Savonnerie du Fer-à-cheval

Histoire de la savonnerie à Marseille

Le savon d’Alep est le premier à utiliser des graisses végétales à la place de graisses animales (noyaux d’olive surtout) et parfumé de laurier ou d’autres plantes aromatiques. Il a donné au savon son aspect actuel. Grâce à  ses qualités antiseptiques et détergentes reconnues depuis quatre mille ans, le savon s’est lié définitivement à la santé des hommes.

Crescas Davin, en 1371, est considéré comme le premier savonnier marseillais. Des manufactures de savon se développent alors à Marseille. Elles utilisent comme matière première l’huile des noyaux d’olive récupérés et re-pressés après l’extraction de l’huile. Le 5 octobre 1688, un édit de Louis XIV signé par Jean-Baptiste Colbert de Seignelay fils de Colbert, secrétaire de la Maison du Roi, réglemente la fabrication du savon. Selon l'article III de l'édit «On ne pourra se servir dans la fabrique de savon, avec la barrille, soude ou cendre, d'aucune graisse, beurre ni autres matières, mais seulement des huiles d'olives pures, et sans mélange de graisse, sous peine de confiscation des marchandises». Marseille fournit alors toute l’Europe et ses cinquante savonneries vont perdurer jusqu’au XIXe siècle où l’obtention de soude caustique à partir de sel vont diminuer fortement le coût du savon, resté jusque-là très cher, et permettre une production industrielle du savon. L’usage courant pour le corps humain ne date que du XIXe siècle pour se généraliser au XXe.

C’est en 1850 qu’une fabrique de bougies s’installe au 66 chemin de Sainte Marthe, dans le 14eme arrondissement de Marseille, à l’époque campagne marseillaise. L’activité de l’usine évolue et en 1856 elle devient une savonnerie. Tout au long de son histoire, elle va connaître de nombreuses mutations.

Usine de bougies

En 1870, la Société Anonyme de la Stéanerie de la Méditerranée administrée par Albert Roura achète six mille mètres carrés de terre agricole à la famille Bermond de Vaux pour créer une usine de bougies (le boulevard de la Bougie à l’époque en cours de creusement lui doit son nom). Trois années plus tard, l’usine est mise en liquidation et rachetée le 2 juillet 1873 par la Société Louis Régis et Cie qui lance la fabrication de savon (Louis Régis étant l’un des principaux anciens actionnaires de l’ancienne société).

Glycérine

En 1895, les héritiers de Louis Régis vendent l’usine à la Société des Successeurs de D. Leca. Elle est agrandie d’une seconde usine de production de glycérine à destination de l’industrie cosmétique. Son activité de savonnerie s’estompe, et jusqu’en 1913, l’activité principale demeure la distillation des glycérines brutes de savonnerie et de stéarinerie par entrainement de vapeur d’eau sous pression réduite.

Charbon

À partir de 1925, elle diversifie sa production en ajoutant une unité de production de charbon végétal et en réactivant et diversifiant la production de savon à partir d’huiles animales (essentiellement de poisson).

Lessives

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, de nouvelles fusions et restructurations, entraînent une modernisation de la production et des bâtiments. Le 20 octobre 1953, les Successeurs de D. Leca et Cie fusionnent avec la Société Anonyme Huileries Antonin Roux et les savonneries J.B. Paul 23, propriétaire de la marque Fer à Cheval. Entre 1955 et 1957, on note l’érection d’une tour d’atomisation (où le liquide est séché dans le flux de chaleur puis récupéré en bas de la tour). D’une capacité de production de 1 tonne par heure à l’origine, cette tour (de marque Ballestra) passera à 3 tonnes par heure vers 1970. En 1958, la marque du Fer à Cheval, propriété de J. B. Paul, est pour la première fois associée au site industriel. Jusqu’alors, elle se trouvait au quartier de Saint-Mauront. Une grande famille de Maîtres Savonniers, les Valentin, s’est illustrée au milieu du vingtième siècle en permettant la transmission de leur savoir ancestral de père en fils. Dans les années 1960 et 1970, les parties encore non bâties à l’est et au sud de la tour d’atomisation sont couvertes. Aujourd’hui, cet atelier est composé de vastes hangars, dont certains ont été refaits récemment. Les bâtiments de l’usine connaissent alors d’importants bouleversements. Seuls sont conservés la partie qui correspond aujourd’hui à la boutique et l’ensemble des bâtiments couverts de tuiles situés dans la moitié sud de la parcelle (bureaux, bergerie, vestiaires et entrepôts de stockage). À l’emplacement des anciens bâtiments de production est aussitôt construit un nouvel entrepôt. Toute la chaîne de production du savon est alors modernisée. Les Huileries Antonin Roux et savonneries J.B. Paul commandent à l’entreprise italienne Mazzoni les machines nécessaires à la production de savon en continu. Deux chaînes de production sont installées, la première d’une capacité d’une tonne par heure, et la seconde de deux tonnes par heure. En 1974, l’usine est une fois de plus rachetée par Salador Savonnerie puis en 1979, par l’Union Générale des Savonneries. La marque de lessive faite à base de savon de Marseille, le Chat Machine, devient grâce à son succès la principale activité du site, compensant ainsi le déclin de la production de savon. En 1987, Chimiotechnic rachète l’usine. En 1994, ce groupe s’allie avec la Société de Savonnerie et Huilerie Bernard et devient la Compagnie du Savon de Marseille. En 2003, l’usine est rachetée par la Compagnie des Détergents et du Savon de Marseille.

