Sante Garibaldi
Sante Garibaldi, né à Rome le et mort à Caudéran dans le département français de la Gironde le , est un entrepreneur de travaux publics italien, officier, militant anti-fasciste et résistant.
Naissance | |
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Décès | |
Nationalité | |
Allégeance | |
Activité | |
Père | |
Mère |
Harriet Constance Hopcraft |
Fratrie |
Constance-Rose Garibaldi Annita-Italia Garibaldi Giuseppe dit Peppino Garibaldi Ricciotti Garibaldi jr (it) Menotti Garibaldi jr Arnaldo Garibaldi (mort en bas âge) Bruno Garibaldi Costante Garibaldi Ezio Garibaldi (it) Guiseppina Garibaldi |
Conjoint |
Beatrice Borzatti |
Enfant |
Annita Garibaldi-Jallet |
Parentèle |
Giuseppe Garibaldi (grand-père) |
Membre de |
Fédération des associations des garibaldiens de l'Argonne, des combattants dans l'armée française et sympathisants garibaldiens, Légions garibaldiennes de la liberté |
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Arme | |
Grade militaire |
major |
Conflit | |
Lieu de détention | |
Distinction |
Il porte avec ses frères le flambeau des idéaux républicains de leur grand-père Guiseppe Garibaldi, en combattant pour la libération de la Grèce et aux côtés de la France pendant la Première Guerre mondiale. Quand le mouvement garibaldien se scinde entre une faction séduite par Benito Mussolini et le groupe des partisans antifascistes, il devient un des dirigeants de ce dernier et quitte l'Italie pour la France. Il y entre dans la résistance. Arrêté par la Gestapo, il est déporté à Dachau.
Biographie
Sante Garibaldi naît à Rome le [1], trois ans après la mort de son grand-père, le général Giuseppe Garibaldi[2]. Sa mère, Harriet Constance Hopcraft, est Anglaise ; son père, Ricciotti Garibaldi, tout d'abord officier, est parti de 1875 à 1881 faire fortune en Australie avant de s'installer à Rome. La famille est nombreuse : Constance-Rose, Annita-Italia, Giuseppe dit Peppino sont nés en Australie, puis à Rome sont venus au monde Ricciotti jr (it), Menotti, Sante, Arnaldo (mort en bas âge), Bruno, Costante, Ezio (it)[1] et Giuseppina.
Sante étudie à l'école industrielle de Reggio Emilia, dont il sort diplômé à l'âge de 18 ans. Dans le domaine du bâtiment, il travaille en Égypte et au Soudan de 1903 à 1912, où il participe à la construction d'Héliopolis[1] ; comme cartographe, il accompagne une expédition géographique sur le Nil Bleu[réf. souhaitée]. En , Ricciotti Garibaldi fidèle à l'esprit de son père lance une expédition de 1 166 volontaires vers la Grèce pour aider à la libération du pays dominé par les Ottomans (Première guerre balkanique). Sante et plusieurs de ses frères en font partie. La troupe de chemises rouges subit de lourdes pertes sur les pentes du mont Driskos, près de Ioannina[1]. Après quelques semaines ce qui reste des garibaldiens rembarque au Pirée. Sante retourne en Égypte.
Début , Sante et plusieurs de ses frères (Peppino, Ricciotti jr, Costante, Bruno et Ezio) se rendent en France pour contribuer à lutter contre les Allemands : alors que l'Italie hésite encore à intervenir, la famille Garibaldi organise la « légion garibaldienne », répertoriée sous le nom de 4e régiment de marche du 1er étranger. À Nice Sante forme un bataillon d'une centaine de combattants italiens, la Compagnia Nizza. La troupe quitte Nice pour Marseille le , au son de La Marseillaise et de l'hymne de Garibaldi. Ce sont au total plusieurs milliers de partisans italiens qui rejoignent l'armée française pour la Première Guerre mondiale, et combattent notamment en Argonne. Bruno est tué en à Lachalade ; Sante accompagne son cercueil jusqu'à Rome, salué sur la route par de nombreuses manifestations de sympathie et cérémonies officielles[1]. Costante meurt au front en , et Joffre accorde une autorisation exceptionnelle pour faire rapatrier également son corps[1],[3]. À l'entrée en guerre de l'Italie, Sante Garibaldi rejoint l'armée royale en tant qu'officier du 52e régiment d'infanterie et combat d'abord sur le front des Dolomites. Il obtient deux médailles de bronze et une médaille d'argent pour sa vaillance militaire.
