SOMUA S35

Le SOMUA S35 était un char de cavalerie de la Seconde Guerre mondiale produit entre 1936 et 1940 par SOMUA. Avec le char lourd B1 Bis, il est considéré comme le meilleur char d'assaut français disponible en 1940.

Pour les articles homonymes, voir S35.

SOMUA S-35

SOMUA S35 rénové exposé à l'US Army Ordnance Museum (Fort Lee, Virginie, États-Unis).
Caractéristiques de service
Type Char de cavalerie
Service 1936 - 1945
Utilisateurs France
 Reich allemand
Italie
Conflits Seconde Guerre mondiale
Production
Concepteur Société d'outillage mécanique et d'usinage d'artillerie (SOMUA)
Année de conception 1935 - 1937
Constructeur Société d'outillage mécanique et d'usinage d'artillerie (SOMUA)
Production 1937 - Juin 1940
Unités produites 430 exemplaires
Variantes SOMUA S-40
Caractéristiques générales
Équipage 3 (conducteur, opérateur radio/pourvoyeur, commandant/canonnier)
Longueur 5,38 mètres
Largeur 2,12 mètres
Hauteur 2,62 mètres
Masse au combat 19,5 tonnes
Blindage (épaisseur/inclinaison)
Type Acier moulé
Frontal (caisse) 47 mm / 2245°
Latéral (caisse) 45 mm / 090°
Arrière (caisse) 35 mm / 22°
Dessus (caisse) 20 mm
Plancher (caisse) 20 mm / 8290°
Frontal (tourelle) 56 mm
Latéral (tourelle) 46 mm / 22°
Arrière (tourelle) 46 mm / 22°
Haut (tourelle) 28 mm / 7290°
Armement
Armement principal Un canon semi automatique SA35 de 47 mm (118 obus)
Armement secondaire Une Mitrailleuse Reibel de 7,5 mm coaxiale (3 750 coups/15 chargeurs)
Mobilité
Moteur SOMUA à 8 cylindres en V
Puissance 190 ch (140 kW)
Suspension Ressort à lames sur boggie
Pression au sol 0,75 kg/cm2
Vitesse sur route 40,7 km/h
Vitesse tout terrain 37 km/h
Pente franchissable 65 %
Puissance massique 9,74 ch/t
Réservoir 310 litres + 100 litres
Autonomie 230–280 km
Autonomie tout terrain 120–140 km

Produit à 430 exemplaires, il était rapide, solidement blindé et équipé d'un canon antichar performant pour l'époque. Ces atouts en faisaient cependant un char cher à produire, et fastidieux à entretenir.

Durant l'invasion allemande de mai 1940, le Somua S-35 s'avèra un blindé efficace mais incapable à lui seul de renverser la situation. Après la défaite de 1940, les SOMUAs S-35 furent réutilisés par les forces de l'Axe. Un modèle dérivé, le SOMUA S-40 devait être développé en juin 1940.

Conception

SOMUA S35 au Bovington Tank Museum
Canon SA35 de 47mm

Son nom vient de la Société d'Outillage Mécanique et d'Usinage d'Artillerie de Saint-Ouen (Seine, actuellement Seine-Saint-Denis). C'est en 1935 que cette société étudia et produisit le prototype avec un tout nouveau concept nommé par l'armée française : Automitrailleuse de Combat (AMC) modèle 1935 SOMUA.

Les ingénieurs français en firent un véhicule innovant pour son époque :

  • Ce fut le premier char français équipé d'un blindage incliné en fonte de haute qualité. Ce type de blindage gagne en épaisseur effective, grâce à l'angle de la plaque, et permet de faire plus facilement ricocher les obus.
  • Il est armé d’un nouveau canon de 47 mm SA35 de 32 calibres semi-automatique à haute vitesse initiale (à 30° d'incidence : perforation de 39 mm à 100 m, 33 mm à 500 m, 26 mm à 1 000 m pour une vitesse initiale de l'obus de 660 m/s).
  • Le SOMUA est considéré comme l'un des premiers chars modulaires. Il est composé de 4 sections reliées par boulonnage : la partie inférieure constituée de 2 sections contenait le moteur, la transmission, les commandes et portait la suspension boulonnée sur ses flancs; les deux autres sections formaient la superstructure. La section arrière recouvrait le compartiment moteur-transmission, tandis que la section avant logeait le compartiment de combat et supportait la tourelle.
  • Les chenilles agissaient indépendamment l'une de l'autre, le char pouvait donc tourner rapidement sur lui-même à l'arrêt.
  • Son moteur de 190 ch à 2 000 tr/min couplé à une transmission à 5 rapports lui permettait d'atteindre plus de 30 km/h en tout terrain, surpassant ses homologues français et même le Panzer III allemand.
Somua S 35 au musée des blindés de Saumur
Poste de pilotage du SOMUA S-35, au musée des blindés de Saumur

Toutefois, certains défauts entravaient les qualités du char :

  • En raison des errements de l'époque, seul le char du chef de peloton était équipé d'une radio ER 29, d'une portée de km rarement atteinte, dans la mesure où une simple ligne d'arbres suffisait à bloquer la transmission, en plus d'un son de mauvaise qualité souvent inaudible. Le chef de char ne pouvait donc correspondre avec ses subordonnés, qu'à l'aide de pavillons de transmission ou d'une estafette. Un ER 28 était bien à l'étude pour équiper les chars subordonnés, mais il ne put entrer en service avant le . De plus, sur les premiers modèles de S-35, la douille éjectée de la culasse, pouvait frapper le poste de radio placée derrière le chef de char et ainsi le mettre hors service.
  • Le char emportait un équipage de 3 personnes, la tourelle monoplace APX, exigüe et mal conçue, rendait difficile la tâche du chef de char qui faisait aussi office de chargeur et de pointeur, et ralentissait grandement la mise en œuvre de l'armement principal. Cette faiblesse était légèrement compensée par le fonctionnement semi-automatique du canon de 47 mm.
  • La visibilité était également très médiocre, problème qui touchait l'ensemble des chars français, et rendait extrêmement difficile la localisation de l'ennemi et l'observation du terrain.
  • Son entretien était compliqué, pour œuvrer sur le moteur, il fallait démonter les éléments du blindage, une opération qui prenait près de 13 heures.

