Ruud Lubbers
Rudolphus Franciscus Marie Lubbers, dit Ruud Lubbers (prononcé en néerlandais : /ˈryt ˈlʏbərs/), né le à Rotterdam, où il meurt le , est un homme d'État néerlandais, Premier ministre des Pays-Bas de 1982 à 1994 et haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés de 2001 à 2005.
Pour les articles homonymes, voir Lubbers.
Ruud Lubbers | ||
Ruud Lubbers en 1986. | ||
Fonctions | ||
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Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés | ||
– (4 ans, 1 mois et 19 jours) |
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Prédécesseur | Sadako Ogata | |
Successeur | António Guterres | |
Chef politique de l'Appel démocrate-chrétien | ||
– (11 ans, 2 mois et 23 jours) |
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Prédécesseur | Dries van Agt | |
Successeur | Elco Brinkman | |
Premier ministre des Pays-Bas | ||
– (11 ans, 9 mois et 18 jours) |
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Monarque | Beatrix | |
Gouvernement | Lubbers I, II et III | |
Législature | 27e, 28e et 29e | |
Coalition | CDA-VVD (1982-1989) CDA-PvdA (1989-1994) |
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Prédécesseur | Dries van Agt | |
Successeur | Wim Kok | |
Ministre des Affaires économiques | ||
– (4 ans, 7 mois et 18 jours) |
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Premier ministre | Joop den Uyl | |
Gouvernement | Den Uyl | |
Prédécesseur | Harry Langman | |
Successeur | Gijs van Aardenne | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Rudolphus Franciscus Marie Lubbers |
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Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Rotterdam (Pays-Bas) | |
Date de décès | (à 78 ans) | |
Lieu de décès | Rotterdam (Pays-Bas) | |
Parti politique | KVP (1964-1980) CDA (à partir de 1980) |
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Conjoint | Ria Lubbers (née en 1940) | |
Diplômé de | Université Érasme de Rotterdam |
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Profession | Économiste Entrepreneur |
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Religion | Catholicisme | |
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Premiers ministres des Pays-Bas | ||
Membre de l'Appel démocrate-chrétien (CDA), il est nommé en ministre des Affaires économiques dans la grande coalition du travailliste Joop den Uyl. Il quitte le gouvernement à la fin de son mandat en , puis prend l'année suivante la présidence du groupe du CDA à la Seconde Chambre. Il est nommé Premier ministre en avec le soutien d'une coalition de centre-droit, puis devient chef politique du CDA. En , à la suite de la rupture de l'alliance au pouvoir, il forme une grande coalition avec le Parti travailliste. Considéré comme ayant un tempérament politique très conservateur, il est qualifié par certains d'« héritier » de Margaret Thatcher. L'un de ses slogans électoraux les plus connus est « Plus de marché, moins d'État » (« Meer markt, minder overheid »).
En , il se retire de la vie politique après avoir passé près de douze ans à diriger le pays, ce qui constitue aujourd'hui encore le record de longévité. Il se présente en au poste de secrétaire général de l'OTAN avec le soutien de Paris, Berlin et Londres, mais les États-Unis y mettent leur veto. Cinq ans plus tard, il est désigné haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés et prend ses fonctions en . Accusé par une femme de harcèlement sexuel en 2004, il est blanchi mais démissionne en quelques mois avant le terme de son mandat. En puis , il accomplit deux missions d'information sur les constitutions de possibles coalitions gouvernementales à la demande de la reine Beatrix. Une enquête d'opinion conduite en le désigne comme meilleur chef du gouvernement depuis 1945, à égalité avec son successeur Wim Kok[1].
Biographie
Ruud Lubbers est le fils de Paul Lubbers et Mina van Laack.
Un jeune cadre de l'entreprise familiale
Après avoir accompli, de 1950 à 1957, ses études secondaires à Nimègue, il intègre l'université Érasme de Rotterdam, où il est l'élève de Jan Tinbergen, prix de la Banque de Suède en sciences économiques. Il obtient un diplôme d'économie en 1962 avec mention bien. L'année suivante, il intègre l'entreprise familiale de bâtiments et travaux publics Hollandia b.v., installée à Krimpen aan den IJssel, comme secrétaire de direction. Il en prend la tête en 1965 pour huit ans.
