Rue Antoine-Darquier
La rue Antoine-Darquier (en occitan : carrièra d'Antòni d'Arquièr) une voie publique du centre historique de Toulouse, chef-lieu de la région Occitanie, dans le Midi de la France. Elle se trouve au sud du quartier Saint-Étienne, dans le secteur 1 - Centre.
Rue Antoine-Darquier
(oc) Carrièra d'Antòni d'Arquièr | |
Situation | |
---|---|
Coordonnées | 43° 35′ 41″ nord, 1° 26′ 44″ est |
Pays | France |
Région | Occitanie |
Département | Haute-Garonne |
Métropole | Toulouse Métropole |
Ville | Toulouse |
Secteur(s) | 1 - Centre |
Quartier(s) | Saint-Étienne |
Début | no 8 grande-rue Nazareth |
Fin | no 13 rue des Fleurs |
Morphologie | |
Type | Rue |
Longueur | 129 m |
Largeur | entre 4 et 6 m |
Histoire | |
Anciens noms | Rue Dumas (fin du XVIe siècle) Rue du Soleil (début du XVIIe siècle) Rue Latomy (fin du XVIIe siècle-1794) Rue de la Divinité (1794-1806) |
Nom actuel | 1806 |
Protection | Site patrimonial remarquable (1986) |
Notice | |
Archives | 315552153609 |
Chalande | 162 |
Situation et accès
Description
La rue Antoine-Darquier est une voie publique située dans le centre-ville de Toulouse. Cette rue, large de 4 à 6 mètres, naît perpendiculairement à la grande-rue Nazareth et suit un parcours rectiligne. Elle reçoit la rue Furgole sur la gauche avant de se terminer au croisement de la rue des Fleurs.
Voies rencontrées
La rue Antoine-Darquier rencontre les voies suivantes, dans l'ordre des numéros croissants :
Transports
La rue Antoine-Darquier n'est pas directement desservie par les transports en commun. Les lignes Linéo L4 et de la navette Ville ont cependant des arrêts à proximité directe. Elle est également proche des stations Carmes et Palais de Justice de la ligne de métro , et de la station Palais de Justice des lignes et du tramway.
Si elle n'abrite pas de station de vélo en libre service VélôToulouse, la rue Antoine-Darquier se trouve cependant à proximité immédiate de la station no 47, au carrefour de la rue du Languedoc et de la grande-rue Nazareth.
Odonymie
Le nom de la rue rend hommage à Antoine Darquier de Pellepoix, astronome toulousain qui découvrit la nébuleuse de la Lyre et vécut dans l'hôtel que possédait sa famille dans la rue et où il avait d'ailleurs son observatoire (actuel no 8). Receveur général du clergé avant la Révolution française, correspondant de l'Académie des sciences de Paris, puis de la première classe de l'Institut de France (classe des sciences physiques et mathématiques), il fut un savant reconnu et estimé[1].
La rue ne portait pas de nom spécifique jusqu'au XVIe siècle. À la fin de ce siècle, elle prit le nom du propriétaire d'un immeuble (actuel no 6) et devint la rue Dumas. Au début du XVIIe siècle, elle était appelée rue du Soleil, probablement à cause d'une auberge qui avait cette enseigne. À la fin du même siècle, elle prit cette fois le nom du président au Parlement Latomy qui y avait son hôtel. En 1794, pendant la Révolution française, la rue fut quelque temps désignée comme la rue de la Divinité, en l'honneur de l'Être suprême dont le culte était institué en par Robespierre. Finalement, le nom d'Antoine Darquier de Pellepoix fut donné à la rue à la suite d'une initiative lancée le par le Journal de la Haute-Garonne, peu de temps après la mort du célèbre astronome, le à Beaumont-de-Lomagne. Une ordonnance du approuva ce changement[2],[3].
Histoire
Moyen Âge et période moderne
Au Moyen Âge, l'actuelle rue Antoine-Darquier appartient au capitoulat de Saint-Barthélémy. Ce n'est alors qu'une rue étroite, bordée de quelques maisons. La population du quartier a accès à un puits public, sur la petite place qui se forme devant l'église Saint-Barthélémy (face aux no 1 et 2 rue du Languedoc)[4]. On trouve également, dans la rue voisine, la rue de la Souque-d'Albigès (actuelle grande-rue Nazareth), un four public, qui appartient aux comtes de Toulouse, simplement connu comme le four de la Souque d'Albigès[5]. Une auberge, à l'enseigne du Soleil s'installe dans la rue[2].
