Sebastião Salgado
Sebastião Salgado est un photographe franco-brésilien né le à Aimorés (Minas Gerais), au Brésil.
Pour les articles homonymes, voir Salgado.
Ambassadeur de bonne volonté de l'Unicef |
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Prix Princesse des Asturies pour les arts () Liste détaillée Prix international de journalisme « Roi d'Espagne » Commandeur des Arts et des Lettres Prix Oskar-Barnack ( et ) Prix Erich-Salomon () Prix international de la Fondation Hasselblad ( et ) Ordre du Mérite culturel (en) () Alfred Eisenstaedt Awards for Magazine Photography (d) () Prix Princesse des Asturies pour les arts () Lucie Award () Cherry Kearton Medal and Award () Chevalier de l'ordre du Mérite culturel de Monaco () Prix de la paix des libraires allemands () Crystal Award () Praemium Imperiale () |
Il est membre de l'Académie des Beaux-Arts depuis 2016 et membre honorifique de l'Académie américaine des arts et des lettres[1],[2].
Biographie
Sebastião Ribeiro Salgado est le seul garçon d'une fratrie de huit enfants[3]. Il obtient une maîtrise d'économie et d'économétrie à l'université de São Paulo. Militant au sein des Jeunesses communistes, Salgado se trouve contraint de fuir la dictature brésilienne, en 1969, avec sa femme et ne retrouvera son pays qu'en 1979 après l'amnistie politique[4].
Économiste
En 1969, il s'installe à Paris pour y suivre des cours à l'École nationale de la statistique et de l'administration économique (Ensae) et y prépare un doctorat d'économie agricole[5]. Il effectue plusieurs stages au siège de la FAO à Rome.
En 1971, il est recruté par l'Organisation internationale du café (ICO), basée à Londres. Il y travaillera jusqu’en 1973, date à laquelle il change brutalement de carrière[6]. Rétrospectivement, il annoncera à ce sujet : « J'emportais mon appareil photo pour mes enquêtes et je me suis aperçu que les images me donnaient dix fois plus de plaisir que les rapports économiques. Je commençais à voir le monde d'une autre manière, à travers le viseur et par un contact direct avec les gens. En fait, j'ai continué à faire la même chose : dresser un constat de la réalité. »[7].
Photographe
En 1973, il commence à s’intéresser à la photographie, en autodidacte. Il intègre successivement les agences photographiques Sygma (1974-1975), Gamma (1975-1979) et Magnum (1979-1994)[8].
En 1984-1985, il part au Sahel et collabore avec Médecins sans frontières. Le livre Sahel, l’homme en détresse, publié par Prisma Presse en 1986 a été vendu au profit de MSF en France[8].
En 1994, il crée à Paris l'agence de presse photos Amazonas Images avec sa femme Lélia Wanick Salgado[9].
Salgado choisit lui-même ses projets aux quatre coins du Brésil : il travaille toujours en noir et blanc et observe la vie de ceux qui vivent et qui travaillent dans des conditions difficiles : migrants, mineurs, victimes de la famine… Un de ses reportages les plus renommés, intitulé La Mine d'or de Serra Pelada, porte sur le quotidien dans une mine d’or au Brésil, reportage dans lequel il parvient à décrire les conditions de travail auxquelles les mineurs sont soumis[8].
Il est nommé représentant spécial de l’UNICEF en 2001.
Dans l'introduction d'Exodes, il écrit : « Plus que jamais, je sens que la race humaine est une. Au-delà des différences de couleur, de langue, de culture et de possibilités, les sentiments et les réactions de chacun sont identiques. Les gens fuient les guerres pour échapper à la mort ; ils émigrent pour améliorer leur sort ; ils se forgent de nouvelles existences dans des pays étrangers : ils s'adaptent aux pires situations… ».
