Section d'enseignement général et professionnel adapté

Dans le système éducatif français, au collège, les sections d’enseignement général et professionnel adapté « SEGPA », accueillent des élèves présentant des difficultés d’apprentissage graves et durables.

Ils ne maîtrisent pas toutes les connaissances et compétences attendues à la fin de l'école primaire, en particulier ce qui a trait aux éléments du socle commun[1].

L' EGPA permet aux élèves d'obtenir le Certificat de formation générale (CFG) et dans une proportion bien plus faible le Diplôme national du brevet, série professionnelle leur permettant ensuite d’accéder à un diplôme professionnel comme le certificat d'aptitude professionnelle (CAP) ou dans de très rares cas le baccalauréat professionnel[2],[3].

Historique

D'après Marozi[4] :

Les classes d'enseignement spécial

Les classes d’enseignement spécial furent les toutes premières classes d’enseignement spécialisé dans les collèges, précurseur des futures Segpa, mais elles étaient alors destinées aux élèves ayant des handicaps[5].

SES

Les sections d’éducation spécialisées (SES) sont les précurseurs de la Segpa. La circulaire du indique qu’elles sont autonomes sur le plan pédagogique et intégrées aux collèges d’enseignement secondaire. Mais l’intégration est souvent factice : les locaux souvent séparés et les projets distincts. La SES délivre un enseignement général et un apprentissage professionnel. Elle accueille 90 élèves déficients intellectuels légers et ne présentant pas de handicap associé. Ils ont en général un QI compris entre 65 et 80. Chaque classe a un effectif de 15 élèves. Le maître est titulaire du CAEI ou CAEA.

SEGPA

Les sections d’enseignement général et professionnel adapté sont en 1989 la nouvelle appellation[6] des SES.

En 1996, les SEGPA sont redéfinies[7].

À la différence des SES, qui accueillaient des élèves reconnus "handicapés", les SEGPA accueillent alors des élèves en échec scolaire qui ne seraient pas en mesure de suivre une scolarité ordinaire en collège. Les SEGPA sont le point de rencontre de quatre axes : l’enseignement spécialisé, l’enseignement primaire, l’enseignement secondaire et l’enseignement professionnel. La SEGPA s’inscrit alors dans le cadre des actions menées au bénéfice des élèves en difficulté au collège, il s'agit d'enseignement adapté. À présent, la SEGPA n’est plus uniquement à vocation professionnelle. L’objectif est de faire acquérir aux élèves une certaine autonomie et des acquisitions suffisantes à la fin du collège pour préparer une formation de niveau 5. Depuis la loi de 2005 concernant l’égalité des droits et des chances ainsi que la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, les classes de SEGPA peuvent inclure, au même titre que toutes les autres classes, des élèves qui ont une reconnaissance de handicap.

Egpa

L’enseignement général et professionnel adapté comprend les Segpa et les établissements régionaux d’enseignement adapté (EREA), qui sont des établissements à part entière, contrairement aux Segpa.

Erea

Les établissements régionaux d'enseignement adapté reçoivent des élèves allant pour certains de la sixième à une classe certificative de terminale CAP (par exemple, l'Erea de Brioude), d'autres allant de la quatrième à la troisième préparatoire à l'enseignement professionnel (dite « prépa-pro ») ce qui permet aux élèves de construire leur projet professionnel au sein de leur établissement, et à la plupart d'intégrer une classe de CAP.

Certains Erea accueillent des élèves en situation de handicap et sont donc classés par types de troubles comme celui de Chamigny, où sont reçus des élèves avec des troubles cognitifs, des troubles du comportements, d'autres sont spécialisés dans la surdité, etc.

LEA

Les lycées d'enseignement adapté n'ont en leur sein que des classes certificatives (CAP par exemple), avec une pédagogie adaptée comme celle proposée dans les EREA.

Généralités

En 1989, les sections d’éducation spécialisée (SES) sont renommées sections d’enseignement général et professionnel adapté (SEGPA)[8]. En 1996, les conditions d'admissions, les formations et les objectifs des SEGPA sont redéfinies[7].

Les élèves sont admis en SEGPA sur décision de l’inspecteur d'académie, après accord des parents et avis de la commission départementale d’orientation.

