Seconde guerre barbaresque

La seconde guerre barbaresque (-) fut la seconde de deux guerres entre les États-Unis, et les États barbaresques de Tripoli, de Tunis et d'Alger. La guerre entre les États barbaresques et les États-Unis a pris fin lorsque « le Sénat des États-Unis a ratifié le traité algérien de Decatur le  »[1]. Cependant, le dey d'Alger, Omar Agha, a dénoncé le traité américain, a refusé d'accepter les conditions de paix ratifiées par le Congrès de Vienne, et menacé la vie de tous les habitants chrétiens d'Alger. William Shaler, le commissaire américain qui avait négocié avec Stephen Decatur, a dû fuir à bord des navires britanniques, et plus tard a observé « les obus et les fusées voler sur [sa] maison comme la grêle »[2] à la suite du bombardement d'Alger. Shaler a ensuite négocié un nouveau traité après le bombardement d'Alger en 1816, qui n'a pas été ratifié par le Sénat avant le , en raison d'un oubli accidentel[1].

Seconde guerre barbaresque
Dessin de 1905 représentant l'escadre de Decatur à Alger
Informations générales
Date 17-19 juin 1815
Lieu Mer Méditerranée, côte des Barbaresques
Casus belli Attaques de corsaires barbaresques contre des navires marchands américains.
Issue Victoire américaine
Belligérants
États-Unis Régence d'Alger
Commandants
James Madison
Stephen Decatur, Jr.
James C. George
Mohamed Khaznadji
Omar Agha
Hamidou ben Ali
Forces en présence
10 navires de guerrebrick
frégate
Pertes
4 morts
10 prisonniers et blessés
53 morts
486 prisonniers

Guerres barbaresques

Batailles

Seconde guerre barbaresque :

Après la fin de la guerre, les États-Unis et les pays européens ont cessé de payer tribut aux États barbaresques pour déjouer les attaques contre leurs navires. Cela a contribué à marquer le début de la fin de la piraterie dans cette région, qui sévissait depuis l'époque de la domination ottomane (XVIe siècle-XVIIIe siècle). En quelques décennies, les puissances européennes ont construit des navires de plus en plus sophistiqués et coûteux que les pirates barbaresques ne pouvaient égaler en nombre ou en technologie[3].

Contexte

Après la première guerre barbaresque (1801-1805), la relation des États-Unis avec la Grande-Bretagne s'est dégradée, notamment à cause de la propension américaine à commercer avec la France, et pour d'autres raisons qui conduisirent à la guerre anglo-américaine de 1812. Les États barbaresques ont profité de cette occasion pour attaquer des navires marchands américains et européens dans la mer Méditerranée, capturant les équipages et exigeant des rançons.

Dans le même temps, les grandes puissances européennes étaient encore impliquées dans les guerres napoléoniennes, qui ne se sont terminées qu'en 1815.

La réponse américaine

Gravure montrant l'escadre de Bainbridge.

À la fin de la guerre de 1812, cependant, les États-Unis sont revenus au problème de la piraterie barbaresque. Le , le Congrès des États-Unis autorise le déploiement de la puissance navale contre Alger, et deux escadres sont assemblées et prêtes à la guerre.

L'escadre sous le commandement du commodore William Bainbridge part de Boston, au Massachusetts, tandis que l’escadre du commodore Stephen Decatur était à New York. L’escadre de Decatur part le . Elle comprend les frégates USS Guerrière, un vaisseau amiral de 44 canons, commandé par le capitaine William Lewis ; le Constellation, de 36 canons, commandé par le capitaine Charles Gordon ; et la Macédoine, de 38 canons, sous le commandement du capitaine Jacob Jones ; les sloops de guerre Epervier, commandé par le capitaine John Downes, et l'Ontario avec 16 canons, commandé par le capitaine Jesse D. Elliott; les bricks Firefly, Spark et Flambeau, chacun avec 14 canons commandés par les lieutenants George W. Kodgers, Thomas Gamble et John B. Nicholson ; et les goélettes Torch et Spitfire, tous les deux avec 12 canons, commandés par les lieutenants Wolcott Chauncey et Alexander J. Dallas. M. William Shaler[4]. Le commandement de Bainbridge s'assemblait encore, et ne partit que le , manquant les batailles[4].

Lors de la bataille du cap Gata, le 17 juin 1815, l'escadre américaine s'empare du Mashouda, navire amiral du dey d'Alger. Son commandant, le corsaire Raïs Hamidou ben Ali, perd la vie lors du combat.

Négociations et engagement

Gravure représentant Decatur, en négociations, avec le dey d'Alger, Mustapha Khaznadji.

