) « Le onorificenze della Repubblica Italiana », sur quirinale.it (consulté le ).
  19. « Dijon. L’auditorium prend le nom de l’ancien maire Robert Poujade », sur www.bienpublic.com (consulté le )
  20. Le Bien Public, mardi 2 juin 2015.

Voir aussi

Bibliographie

  • Henry Coston (sous la dir.), Dictionnaire de la politique française. Tome II, Paris, 1972.
  • Who's who.
  • Charles Marquès, Le XXe siècle à l'hôtel de ville de Dijon, Précy-sous-Thil, Éditions de l'Armençon, 2006.
  • Robert Poujade, Avec de Gaulle et Pompidou, Paris, l'Archipel, 2011, 301 p. (ISBN 978-2-8098-0513-0)

Liens externes

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