Les enseignants sont :

Le directeur est titulaire du diplôme de directeur d'établissement d'éducation adaptée et spécialisée (DDEEAS). Il est adjoint au chef d'établissement en tant que « directeur-adjoint chargé de la SEGPA ».

L’organisation des cours est semblable au collège classique. À la fin de la troisième SEGPA, les élèves passent le certificat de formation générale[1]. Ils poursuivent généralement leur formation en lycée professionnel ou en centre de formation d'apprentis.

En 2001 le quotient intellectuel moyen des élèves de SEGPA était de 70 (inférieur à 98% de la population générale)[9].[source insuffisante]

Une organisation spécifique

D'après Armand Colin[10] :

L'admission et le suivi des élèves

Le dossier des élèves est étudié à la demande de l'établissement scolaire ou des parents par la commission départementale d'orientation. Cette dernière est présidée par l'inspecteur d'académie qui est aussi le directeur des services départementaux de l'éducation nationale (IA-DSDEN). Elle est composée du médecin conseiller technique départemental, de membres de corps d'inspection, de personnels de direction, d'enseignants, de représentants de parents d'élèves… (arrêté du 7-12-2005).

C'est à la suite de la décision de l'inspecteur d'académie, directeur des services départementaux de l'éducation nationale, et après l'accord des parents ou du représentant légal de l'enfant que l'élève est admis en SEGPA.

Un bilan annuel des élèves qui est transmis aux parents est réalisé par les directeurs-adjoints d'une SEGPA. Une révision d'orientation peut être voulue par l'établissement ou la famille. Dans ce cas, le bilan est transmis à la commission pour avis, c'est ensuite l'inspecteur d'académie qui rendra la décision.

Une expertise particulière des enseignants

Les enseignants en SEGPA ont suivi une formation leur permettant de répondre aux exigences pédagogiques requises pour faire face aux difficultés d'apprentissage qu'ont les élèves en SEGPA.

On y retrouve d'une part des instituteurs et des professeurs des écoles spécialisés, titulaires de l'option F du CAPSAIS (certificat d'aptitude professionnelle aux actions pédagogiques spécialisées de l'adaptation et de l'intégration scolaire) ou du CAPA-SH (certificat d'aptitude professionnelle pour les aides spécialisées, les enseignements adaptés et la scolarisation des élèves en situation de handicap).

Mais il peut également y avoir des professeurs de collège et de lycée professionnel qui sont en possession du 2 CA-SH (certificat complémentaire pour les enseignements adaptés et la scolarisation des élèves en situation de handicap).

Un enseignant de référence pour chaque division

Chaque SEGPA est organisée en divisions (classes) qui comptent environ 16 élèves.

Dans chaque division, un enseignant de référence coordonne les actions et assure un suivi personnalisé des élèves (il assure un rôle équivalent à celui du professeur principal pour les classes ordinaires).

Des enseignements adaptés en collège pour un parcours progressif individuel

Dans les enseignements adaptés du second degré, l’enseignement professionnel est assuré par des professeurs de lycée professionnel (PLP), l’enseignement général par des enseignants du premier degré polyvalents, théoriquement spécialisés, auxquels s’ajoutent le plus souvent des professeurs de lycées et collèges (PLC) monovalents, enseignant le plus souvent l’éducation physique et sportive (EPS), l’anglais ou la technologie, très rarement spécialisés.

Comme pour tous les élèves de collège, les élèves étudiant dans une SEGPA doivent valider les compétences du socle, mais ils ont également accès à une formation qualifiante et diplômante de niveau V. Les enseignements mettant en œuvre des activités pratiques s'appuient sur les compétences des cinq champs professionnels identifiés : habitat, hygiène-alimentation services, espace rural et environnement, vente-distribution-magasinage, production industrielle.

Tout comme leurs collègues étudiant en collège général, les élèves de SEGPA doivent remplir des objectifs de niveau.

Objectifs par niveau

Dans les classes de sixièmes, l'adaptation des enseignements se base sur les activités et les supports d'apprentissage.

En cinquième, un parcours de découverte des métiers et des formations est introduit afin que les élèves s'ouvrent déjà au monde professionnel.

En classe de quatrième, les élèves poursuivent à la fois un enseignement général et un enseignement conduisant à l'accès à une formation professionnelle diplômante et qualifiante à partir de projets techniques sur des supports empruntés aux cinq champs professionnels.

