Samuel van Hoogstraten (artiste)

Samuel Dirksz van Hoogstraten, né le à Dordrecht où il meurt le , est un peintre, graveur, poète et théoricien de l’art néerlandais (Provinces-unies) du siècle d’or. Il réalisa aussi bien des portraits que des scènes de genre, des paysages, des peintures de sujets historiques, des représentations d’animaux et des natures mortes.

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Samuel van Hoogstraten
Autoportrait de S. van Hoogstraten
Naissance
Décès
Nationalité
Activité
Maître
Dirk Van Hoogstraten,
Rembrandt
Mouvement
Influencé par
Père
Dirck Hoogstraten (en)
Fratrie
Jan van Hoogstraten (en)
François van Hoogstraten (d)

Biographie

Samuel van Hoogstraten, né le à Dordrecht[1], fait d’abord son apprentissage vers 1640 dans sa ville natale auprès de son père, Dirk van Hoogstraten. À la mort de celui-ci, en [2], il part vivre à Amsterdam, où il fréquente, jusqu'en 1648, en même temps que Carel Fabritius et Furnerius, l’atelier de Rembrandt. Il se met ensuite à enseigner à son tour. Après avoir peint des portraits à La Haye, il revient à Dordrecht, avant la fin de l'année 1647[2]

Il entreprend ensuite, à partir du [3], une série de voyages ; jusqu'en 1652, il se trouve en Allemagne — après avoir visité Arnheim et Cologne, il séjourne trois jours à Francfort et cinq à Augsbourg — puis, via Ratisbonne, à Vienne, où son frère Jan van Hoogstraten était établi comme peintre d’histoire et de scènes de genre. Là, il est accueilli le [3] par Ferdinand III, qui lui remet une médaille d’honneur, une décoration que le peintre allait représenter dans bon nombre de ses œuvres, notamment des natures mortes, et dans des livres.

Van Hoogstraten passe l’année 1652 à Rome, où il figure parmi les membres des Bentvueghels – ceux-ci lui donneront le surnom de Batavier le Batave »). Il visite également Naples[2], avant de revenir à Vienne l’année suivante.

En 1654, il est de retour à Dordrecht. Il s'y marie en [2], et y exercera la fonction de directeur d’un hôtel des monnaies. Il quitte de nouveau sa ville natale entre 1662 et 1666, période qu’il passe à Londres, et entre 1668 et 1671, période durant laquelle il séjourne à La Haye ; le , il y devient membre de la Confrérie Pictura[3].

Il est mort le à Dordrecht[1], à l’âge de 51 ans.

Œuvre

Analyse de l'œuvre

De Van Hoogstraten ont été conservées un certain nombre d’œuvres témoignant qu’il s’efforça d’imiter différents styles à différentes périodes. Dans ses premières œuvres, dont son autoportrait de 1644, il imite Rembrandt. Il poursuit dans cette veine au moins jusqu’en 1653, année où il réalise son Homme à la fenêtre. Ce tableau, l’un des exemples les plus caractéristiques de sa manière, fait partie des collections du Kunsthistorisches Museum de Vienne.

Une vue de la Burgplatz de Vienne, datée de 1652, montre son talent comme peintre d’architecture. Contrastant avec cette œuvre, des toiles comme Femme lisant une lettre en traversant une cour (Mauritshuis, La Haye) ou Femme consultant un docteur (Rijksmuseum, Amsterdam) imitent De Hooch (1629-1684). Parmi ses autres sources d’inspiration, on peut citer Jan Steen (1626-1679) et Gabriel Metsu (1629-1667). L’une des dernières œuvres qui soient restées de lui est un portrait de Mathys Van den Brouck, daté de 1670.

Van Hoogstraten utilisa également son habileté à rendre la perspective pour construire des boîtes d’optique. Par exemple, sa Boîte d’optique avec des vues intérieures d’une maison néerlandaise contient des vues convaincantes en trois dimensions qui peuvent être observées par des orifices situés de chaque côté de la boîte.

C’est peut-être sous l’influence de Carel Fabritius qu’il commença à s’intéresser à la problématique de la perspective et, en même temps, à celle du trompe-l'œil en peinture, qu’il mit du reste en pratique pour la décoration de certains intérieurs (Mauritshuis, La Haye).

Il est également l’auteur de gravures, et certaines de ses estampes sont toujours conservées. Son portrait, qu’il grava lui-même à l’âge de 50 ans, existe toujours.

Van Hoogstraten doit sa célébrité à une carrière à multiples facettes, comme poète et peintre, mais aussi à son ardeur à gravir les échelons sociaux. En plus de diriger un hôtel des monnaies, il consacra une partie de son temps à des travaux littéraires. Son œuvre maîtresse est un livre sur la peinture : Inleyding tot de Hooge Schoole der Schilderkonst (Introduction à l'école supérieure de la peinture, Rotterdam, 1677) qui est, autant par son volume que par son envergure théorique, l’un des traités du genre les plus ambitieux qui aient été publiés aux Pays-Bas au XVIIe siècle. Il y traite de questions telles que la persuasion et l’illusion picturales, les principes moraux du peintre et la relation entre la peinture et la philosophie, avec des références à différents auteurs anciens ou contemporains. Tout en étant une réaction aux idées internationales, celles essentiellement du sud de l’Europe, que Van Hoogstraten a pu rencontrer au cours de ses voyages, le traité est également le reflet de discussions et de réflexions de l’époque sur l’art pratiqué par les ateliers néerlandais. Le livre devait connaître un certain succès ; il compte, avec les œuvres de Carel Van Mander (1548-1606) ou d’Arnold Houbraken (1660-1719), parmi les classiques de la littérature sur l’art.