Renaissance: En octobre 2012, l’entreprise, en redressement judiciaire, est rachetée par la Nouvelle Compagnie des Détergents et du Savon de Marseille. Cette société, dirigée par Raphaël Seghin, entreprend le renouveau de cette savonnerie, la plus ancienne savonnerie marseillaise encore en activité. Investissant dans les hommes et dans la création de nouveaux produits, elle s’inscrit dans la modernité écologique et dans la réponse aux défis de notre temps en matière de santé publique.

Fabrication: Dans les chaudrons de la savonnerie Fer à Cheval naît un savon brut, une matière originale et originelle née d’une technique ancestrale de saponification consistant à mélanger dans un grand chaudron des huiles végétales avec de la soude pour obtenir une pâte à savon malléable qui sera lavée à l’eau salée puis à l’eau douce pour la débarrasser de ses impuretés. Cette fabrication se déroule en 5 étapes. L’empâtage, le relargage, la cuisson, le lavage et la liquidation. Pour l’empâtage, ou réaction chimique de saponification, les huiles d’origine végétale sont chauffées dans un grand chaudron. Pour le relargage, le savon étant insoluble dans l’eau salée, cette opération consiste à ajouter du sel marin afin d’entraîner la lessive de soude en excès au fond du chaudron, le savon restant au-dessus. La cuisson permet la complète transformation des huiles végétales en savon. Dans le lavage, la pâte de savon est affinée par plusieurs lavages. La liquidation consiste à réaliser un dernier lavage à l’eau claire pour rendre le savon lisse. Mais le plus important, c’est le savoir-faire du Maître Savonnier qui se transmet par initiation.

L'entreprise produit des savons naturels, sans colorant ni conservateur, à base d'huile d'olive[5] aux vertus antiseptiques[6] utilisé autant pour le corps que pour le linge. Produit d’hygiène universel et multi-usages, 100% naturel, utile pour l’entretien du linge et de la maison, mais aussi pour la santé et la beauté du corps, le savon de Marseille de la Savonnerie Fer à Cheval se décline à plus de 12 produits et 28 références qui constituent le catalogue de cette savonnerie comprenant savons, savons liquides, crèmes et cosmétiques[7] qui se présentent du cube classique à la savonnette en forme d’olive ou de cigale, en copeaux, en gaufre, ou en liquide. Emballage soigné et packaging écologique ont été privilégiés pour tous ces produits. Au total, 4 gammes (Savon de Marseille, Gamme Maison, Gamme Parfumée & Gamme cosmétique) et 120 références sont présents au catalogue. De nouveaux produits sont en cours de réalisation.

Mécénat et partenariats

La savonnerie accueille des artistes utilisant le savon notamment Frédérique Nalbandian qui crée depuis vingt ans dans ses murs des sculptures qui font l’objet régulièrement d’expositions nationales et internationales. Lors des journées du Patrimoine 2021, les visiteurs ont pu découvrir la fabrication d’une Fontaine de Jouvence en Savon de Marseille par les artistes plasticiens Victoire Gonzalvez et Farès Hadj-Sadok sur laquelle on peut graver ses souhaits les plus chers. La savonnerie Fer à Cheval soutient la ligue contre le cancer des Bouches du Rhône et la Maison Bien être qui offre un espace dédié au bien-être des malades ainsi qu'à celui de l'entourage, en faisant des dons réguliers de savon de Marseille. Elle met en place des partenariats avec des associations qui soutiennent les étudiants comme le Secours Populaire et les personnes âgées comme les Petits Frères des Pauvres. Ces soutiens sont des dons de savons, mais aussi du temps partagé avec des ateliers Do It Yourself et Zéro déchet. La savonnerie Fer à Cheval s'engage pour l'environnement en soutenant Wing of the Ocean, notamment lors de leur dépollution de l'étang de Berre, en faisant des dons de produits pour faciliter le mode de vie zéro déchet de l'équipage. La Fondation des Hôpitaux est un partenaire de la savonnerie depuis 2021. Deux actions communes ont été mises en place pour soutenir les soignants et les enfants hospitalisés avec l'opération Pièces Jaunes. En 2021, pour l'Euro de football, l'entreprise a été choisie pour soutenir l'équipe de France par son esprit créatif français[8]^,[9].

