Sarrasinières

Les Sarrasinières (ou parfois Sarrazinières), autrefois présentées comme l'aqueduc de Miribel, sont deux conduits souterrains reliant Lyon (depuis l'angle de la rue Puits-Gaillot et de la rue du Griffon, i.e l'actuel emplacement de la place Louis Pradel) à Miribel via Neyron, d'une longueur d'environ 13 km[a 1]. Il y aurait eu deux conduits entre Lyon et Neyron, puis un seul entre Neyron et Miribel.

Ne doit pas être confondu avec Sarrazinière.

Sarrasinières
Chambre d'aboutissement des galeries jumelles à Miribel, dessin réalisé par Camille Germain de Montauzan.
Présentation
Type
Période
Matériau
Longueur
13 000 m
État de conservation
Partiellement détruit (d)
Localisation
Adresse
Coordonnées
45° 48′ 33″ N, 4° 55′ 27″ E
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Ain
Géolocalisation sur la carte : Neyron

Si l'usage de ces conduits reste à préciser, l'édifice date de l'Antiquité.

Étymologie

Selon Claude-François Ménestrier, le nom Sarrasinières viendrait de césarinière : les galeries auraient été creusées par les Romains après la victoire de Jules César sur les Helvètes. Elles auraient complété les systèmes de défense romains.

Description

L'un des rares tronçons de Sarrasinières encore en parfait état.

Alexandre Flachéron (architecte, 1811-1841) décrit ainsi les deux conduits entre Lyon et Neyron[a 1] : « Les deux voies sont toujours parallèles : les murs qui supportent les voûtes de formes cylindriques ont 0,8 m d'épaisseur ; la hauteur du pavement à l’intrados du cerceau est de 2,85 m ; la largeur prise dans l'œuvre est de 1,9 m ; les parements des murs sont de moellons cimentés avec un mortier à chaux et de sables graveleux. »[a 1],[1]

La double galerie mesure près de 13 km et descendrait par Rillieux-la-Pape, puis Caluire-et-Cuire, jusqu’à la place Chazette, à l’entrée de l’actuel tunnel de la Croix-Rousse.

Camille Germain de Montauzan (1908) écrit : « Ces galeries sont interrompues, à des distances irrégulières, par des chambres, formées d’une, deux ou même trois voûtes transversales, s’élevant jusqu’à une hauteur de 3m75, et offrant une ouverture à la partie supérieure, de manière à donner accès dans le canal [...] depuis Saint-Clair jusqu’à Miribel, en particulier au ravin de Vassieu, à La Pape, à Crépieu et à Neyron ».[2]

Restes d'ouvrages romains découverts à Neyron, faisant potentiellement partie de l'aqueduc de Miribel, dessiné par Camille Germain de Montauzan (1908)

En 2019, l'équipe dirigée par Tony Silvino à Neyron, rapportait la présence d'aménagements connexes aux galeries jumelles, à savoir une salle souterraine voûtée donnant sur le Rhône d'une part, une galerie dont ne subsistent plus qu'un piédroit et une partie de la voûte d'autre part. Ils purent également déterminer que les pierres employées pour la construction correspondent à du calcaire à entroques rouge du val de Saône[3],[4].

Fondation

Bien que l'édifice ait été étudié depuis le XIXe siècle, la découverte d'un pichet en céramique, en 2019, à Neyron, attestait que l'édifice datait de l'époque antique[5].

Enfin, deux campagnes de datation par carbone 14 menées sur des fragments de charbon présents dans le mortier de construction ont permis de conclure à une construction remontant à l'Antiquité, plus précisément au début de notre ère[6].

Hypothèses

  • Il pourrait s'agir d'un ancien aqueduc souterrain romain à double conduit puisant l'eau dans le Rhône à Neyron et l'acheminant jusqu'à Lugdunum[7],[a 1].
  • S'appuyant sur le constat que cette structure n'est ni enduite de tuileau ni composée de matériaux locaux, pour sa partie lyonnaise, Camille Germain de Montauzan, dans son ouvrage Les Aqueducs antiques, ne l'estimait être ni antique, ni mérovingienne, quoiqu'à peine plus récente[2].
  • En 2019, les équipes dirigées par Cyrille Ducourthial (service archéologie de la ville de Lyon) et Tony Silvino suggèrent que le site fouillé à Neyron était celui d'un port fluvial relié à Lugdunum par ces galeries, jusqu'aux arêtes de poisson, auxquelles elles auraient pu être connectées. Pour cela, ils s'appuient sur la présence de pieux en bois retrouvés dans le canal de dérivation du Rhône devant une plateforme maçonnée[4],[5]. En datant le mortier de construction des galeries, ils ont démontrés que la portion présente à Rillieux était contemporaine à celle de Neyron et des arêtes de poisson, avec lesquelles ils partagent comme autre caractéristiques l'emploi des mêmes pierres du nord de Mâcon[3]. Des campagnes futurs serviront à tester leurs hypothèses[5].

Autres sarrasinières

À Beynost, à proximité du château du Soleil, se trouverait une entrée de sarrasinière[a 2] ; une histoire locale[a 2] la ferait aboutir (sans certitude) au château de Margnolas.

