Salon international de l'électricité de 1891
Le salon international de l'électricité de 1891 s'est déroulé entre le 16 mai et le à Francfort-sur-le-Main en Allemagne (alors Empire allemand). L'exposition présentait pour la première fois une ligne à haute tension de courant triphasé. Cet exploit a stimulé le développement des lignes de transport d'électricité à travers le monde.
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Histoire
En 1881, alors que le premier salon international de l'Électricité battait son plein à Paris, une compagnie d'électricité allemande voyait le jour à Francfort. Les autorités locales encouragaient par tous les moyens la recherche sur les applications techniques et industrielles de l'électricité. Trois ans plus tard, on comptait déjà à Francfort dix fabricants de matériels électrique. Vers 1890, quelques-uns des futurs leaders du marché allemand étaient déjà en activité : Hartmann & Braun, Voigt & Haeffner et Elektrizitäts-AG vormals W. Lahmeyer & Co. Ainsi la Deuxième révolution industrielle, porteuse de bouleversments comparables à ceux de l'ère de la machine à vapeur un siècle plus tôt[1],[2],[3], manifestait ses premiers effets à Francfort même, et la ville pouvait envisager avec confiance l'organisation d'une foire internationale de l'Electricité[4]. Pour le site de la manifestation, le choix des terrrains se porta sur la gare desaffectée de la ligne Main-Neckar, entre le centre-ville et la gare centrale aménagée en 1888, entre la place de la gare, la Kaiserstraße, le fort Gallus, la rue de l'Eclairage Public et la Wiesenhüttenstrasse.
Leopold Sonnemann, patron du Frankfurter Zeitung, jaloux du succès de l'Exposition universelle de Paris, prit en main les préparatifs de cette manifestation. Par delà la publicité qui serait donnée à l'international aux avancées de l’industrie électrique allemande, cette foire internationale devait résoudre par la même occasion un problème ancien pour la ville de Francfort, réplique locale de la « Guerre des courants » : si, depuis 1886, la construction d'une centrale thermique à Francfort était débattue et réclamée dans tous les cercles décisionnels, politiques et économiques, le type de courant à choisir (courant continu, alternatif ou triphasé), demeurait controversé. L'exposition internationale allait permettre de trancher la question. Une ligne à haute tension, aménagée spécialement pour l'occasion, acheminait le courant depuis la centrale thermique de Lauffen-am-Neckar avec seulement 25% de pertes.
Cette ligne à haute tension, représentée sur le triptyque de l'entrée principale, serait le clou de l'exposition : le panneau central couvrait le porche de la mention : ligne électrique Lauffen–Francfort 175 km (Kraftuebertragung Lauffen–Frankfurt 175 km). Les panneaux latéraux indiquaient le nom des prestataires : à droite Allgemeine Electricitätsgesellschaft (fondée en 1887), à gauche la société suisse Constructions mécaniques Oerlikon. Cette grande porte était illuminée de 1000 ampoules électriques ; l'autre attraction était une fontaine lumineuse. Avec 1,2 million de visiteurs du monde entier, cette exposition connut un franc succès. Le prix du billet d'entrée était de 15 marks.
La dynamo couplée à une génératrice à vapeur de 500 CV, présentée par les société Siemens & Halske et Maschinenfabrik Buckau, attira beaucoup l'attention des spécialistes[5]. Tout au long de l'exposition, une motrice électrique desservait quatre fois par jour la ligne de tramway entre Sachsenhausen et la Maison forestière (Frankfurter Waldbahn). Ce véhicule venait d'être retiré de la ligne Hildburghausen-Heldburg, exploitée par Hostmann & Cie., mais convertie en voie métrique entretemps.
Le Deutsche Bauzeitung du 14 novembre 1891 a publié un compte-rendu très complet de la manifstation[6].