Appellation protégée

L’appellation Savon-de Marseille n’étant pas encore protégée, la Savonnerie Fer à Cheval, membre co-fondateur de l’Union des Professionnels du Savon de Marseille (UPSM), œuvre pour la création d’une Indication Géographique Protégée (IGP) permettant de promouvoir leur savoir-faire ancestral, et d’offrir au public une information transparente sur le produit qu’il achète. En attendant la création de cette IGP, une marque collective a été créée, reconnaissable par son logo, et qui certifie que le produit qui le revêt répond aux critères définis dans le cahier des charges adopté par l’UPSM.

Accueil du public

Fière de son patrimoine, la savonnerie Fer à Cheval invite le public à découvrir l’histoire du savon de Marseille et de la savonnerie. Au cours d’une visite d’usine gratuite, les visiteurs sont invités dans les coulisses de la fabrication du savon de Marseille pour découvrir le savoir-faire ancestral que se transmettent les maîtres savonniers. Les visites ont lieu tous les mercredis en période scolaire et du lundi au vendredi pendant les vacances. Pour réserver son créneau, il faut prendre rendez-vous sur le site internet: https:// www.savon-de-marseille.com/fr/content/30-visites-savonnerie-fer-a-cheval

Boutique en ligne

La savonnerie Fer à Cheval propose l’achat de ses produits en ligne et permet d’être livré dans toute la France et à l’international. La boutique en ligne permet de visualiser l’ensemble des produits et d’en apprendre plus sur la savonnerie, son savoir-faire et son actualité. Voir https://www.savon-de-marseille.com/fr

Produits originaux

Avec ses emballages soignés et son packaging écologique, le savon de la SFC est biodégradable et respectueux de l’environnement, c’est un produit très économique, une alternative saine aux produits chimiques industriels.

La barre de savon de Marseille tranchée X Blank City

Chaque année, le fourreau de la barre de savon de Marseille à l’huile d’olive tranchée de 1kg est renouvelé pour une édition limitée. En 2022, il est signé Julien Marchand alias Blank City, talentueux photographe marseillais. L’artiste habille la Bûche de savon de Marseille d’un nouvel écrin en édition limitée, avec plusieurs de ses clichés, dont un de la célèbre basilique Notre-Dame de la Garde.

La Cigale de Marseille X Monochromic 2021

La Cigale de Marseille, en savon de Marseille Pur Olive, est le fruit de la rencontre de la savonnerie Fer à Cheval avec Monochromic, marque marseillaise qui prône les mêmes valeurs que la savonnerie autour du savoir-faire, de l'artisanat, du made in France... Monochromic reprend des méthodes traditionnelles de fabrication par coulage de la céramique loin des processus de fabrication industriels. La Cigale de Marseille crée le lien entre authenticité et expressions contemporaines.

Le savon doux Badiane Etoilée X Mx 2021

Alcool de caractère au goût anisé, le Pastis est aujourd’hui mondialement connu et tient sa recette d’une combinaison de plantes aromatiques. Il inspire la savonnerie Fer à Cheval qui lance un Savon Parfumé Badiane Etoilée issu d’un partenariat unique entre la Savonnerie et le Mx store. La fragrance de ce savon doux de 150g délicieusement parfumé aux notes aromatiques, anisées, fruitées et vertes est signée Jérémy Sabater, Parfumeur du groupe marseillais TechnicoFlor. On y retrouve en tête la note épicée de l’anis étoilé et la fraîcheur zestée de la bergamote. En cœur, la délicate rose blanche et la gourmande violette, et en fond, toute la sensualité des bois de cèdre, de santal et de Cachemire. Une signature audacieuse, fraîche et aromatique. Un clin d’œil à l’iconique Pastis de Marseille, tout en élégance!

Le cube de savon de Marseille en collaboration avec la FFF

L’iconique savon de Marseille à l’huile d’olive 300g de la savonnerie Fer à Cheval faisait partie des produits du Collectif Créatif Français sélectionnés par la Fédération Française de Football à l’occasion de l’Euro. Aux côtés de 12 fabricants et artisans français, le célèbre cube a revêtu sa plus belle tenue en intégrant les symboles de l’équipe de France, le coq français, les 2 étoiles de Champion du Monde et l’hexagone.

Depuis le 8 janvier 2019, la Savonnerie du Fer à Cheval est inscrite Monument historique au même titre que Notre Dame de la Garde, le Château d’If, la Cité Radieuse ou le Palais Longchamp. Le classement a pour objet l’ensemble des façades et toitures de l'atelier de production du savon, le bâtiment des chaudrons en totalité avec l'ensemble de ses dispositifs anciens conservés sur trois niveaux et la salle en sous-sol avec ses sept cuves en tôle rivetées. Depuis le 8 janvier 2019[10]^,[2]^,[11], elle fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques

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