La paix revenue, Sante est démobilisé avec le grade de major. Il se désolidarise en 1925 de son frère Ezio qui prend en Italie la tête d'un « réveil garibaldien » plutôt favorable au fascisme (il deviendra général dans le futur régime)[1]. Il émigre définitivement en France après l'accession au pouvoir de Mussolini. Avec Ricciotti jr et Peppino, Sante s'y ancre dans l'anti-fascisme en créant le mouvement Avant-Garde, puis les Légions garibaldiennes de la liberté, qui attirent de nombreux exilés italiens communistes, socialistes et anarchistes[1]. En politique, il reste proche des milieux liés à Édouard Herriot et à la tradition garibaldienne. Les services de renseignements français le décrivent comme un honnête homme, à la différence du reste de sa fratrie[1]. Il vit un temps Paris, qu'il quitte après des revers politiques[1] pour s'installer à Verteillac, en Dordogne[2]. Il y retrouve sa fiancée, Beatrice Borzatti, qu'il épouse le à Bouteilles-Saint-Sébastien[1]. Le couple emménage à Bordeaux : Sante y dirige l'entreprise de travaux publics qui construit notamment le stade vélodrome du parc Lescure et la piscine Judaïque[2]. Avec ses partisans, il participe à la campagne française contre l'invasion allemande et est sur le point de se rendre à Londres pour former un corps de volontaires.
Dirigeant du mouvement garibaldien démocratique — en 1939 il préside la Fédération des associations des garibaldiens de l'Argonne, des combattants dans l'armée française et sympathisants garibaldiens[1] et édite un journal, Le Garibaldien[1] —, il entre dans la résistance intérieure française après l'armistice. En , les autorités italiennes lancent contre lui un mandat d'arrêt : il se réfugie quelques mois à Ribérac, sans mettre fin à ses activités souterraines[1]. Mais après l'invasion de la Zone libre par les Allemands, il est interpelé par la Gestapo le , il est incarcéré au fort du Hâ, déporté à Angers, Compiègne, Sarrebrück, Cologne, Francfort, Essen, Leipzig[1] pour être finalement interné au camp de Dachau en [1]. Début , il est transféré avec 140 prisonniers importants à Villabassa dans le Haut-Adige, où il est libéré le par les Alliés. Il se rend à Rome, puis rentre à son domicile de Caudéran (commune aujourd'hui rattachée à Bordeaux) où il meurt des séquelles de son internement le [2].
Il repose dans le tombeau familial au cimetière de Verano à Rome[réf. souhaitée].
Distinctions
- Médaille de bronze de la vaillance militaire le 22 à à Marmolada
- Médaille d'argent de la vaillance militaire le à Reims
- Médaille d'argent de la vaillance militaire le à Choffaur
- À titre posthume il est fait Commandeur de la Légion d'honneur le par le président de la République Vincent Auriol, pour sa lutte contre le fascisme en Italie et en France[3].
Une rue de Bordeaux est baptisée à son nom.
Bibliographie
- Annita Garibaldi-Jallet et Arturo Colombo, Sante Garibaldi, Ville de Bordeaux, , 110 p.
- (it) Arturo Colombo, I Garibaldi dopo Garibaldi, Manduria, Bari, Roma, Lacaita, , Sante Garibaldi in tre tempi, pages 165-176
- La venue de Sante Garibaldi à Bergerac en 1939
Références
- Hubert Heyriès, Les Garibaldiens de 14: splendeurs et misères des chemises rouges en France de la grande guerre à la seconde guerre mondiale, SERRE EDITEUR, (ISBN 978-2-86410-438-4, lire en ligne)
- « Quel lien entre Bordeaux et le révolutionnaire italien Garibaldi ? Réponse de Michel Cardoze », sur France Bleu (consulté le )
- Jean-Yves Frétigné et Paul Pasteur, Garibaldi: modèle, contre-modèle, Presses universitaires de Rouen et du Havre, (ISBN 978-2-87775-508-5, lire en ligne), p. 137
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