Van Hoogstraten a aussi composé des sonnets et des tragédies. C’est à lui que l’on doit d’avoir rapporté certaines citations connues de Rembrandt.

Liste et galerie

Quelques-unes parmi les œuvres les plus connues de Van Hoogstraten :

Dessins

Beaux-Arts de Paris :

  • La Décollation de saint Jean-Baptiste[16], plume, encre brune, 193 × 218 mm. L'artiste s'inspire pour les deux personnages principaux, saint Jean-Baptiste et le bourreau, d'une eau-forte de Rembrandt de 1640 intitulée La Décollation de saint Jean-Baptiste (collection Frits Lugt, Fondation Custodia, Paris). Van Hoogstraten réalise un premier tracé fin à la plume, puis précise les formes avec des traits plus sombres, une technique utilisée par Rembrandt, mais appliquée ici d'une main plus lourde et moins attentive à la source de lumière[17].
  • Feuille d'études avec un homme et une femme[18], plume, encre brune, lavis brun, corrigé en blanc, 118 × 76 mm. Au verso : trois études de jeunes garçons à la pierre noire. Commentaire ci-dessous[19].
  • Les Petits bergers[20], plume, encre brune, 62 × 55 mm. Au verso : Etudes des jambes et d'une figure, et une tête à la pierre noire. Ces deux dessins provenaient d'une même feuille où se trouvaient d'autres figures, qu'un marchand a probablement découpée pour son commerce. Cela est attesté par le papier présentant les mêmes pontuseaux. La scène des deux bergers accompagnés de leurs chiens s'intègre logiquement dans l'œuvre de Van Hoostraten, qui compte déjà une composition pastorale avec des musiciens datée de 1653 dans la collection Frits Lugt (Fondation Custodia)[21].
  • Moïse sauvé des eaux, plume, encre brune, avis gris et de sanguine, H. 20.4 ; L. 17.2 cm[22]. Parti pris sensuel étonnant pour la figure de la fille de Pharaon.

Notes et références

  1. (en) Ian Chilvers, The Oxford Dictionary of Art, Oxford University Press, (ISBN 9780191727627, lire en ligne)
  2. Van der Willigen/ Meijer (2003), p. 112, cité par le Rijksbureau voor Kunsthistorische Documentatie (RKD).
  3. Thieme-Becker, vol. 17 (1924), p. 463, cité par le RKD.
  4. Jeune garçon, Ermitage
  5. Autoportrait, Ermitage
  6. Adoration Dortrechts
  7. Place du château, Vienne
  8. Homme à la fenêtre, Vienne
  9. Pantoufles, Louvre
  10. Placard, Vienne, (Rkd)
  11. Femme consultant, Rijksmuseum
  12. Corridor, National Trust
  13. Trompe l'oeil, Dordrecht
  14. Perspective, Mauritshuis
  15. Van den Broucke, Rijksmuseum
  16. « La Décollation de saint Jean-Baptiste, Samual van Hoogstraten », sur Cat'zArts
  17. Sous la direction d'Emmanuelle Brugerolles, Rembrandt et son entourage, Carnets d'études 23, Beaux-arts de Paris les éditions, 2012-2014, p. 105-107, Cat. 28
  18. « Feuille d'études avec un homme et une femme, Samuel van Hoogstraten », sur Cat'zArts
  19. Sous la direction d'Emmanuelle Brugerolles, Rembrandt et son entourage, Carnets d'études 23, Beaux-Arts de Paris les éditions, 2012-2014, p.108-109, Cat. 29a
  20. « Les Petits bergers, Samuel van Hoogstraten », sur Cat'zArts
  21. Sous la direction d'Emmanuelle Brugerolles, Rembrandt et son entourage, Carnets d'études 23, Beaux-arts de Paris les éditions, 2012-2014, p. 108-109, Cat. 29b
  22. Emmanuelle Brugerolles (dir.), Le Dessin au partage, Beaux-Arts de Paris éditions, , 117 p. (ISBN 978-2-84056-347-1), p. 27-29

Annexes

Bibliographie

  • (en) Encyclopædia Britannica, onzième édition (ouvrage appartenant désormais au domaine public).
  • (de) Lexikon der Kunst, t. 2, Berlin, 1981, p. 333.
  • (en) Adriaan Van der Willigen et Fred G. Meijer, A Dictionary of Dutch and Flemish Still-life Painters Working in oils 1525-1725, Primavera Press, Leyde, 2003 (ISBN 978-9-07431-085-7).
  • (de) Ulrich Thieme et Felix Becker (dir.), Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, 37 vol., Seemann, Leipzig, 1907-1950.
  • (en) Ann Celeste Brusati, Artifice & Illusion. The Art and Writing of Samuel van Hoogstraten, The University of Chicago Press, Chicago, 1996, 401 p., (ISBN 978-0-22607-785-7).
  • (nl) Michiel Roscam Abbing, De Schilder & schrijver Samuel van Hoogstraten 1627-1678. Eigentijdse bronnen & oeuvre van gesigneerde schilderijen, Primavera Pers, Leyde, 1993, 192 p., (ISBN 978-9-07431-009-3).
  • Samuel van Hoogstraten, Introduction à la haute école de l'art de peinture, trad., commentaires et index par Jan Blanc, Genève, Droz, 2006, 574 p., (ISBN 978-2-60001-068-9).
  • Jan Blanc, Peindre et penser la peinture au XVIIe siècle. La théorie de l'art de Samuel van Hoogstraten, Berne, Peter Lang, 2008, 516 p., (ISBN 978-3-03911-316-3).
  • (en) C. Brusati, Grove Art Online, Oxford University Press, (ISBN 9781884446054, lire en ligne)
  • (en) Clare Ford-Wille, The Oxford Companion to Western Art, Oxford University Press, (ISBN 9780191727597, lire en ligne)

Liens externes

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