Le quartier se transforme considérablement à partir du XIVe siècle, avec le développement de l'administration royale, qui occupe le Château narbonnais et plusieurs bâtiments des rues voisines, autour de la place du Salin et de la place du Château (côtés nord et sud de l'actuelle place du Salin) – sénéchaussée et ses prisons, trésorerie, hôtel de la monnaie, salin, et Parlement à partir de 1443. Progressivement, la population de la rue change et, déjà à la fin du XVe siècle, elle est composée presque exclusivement d'hommes de loi et de parlementaires – avocats, conseillers, procureurs ou présidents au Parlement[6]. À partir du XVIe siècle, les riches familles toulousaines se font construire de belles demeures le long de la rue. Ainsi, au XVIe siècle, Nicolas de Latomy, président au Parlement entre 1547 et 1587, habite un hôtel particulier de la rue (emplacement de l'actuel no 6)[7]. À la fin du siècle, le procureur au Parlement Paul Galan fait construire son hôtel particulier dans le style de la Renaissance tardive (actuel no 11), face à l'hôtel de Nicolas de Boysset, trésorier du domaine (actuel no 10)[1].
Les constructions se poursuivent, dans les goûts classique, au XVIIe siècle, et néo-classique, au XVIIIe siècle. On compte de simples immeubles (actuels no 1, 7 et 9 ; no 12 et 14), mais aussi plusieurs hôtels particuliers, qui abritent l'aristocratie toulousaine, tels l'hôtel Darquier, construit pour la famille de ce nom au XVIIe siècle (actuel no 8), l'hôtel Quinquiry, réaménagé vers 1728 pour Jean de Quinquiry, avocat au Parlement (actuel no 11), l'hôtel Fajole, aménagé en 1744 pour Jean-Claude-Anselme de Fajole, conseiller au Parlement (actuels no 12-14), et l'hôtel de Clergues, construit pour un procureur au Parlement en 1772 (actuel no 3), ainsi que plusieurs hôtels dont les premiers propriétaires sont aujourd'hui oubliés (actuels no 5 ; no 2, 4 et 6). Parmi les personnages notables se détache la figure d'Antoine Darquier de Pellepoix, receveur général du clergé. Passionné d'astronomie, il fréquenta l'académie des sciences de la ville et installa un des premiers observatoires de la ville dans son hôtel[8],[9].
Époque contemporaine
La Révolution française amène des bouleversements. Pendant la Terreur, entre 1793 et 1794, les parlementaires toulousains sont inquiétés, considérés comme suspects. En , Jean-François de Rochefort, qui habite un hôtel particulier de la rue Latomy (actuel no 9), conseiller au Parlement, est arrêté et jeté en prison à la Visitation (emplacement de l'actuel no 49 rue Charles-de-Rémusat). Libéré, il est de nouveau arrêté le . Cette fois, il est mené à Paris pour y être jugé et, condamné à mort, guillotiné place de la Révolution, le de la même année[1].
Au XIXe siècle, le quartier de la rue Darquier conserve un caractère profondément aristocratique. En 1907, l'Automobile Club Toulousain – devenu l'Automobile Club du Midi en 1921 –, qui regroupe depuis 1898 une cinquantaine d'adhérents, amateurs des premières automobiles, compte pas moins d'une vingtaine de personnes issues de la noblesse[10],[11]. De 1940 à 1941 au moins, la Croix-Rouge polonaise avait une infirmerie dans l'ancien hôtel de Quinquiry (actuel no 11).
Patrimoine et lieux d'intérêt
- no 3 : hôtel de Clergues.
L'hôtel, de style classique, est construit pour le procureur au Parlement Clergues, devenu propriétaire des lieux en 1751, dans le troisième quart du XVIIIe siècle : les travaux sont achevés en 1772 d'après la clé du passage d'entrée. L'hôtel, qui s'élève sur deux étages carrés, développe une longue façade, au centre de laquelle s'ouvre un portail surmonté d'une guirlande festonnée. Dans la cour intérieure, les pans de bois sont recouverts d'enduit[12].
- no 5 : hôtel particulier.
L'immeuble, reconstruit au XIXe siècle, conserve des éléments plus anciens dans la cour intérieure, tels que la porte avec son blason martelé datant du XVe siècle[13].
- no 8 : hôtel Darquier.
