Secte des Barbus

La secte des Barbus (nommée aussi les « Primitifs », les « Méditateurs » ou les « Penseurs ») est le surnom donné à un groupe de peintres, élèves de Jacques-Louis David, groupés autour de leur chef Pierre-Maurice Quay, actifs au début des années 1800. Ils entrèrent en dissidence contre les enseignements de leur maître, en voulant radicaliser le style néoclassique alors en vogue dans la peinture française du début du XIXe siècle. Le groupe se dissout après la mort de Quay à partir de 1803.

Pierre-Maurice Quay chef de la secte des Barbus, portraituré en 1798 par Henri-François Riesener, musée du Louvre.

Esthétique

Poussant l’idée du néoclassicisme à son extrême, les Barbus réclamaient un retour à une peinture basée sur les motifs linéaires purs des vases grecs ou sur les compositions simples du début de la Renaissance italienne. Ils choisissent leurs sujets parmi l'Iliade et l'Odyssée d’Homère, les poèmes d’Ossian ou l’Ancien Testament. Ils étendirent leur pensée au-delà de la peinture pour l’appliquer à la vie elle-même et se constituèrent pratiquement en secte. Charles Nodier écrivit que leur doctrine,

« au-delà de la reforme de la peinture, de la reforme de la société, devint une métaphysique. (…) Le sentiment général qui leur tenait d’abord de religion (…) c’était au commencement l’amour, le fanatisme de l’art. À force de le perfectionner, de l’épurer au foyer de leur âme, ils étaient arrivés à la nature modèle, à la nature grande et sublime, et l’art ne leur offrit plus, à cette seconde époque (…) qu’un objet de comparaison et qu’une ressource de métier. La nature elle-même se rapetissa enfin devant leur pensée, parce que la sphère de leurs idées s’était élargie. Ils conçurent qu’il y avait quelque chose de merveilleux et d’incompréhensible derrière le dernier voile d’Isis, et ils se retirèrent du monde, car ils devinrent fous, c’est le mot, comme les thérapeutes et les saints, fous comme Pythagore et Platon. Ils continuèrent cependant a fréquenter les ateliers, à visiter les musées, mais ils ne produisirent plus[1]. »

Selon Delécluze, les barbus et Maurice Quay en particulier dit "Don Quichotte" ou "Agamemnon", qui développait et prédicait des théories « humanitaires » mêlant art et morale[2], pratiquaient des formes de théâtre, de pantomime « burlesque » issu du vaudeville[3], et se promenaient dans Paris, vêtus pour l'un en Agamemnon et pour un autre en Pâris avec l'habit phrygien en 1799[4] tout droit sorti d'un tableau de David !

Delécluze s'amuse à comparer les barbus de 1800 aux barbus et moustachus de 1832, les romantiques : Lamartine, Victor Hugo, Mérimée, Sainte-Beuve, Schnetz, Horace Vernet ou Delacroix[5].

Membres

Les Barbus choisirent un style de vie hors normes, s’habillant de vêtements grecs antiques qui attiraient les quolibets de la foule dans les rues. David les chassa de son atelier après les critiques ouvertes proférées contre lui lors de l’exposition de L’Intervention des Sabines et ils se regroupèrent dans un monastère abandonné de la région parisienne. Les Barbus, dirigés par Quay, furent :

Même s’il ne fit pas partie de leur groupe, Ingres fut certainement influencé par eux lors de son éducation à l'atelier de David, sinon dans leur recherche de couleurs, au moins dans leur obsession de la ligne pure.

Œuvres

Les Barbus ne produisirent que peu de toiles. À l'exception d'une Tête d'étude au musée Granet d'Aix-en-Provence, il n’en existe aucune connue de Quay, mort prématurément à 24 ans.

Bibliographie

  • Étienne-Jean Delécluze, Louis David, son école et son temps, Paris, Didier, (lire en ligne)
  • George Levitine, The Dawn of Bohemianism : The Barbu Rebellion and Primitivism in Neoclassical France, Londres University Park 1978
  • Brigitte et Gilles Delluc, Jean Broc et Pierre Bouillon, deux peintres périgordins du temps de David, Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 2007, 134, p. 445-466, ill.
  • Anne Benéteau, Cécile Le Bourdonnec et Daniel Clauzier, Jean Broc, La mort d'Hyacinthe (1801), édité par les Musées de la Ville de Poitiers, 2013
  • Jérémy Decot, « Utopie et primitivisme en poésie et en peinture : la « secte des barbus », des « illuminés » sous le Consulat », Siècles. Cahiers du Centre d’histoire « Espaces et Cultures », no 49, (ISSN 1266-6726, lire en ligne).
  • Saskia Hanselaar, « La critique face aux Méditateurs ou la peur de la déchéance de l’école française autour de 1800 », Sociétés et représentations, no 2, , p. 129-144 (DOI 10.3917/sr.040.0129, lire en ligne)

Références

  1. in Charles Nodier, "Les barbus", E.J Delécluze, Louis David, son écoles et son temps, Souvenirs de..., editions Macula, 1983, Paris, p442
  2. idem p 77
  3. idem pp82-83
  4. idem pp 422
  5. idem in E.J Delécluze, Appendice, "Les barbus d'à présent et les barbus de 1800", Louis David, son écoles et son temps, Souvenirs de..., editions Macula, 1983, Paris, pp 419 à 438

Annexes

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de l’histoire de l’art
  • Portail de la peinture
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.