Cependant, depuis le début des années 2000, des journaux (dont le New York Times) et l'écrivain Susan Sontag critiquent les photographies de Salgado. Le photographe est accusé d'utiliser de manière cynique et commerciale la misère humaine, de rendre belles les situations dramatiques qu'il saisit au risque de leur faire perdre leur authenticité. Sontag s'interroge sur « l'inauthenticité du beau » dans l'œuvre de Salgado.
Dans le domaine familial de Bulcão qu'il possède près d'Aimorès au Brésil, avec sa femme Lélia Deluiz Wanick Salgado, il a rendu à la nature et reboisé près de 700 ha de terres épuisées par des années d'exploitation. Ils ont pour cela créé en l'ONG « Instituto Terra »[11], qui a trouvé des financements pour élever et planter près de 4 millions d'arbres. L'institut propose également des programmes de sensibilisation et d'éducation à l'environnement.
En 2014, Wim Wenders et le fils du photographe, Juliano Ribeiro Salgado ont réalisé un documentaire sur le travail de Sebastião Salgado, Le Sel de la Terre (The Salt of the Earth) qui a reçu le prix spécial Un Certain Regard au festival de Cannes 2014[12].
En 2016, Sebastião Salgado se met au service de la liberté de la presse en offrant à l'association Reporters sans frontières (RSF) une anthologie de ses 100 plus belles photos en noir et blanc. Ainsi, le premier numéro de l'année de l'album de RSF, "100 photos pour la liberté de la presse", contient un portfolio sur l'œuvre de Salgado, avec une préface d'Irina Bokova, la Directrice générale de l'UNESCO[13].
Encore en 2016, il réalise en noir et blanc une série de portraits de membres de la tribu indigène Ashaninka, dont il tire un calendrier. Il photographie notamment la famille du leader indigène Benki Piyãko[14].
En 2016, Sebastião Salgado a été officiellement installé au sein de la section de photographie de la prestigieuse Académie des beaux-arts qui dépend de l’Institut de France, à Paris. Il siège ainsi dans le fauteuil qu’occupait Lucien Clergue jusqu’à son décès en 2014[1],[15].
En 2021, il monte l'exposition Salgado Amazonia après avoir parcouru l'Amazonie pendant près de six ans pour prendre de nombreuses photographies et vidéos[16]. Prévu à la Philharmonie de Paris[17], l'évènement est retardé en raison de la pandémie de Covid-19. L'exposition s'accompagne cependant de l'album Amazônia de Jean-Michel Jarre.
Technique photographique
Salgado est connu pour ses travaux en argentique noir et blanc (notamment avec les pellicules Tri-X et T-Max P3200 de Kodak). Après avoir utilisé des Leica (35 mm) il passe à un appareil moyen format, Pentax 645 (en), notamment pour son projet Genesis. Il utilise également un Canon EOS 5D Mark III[18].
Actuellement son processus de travail est un mélange d'argentique et de numérique[19]. Il réalise les prises de vue en numérique avec un appareil Pentax 645D. Salgado ne souhaite pas regarder ses photos sur un écran[20]. Les fichiers numériques sont tirés sous forme de planche-contact afin de réaliser le choix des photos à tirer sur papier (editing). Les photos numériques sélectionnées sont ensuite traitées avec le logiciel DXO filmpack qui permet de rajouter du "grain" argentique correspondant aux films Tri-X ou T-Max P3200. Une fois modifiées ces images numériques sont transférées sur un internégatif (pellicule argentique sans grain) qui permet au tireur de réaliser des tirages argentiques sous agrandisseur sur papier baryté argentique[4].
On peut dire que Salgado a mis au point un processus « hybride » argentique/numérique économiquement plus viable que le « tout argentique »[21].