La dernière semaine de juin 1815, l'escadre arrive à Alger et les Américains entament les négociations avec le Dey. Les demandes d'indemnisation américaines sont assorties de menaces militaires, et le Dey s'incline. Selon les termes du traité signé à bord de la Guerrière dans la baie d'Alger le , Decatur rétrocède les navires de guerre Meshuda et Estedio. Les Algériens libèrent leurs prisonniers américains, une dizaine, et un nombre important de captifs européens en échange d'environ 500 sujets du Dey[5]. La régence d'Alger paie 10 000 dollars pour les navires saisis. Le traité exclut tout tribut à venir de la part des États-Unis d'Amérique[6], et reconnait aux États-Unis le droit de transport maritime plein et entier en mer Méditerranée.

Conséquences

Au début de 1816, le Royaume-Uni entreprend une mission diplomatique, appuyée par une petite escadre de navires de ligne, vers Tunis, Tripoli et Alger afin de convaincre les deys de mettre un terme à la piraterie et libérer les chrétiens européens maintenus en esclavage. Les beys de Tunis et de Tripoli en conviennent, sans opposer de résistance, mais Omar Agha, dey d'Alger, se fait plus récalcitrant et les négociations sont houleuses. Le chef de la mission diplomatique, Edward Pellew, avait négocié un traité pour arrêter l'esclavage des chrétiens, et était retourné en Angleterre. Cependant, juste après la signature du traité, les troupes algériennes massacrent 200 pêcheurs corses, siciliens et sardes, qui étaient sous protection britannique. Cela provoque une vague d'indignation en Grande-Bretagne et Europe continentale, et les négociations d'Exmouth sont alors considérées comme un échec[7].

En conséquence, Exmouth reçut l'ordre de reprendre la mer à nouveau pour mener le travail à terme, et punir les Algériens. Il rassembla une escadre de cinq navires de ligne, renforcée par un certain nombre de frégates, plus tard renforcée par une flottille de six navires hollandais. Le , à la suite d'une série de négociations infructueuses, la flotte néerlando-britannique effectua pendant neuf heures un bombardement d'Alger. L'attaque immobilisa beaucoup de corsaires et batteries de rivage du dey, le réduisant à accepter une offre de paix selon les termes mêmes qu'il avait rejetés la veille. Exmouth avait averti que si ces termes n'étaient pas acceptés, il poursuivrait le bombardement. Le dey accepta les termes, mais Exmouth bluffait ; sa flotte avait alors dépensé toutes ses munitions[8].

Un traité fut signé le . Le consul britannique et 1 083 esclaves chrétiens furent libérés, et l'argent des tributs américains fut remboursé[9].

Notes et références

  1. (en) « Barbary Wars, 1801–1805 and 1815–1816 », MILESTONES: 1801–1829, ? (lire en ligne)
  2. Stephen Taylor, Commander : The Life and Exploits of Britain's Greatest Frigate Captain, Londres, faber and faber, , 289 p. (ISBN 978-0-571-27711-7)
  3. Frederic C. Leiner, The End of Barbary Terror, America's 1815 War against the Pirates of North Africa, Oxford University Press, 2007, , 39–50 p. (ISBN 978-0-19-532540-9, lire en ligne)
  4. Gardner Weld Allen, Our Navy and the Barbary Corsairs, Boston, New York and Chicago, Houghton Mifflin & Co., , p. 281
  5. (en) William Shaler, Stephen Decatur, « PEACE », Treaty of peace concluded between the United States of America and his higness Omar Bashaw Dey of algiers, , Article 3, p. 45-46 (lire en ligne) :
    « les États-Unis selon les usages des nations civilisées n'exigent aucune rançon pour l'excès de prisonniers en leur faveur. »
  6. « Il est distinctement compris entre les Parties contractantes qu'aucun tribut, que ce soit sous forme de présents biennaux ou sous quelque autre forme ou nom que ce soit, ne sera jamais exigé des États-Unis sous quelque prétexte que ce soit par le Dey et la Régence d'Alger. » Article 2, p. 45.
  7. Stephen Taylor, Commander : The Life and Exploits of Britain's Greatest Frigate Captain, Londres, faber and faber, , 10 p. (ISBN 978-0-571-27711-7)
  8. Stephen Taylor, Commander : The Life and Exploits of Britain's Greatest Frigate Captain, Londres, faber and faber, , 292 p. (ISBN 978-0-571-27711-7)
  9. (en) Standley Goodwin, Marblehead’s Maritime History : The Ship's Pass, Marblehead Museum & Historical Society, , 29 p. (lire en ligne), p. 21

Bibliographie

Articles connexes

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