Siège de Metz (1552)
Le siège de Metz se déroule d’ à . Il se solde par le retrait des troupes impériales de Charles Quint, et par l'occupation de Metz, jusqu'alors Ville libre d'Empire, par les troupes du roi de France. L’occupation, par la France, des Trois-Évêchés, Metz, Toul et Verdun, ne sera ratifiée qu'en 1648, par le Traité de Westphalie[2].
« [Le] plus beau siège qui fut jamais »
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Date | 19 octobre 1552 – 2 janvier 1553 |
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Lieu | Metz, France |
Issue | Victoire française |
Saint-Empire romain germanique | Royaume de France |
Charles Quint | François de Guise |
60 000 hommes[1] et 150 canons. | 5 000 fantassins et 700 cavaliers[1] |
30 000 hommes | indéterminées |
Batailles
Coordonnées 49° 07′ 11″ nord, 6° 10′ 37″ est— Brantôme
Le voyage d’Allemagne
Avec le soutien des princes luthériens, ligués contre Charles Quint - qui lui accordent en échange de son alliance la possibilité d'occuper les évêchés de l'Empire de langue romane, Verdun, Metz et Toul - Henri II organise son « voyage d’Allemagne », une expédition tournée contre le Saint-Empire romain germanique. Sous les ordres du connétable Anne de Montmorency, les troupes d’Henri II s’emparent, sans combattre, de Toul et de Metz, où celui-ci bénéficie du concours de certains échevins francophiles. Henri II fait son entrée solennelle à Metz le . Les Messins l’accueillent sans joie, reprochant aux maîtres échevins messins, les paraiges, d’avoir trahi la cité messine. La ville est toutefois soumise, sous le ferme contrôle des hommes de Montmorency. Le , laissant à Metz 3 400 hommes, Henri II reprend sa route vers le Rhin mais ne peut occuper Strasbourg. Vers le , il rebrousse chemin, occupe Verdun, avant de rentrer en France. Ainsi s’achève la « chevauchée d’Austrasie ».
Encerclement impérial
Pour laver l’affront des princes luthériens et du roi de France, Charles Quint marche sur Metz le . Le , les troupes impériales atteignent Thionville, ville luxembourgeoise et Boulay au nord de Metz. Début novembre, 50 000 impériaux, armés de cent à cent-cinquante canons, renforcés par les 12 000 soldats du margrave Albert de Brandebourg investissent les faubourgs de Metz. Comme le montre un plan de Sébastien Leclerc, les campements de l’armée impériale, parsemés autour de la ville, forment une ligne pratiquement infranchissable[3] : les Brabançons et les Italiens tiennent le nord-est, les Allemands et les Tchèques tiennent l’est et le sud-est, les Espagnols et l’artillerie impériale, les côtés sud et sud-est, les troupes du margrave Albert de Brandebourg, les positions situées au nord-ouest.
Fortifications françaises
Chargé le par Henri II de la défense de la ville, le lieutenant-général François de Guise fait raser cinq des faubourgs, dont les faubourgs de Saint-Arnould et de Saint-Thiébault, et une quarantaine d’édifices religieux[4], dont les monastères de Saint-Clément, de Saint-Arnould, afin de faciliter la défense de la cité[5]. Il avait en outre fait élever un boulevard d’artillerie en terre, du côté de Bellecroix, et avait creusé un fossé en bordure de la Seille[1]. Après avoir fait sortir de la ville les bourgeois messins par une ordonnance du [5], il emmagasine des vivres avant l’automne, pour soutenir un long siège. En novembre, François de Guise dispose de moins de 7 000 hommes, dont 1 000 pionniers et 700 cavaliers.
Pilonnage d'artillerie et combats
L’avant-garde de l’armée de Charles Quint, sous le commandement du duc d’Albe, encercle la ville le . Pendant tout le mois de novembre, l’artillerie de Charles Quint pilonne la ville de Metz au sud-est des fortifications. Le bombardement commence le , avec l’arrivée de l’empereur. Dans l’esprit des tournois médiévaux, des cavaliers brandebourgeois défient des cavaliers français, sans réel succès. Le , une brèche d'une quarantaine de mètres est ouverte près de la porte Serpenoise, mais le doublement des remparts médiévaux ne permet pas aux Impériaux de tirer parti de cette canonnade. Le 27 et , les tirs endommagent, un peu plus à l'ouest, près de trois cents mètres de remparts, que les assiégés s'empressent aussitôt de renforcer.
