Sebecus

Sebecus icaeorhinus

Sebecus est un genre éteint de crocodyliformes, un clade qui comprend les crocodiliens modernes et leurs plus proches parents fossiles. Il est rattaché au sous-ordre des Notosuchia (ou notosuchiens en français) et aux clades des Ziphosuchia et des Sebecosuchia et, plus précisément à la famille des Sebecidae[2].

De nombreux fossiles de plusieurs pays d'Amérique du Sud souvent très partiels, ont été rattachés au genre Sebecus et plusieurs espèces ont été érigées.

Une seule espèce est considérée comme valide, l'espèce type : Sebecus icaeorhinus, décrite par George Gaylord Simpson en 2007[1].

Étymologie

Buste de Sobek, le dieu crocodile de l'Égypte ancienne qui a donné son nom au genre Sebecus.

Le nom de genre Sebecus est la forme latinisée du grec ancien σοῦχος Soũkhos, « crocodile », qui était aussi, sous le nom de Sobek ou Sebek, le nom du dieu à tête de crocodile de l'Égypte ancienne, dieu de l’eau et de la fertilité.

Historique

Des dents appartenant à ce qui deviendra ensuite les sébécosuchiens sont connues en Argentine depuis 1906. Leur ressemblance avec celles des dinosaures carnivores (théropodes) ont fait qu'elles ont été alors assignées à ce groupe par le paléontologue argentin Florentino Ameghino[3].

Une expédition paléontologique américaine en Patagonie conduit à la découverte d'un crâne fragmentaire avec sa mandibule qui va être attribué, en 1937, à un nouveau genre, Sebecus, par George Gaylord Simpson[1]. Il souligne la morphologie ziphodonte des dents de l'animal, longues, comprimées latéralement, courbées et à bordure dentelée (crantée), un caractère qu'il partage avec certains théropodes.

Le genre sera décrit plus en détail en 1946 par une autre paléontologue américain, Edwin Harris Colbert, qui le place dans une nouvelle famille dont il est le genre type : les Sebecidae[4]. Colbert regroupe les sébécidés et les baurusuchidés du Crétacé d'Amérique du Sud dans le sous-ordre des Sebecosuchia[4], un groupe créé par Simpson pour classer les Crocodylomorpha ziphodontes[5].

Autres espèces

Deux autres espèces ont été décrites :

S. icaeorhinus est ainsi la seule espèce du genre Sebecus aujourd'hui considérée comme valide[7].

Description

Os retrouvés de Sebecus (Éocène d'Argentine.
Vue d'artiste de Sebecus icaeorhinus en position couchée.

La description de l'animal a été facilitée par la découverte de restes du squelette post-crânien de plusieurs spécimens, décrits par Diego Pol et ses collègues en 2012[7].

La longueur totale de Sebecus, pour le spécimen MPEF-PV 1776, se situe entre 2,20 à 3,10 mètres, pour une masse de 52 à 113 kg. Son squelette indique clairement une vie terrestre comme pour la plupart des sébécosuchiens. Ses pattes sont en effet plus longues que celles des crocodiles actuels, en particulier ses fémurs. La distance de l'épaule à la hanche correspond à d'environ 2,3 fois la longueur du fémur, une valeur similaire à celle d'un autre crocodylomorphe terrestre, Pristichampsus, tandis que l'alligator d'Amérique moderne montre des fémurs beaucoup plus courts[7].

Le sommet de son crâne est plan , à la différence des crocodiles actuels où il s'élève vers l'arrière à partir des orbites. Ses narines sont situées à l'avant de son museau et non sur le sommet du crâne, une indication de plus pour une vie à terre.

Le crâne élevé de Sebecus permettait d'ancrer les muscles des mâchoires très haut et ainsi de disposer d'une grande force de morsure[4]. Les possibilités de mouvement des mâchoires et leur capacité à cisailler indiquent que l'animal était carnivore. Ses dents en forme de lame crantée sont parfaitement adaptées à la découpe des chairs. Des études au microscope électronique ont révélé la présence de micro-éraflures à leur surface, caractéristiques de ce type de découpe, par déchirure, de la viande[8]. Les crocodiles actuels ont, au contraire, des dents à section circulaire, largement espacées, plus agencées pour la consommation de viande en gros morceaux. Les dents de Sebecus ressemblent à celles des théropodes et, en particulier, à celles tyrannosauridés[8]. Ainsi Sebechus était un carnivore avec un comportement alimentaire plus proche de celui des théropodes que de celui des crocodiles modernes[4].