Publications
Années 1980
- Les Hmongs, Médecins sans frontières, Chêne/Hachette, Paris, 1982
- Autres Amériques, Contrejour, 1986
- Sahel : l'Homme en Détresse, Prisma Presse et Centre national de la photographie, pour Médecins sans frontières, France, 1986
Années 1990
- Sebastião Salgado, La main de l'homme, La Martinière, , 400 p. (ISBN 978-2-7324-6989-8)
- La mine d'or de Serra Pelada, Galerie Debret, Paris, 1994
- Terra, Éditions de La Martinière, France, 1997
Années 2000
- Exodus, Éditions de La Martinière, Paris, 2000
- The End of Polio : A Global Effort to End a Disease, Bulfinch, 2003
Années 2010
- Genesis (avec Lélia Wanick Salgado), Taschen France, Paris, 2013
- De ma terre à la Terre (avec Isabelle Francq), Plon, Paris (ISBN 9782750907631), 2013
- Terres de café, Éditions de La Martinière, France, 2015
- Sebastião Salgado, Alan Riding et Lélia Wanick Salgado, Gold, Taschen, , 208 p. (ISBN 978-3-8365-7508-9)
- Sebastião Salgado, Amazônia, Taschen, , 528 p. (ISBN 978-3-8365-8512-5)
Expositions
Liste non exhaustive
- 1994 : Sebastião Salgado, Festival Photofolies, Rodez
- 2019 : Déclarations, exposition photo Sebastião Salgado, dec. 2018-nov. 2019, Musée de l'Homme[22]
- 2019 : Gold, Galerie Polka, Paris[23]
- 2021 : Exposition Salgado Amazônia, Philharmonie de Paris, saison 2021-2022[24]
- 2022 : Aqua Mater[25]
Distinctions
Décorations
- Commandeur de l'ordre de Rio Branco (Brésil, 2004)[26]
- Chevalier de la Légion d'honneur (France, 2016)[27]
- Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres (France, 2014)[26]
- Chevalier de l'ordre du Mérite culturel (Monaco, 2018)[28].
Récompenses
- 1982 : Prix W. Eugene Smith (États-Unis).
- 1985 : Prix Oskar-Barnack (Allemagne).
- 1986 : Infinity Award du photojournalisme (États-Unis).
- 1988 : Prix Erich-Salomon (Allemagne).
- 1989 : Prix international de la Fondation Hasselblad (Suède).
- 1992 : Prix Oskar-Barnack (Allemagne).
- 1993 : Médaille du centenaire de la Royal Photographic Society (Royaume-Uni)[29].
- 1994 : Grand Prix national de la photographie décerné par le ministère de la Culture (France).
- 1998 : Prix Princesse des Asturies (Espagne)[30].
- 2019 : Prix de la paix des libraires allemands (Allemagne).
- : Docteur honoris causa de l'Université de Namur (Belgique).
- 2021 : : Visa d’Or d’honneur du festival de photojournalisme Visa pour l’image (France)[31]'[32].
- 2021 : Praemium Imperiale (Japon)[33].
- 2022 : Infinity Awards (États-Unis).
Notes et références
- « Sebastião Salgado », sur academiedesbeauxarts.fr.
- (en) « Photographer Sebastião Salgado takes a seat in France's academy of fine arts », sur france24.com, .
- « Sebastiao Salgado », sur franceinter.fr, .
- (en) « Sebastião Salgado », sur britannica.com.
- Benoît Georges, « Sebastião Salgado, l'oeil de l’économiste », Les Echos, 26 juillet 2011
- Nicole D’Almeida, « Sebastião Salgado, L’odyssée d’un homme-monde. Portrait et entretien », sur cairn.info.
- Armelle Canitrot, « Sebastião Salgado », sur La Croix, (consulté le )
- « Biographie de Sebastião Salgado », sur franceculture.fr.
- Site d'Amazonas images
- « Comment le photographe Sebastião Salgado a permis le reboisement de 700 hectares de forêt au Brésil », sur www.franceinter.fr (consulté le )
- About us - The Instituto Terra
- « "Le Sel de la terre", un portrait de Sebastião Salgado où l’intime se mêle à l’artistique », sur lemonde.fr, .