Au cours du siège, la place reçoit ainsi près de 15 000 boulets de canons, sans succès décisifs[5]. Les mines creusées par les Impériaux ne donnent pas plus de résultats, la terre étant détrempée par les intempéries et la nappe phréatique toute proche. Après près de deux mois de siège, les troupes impériales, composées d’Allemands, d’Espagnols, d’Italiens, de Tchèques, de Wallons et de Flamands souffrent du typhus, de la faim et du froid. Les désertions sont nombreuses dans les rangs des Impériaux. Fin , Charles Quint change de tactique. Dépité et malade, il lève le siège le avec son armée décimée, et repart vers Thionville, qu’il atteint le . Les malades et les blessés, abandonnés sur place par les troupes impériales, seront diplomatiquement épargnés par les troupes françaises.
Occupation française
L’occupation française se poursuit donc. Le protectorat de la France sur la République messine se traduit par l’implantation d’une garnison importante et par la construction en 1556 d’une citadelle à l’épreuve de l’artillerie.
Malgré les prières des protestants de Metz à la Diète de l'Empire (Reichstag), la question de Metz cesse de figurer à l'ordre du jour à partir de 1582[1].
La fin de la souveraineté du Saint-Empire romain germanique est formalisée juridiquement en 1648 par la signature des traités de Westphalie : Metz et son territoire entrent officiellement dans le royaume de France, enclave française (ainsi que Toul et Verdun) dans le duché de Lorraine.
Cette situation est remise en question par le traité de Francfort de 1871, à la suite d'un nouveau siège de Metz, marqué par la capitulation du général Bazaine, et de la défaite de l'armée française lors de la guerre de 1870.
Épilogue
Le siège affecta psychologiquement l'empereur Charles Quint qui aurait dit « la chance est femme, elle préfère un jeune roi à un vieil empereur ». Le souverain prit bientôt la décision de renoncer au pouvoir et remit peu à peu ses possessions à ses héritiers, son fils qui devint le roi Philippe II d'Espagne et son frère cadet qui lui succéda sur le trône impérial sous le nom de Ferdinand Ier. Prince flamand, il se retira dans un couvent espagnol. Il y mourut en 1558 en déclarant : « Si l'on ouvrait mon cœur, on y trouverait le nom de Metz ».
Notes et références
- René Bour, Histoire illustrée de Metz, Paul Even, Metz, 1950 (p.125-129).
- François-Yves Le Moigne et Gérard Michaux, La réunion de Metz à la France (1520-1648), Histoire de Metz, 1986 (pp 220-224).
- Le médecin Ambroise Paré réussit à entrer dans la ville mi-décembre, en versant « quinze cens escus » à un capitaine italien. (Ambroise Paré, Voyage de Metz, 1552)
- Liste des édifices détruits dans les Mémoires-journaux de François de Lorraine, duc de Guise, éd. du commentaire analytique du Code civil, Paris (p.159).
- Guy Cabourdin:Les temps modernes, de la Renaissance à la guerre de Trente ans, Encyclopédie illustrée de la Lorraine, Histoire de la Lorraine, Presses universitaires de Nancy, Nancy 1991 (pp. 73-79)
Annexes
Bibliographie
Par ordre chronologique de parution :
- Bertrand de Salignac de la Motte Fénélon, Le siège de Mets, en l'an MDLII, Paris Charles Estienne, 1553.
- Bertrand de Salignac de la Motte Fénélon, Le siège de Metz par l'empereur Charles V, en l'an 1552 : où l'on voit comme monsieur de Guise et plusieurs grands seigneurs de France, qui étoient dans ladite ville ce sont comportés à la deffence de la place, Metz Pierre Collignon, 1665. [lire en ligne]
- François-Michel Chabert: Journal du siège de Metz en 1552 : documents relatifs à l'organisation de l'armée de l'empereur Charles-Quint et à ses travaux devant cette place, et description des médailles frappées à l'occasion de la levée du siège [par Bertrand de Salignac], Rousseau-Pallez, Metz, 1856.
- Ambroise Paré, « Voyage de Mets - 1552 », dans L'Austrasie, 1906-1907, tome 2, p. 231-238, p. 369-375
- Gaston Zeller, Le Siège de Metz par Charles Quint, Nancy, 1943.
- René Bour, Histoire illustrée de Metz, Metz, 1950.
- Jean Rigault, « Le siège de Metz par Charles-Quint en 1552 », dans Le Pays lorrain, 33e année, 1952, p. 67-74 (lire en ligne)
- François-Yves Le Moigne et Gérard Michaux, La réunion de Metz à la France (1520-1648), Histoire de Metz, 1986.
Articles connexes
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