Sakarya (fleuve)

Le Sakarya, appelé autrefois Sangarios (en grec : Σαγγάριος ; latinisé : Sangarius), est un fleuve de Turquie, situé en Phrygie, en Asie mineure. C'est le troisième fleuve le plus long de Turquie.

Pour l’article homonyme, voir Sakarya.

Sakarya
(Sangarios)

Bassin du Sakarya
Caractéristiques
Longueur 824 km
Bassin 53 800 km2
Débit moyen 187 m3/s
Cours
Origine Environs de Bayat
· Altitude 1 000 m
· Coordonnées 39° 21′ 10″ N, 31° 03′ 32″ E
Embouchure Mer Noire
· Coordonnées 41° 07′ 35″ N, 30° 38′ 58″ E
Géographie
Principaux affluents
· Rive gauche Porsuk
· Rive droite Ankara
Pays traversés Turquie
Régions traversées Afyonkarahisar, Eskişehir,

Ankara, Sakarya

Principales localités Adapazarı

Le fleuve est coupé par les barrages de Sarıyar, de Gökçekaya puis de Yenice. Il a ses sources dans la région de Bayat[1] dans la province d'Afyonkarahisar. Son cours supérieur est la réunion de plusieurs rivières dont la plus importante est appelé Seydi Çayı[2].

Ses deux principaux affluents sont la rivière Porsuk (dans l'Antiquité : Tembrogius[3]), la rivière d'Ankara et le Gallus[3], qui est la rivière qui arrose Pessinonte.

Mythologie

Le Sangarios est présenté comme l'un des 25 fils de Téthys et d'Océan, cités par Hésiode (VIIIe siècle av. J.-C.) dans sa Théogonie, où il relate la création du monde :

« Téthys à Océan enfanta les fleuves tourbillonnants: Nil, Alphée, Éridan aux tourbillons profonds, Strymon, Méandre, Istros aux belles eaux courantes, Phase, Rhésos, Achéloos aux tourbillons d'argent, Nessos, Rhodios, Halliacmon, Heptaporos, Granicos, Aisepos, le divin Simoïs, Pénée, Hermos, et Caïque au beau cours, le grand Sangarios, Ladon, Parthénios, Événos, Ardescos et le divin Scamandre. »

 Hésiode, Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne].

D’après Plutarque (Ier siècle), le fleuve s’est d’abord appelé Xérobatès[4] (Ξηροβάτης / Xêrobatês), il explique ensuite pourquoi il s’est appelé Sagaris :

« Sagaris [...] avait souvent témoigné du mépris pour les mystères de la mère des dieux [Cybèle], et insulté ses prêtres et ses ministres. La déesse, indignée de son impiété, le rendit furieux, et, dans sa démence, il se précipita dans le fleuve Xérabate, qui, de son nom, fut appelé Sagaris. »

 Plutarque, Œuvres morales [détail des éditions] [lire en ligne], Des noms des fleuves et des montagnes..., XII, Le Sagaris.

Pausanias (IIe siècle) propose une version plus développée du mythe. Il rapporte la légende d'Attis telle qu'elle est racontée par les Galates de Phrygie a légende d'Attis (Attès dans cette traduction) :

« Ils disent que Jupiter[5] endormi eut une pollution, et que sa semence tomba sur la terre, qui, au bout de quelque temps, enfanta un génie qui avait les deux sexes; ils disent qu'on le nommait Agdistis[6]. Comme il inspirait beaucoup de crainte aux Dieux, ils lui coupèrent les parties viriles ; de ces parties naquit un amandier. Lorsque ses fruits furent mûrs, la fille du fleuve Sangaris[7] en cueillit, et les mit dans son sein; mais ces fruits disparurent aussitôt, et elle se trouva enceinte. Après son accouchement, un bouc prit soin de l'enfant, qu'elle avait exposé, et comme en grandissant il devenait d'une beauté plus qu'humaine, Agdistis en devint amoureux. Attès étant parvenu à l'âge viril, ses parents l'envoyèrent à Pessinonte, pour y épouser la fille du roi; on chantait déjà l'hyménée, lorsque Agdistis survint, et Attès devenu furieux, se coupa les parties viriles; le père de la fille en fit de même. Agdistis se repentit bientôt de ce qu'il avait fait à Attès, et il obtint de Jupiter qu'aucune partie de son corps ne pût se pourrir ni se dessécher. »

 Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne], Livre VII. Achaïe. XVII, §10-12

Autour de la légende de Troie

Priam le roi de Troie a combattu les amazones sur les rives du Sangarios[8].

Achille tue Penthésilée, la reine des amazones venue se réfugier à Troie et combattre avec les Troyens[9] et en tombe amoureux au moment où il la tue[10]. Les rives du Sangarios seraient aussi le théâtre de cet épisode.

Histoire

Du 14 août au , sur les berges du Sakarya près du village appelé Sakarya au sud-ouest de Polatlı, a lieu la bataille de la Sakarya entre l'armée turque menée par Mustafa Kemal et l'armée grecque (au sud du site de la ville antique de Gordion).

Notes et références

  1. D'après Tite-Live il prend sa source au Mont Adorée (en latin : Adoreus montus). Voir Tite-Live, « Ab Urbe Condita, Livre XXXVIII, Chapitres 18 », sur « Itinera Electronica ».
  2. Parthenius dans l'Antiquité d'après (en) « Phrygia », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [ (en) Lire en ligne sur Wikisource]. , mais la rivière de Bartın (Bartın Çayı) est généralement appelée Parthénius. Voir par exemple Louis Vivien de Saint-Martin, Kâtip Çelebi, Description historique et géographique de l'Asie Mineure, ..., vol. 2, A. Bertrand, (présentation en ligne, lire en ligne).
  3. Pline l'Ancien, Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne], livre VI, chapitre I, §3
  4. Plutarque, Œuvres morales [détail des éditions] [lire en ligne], Des noms des fleuves et des montagnes..., XII, Le Sagaris
  5. Jupiter, dans le texte grec Dia, Δία, acc. de Zeus, Ζεύς.
  6. Agdistis nom de Cybèle en Phrygie.
  7. La fille du fleuve Sangarios : la nymphe appelée Nana.
  8. Dans une conversation avec Hélène, Priam évoque ce combat contre les amazones : voir Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne], Chant III, vers 181-190
  9. Quintus de Smyrne, Suite d'Homère [détail des éditions] [lire en ligne], Chant I
  10. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique [détail des éditions] [lire en ligne], livre II, chapitre XLVI.

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre Grimal, « Sangarios », in Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, PUF, 1re éd. 1951, 10e éd. 1990.

Articles connexes

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