Vie familiale
Ruud Lubbers se marie en 1962 à Ria Lubbers, née Maria Emelie Josepha Hoogeweegen, avec qui il a deux fils et une fille.
Ministre des Affaires économiques
Membre du Parti populaire catholique (KVP) à partir de 1964, il est nommé le ministre des Affaires économiques dans le gouvernement de grande coalition dirigé par le Premier ministre travailliste Joop den Uyl.
Au cours de son mandat, il obtient notamment le maintien de l'approvisionnement du pays en pétrole de la part des pays arabes et fait voter une loi donnant au gouvernement le contrôle des prix et des salaires. Il favorise par ailleurs l'investissement, prend des mesures en vue de restructurer l'industrie et propose une nouvelle politique de l'énergie garantissant notamment la sécurité de l'approvisionnement du pays.
Montée en puissance
Il est élu représentant à la Seconde Chambre lors des élections législatives du .
Il ne prend possession de son mandat que le , à la suite de la formation d'un gouvernement de centre droit par le chrétien-démocrate Dries van Agt mais auquel il ne participe pas. Le , il succède à Willem Aantjes comme président du groupe parlementaire du CDA, ce dernier étant contraint à la démission à la suite d'accusations relatives à son comportement durant la Seconde Guerre mondiale.
Aux élections législatives du , le CDA obtient 29,3 % des voix et 45 représentants, soit un point et deux sièges de moins que les travaillistes. Bien que les chrétiens-démocrates soient en mesure de former une coalition majoritaire, Van Agt refuse d'accomplir un nouveau mandat. Le parti choisit Lubbers pour lui succéder. Celui-ci monte une majorité avec le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD), qui dispose pour sa part de 36 représentants.
Coalition de centre droit
Le suivant, il est nommé Premier ministre des Pays-Bas. Le jour de sa prise de fonction, il est le plus jeune chef du gouvernement néerlandais, étant âgé de seulement 43 ans. Il devient le chef politique du CDA. Son cabinet procède alors à de profondes coupes budgétaires, notamment dans le domaine de la santé, de l'éducation et de la protection sociale, ce qui a permis une spectaculaire réduction du déficit public. Il conduit par ailleurs la privatisation des télécommunications, des postes, des chemins de fer et d'autres entreprises publiques, tout en baissant les impôts et la durée du temps de travail.
En 1984, à la suite de sa visite un an plus tôt aux États-Unis et sa rencontre avec Ronald Reagan, il accepte que l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) déploie des missiles de croisière sur le territoire néerlandais, dans le cadre de la crise des euromissiles, ce qui entraîne une énorme manifestation à La Haye. Cette même année, il participe au dénouement de la crise née de la demande faite par Margaret Thatcher d'obtenir un rabais sur la contribution du Royaume-Uni au budget de l'Union européenne, accord scellé lors du Conseil européen de Fontainebleau.
Il se rend par ailleurs en Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) en 1986 afin d'y évoquer le désarmement et engage l'évolution institutionnelle d'Aruba et des Antilles néerlandaises.
Les élections législatives du sont un triomphe pour Ruud Lubbers : le CDA progresse jusqu'à 34,6 % des voix et 54 représentants, un record qu'il reproduira trois ans plus tard. De deux sièges, il reprend l'avantage sur le Parti travailliste (PvdA). Les libéraux n'ayant plus que 27 représentants, l'écart entre les deux partis de la majorité s'accroît de 9 à 27 parlementaires. Ils forment ensemble un nouveau gouvernement le suivant.
Le , le gouvernement démissionne et prévoit la convocation de nouvelles élections le . Le VVD refuse en effet d'apporter son soutien au financement du plan national pour l'environnement, qui prévoit notamment une hausse des prix des carburants par la suppression d'un avantage fiscal.
La grande coalition
Le jour du scrutin, les chrétiens-démocrates remportent 35,3 % des voix, soit 54 représentants. Les libéraux ayant obtenu 14,6 % des suffrages, ils n'ont plus que 22 parlementaires. La reconduction de la majorité sortante étant trop risquée, Lubbers se tourne vers le PvdA, qui détient 49 mandats à la Seconde Chambre. Le , après deux mois de négociations seulement, le troisième cabinet de Lubbers prend ses fonctions. Le chef travailliste Wim Kok occupe les postes de vice-Premier ministre et ministre des Finances.