La mise en réseau d'établissements sera mise à profit pour améliorer et diversifier l'offre des champs professionnels susceptibles d'être proposés à la découverte des élèves et leur permettre ainsi de renforcer la construction de leur projet d'orientation.

En troisième, à la fin du collège, les élèves doivent acquérir des compétences dans les domaines généraux et professionnels qui vont leur permettre d'accéder à une formation diplômante dans de bonnes conditions. La fin de la troisième SEGPA est sanctionnée par le certificat de formation générale (CFG), qui valide le niveau de cycle 3 (CM1, CM2, 6e). Les élèves ont également la possibilité, en fonction de leurs compétences, et sur avis du conseil pédagogique, de présenter le Diplôme National du Brevet Professionnel (DNBpro) qui valide le niveau 4 (5e, 4e, 3e)[11]. Ils sont en mesure de préciser leur orientation en faisant le choix d'un dispositif de formation et d'une spécialité professionnelle.

Le devenir des élèves après la classe de 3e SEGPA

L’objectif premier de la SEGPA est de permettre aux élèves, lorsqu’ils finissent leur parcours scolaire en SEGPA en fin de 3e, d’accéder à une formation qualifiante de niveau V, CAP, BAC PRO[2],[3].

Pour cela, l’élève a deux pistes essentielles pour y parvenir : la voie scolaire en passant par un lycée professionnel et le contrat d’apprentissage.

L’année scolaire de 3e passe particulièrement vite avec les nombreux stages, la préparation au CFG, le PSC1, l’ASSR2. Cette année est cruciale pour le devenir des élèves. Leur orientation est l’affaire de tous : enseignants, élèves et parents.

Tout au long de sa scolarité à la SEGPA, l’élève va réunir un maximum d’informations sur les diverses possibilités d’accéder à une formation qualifiante.

Dès la 6e, des heures de classe sont dédiées à la connaissance et à la découverte du monde professionnel et aident le jeune à construire son projet d’orientation. Bien évidemment, les heures passées dans les différents ateliers de SEGPA en classes de 4e et 3e enrichissent cette information. De plus, de nombreuses actions viennent compléter ce dispositif qui doit permettre à l’élève de se positionner en fin de 3e (Aquitec, Olympiades des métiers, invitation au collège de nombreux professionnels qui représentent une diversité de formations professionnelles…).

Le lycée professionnel

En cours d’année de 3e, les élèves reçoivent une documentation du Centre d’Information et d’Orientation qui détaille tous les CAP de l’académie ainsi que les lieux de formation.

L’élève peut ainsi faire son choix parmi cette panoplie en fonction de ses propres désirs et envies.

Ces choix lui seront demandés plus tard, dans le courant du mois de Mai. Ce sera le moment pour l’élève de constituer les dossiers d’orientation et de remplir la fiche « AFFELNET ».

Cette fiche doit être remplie très soigneusement par les parents ainsi que l’élève. Ensuite, l’équipe éducative de SEGPA reportera toutes les moyennes scolaires et des ateliers obtenues au long de l’année de 3e. Il est évident que les moyennes jouent un rôle essentiel quant à l’obtention (ou non) de son premier vœu.

En effet, la fiche « AFFELNET » permet à l’élève de faire uniquement trois vœux en respectant son ordre de préférence parmi les formations qu’il aura choisies au préalable.

Les résultats des orientations seront seulement connus fin juin.

Si l’élève n’a pas obtenu une place en Lycée Professionnel, une seconde phase a lieu avec les places vacantes. Il est alors essentiel de bien préparer cette dernière phase afin de ne pas rester « sans solution ».

Le contrat d'apprentissage

Dès la classe de 4e, les élèves de SEGPA découvrent le monde du travail en effectuant plusieurs stages en entreprise.

En 3e, les élèves accomplissent trois stages sur l’année scolaire :

  • deux stages de trois semaines (en novembre/décembre et en mars) ;
  • un stage de deux semaines (fin juin).

Pour les élèves ne désirant pas poursuivre leur scolarité dans un Lycée Professionnel, ces stages présentent un caractère particulièrement important puisque c’est pendant ces temps-là qu’ils pourront prouver leurs qualités et leurs motivations aux personnes susceptibles de leur proposer un tel contrat.