Historique

Le char entra en service en 1936, mais sa production fut réduite entre 1938 et 1939 sur demande de l'État-Major des armées, et de plus l'usine subit des mouvements sociaux. Et puis le char était cher à produire : environ 982 000 Francs par unité (sans la tourelle et l'armement). Finalement, à peine plus de 400 SOMUA sortirent des chaînes d'assemblage.

Les S-35 étaient concentrés dans les divisions légères mécaniques (DLM), comme le firent les Allemands avec leurs divisions de Panzer. D'autres équipèrent le 3e régiment de cuirassiers de la 4e division cuirassée et le 7e régiment de cuirassiers (indépendant). Néanmoins, beaucoup de chars français tombèrent en pannes mécanique ou en pannes d'essence[réf. nécessaire], car les services de l'intendance étaient totalement dépassés par la rapidité des opérations imposées par la progression très rapides des panzer-divisionnen[réf. nécessaire]). Le SOMUA S-35 participa avec succès le à la bataille de Hannut en Belgique, première bataille rangée de blindés de la Seconde Guerre mondiale où l'épaisseur et l'inclinaison de son blindage, lui permirent de résister efficacement aux tirs des canons 3,7-cm KwK 36 L45 des Panzers III ou 7,5-cm KwK 37 des Panzers IV allemands. Seuls les canons anti-aériens de 88 mm allemands arrivèrent à stopper les S-35, alors que le canon de 47 mm français pouvait en théorie transpercer tout le blindage des chars allemands de l'époque. Le corps de cavalerie remplit sa mission retardatrice jusqu'au 14 mai 1940. Après la perte des trois DLM, elles furent reconstituée début juin 1940, avec une dotation réduite en S35.

Parade de S-35 capturés et réemployés par les Allemands.

À la défaite de la France, les Allemands saisirent les S35 restants (environ 297) et les réutilisèrent comme Beutepanzer sous la dénomination de Panzerkampfwagen 35-S 739(f) après remplacement du tourelleau à coupole APX par un tourelleau trappe à deux battants comme sur les panzers. Ils les reconvertirent en chars d'entraînement ou pour le maintien de l’ordre, et notamment le combat contre les résistants.

Certains furent envoyés sur le front de l'Est. D'autres combattirent en Finlande contre l'Armée rouge (l'un d'eux se fit même capturer). Les Allemands disposaient de SOMUA S-35 pour lutter contre les FFI pendant la libération de Paris en .

Des S-35 furent cédés à l'armée italienne.

Deux SOMUA S-35, capturés par les partisans yougoslaves, reprirent du service dans le camp allié. L'un d'eux avec une tourelle modifiée par l'ajout d'un caisson blindé pour accueillir un canon Mk.V de 6pdr (57 mm).

En 1941, le 12e GACA est créé en Afrique-Occidentale française et équipé de chars SOMUA. Ces chars participeront en 1943 à la Campagne de Tunisie. Enfin, des SOMUA, repris à l'occupant, prendront part à la Libération et à la bataille de la poche de Royan.

Identification

Superstructure plus haute que celle du D2 avec un canon plus long et une coupole plus grande (APX1 CE).

Dérivés

SAu-40

Le prototype SAu-40, avec son canon de 75.

Dérivé du S-35 et du S-40, le SAu-40 est un canon automoteur équipé d'un canon de 75 mm, canon dérivé du modèle 1929[1]. Une commande de 36 SAu-40 (dont 12 de commandement non armés) est passée le afin d'équiper l'artillerie des DLM[2]. Elle est annulée le au profit de l'ARL V 39 (en), destiné aux divisions cuirassées et qui utilise le même canon[3]. À la place, les SAu-40 doivent être produits avec des canons de 47 mm modèle 1937, plus faciles à produire[2]. Un seul prototype du SAu-40 (avec canon de 75) a été achevé, construit en acier dur. Pendant la bataille de France, il est intégré en juin 1940 dans une unité de S-35[4],[5],[1].

Voir aussi

Références

  1. « 1937 CANON AUTOMOTEUR SOMUA Sau 40 », sur Chars Français (consulté le )
  2. François Vauvillier et Jean-Michel Touraine, L'automobile sous l'uniforme 1939-40, Paris, Massin, , 244 p. (ISBN 2-7072-0197-9), p. 237
  3. Vauvillier Touraine, p. 231.
  4. Pascal Danjou, Juin 1940 : l'impossible sursaut, Éditions du Barbotin, coll. « Trackstory » (no 5), (ISBN 2-9520988-4-0, présentation en ligne), « Prototype et petites séries », p. 15-17 et 33
  5. François Vauvillier, « Le programme de guerre : bon pour une révision générale », Histoire de guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 75 « Notre cavalerie mécanique à son apogée le 10 mai 1940 », , p. 49

Bibliographie

  • Truck & Tanks Magazine; no 72; pages 43-45
  • Tankograd: German Panzers and Allied Armour in Yugoslavia in World War Two; pages 75-76
  • Magazine Panzerwerck no 19
  • Nicolas Aubin, « Panzer III contre Somua S35, les frères ennemis », Guerres & Histoire Hors série n°10, , p. 66 (ISSN 2115-967X).

Articles connexes

Liens externes

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