- "Sebastião Salgado. 100 photos pour la liberté de la presse", éd. Reporters sans frontières, coll. "Pour la liberté de la presse", n° 51, printemps 2016 (ISBN 978-2-36220-038-0)
- (pt) « Fotógrafo Sebastião Salgado cria calendário com imagens de índios do Acre / Notícias do Acre », sur Notícias do Acre, (consulté le ).
- TASCHEN, « Sebastião Salgado en habit vert. Éditions TASCHEN », sur www.taschen.com (consulté le ).
- « « AMAZÔNIA » : la nouvelle création de Jean-Michel Jarre sortira le 9 avril ! », sur RFM, (consulté le )
- « Salgado Amazônia | Philharmonie de Paris », sur Philharmonie de Paris.fr (consulté le )
- Film documentaire Le Sel de la Terre (2014) réalisé par Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado
- « La France de Raymond Depardon » dans le hors-série Télérama Horizons.
- http://www.lumiere-imaging.fr/portfolios/ilford-masters/item/340-sebastiao-salgado
- Philippe Bachelier, « Comment Sebastião Salgado est passé au numérique » dans : Réponses Photo, hors série n°10, mai 2010, p. 34-51 et 53. Jean-Christophe Bechet, « Salgado. Comme un capitaine de frégate en pleine tempête », dans : Réponses Photo, hors série n°10, mai 2010, p. 52.
- Cette exposition présente une trentaine d'images en grands formats de Sebastião Salgado et s’intègre dans la Saison En droits ! qui commémore les 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, signée au Palais de Chaillot le 10 décembre 1948..
- Polkagalerie.
- Exploration libre de l'exposition Salgado Amazônia.
- « Entretien. Sebastião Salgado : "Toutes les photos sont politiques" », sur ouest-france.fr, .
- « Sebastião Salgado Déclarations », sur museephotographie.nice.fr.
- « Légion d'honneur : qui sont les promus du 14 Juillet ? », sur lepoint.fr, .
- « Ordonnance Souveraine n° 7.202 du 18 novembre 2018 portant promotions ou nominations dans l'Ordre du Mérite Culturel. », sur Journal de Monaco (consulté le ).
- Centenary Medal
- (es) « Sebastião Salgado Premio Príncipe de Asturias de las Artes 1998 », sur fpa.es.
- « Festival Visa pour l’image | Sebastião Salgado reçoit un prix hommage », sur La Presse, (consulté le )
- Festival International du Photojournalisme - Perpignan.
- « 2021 Laureates », sur praemiumimperiale.org.
Voir aussi
Bibliographie
- Philippe Bachelier, « Comment Sebastião Salgado est passé au numérique » dans : Réponses Photo, hors série n°10, , p. 34-51 et 53.
- Jean-Christophe Bechet, « Salgado. Comme un capitaine de frégate en pleine tempête », dans : Réponses Photo, hors série n°10, , p. 52.
- Patrick Roegiers, Sebastião Salgado, un humaniste engagé, dans Écouter voir, Éditions Paris Audiovisuel, 1989.
- Sebastião Salgado et Isabelle Francq, De ma terre à la terre, Presses de la Renaissance, 2013
Filmographie
- Le Sel de la Terre (2014), film de Juliano Ribeiro Salgado, fils du photographe, et Wim Wenders, portant sur la vie et le travail de Sebastião Salgado.
Liens externes
- (en) Site officiel
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Académie des beaux-arts
- Delarge
- Tate
- (en) Art Institute of Chicago
- (de + en) Artists of the World Online
- (en) Grove Art Online
- (da + en) Kunstindeks Danmark
- (en) Musée d'art Nelson-Atkins
- (de + en) Musée Städel
- (en) Museum of Modern Art
- (en) MutualArt
- (nl) Nederlands Fotomuseum
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- (en) Te Papa Tongarewa
- (en) Union List of Artist Names
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- (de + en) Filmportal
- (en) Internet Movie Database
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- Sébastião Salgado. Entretien avec Alain Genestar, une rencontre organisée par la Bibliothèque publique d'information du Centre Georges-Pompidou le 7 janvier 2013
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