Pour signer un contrat d’apprentissage, il est impératif de trouver une entreprise ou un artisan qui s’engage à prendre le jeune en formation.

Lors de la recherche de stage, avant de donner sa convention à signer à son probable maître de stage, le jeune doit s’assurer que l’entreprise ou l’artisan est à la recherche d’un futur apprenti sinon, il n’y a aucune raison d’effectuer son stage dans cet endroit.

Par le passé, quelques élèves ont connu des déboires de dernière minute :

  • refus du patron pour signer le contrat d’apprentissage au dernier moment ;
  • maladie d’un artisan qui donc ne prenait plus d’apprentis ;
  • choix d’un autre apprenti…

Les élèves doivent prévoir une « roue de secours » en demandant aussi une orientation vers un Lycée Professionnel ce qui permet au cas où le contrat ne serait pas signé de ne pas se retrouver sans solution à la rentrée, et donc d’assurer en quelque sorte ses arrières.

Statistiques

Évolution des effectifs des enseignements adaptés du second degré[N 1]
(France métropolitaine + DOM)[12]
1975-76 1980-81 2000-01 2001-02 2002-03 2003-04 2004-05 2005-06 2006-07 2007-08 2008-09
SEGPA d’un collège public 86 370 114 923 107 279 106 098 104 394 102 451 101 321 99 623 96 944 94 315 92 107
SEGPA d’un collège privé 3 738 3 813 3 910 3 903 4 002 4 045 3 970 4 025 4 037
EREA 9 629 11 612 11 142 10 952 10 669 10 746 10 926 10 798 10 676 10 715 10 482
Répartition des élèves des SEGPA de collèges par secteur en 2008-2009
(France métropolitaine + DOM)[12]
Public Privé Public + Privé
Sixième 18 781 887 19 668
Cinquième 23 203 1 032 24 235
Quatrième 24 726 923 25 649
Troisième 24 615 861 25 476
Formation générale 91 325 4 023 95 348
Première année CAP 415 6 421
Seconde année CAP 367 8 375
Formation professionnelle 782 14 796

Pour comparaison, les effectifs du collège en 2008-2009 sont de 3 millions d’élèves[13].

Remarques

En 2013, les élèves issus de milieux défavorisés représentent environ 35,4 % des élèves dans le cursus général contre 71,6 % dans les Sections d'enseignement général et professionnel adapté (Segpa)[14].

Notes et références

Notes

  1. Établissements sous tutelle du ministère de l'Éducation nationale.

Références

  1. « Sections d'enseignement général et professionnel adapté », sur eduscol.education.fr
  2. Guyoto, L'enseignement spécialisé, Paris, Chronique Sociale,
  3. « Après la 3ème SEGPA ? », sur Collège Paulliac (consulté le )
  4. Marozi, Pédagogie et Organisation de l'Enseignement Spécialisé, Paris, Éditions ESF,
  5. « Décret n° 63-713 du 12 juillet 1963 portant création du certificat d’aptitude à l’éducation des enfants et adolescents déficients ou inadaptés (CAEI) », sur dcalin.fr
  6. https://www.senat.fr/questions/base/1990/qSEQ901112513.html
  7. Circulaire n° 96-167 du 20 juin 1996
  8. Circulaire d’orientation n° 89-036 du 6 février 1989
  9. « Le malheureux destin des élèves de Segpa », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
  10. Jaboin Yveline, Enseigner dans les enseignements adaptés du second degrés : étape ou finalité professionnelle ?, Paris, Armand Colin, , 288 p., p. 145-160
  11. https://disciplines.ac-toulouse.fr/egpa/demarrer-en-segpa/accueil
  12. Daniel Vitry (dir.), Repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche : édition 2009, , 426 p. (ISSN 1635-9089, lire en ligne), p. 130 (4.19 Les enseignements adaptés dans le second degré)
  13. Daniel Vitry (dir.), Repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche : édition 2009, , 426 p. (ISSN 1635-9089, lire en ligne), p. 20 (1.2 Évolution de la population scolaire et de l’enseignement supérieur)
  14. « Le collège reproduit les inégalités sociales : la preuve en quatre graphiques », sur francetvinfo
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