Ce nouveau cabinet doit notamment assurer la reprise de l'économie, plombée par la chute de la croissance et la hausse du chômage, ce qui le conduit à adopter une politique de rigueur budgétaire et à réviser le système des invalidités du travail afin de favoriser le retour à l'emploi.
L'année 1990 est riche sur le terrain diplomatique puisque les Pays-Bas annulent leur participation à la guerre du Golfe, favorisent la coordination des politiques énergétiques des membres de la Communauté économique européenne, et rétablissent leurs relations avec l'Afrique du Sud, qui commence le démantèlement de son régime d'apartheid. Un an plus tard, les membres de la CEE signent à Maastricht le traité sur l'Union européenne, qui renforce leurs liens politiques.
Le , Lubbers doit faire face au crash du vol 1862 El Al sur la commune de Bijlmermeer, en banlieue d'Amsterdam.
Retrait de la politique nationale
Le , il abandonne ses fonctions à la tête de l'Appel démocrate-chrétien au profit de son ancien ministre de la Santé Elco Brinkman. Trois mois plus tard, lors des élections législatives de 1994, le CDA perd vingt sièges et se trouve renvoyé dans l'opposition, pour la première fois depuis sa création. Avec un mandat de onze ans et neuf mois, Ruud Lubbers détient le record de longévité à la tête du gouvernement.
Après 1994, un parcours international
En 1995, il est proposé par la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne comme nouveau secrétaire général de l'OTAN en remplacement de Willy Claes. Le gouvernement fédéral des États-Unis oppose cependant un refus et le poste revient à Javier Solana. Il obtient toutefois en 2000 une sorte de lot de consolation, puisqu'il est nommé pour diriger le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Il prend ses fonctions le , ne touchant à sa demande qu'un salaire symbolique d'un dollar américain. En , son mandat de trois ans est prolongé de deux ans, soit jusqu'au . Précédemment, pendant l'année 2000, il est pendant un an le président du Fonds mondial pour la nature.
Il apparaît compromis au milieu de l'année 2004 dans un scandale de harcèlement sexuel à l'encontre d'une fonctionnaire du HCR. Une enquête interne, ordonnée par Kofi Annan, le blanchit de ces accusations, mais il est toutefois sévèrement critiqué par le secrétaire général pour sa « gestion » de la crise, Lubbers ayant pris l'initiative d'écrire à son accusatrice pour lui demander de retirer ses allégations tout en lui faisant une promesse d'impunité. Il finit cependant par démissionner le , ce que le Premier ministre Jan Peter Balkenende qualifie de « revêche » (en néerlandais : wrang).
Informateur dans les turbulences politiques
Il est chargé d'une mission d'informateur en par la reine Beatrix, après la rupture de la coalition de Jan Peter Balkenende. À l'issue de sa mission, il recommande la formation d'un gouvernement minoritaire jusqu'à la tenue des élections anticipées. À la suite des élections législatives de 2010 et de l'absence d'accord de coalition au bout de six semaines, il est de nouveau désigné comme informateur le 23 juillet[2].
Publications
- (nl) Samen onderweg, 1991
- (nl) Geloof in de samenleving: christen-democratie in drie generaties: Ruijs, Klompé, Lubbers, 1998
- (nl) Vluchtelingen in onze tijd, mijn hart voor vluchtelingen, 2005
- (nl) De vrees voorbij: een hartenkreet/Ruud Lubbers in gesprek met Carolina Lo Galbo, 2007
Notes et références
- (nl) Kiezers oneens met Rutte: niet beste kabinet sinds oorlog, www.bndestem.nl, 26 mai 2013.
- (fr) « Les Pays-Bas, en quête d'un gouvernement, explorent une troisième voie », Le Monde, le
Annexes
Articles connexes
Source
- (nl) Parlement & Politiek, « Dr. R.F.M. (Ruud) Lubbers » (consulté le ).
Lien externe
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