Distribution géographique et stratigraphique

La répartition géographique et temporelle des fossiles ayant été attribué au genre Sebeceus est extrêmement large. Elle couvre plusieurs pays sud-américains (Argentine, Bolivie, Pérou, Brésil) et une grande partie du Cénozoïque du Paléocène moyen jusqu'à la fin du Miocène moyen, soit il y a environ entre 61,6 et 11,63 millions d'années. Cependant, beaucoup de ces déterminations sont basées sur des fossiles très partiels, souvent des dents isolées, et restent donc sujettes à caution.

Classification

En 2014, Diego Pol et ses collègues conduisent une synthèse phylogénétique, intégrant les nombreux nouveaux genres et espèces découverts au début des années 2010. Elle compile plusieurs études phylogénétiques antérieures pour aboutir à une matrice incluant 109 Crocodyliformes et genres proches dont 412 caractères morphologiques sont étudiés. Les Notosuchia selon D. Pol et al. regroupent 45 genres et 54 espèces[2]. Dans leur cladogramme, Sebecus est classé comme un Sebecosuchia de la famille des Sebecidae, dans une polytomie qui regroupe les trois anciennes espèces du genre Sebecus[2] :

Sebecosuchia
Baurusuchidae

Cynodontosuchus




Pissarrachampsa




Stratiotosuchus




Campinasuchus




Baurusuchus albertoi




Baurusuchus pachecoi



Baurusuchus salgadoensis











Bergisuchus



Iberosuchus



Sebecidae

Lorosuchus




Barinasuchus





Ayllusuchus



Bretesuchus





Langstonia (ex-Sebecus huilensis)



Sebecus



Zulmasuchus (ex-Sebecus querejazus)



« forme de Lumbrera »








Références

  1. (en) G.G. Simpson, « New reptiles from the Eocene of South America », American Museum Novitates, vol. 927, , p. 1-3 (lire en ligne)
  2. (en) D. Pol, P. M. Nascimento, A. B. Carvalho, C. Riccomini, R. A. Pires-Domingues et H. Zaher, « A New Notosuchian from the Late Cretaceous of Brazil and the Phylogeny of Advanced Notosuchians », PLoS ONE, vol. 9, no 4, , e93105 (PMID 24695105, PMCID 3973723, DOI 10.1371/journal.pone.0093105)
  3. (es) F. Ameghino, « Nuevos restos de mamiferos fosiles descubiertos por C. Ameghino en el Eoceno inferior de la Patagonia austral. Especies nuevas, adiciones y correcciones », Revista Argentina de Historia Natural, vol. 1, , p. 289–328
  4. (en) E.H. Colbert, « Sebecus, representative of a peculiar suborder of fossil Crocodilia from Patagonia », Bulletin of the American Museum of Natural History, vol. 87, no 4, , p. 221–270 (lire en ligne)
  5. (esn) A.H. Turner et Calvo, J.O., « A new sebecosuchian crocodyliform from the Late Cretaceous of Patagonia », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 25, no 1, , p. 87–98 (DOI 10.1671/0272-4634(2005)025[0087:ANSCFT]2.0.CO;2, lire en ligne)
  6. (es) Alfredo Paolillo et Linares, Omar J., « Nuevos cocodrilos Sebecosuchia del Cenozoico Suramericano (Mesosuchia: Crocodylia) », Paleobiologia Neotropical, vol. 3, , p. 1–25 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  7. (en) Diego Pol, Juan M. Leardi, Agustina Lecuona and Marcelo Krause, « Postcranial anatomy of Sebecus icaeorhinus (Crocodyliformes, Sebecidae) from the Eocene of Patagonia », Journal of Vertebrate Paleontology, vol. 32, no 2, , p. 328–354 (DOI 10.1080/02724634.2012.646833, lire en ligne)
  8. (en) O. Legasa, Buscalioni, A.D. et Gasparini, Z., The serrated teeth of Sebecus and the Iberoccitanian crocodile, a morphological and ultrastructural comparison, vol. 29, , 127-14 p. (lire en ligne)

Voir aussi

Références taxinomiques

(en) Référence Paleobiology Database : Langstonia Paolillo et Linares, 2007

Annexes

Articles connexes

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