Un hôtel particulier est construit, probablement au cours du XVIIIe siècle, par Jean-Pierre Darquier, seigneur de Beaumont et receveur des tailles de l'élection de Lomagne, qui réunit en 1750 deux maisons contiguës. Construit sur deux étages carrés et un étage de comble à surcroît, il ne présente pas d'élément remarquable[8],[14].
- no 10 : hôtel de Boysset.
L'hôtel est construit au milieu du XVIe siècle pour Nicolas de Boysset, trésorier du Domaine. Il conserve des fenêtres à meneaux de la Renaissance. Le dernier étage est ouvert par des mirandes[15].
- no 11 : hôtel de Quinquiry.
L'hôtel est construit à la fin du XVIe siècle ou au début du siècle suivant, peut-être pour le procureur du Parlement Jean Galan. Les élévations sur cour avec deux fenêtres à meneaux et les mirandes sont typiques de la Renaissance tardive. La tour capitulaire est de forme rectangulaire et est sommée d'une mirande. Des modifications sont engagées par Jean de Quinquiry, avocat et capitoul, devenu propriétaire de l'hôtel en 1724. Les travaux transforment profondément les façades et le portail dans le goût classique alors en vogue. L'architecte Augustin Callebat effectue des transformations à l'édifice en 1940[16].
- no 12-14 : hôtel Fajole ; Maison de l'Avocat.
Cet hôtel est construit en 1744 pour le conseiller au Parlement Jean-Claude-Anselme de Fajole, qui a racheté trois immeubles entre la rue des Fleurs, la rue des Azes et la rue Antoine-Darquier. L'immeuble à l'angle de la rue des Fleurs (actuel no 14) a conservé une corniche en pierre gothique et une petite fenêtre à accolade du même style, qui pourraient dater du XVe siècle. L'immeuble a cependant été repris au XVIIe siècle, tout comme l'immeuble voisin (no 12), où on trouve encore trois fenêtres à meneaux en boiseries sculptées de la Renaissance tardive et ornés de motifs végétaux et anthropomorphes. L'élévation est couronnée d'une corniche à modillons[17]. L'hôtel abrite aujourd'hui la Maison de l'Avocat de Toulouse et l'ordre des avocats à la cour d'appel.
Personnalités
- José Cabanis (1922-2000) : c'est dans l'immeuble de ses parents qu'est né, le , l'écrivain José Cabanis (actuel no 5).
- Antoine Darquier de Pellepoix (1718-1802) : il vécut dans l'hôtel qu'avait fait construire son père. Il se consacra à l'astronomie et y installa un observatoire astronomique[1].
Notes et références
- Chalande 1918, p. 194.
- Chalande 1918, p. 194-195.
- Salies 1989, vol. 1, p. 355.
- Salies 1989, vol. 2, p. 269.
- Chalande 1918, p. 168.
- Chalande 1918, p. 169.
- Chalande 1918, p. 196.
- Chalande 1918, p. 197-198.
- Salies 1989, vol. 2, p. 224.
- Salies 1989, vol. 1, p. 82.
- Dépêche, « Automobile Club du Midi », La Dépêche du Midi, 2 juillet 2002.
- Notice no IA31132841, inventaire général du patrimoine culturel, région Occitanie/ville de Toulouse.
- Notice no IA31132840, inventaire général du patrimoine culturel, région Occitanie/ville de Toulouse.
- Notice no IA31132844, inventaire général du patrimoine culturel, région Occitanie/ville de Toulouse.
- Notice no IA31132852, inventaire général du patrimoine culturel, région Occitanie/ville de Toulouse.
- Notice no IA31132837, inventaire général du patrimoine culturel, région Occitanie/ville de Toulouse.
- Notice no IA31132851, inventaire général du patrimoine culturel, région Occitanie/ville de Toulouse.
Voir aussi
Bibliographie
- Jules Chalande, « Histoire des rues de Toulouse », Mémoires de l'Académie des Sciences et Belles-Lettres de Toulouse, Toulouse, vol. 11e série, t. VI, , p.194-198.
- Pierre Salies, Dictionnaire des rues de Toulouse, 2 vol., éd. Milan, Toulouse, 1989 (ISBN 978-2867263545).
Articles connexes
Liens externes
- Inventaire préliminaire de la ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse (consulté le ).
- Inventaire général du patrimoine culturel d'Occitanie, sur le site Ressources patrimoines - La médiathèque culturelle de la Région Occitanie (consulté le ).
- Portail de Toulouse
- Portail de l’architecture et de l’urbanisme
- Portail de la protection du patrimoine