Samoa allemandes
Les Samoa allemandes (en allemand : Deutsch-Samoa) sont un ancien protectorat allemand qui a duré de 1900 à 1914, comprenant les îles d’Upolu, Savai'i, Apolima et Manono, qui sont en 2009 sous souveraineté de l’État indépendant des Samoa (appelées « Samoa occidentales » jusqu’en 1997). Les Samoa sont la prise coloniale la plus tardive de l’Allemagne dans l’océan Pacifique, reçues en vertu du traité de Samoa signé à Washington le et ratifié le [1],[2]. Elles sont aussi la seule dépendance allemande du Pacifique administrée séparément de la Nouvelle-Guinée allemande.
Deutsch-Samoa
1900–1914
Drapeau des Samoa allemandes |
Armoiries des Samoa allemandes |
Statut | Protectorat |
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Capitale | Apia |
Langue(s) | Allemand (langue officielle), samoan, langues austronésiennes et langues papoues |
Monnaie | Mark-or |
2 décembre 1899 | Traité de Samoa |
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Août 1914 | Invasion britannique |
Janvier 1920 | Mandat de la SDN sur les Samoa allemandes à la Nouvelle-Zélande |
Entités précédentes :
- Samoa indépendantes
Entités suivantes :
- Samoa sous mandat de la SDN (Nouvelle-Zélande)
Histoire
Le premier Européen à toucher terre aux Samoa est le Hollandais Jakob Roggeveen en 1722. Une expédition américaine sous le commandement de Charles Wilkes aborde les Samoa en 1839 et nomme un consul[3] ; un consul britannique réside déjà au même moment à Apia. Les entreprises commerciales allemandes dans la région ne débutent qu’aux alentours des années 1850.
Alors que les intérêts commerciaux allemands vont croissants, les Américains établissent un port dans la baie de Pago Pago sur Tutuila en 1877.
Les tensions causées en partie par les trois groupes d’intérêts distincts mènent à la première guerre civile samoane (en) qui dure huit ans. La conclusion de cette guerre fournit le prétexte aux Occidentaux, estimant que les Samoans ne peuvent s’auto-gouverner, pour diviser l’archipel en 1899 entre les trois puissances impliquées. Le traité tripartite de Samoa donne l'administration des îles à l’ouest de 171 degrés de longitude à l’Allemagne, les îles orientales revenant aux États-Unis (qui les gouvernent toujours en 2009 sous le nom de Samoa américaines), la Grande-Bretagne devant recevoir en compensation d’autres territoires dans le Pacifique et en Afrique de l’Ouest.
Développement économique
Dans les premiers temps du demi-siècle que dure l’influence allemande, de grandes plantations sont établies pour la production de la noix de coco, de cacao et de latex d’hévéa. Au cours de la période coloniale de nouvelles entreprises se constituent pour étendre significativement les activités agricoles augmentant de ce fait les rentrées d’impôts qu’il est alors possible d’affecter aux travaux publics pour stimuler en retour la croissance économique : « … par-dessus tout, la période du gouvernement allemand s’avéra la plus riche de progrès, économiquement, que le pays eut connu »[4]. La culture samoane ne valorisant pas la notion de « travail contre salaire », les Allemands mirent en œuvre une politique pour attirer des coolies chinois et, dans une moindre mesure, des Mélanésiens de Nouvelle-Guinée travaillant pour la DHPG[5] et « … en 1914 plus de deux mille Chinois vivaient dans la colonie, fournissant une main-d’œuvre appréciable pour les plantations [allemande][6] ».
Quelques grandes plantations dans les Samoa allemandes :
- J. C. Godeffroy & fils (confisquée et renommée en Deutsche Handels und Plantagen Gesellschaft, DHPG)
- Deutsche Samoa Gesellschaft
- Safata-Samoa-Gesellschaft
- Samoa Kautschuk Kompagnie
Administration coloniale
La période coloniale commence officiellement avec la levée des couleurs impériales le . Wilhelm Solf en devient le premier gouverneur. Dans ses relations politiques avec le peuple samoan, le gouvernement de Solf déploie des qualités égales d’intelligence et d’attention à celles qui prévalent dans le domaine économique[7]. Avec habileté, il inclut les institutions samoanes dans le nouveau système de gouvernement colonial par son acceptation des coutumes locales[8]. Toutefois, quand un matai (chef) samoan dissident excède les limites de sa tolérance considérable, Solf intervient fermement, déclarant que « … il n’y a qu’un gouvernement aux Samoa » et qu’il l’incarne[9].