Équipement
La ligne de transmission a été construite par Michail von Dolivo-Dobrowolsky et Oskar von Miller avec l'aide de la Deutsche Post Office (service postal allemand). Elle mesurait 176 km et suivait le tracé du chemin de fer. La ligne a nécessité environ 60 tonnes de fil de cuivre de 4 mm de diamètre. Le courant était généré par une centrale électrique construite à Lauffen-am-Neckar au sein d'une usine de ciment. Le générateur de l'entreprise suisse "Maschinenfabrik Oerlikon" fournissait Francfort en énergie électrique et était alimenté par une chute d'eau artificielle.
L'efficacité globale de la turbine à la charge était en moyenne de 75 %, ce qui a permis de lever de nombreux doutes sur la pratique de la longue distance du transport d'énergie électrique[7].
Au terme de cette exposition, la question du transport d'électricité à longue distance fut considérée comme définitivement résolue en Allemagne. La centrale électrique de Lauffen assura par la suite l'alimentation de la ville de Heilbronn ; quant à Francfort, elle aménagea sa centrale municipale non loin du port fluvial, et la compagnie Lahmeyer fit construire la centrale de Bockenheim.
Notes et références
- (en) D. S. Landes, The Unbound Prometheus : Technological Change and Industrial Development in Western Europe from 1750 to the Present, Cambridge University Press, , 590 p. (ISBN 052153402X)
- (en) D. C. Moweri et N. Rosenberg, Technology and the Pursuit of economic Growth, Cambridge University Press, (ISBN 9780511664441, DOI 10.1017/CBO9780511664441)
- Tamás Szmrecsányi, « Pour une histoire économique des sciences et techniques (3) : Nature et développement de la deuxième Révolution industrielle », Sciences de la société, no 39, , p. 177-193 (DOI 10.3406/sciso.1996.1306)
- (en) J. E. Brittain, « The International Diffusion of Electrical Power Technology, 1870-1920 », J. of Economic History, vol. 34, no 1, , p. 108-121
- (de) R. Wolf, 100 Jahre Buckau-Wolf, Magdebourg, Maschinenbaufabrik Buckau, , p. 132
- (de) « Die internationale elektrotechische Ausstellung in Frankfurt a.M. », Deutsche Bauzeitung, 25e annnée (1891) no 91, , p. 550 et suiv. (lire en ligne [PDF]).
- (en) Sylvanus P. Thompson, Polyphase Electric Currents and Alternate-Current Motors, E. & F. N. Spon, London 1895, no ISBN, disponible sur l'Internet Archive.
Voir aussi
Bibliographie
- (de) Jürgen Steen (Hg.): Eine neue Zeit ..!, Die Internationale Elektrotechnische Ausstellung 1891. Frankfurt am Main 1991 (Ausstellungskatalog Historisches Museum Frankfurt am Main). (ISBN 3-89282-022-8)
- (de) Horst A. Wessel (Hg.): Moderne Energie für eine neue Zeit, siebtes VDE-Kolloquium am 3. und 4. September 1991 anlässlich der VDE-Jubiläumsveranstaltung 100 Jahre Drehstrom in Frankfurt am Main (= Geschichte der Elektrotechnik, Bd.11). Berlin/Offenbach 1991. (ISBN 3-8007-1813-8)
- (de) Volker Rödel: Fabrikarchitektur in Frankfurt am Main 1774-1924, Frankfurt 1986, S.30f. (ISBN 3-7973-0435-8)
Liens externes
- (de) Sabine Hock, « Mehr Licht für Frankfurt, Oskar von Miller brachte Frankfurt auf den Weg zur Elektrifizierung », Wochendienst, no 16, (lire en ligne) ; également paru dans la rubrique Newsletter Geschichte du magazine d'histoire DAMALS, livraison du 30 avril 2005
- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Internationale Elektrotechnische Ausstellung 1891 » (voir la liste des auteurs).
- (de) FITG-Journal, September 2007, Seiten 10-12
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