Des galeries, construitent sur le même modèle que celles de Neyron, ont été étudiées à Rillieux-la-pape par le service archéologique de la ville de Lyon[3],[4].

Bibliographie

  • Alexandre Flachéron, Mémoire sur trois anciens aqueducs qui amenaient autrefois à Lyon les eaux du Mont-d’Or, de la Brévenne et du Gier : Suivi d’une notice sur un ancien cloaque de construction romaine, situé dans la rue du Commerce, et sur deux souterrains qui longent les bords du Rhône entre Saint-Clair et Miribel, Lyon, Imprimerie de L. Boitel, quai Saint-Antoine, 36, , 92 p., in-4 (lire en ligne)
  • Camille Germain de Montauzan, Les Aqueducs antiques de Lyon : étude comparée d'archéologie romaine, Paris, Ernest Leroux Éditeur, , 496 p.  (Wikisource)
  • Jean-Christian Barbier, Les Souterrains de Lyon, Verso, , 221 p. (ISBN 978-2-903870-72-0, BNF 36152126)
  • François Bonfré, M. Bouvry, Pierre Brunel, Paul Denamur, Patricia Drai, Ena Ficht, B. Jaillet, M. Maillot, Henri Piolti et Claude Tissinié (préf. Marcel André), Rillieux-la-Pape : mille ans d'histoire, Millau, Société d'histoire de la ville de Rillieux-la-Pape, , 335 p. (OCLC 16655075), p. 107-110
  • Ouvrage collectif, Richesses touristiques et archéologiques du canton de Miribel : Miribel, Beynost, Neyron, Saint-Maurice-de-Beynost, Thil, , 207 p. (ISBN 2-907656-27-9)
  • Walid Nazim, L'énigme des arêtes de poisson : de la Croix-Rousse à Jérusalem, histoire d´un secret millénaire, Lyon, Lyon souterrain, , 350 p. (ISBN 978-2-9526199-1-2, OCLC 822863188).
  • Céline Bouiller, « 2.000 ans après, les Sarrasinières vont-elles livrer leurs secrets ? », Bugey-Côtière, no 1299, , p. 6 (ISSN 2678-534X, BNF 45751068, lire en ligne)
  • Tony Silvino, « Neyron – Les Sarrasinières » [notice archéologique], ADLFI. Archéologie de la France - Informations [En ligne], Auvergne-Rhône-Alpes, mis en ligne le 20 juillet 2021, consulté le 24 juillet 2021. [lire en ligne]
  • Jean-Marc Maucotel, « Les Sarrasinières de Neyron : une curiosité archéologique qui intrigue scientifiques et historiens », sur www.leprogres.fr, Le Progrès, (consulté le )

Références

  1. Alexandre Flachéron, Mémoire sur trois aqueducs qui amenaient à Lyon les eaux du Mont d'Or, de la Brévenne et du Gier : Suivi d’une notice sur un ancien cloaque de construction romaine, situé dans la rue du Commerce, et sur deux souterrains qui longent les bords du Rhône entre Saint-Clair et Miribel, Lyon, Imprimerie de L. Boitel, 36 quai Saint-Antoine, , 92 p., in-4 (lire en ligne)
  2. Chapitre 2 - §6, Les Aqueducs antiques de Lyon : étude comparée d'archéologie romaine,   (Wikisource).
  3. La rédaction, « 2.000 ans après, les Sarrasinières vont-elles livrer leurs secrets ? » , sur bugeycotiere.fr, (consulté le )
  4. « Neyron (01) – Les Sarrasinières » , sur Eveha - Études et valorisations archéologiques, (consulté le )
  5. « Des sarrasinières entre Lyon et Miribel », sur www.dombes-cotiere-tourisme.fr (consulté le ).
  6. Tony Silvino, « Neyron – Les Sarrasinières », ADLFI. Archéologie de la France - Informations. une revue Gallia, (ISSN 2114-0502, lire en ligne, consulté le )
  7. Dictionnaire illustré des communes du département du Rhône, t. 1, E. de Rolland et D. Clouzet, 1901-1902, 322 p. (lire en ligne), p. 100 : « L'ouverture de la ligne Lyon-Genève a fait disparaître un aqueduc souterrain à double conduit qui s'étendait jadis le long des balmes du Rhône. Ce souterrain, dont l'origine n'est pas établie, partait du village de Neyron, où il avait une prise d'eau dans le Rhône, et, après un parcours de deux lieues, il débouchait dans la partie basse de l'ancien Lugdunum. Il est connu sous le nom de Sarrazinière (Note 1 : M. Raverat a expliqué qu'il ne faut voir dans ce nom de sarrasin ainsi appliqué aux œuvres des Romains qu'une corruption de celui de Cesarius, Cesarini, qui devait désigner naturellement, à l'origine, les monuments élevés par les Césars de Rome, dans les Gaules. (Voir Mémoires de la Société littéraire, année 1874-1875, p. 309 et suivantes. V. Vachez, Lyon au XVIIe siècle, p. 58. Voir également Archéologie gallo-romaine, Les Acquedus lyonnais, par F. Gabut, Lyon, 1892). ».
  1. Les sarrasinières, p. 134-135.
  2. La sarrasinière de Beynost, p. 80.

Articles connexes

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