« Le règne allemand apporta la paix et l’ordre pour la première fois… L’autorité, en la personne du gouverneur, devint paternelle, juste et absolue. Berlin était très loin ; il n’y avait ni câble ni radio[10] »
Les efforts énergiques des administrateurs coloniaux aboutissent à la mise sur pied du premier système d’enseignement public ; un hôpital est édifié, affecté en personnels et agrandi en réponse aux besoins et des femmes samoanes sont formées au métier d’infirmières. De toutes les possessions coloniales des puissances européennes dans le Pacifique, les Samoa allemandes disposent de loin du meilleur réseau routier[11] ; toutes les routes en service avant 1942 ont été construites sous la direction des Allemands. Les subsides impériaux venus de la métropole qui ont marqué les huit premières années de l’emprise allemande aux Samoa ne sont plus nécessaires après 1908. Les Samoa sont devenues une colonie autonome[12]. Wilhelm Solf quitte les Samoa en 1910 pour Berlin, où il a été nommé secrétaire aux Colonies ; Erich Schultz, ancien juge suprême du protectorat, lui succède comme gouverneur.
L’Empire allemand a gouverné les Samoa occidentales pendant quatorze ans.
« La réussite du régime allemand aux Samoa ne fut pas seulement d’avoir inauguré un gouvernement central et établi la paix et l’ordre. Il rappela continuellement aux gens combien l’effort individuel est essentiel à la prospérité. l’augmentation de la production agricole au cours de la période allemande [qui rendit possible des travaux publics] … resta en mémoire longtemps après leur départ[13]. »
Occupation des Samoa allemandes
Sous le commandement du Royaume-Uni, la colonie est envahie sans grande opposition au matin du et occupée par les troupes de la force expéditionnaire de Nouvelle-Zélande jusqu’en 1920. On dénombre 4 morts côté néo-zélandais (voir Théâtre océanien de la Première Guerre mondiale). La Nouvelle-Zélande gouverne ensuite les îles de 1920 à l’indépendance de 1962, d’abord sous un mandat de classe C de la Société des Nations[14] puis comme une tutelle des Nations unies après 1945.
Notes et références
- Ryden, The Foreign Policy of the United States in Relation to Samoa, p. 574
- Les couleurs allemandes sont hissées à Mulinu'u le 1er mars 1900.
- Ryden, p. 19. Cette nomination par Wilkes de l’Anglais John C. Williams en tant que représentant consulaire des États-Unis n’a jamais été confirmée par le département d’État américain. Il a simplement été reconnu comme « agent commercial des États-Unis »
- Davidson, Samoa mo Samoa, p. 82
- Spoehr, White Falcon, p. 40-42
- Davidson, p. 77
- Davidson, p. 78
- Lewthwaite, dans Western Samoa, p. 130
- Lewthwaite, p. 148
- McKay, Samoana, p. 18
- Lewthwaite, p. 153
- Schultz-Naumann, Unter Kaisers Flagge, p. 163. La seule autre possession allemande dans le même cas est le Togoland
- McKay, p. 38
- La ratification par la SDN a lieu le 10 janvier 1920 ; les mandats de classe C étaient destinés aux populations incapables d’autodétermination.
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- (en) J. W. Davidson, Samoa mo Samoa [Samoa aux Samoans], The Emergence of the Independent State of Western Samoa, Melbourne, Oxford University Press, 1967, (OCLC 222445762)
- (de) Deutsche Kolonialgesellschaft, Kleiner Deutscher Kolonialatlas, Berlin, Verlag Dietrich Reimer, 1899, (OCLC 37420819)
- (de) Hans-Henning Gerlach et Andreas Birken, Die Südsee und die deutsche Seepost, deutsche Kolonien und deutsche Kolonialpolitik, vol. 4, Königsbronn, 2001, (ISBN 3931753263), (OCLC 49909546)
- (de) Karlheinz Graudenz et Hanns-Michael Schindler, Die deutschen Kolonien, Augsbourg, Weltbildverlag, 1994, (ISBN 3893507019)
- (en) Gordon R. Lewthwaite, “Life, Land and Agriculture to Mid-Century,” in Western Samoa, dirigé par James W. Fox et Kenneth Brailey Cumberland, Christchurch (New Zealand), Whitcomb & Tombs Ltd., 1962, (OCLC 512636)
- (en) Cyril Gilbert Reeves McKay, Samoana, A Personal Story of the Samoan Islands, Wellington et Auckland, A.H. & A.W. Reed, 1968, (OCLC 32790)
- (de) Joachim Schultz-Naumann, Unter Kaisers Flagge, Deutschlands Schutzgebiete im Pazifik und in China einst und heute [Sous le drapeau du Kaiser, Protectorats allemands dans le Pacifique et en Chine d’hier à aujourd’hui], Munich, Universitas Verlag, 1985, (ISBN 380041094X), (OCLC 14130501)
- (en) George Herbert Ryden, The Foreign Policy of the United States in Relation to Samoa, New York, Octagon Books, 1975, (réédition, originellement paru à New Haven, Yale University Press, 1928) (OCLC 185595285)
- (en) Florence Mann Spoehr, White Falcon, The House of J.C. Godeffroy and its Commercial and Scientific Role in the Pacific, Palo Alto, Pacific Books, 1963, (OCLC 3149438)
Liens externes
Source
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