Route méditerranéenne centrale
La route méditerranéenne centrale (RMC) est une route migratoire traversant la mer Méditerranée au niveau de la côte ouest de la Libye, et rejoignant l'Italie ou Malte. Il s'agit de la principale voie d'accès à l'Union européenne au départ de l'Afrique.
Parcours
La RMC se décompose en plusieurs parcours principaux différents qui ont pour point d'origine les zones de convergences de routes mineures en Afrique du Nord ou en Afrique subsaharienne. Elles ont toutes pour caractéristiques de mener à la côtes libyennes voire tunisienne afin de rejoindre l'Italie. Ces parcours sont :
- la route de l'est africain[1], dont l'axe général part de la Somalie puis traverse l'Éthiopie (en passant dans la région d'Addis Abeba). Au Soudan, juste après la frontière entre l'Éthiopie et le Soudan, elle converge avec la route dont le point de départ est l'Érythrée. Elle continue ensuite vers Khartoum et remonte au tri-point formé par les frontières entre l’Égypte, la Libye et le Soudan. De là, elle traverse la Libye jusqu'à Tripoli, voire Benghazi[2].
- la route africaine centrale, suivant un axe Bamako-Niamey-N'Djaména-Agadez-Dirkou-Sebha, regroupe les routes secondaires partant des États riverains du golfe de Guinée.
Cette dernière route peut suivre un parcours alternatif entre Bamako et Agadez en passant par Gao au Mali[1],[2].
Dans une certaine mesure, certaines personnes empruntant la route de l'ouest africain, menant généralement à la route méditerranéenne occidentale, traverse l'Algérie par la région de Ouargla pour effectuer la traversée vers l'Italie[3]
Coûts
Selon le photojournaliste Narciso Contreras, une personne doit payer entre 530 et 1320 euros pour se rendre des États d'origines (Érythrée, Gambie, Nigeria, Somalie, etc.) à la Libye[4].
Risques
La RMC comporte un certain nombre de risques pour les migrants.
En Libye, des migrants sont parfois abandonnés dans les villes par des passeurs. Ceux-ci, prévoyant à l'origine d'atteindre la côte libyenne pour l'Europe, sont dès lors vulnérables au trafic d'êtres humains et à d'autres formes d'abus et de violences. Des centres de détentions officiels et non-officiels sont utilisés pour retenir les migrants dont certains seront ensuite soumis à du travail forcé. De même, certains membres des garde-côtes libyens seraient associés à des groupes criminels pour exploiter les migrants[5].
Selon une enquête menée par CNN et publiée fin 2017, les migrants mis en esclavage sont vendus au moins 400 dollars (pour un homme pouvant travailler), voire un peu plus lorsqu'il s'agit d'une femme pouvant être mise sur le marché du sexe[6]. Dans son enquête, CNN a également pris connaissance de neuf marchés aux esclaves tenus dans les villes de Zouara, Sabratha, Castelverde, Gharyan, Alrujban, Zentan, Cabao, Ghadamès et Sebha, tout en précisant que ce ne sont pas les seuls[7].
Statistiques
Les statistiques présentées ici ne concernent que les arrivées en Europe par la route méditerranéenne centrale. Elles n'effectuent pas de distinction entre les demandeurs d'asile et les autres migrants et ne peuvent inclure le taux de reconnaissance des demandes d'asile (celui-ci n'étant pas lié à la route empruntées).
Pays d'origine
Les principaux pays d'origine dont les ressortissants empruntent la route méditerranéenne centrale sont des pays africains, toutefois c'est également le point d'arrivé des ressortissants bangladais[8].
Évolution du nombre d'arrivées
Janv.- | Juil.-déc. 2009 | Janv.- | Juil.-déc. 2010 | Janv.- | Juil.-déc. 2011 | Janv.- | Juil.-déc. 2012 | Janv.- | Juil.-déc. 2013 | Janv.- | Juil.-déc. 2014 | Janv.- | Juil.-déc. 2015 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
7 929 | 3 114 | 738 | 3 712 | 49 599 | 14 662 | 5 274 | 9 877 | 8 225 | 37 073 | 64 110 | 99 822 | 70 428 | 85 518 |
Janv.- | Juil.-déc. 2016 | Janv.- | Juil.-déc. 2017 | Janv.- | Juil.-déc. 2018 | Janv.-fév. 2019 | — | — | — | — | — | — | — |
70 226 | 111 150 | 83 533 | 35 429 | 23 485[alpha 1] | 259[10] |
Notes
- Ce chiffre concerne l'année entière.
Sources
Références
- Bagnoli 2016
- Emergency Response Coordination Center - 2016
- UNHCR - octobre 2017, p. 1
- Olive 2016
- Département d’État américain - 2017
- Al Jazeera - 26 novembre 2016
- Said-Moorhouse 2017
- UNHCR - octobre 2017, p. 14
- Rapport mensuel depuis 2009 de Frontex
- https://frontex.europa.eu/along-eu-borders/migratory-map/
Bibliographie
- « Irregular Migration via the Central Mediterranean », EPSC Strategic Notes, Commission européenne, no 22, (lire en ligne)
- « Central Mediterranean route », sur frontex.europa.eu (consulté le )
- Frontex, Africa - Frontex Intelligence Community Joint Report, Frontex, (lire en ligne)
- Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, Bureau européen, Desperate Journeys, Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, (lire en ligne)
- Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, The central mediterranean route: working on the alternatives to dangerous journeys, Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, (lire en ligne)
- Emergency Response Coordination Center, « Refugee Crisis - Central Mediterranean Route », sur reliefweb.int,
- Lorenzo Bagnoli, « The Mediterranean: why so many deaths at sea in 2016? », Open Migration, (lire en ligne)
- UNHCR, Central Mediterranean Route:Working on alternatives to dangerous journeys, UNHCR, , 17 p. (lire en ligne)
- Frontex, « Detection of illegal border-crossings statistics download », sur frontex.europa.eu
- US Department of State, « Libya », sur state.gov,
- Flore Olive, « Migrants : les esclaves de Libye », Paris Match, (lire en ligne)
- Al Jazeera, « Migrants for sale: Slave trade in Libya », Al Jazeera, (lire en ligne)
- Lauren Said-Moorhouse, « Libya opens investigation into slave auctions following CNN report », CNN, (lire en ligne)
Article connexe
- Politique sur l'immigration au sein de l'Union européenne
- Processus de Rabat
- EUNAVFOR MED opération Irini
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